Nous ne partageons pas l’analyse intégrale de ce texte mais, il a toute son importance. En effet, dire la même chose que cette presse mainstream selon laquelle Moscou vient simplement et uniquement « sauver » Bachar al-Assad, c’est ballot. C’est oublier les enjeux internationaux, c’est méconnaître les Relations internationales, c’est oublier que la Russie compte de nombreux djihadistes au sein des groupuscules terroristes en Syrie.(MamAfrika TV)
Etienne Dubuis, Le Temps
Contrairement à Washington, Moscou peut compter sur des alliés fiables au coeur du pays
Dans l’imbroglio syrien, où les amis de vos amis sont rarement vos amis, la stratégie russe a l’avantage de la simplicité. Elle consiste à soutenir un allié fidèle, le camp du président Bachar el-Assad, contre ses ennemis. Et ce aussi bien sur la scène diplomatique que sur le champ de bataille. Cette cohérence a permis ces derniers jours à Moscou de réaliser une opération militaire classique: une campagne (russe) de frappes aériennes, coordonnées depuis mercredi avec une offensive (syrienne) au sol.
Le but de la manœuvre est de desserrer l’étau qui était en train de se refermer sur le camp de Bachar el-Assad. Visiblement épuisées par plus de quatre années de guerre, les forces du régime s’étaient repliées dangereusement ces derniers mois sur leur fief de l’ouest du pays. Accumulant les revers face à l’Etat islamique, dans l’ouest, comme face à d’autres groupes rebelles, tel le Front al-Nosra, la franchise syrienne d’Al-Qaida, dans le nord. Depuis le 30 septembre, l’armée russe a frappé très fort pour inverser la tendance. Elle s’est livrée au cours des sept premiers jours de son offensive à plus d’une centaine de bombardements, contre une cinquantaine en moyenne par semaine depuis une année pour la coalition menée par les Etats-Unis.
Les Etats-Unis sont furieux de l’entrée de la Russie sur le champ de bataille. Furieux des cibles que Moscou s’est données. Furieux des atouts dont dispose le Kremlin sur le terrain.
L’armée russe a bombardé différents groupes armés. Elle s’en est prise, comme les forces américaines, aux troupes de l’Etat islamique, notamment du côté de Palmyre, mais pas seulement. Elle a attaqué aussi, et surtout, d’autres milices qui menaçaient directement le fief du régime après s’être massées sur son pourtour, dans les provinces d’Idlib et de Hama. Ce faisant, elle a touché des zones contrôlées aussi bien par des formations djihadistes que par des groupes liés à Washington.
Les Etats-Unis sont furieux. Furieux de l’entrée de la Russie sur le champ de bataille. Furieux des cibles que Moscou s’est données. Furieux des atouts dont dispose le Kremlin sur le terrain. Depuis une année qu’ils bombardent la Syrie, leur aviation ne s’est jamais retrouvée en position d’appuyer des forces terrestres amies au cœur du pays. Opposés à la fois au régime de Bachar el-Assad et à l’Etat islamique, ils n’ont pour tout allié possible que des combattants kurdes excentrés et des miliciens arabes liés de près ou de loin au djihadisme. Les rebelles dits «modérés» du début sont aujourd’hui très affaiblis.
Un groupe salafiste composé uniquement de Syriens, Ahrar al-Sham, a multiplié les tentatives auprès de l’Occident pour occuper le rôle de djihadistes fréquentables. Ses arguments: il est à la fois en guerre ouverte contre l’Etat islamique et, contrairement à Al-Qaida, dépourvu de tout agenda international. Mais cette conversion se révèle difficile. Elle est contestée par de nombreux combattants, éduqués dans la haine de l’Occident. Et elle s’avère des plus ambiguë sur le terrain: cette même formation combat régulièrement aux côtés du Front al-Nosra, au sein d’une large alliance créée en début d’année sous l’impulsion de la Turquie, de l’Arabie saoudite et du Qatar: l’Armée de la conquête.