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19 avril 2024

Flux de réfugiés, Turquie, Europe, Syrie, Tunisie


Ahmed Manai: Flux de réfugiés, Turquie, Europe, Syrie, Tunisie

 


ahmed manai damas

 

 

 

L’année 2015 a enregistré un afflux record et accéléré de réfugiés en Europe, dont une majorité de ressortissants syriens. Le phénomène fait la une des médias occidentaux et bouscule la conscience humaine et la classe politique européenne. Analystes et observateurs politiques, unanimes sur le caractère gravissime de cette catastrophe humanitaire et la nécessité de lui trouver les solutions adéquates, divergent cependant sur les motifs qui ont poussé des marées humaines à se lancer sur la voie de l’émigration.
Bledinews a interviewé à ce sujet Ahmed Manai, président de l’Institut tunisien des relations internationales qui nous a livré son analyse.

L’année 2015 a enregistré un afflux record et accéléré de réfugiés en Europe, dont une majorité de ressortissants syriens. Le phénomène fait la une des médias occidentaux et bouscule la conscience humaine et la classe politique européenne. Analystes et observateurs politiques, unanimes sur le caractère gravissime de cette catastrophe humanitaire et la nécessité de lui trouver les solutions adéquates, divergent cependant sur les motifs qui ont poussé des marées humaines à se lancer sur la voie de l’émigration.
Bledinews a interviewé à ce sujet Ahmed Manai, président de l’Institut tunisien des relations internationales qui nous a livré son analyse.
10 Septembre 2015
Houda Karmani
Flux de réfugiés, Turquie, Europe
1) Une migration bien planifiée
Cette migration de centaines de milliers de personnes presque en même temps, d’un même point de départ et dans la même direction ne peut pas être fortuite. Au contraire c’est une opération bien organisée et planifiée à tous les niveaux, y compris au plan émotionnel. Ces réfugiés, dont la majorité serait des syriens, ne sont pas partis du territoire syrien, tous les postes frontaliers syro-turcs étant entre les mains des groupes terroristes, mais des pays voisins et surtout de la Turquie. C’étaient des réfugiés des camps de Turquie et il n’est pas imaginable que les autorités turques ne soient pas au courant.
J’estime même que c’est une opération montée par les autorités turques pour essayer de convaincre le monde que les réfugiés quittent leur pays pour fuir la violence du pouvoir et obtenir ainsi le feu vert pour une opération militaire contre la Syrie ou au moins, ce qu’elles réclament depuis des années, une zone tampon ou d’interdiction aérienne sur le territoire syrien. J’estime par ailleurs que de nombreux terroristes, y compris des tunisiens, bloqués depuis longtemps en Turquie ont trouvé là, une occasion pour fuir la Syrie pour se faire une nouvelle virginité.
2) Les enjeux politiques, économiques et démographiques
Cette migration massive est une aubaine pour l’Europe et une saignée pour la Syrie
L’Europe est un continent vieillissant et a besoin de se rajeunir. Une étude récente d’un organisme d’études économiques européen a estimé à 11 millions les besoins de l’Europe, Allemagne en tête, en main d’œuvre à l’horizon 2020. Alors j’ai du respect pour les larmes de la Chancelière Angela Merkel mais derrière les sentiments humanitaires il y a autre chose. Il y a le fait que cette migration massive est une planche de salut pour l’Europe mais aussi une saignée pour la Syrie qui perd ainsi une partie de la jeunesse qu’elle a formée et éduquée et qui ne participera pas à sa reconstruction et son développement. C’est une nouvelle bataille dans cette guerre contre la Syrie depuis cinq ans mais je crois qu’elle sera sans effet sur l’issue finale.

3) La position des Américains

A souligner par ailleurs l’extrême contradiction des positions américaines sur le dossier syrien. Un accord tacite entre la Russie et les États-Unis avait été convenu, il y a quelques mois, donnant aux Russes toute latitude pour conduire une action de contacts et de pourparlers entre les différents groupes d’opposition et le gouvernement et en coordination avec l’envoyé spécial des Nations Unies. Ce processus devrait conduire à une conférence Genève 3 pour une solution politique de la crise syrienne.

Cette voie est actuellement en panne parce qu’il semblerait qu’il y a plusieurs centres de décision aux Usa et que certains y privilégient encore la solution militaire, encouragés en cela par l’Arabie saoudite. Aussi assiste-t-on à une recrudescence du terrorisme des groupes armés et aux tentatives d’encerclement de Damas par le sud, « tempêtes du sud », qui se sont révélé toutes vaines par ailleurs.

Ahmed Manai remarque que les Usa, en guerre contre Daech, semble-t-il, tentent d’absoudre d’autres groupes terroristes, Ennosra notamment, qualifiée pourtant de terroriste par les Nations Unies, pour les présenter sous le label « de combattants modérés ». C’est ainsi que ce groupe, bras armé des turcs et composé essentiellement de syriens, est poussé à réaliser quelques résultats sur le terrain pouvant servir dans les négociations à venir.
3) Présence militaire Russe en Syrie
S’agissant de la présence militaire russe en Syrie, Manai a rappelé les liens stratégiques entre les deux pays, vieux de plus de cinquante ans : la présence d’une base russe, l’armement et la formation des militaires Syriens et donc la présence de ce personnel de formation sur le territoire syrien puis l’arrivée récente de groupes de combat. Il a néanmoins exclu que les troupes russes soient amenés à s’engager dans les combats au sol, estimant que l’armée syrienne et ses alliés n’ont pas besoin de combattants étrangers, de Russie ou d’ailleurs.
Manai estime que la guerre contre la Syrie touche à sa fin parce que le monde est unanime sur la nécessité de la solution politique du conflit syrien, sur le maintien du président Bachar Assad ainsi que sur les risques d’extension du terrorisme à l’Europe d’autant qu’il touche présentement la Turquie. Le début de l’année prochaine pourrait apporter des motifs d’espoir en ce sens.
4) Tunisie/ Syrie
S’agissant de la nomination d’un consul de Tunisie à Damas, A. Manai estime que « c’est un pas positif. Nos concitoyens en Syrie y trouveront une solution à leurs nombreux problèmes, mais ce n’est malheureusement pas suffisant. Le gouvernement tunisien reste très sensible aux pressions étrangères et, en ce domaine, et par rapport à la politique de la Troika, il n’y a pratiquement pas de changement. Notre dépendance de l’étranger reste totale ».
5) Les terroristes tunisiens en Syrie :
Ils commencent à retourner au pays et des voix s’élèvent pour leur retour sans autre forme de procès. C’est gravissime parce que ce sont des jeunes qui n’ont pas fait du tourisme en Syrie mais qui ont tué, massacré, brulé et détruit. Ceux qui veulent les amnistier d’avance sont ceux là même qui les ont envoyés dans l’enfer syrien. Alors ils doivent être jugés pour que nous puissions connaître toute la vérité sur l’engagement des tunisiens dans la destruction de la Syrie.
Une pétition dans ce sens est en préparation demandant aux autorités Tunisiennes de juger ces égarés dès leur retour au pays, et aux autorités syriennes de juger ceux qu’elles détiennent dans leurs prisons.
Traduit de l’arabe par l’ITRI

http://bledinews.com.tn/%D8%A3%D8%AD%D9%85%D8%AF-%D8%A7%D9%84%D9%85%D9%86%D8%A7%D8%B9%D9%8A-%D8%AA%D8%AF%D9%81%D9%82-%D8%A7%D9%84%D9%84%D8%A7%D8%AC%D8%A6%D9%8A%D9%86-%D9%86%D8%AD%D9%88-%D8%A3%D9%88%D8%B1%D9%88%D8%A8%D8%A7/

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