Bienvenus chez « Macri & Co  », la nouvelle franchise de l’Argentine démocratique. Les trois pouvoirs« républicains » qui durant les quatre (ou huit) prochaines années vont régir le pays seront : le pouvoir financier, qui reprendra le pillage national, avec des méthodes inspirées de la piraterie coloniale caribéenne ; le pouvoir judiciaire du XIX siècle qui légalisera le pillage sous le concept de « sécurité juridique » dessiné sur mesure et la demande, et un pouvoir médiatique avec des programmes d’abrutissement mental massif, et des analystes soigneusement choisis pour bien expliquer le pillage.

À titre de consolation : un Senat dans l’ opposition et, à court terme, des milliers d’électeurs qui vont commencer à se demander si cela valait la peine pour manifester sa haine contre Cristina en échange de faire plonger à nouveau le pays. Le possible réveil d’une « conscience » qui surgira, évidemment, de la poche des gens. Bien que… qui est-ce qui sait. Mark Twain disait : il est plus facile de tromper les gens que de convaincre les gens qu’ils ont été trompés.

Cependant… : Etaient-elles si inconnues les idées du président élu par la moitié des argentins et un chouia de plus ? À la différence d’autres hommes politiques de droite, l’équipe de « Macri & Co » a été très explicite sur les siennes. Il suffirait de rappeler, par exemple, le jour où en étant que chef de gouvernement de la ville du Buenos Aires, Macri a admis avoir recouru aux ambassades de Washington et de Tel Aviv pour choisir le chef de la police métropolitaine (Voir : Jorge « Fino » Palacios : Macri subordonné à Israël et aux EU).

La désignation retombée sur le commissaire Jorge Alberto « Fino » Palacios, personnage ténébreux que la justice a acquitté pour la répression et l’assassinat de manifestants durant les manifestations de 2001, lié à la bande, qui en 2004, a séquestré et a assassiné le fils d’un entrepreneur du textile. Le « Fino » Palacios est l’auteur du libelle [1] macartiste « Terrorisme au village global », et est actuellement arrêté avec le groupe d’espions qui faisaient des écoutes téléphoniques de leaders juifs renâclant à suivre la « piste iranienne » (suggérée par le gouvernement de Tel Aviv) dans le dossier de l’attentat terroriste de la mutuelle juive AMIA (1994).

Autre personnage qui fera partie du cabinet de « Macri &co » est le rabbin ultrasioniste Sergio Bergman, qui dans sa colonne du quotidien [conservateur] La Nación a proposé de substituer les vers de l’Hymne national qui disent « liberté, liberté, liberté » par « sécurité, sécurité, sécurité ». De la même manière, Bergman est l’un de ceux qui accusent Cristina de la mort du procureur Alberto Nissman, survenue en janvier dernier. Crime que, de manière sibylline, le ministre désigné de Sécurité de « Macri & Co », Patricia Bullrich, a commenté pour le même quotidien : « Il m’est difficile de croire que la présidente (Cristina) ait ordonné qu’ils le tuent ».

De son côté, et à l’occasion de la lutte livrée par le gouvernement kirchneriste contre les Fonds Vautours, dans le blog du très connu politologue étatsunien Jim Lobe (lobelog.com) sont apparues des données intéressantes sur la campagne sioniste dans le pays du nord contre l’Argentine. Là, le commentateur Eli Clifton relève un article publié par le Washington Post début mai 2015. Signé par Jim et Charles Davis, le texte présente des données très intéressantes au sujet de l’engagement du puissant lobby « American Israel Public Affairs Committee (AIPAC) » pour accuser Cristina de susciter une « théorie conspiratrice antisémite », et présenter son gouvernement comme « allié du terrorisme promu par l’Iran » [« Following Paul Singer’s Money, l’Argentine, and l’Iran (Continuer) »].

Alors, il faudra bien soupeser. En particulier, la ténacité systématique des yankees et des sionistes pour interférer contre l’unique force nationale et populaire qui pendant 70 ans les a empêché de dormir : le péronisme. Et en particulier, le processus que Néstor Kirchner a encouragé depuis 2003 sous ses bannières. Sauf que maintenant, sans recourir à l’interventionnisme maladroit de 1945, ou aux coups civiles-militaires qui ont saignés le pays entre 1955 et 1983.

Le très sérieux chercheur mexicain Fernando Buen Abad commente un rapport du professeur étasunien James McGann (directeur du Foreign Policy Research Institute (Fpri)), où on dit qu’en Argentine fonctionnent deux des cinq meilleures réservoirs d’idées politiques de l’Amérique Latine : le Centre d’Implémentation de Politiques Publiques pour l’Équité et la Croissance (Cippec), et le Conseil Argentin pour les Relations internationales (CARI) … De plus, c’est le pays qui a le plus de think tanks dans la région, et se situe au 8ème rang mondial. Sur 5 080 think tanks qui existent partout dans le monde, 408 (8.03 %) se trouvent à l’Amérique Latine, mais 100 fonctionnent en Argentine … suivie par le Brésil, avec 38think tanks, et le Chili, aussi avec 38.

Un pour tous, tous pour un. Les trois pouvoirs de « Macri & Co » compteront, enfin, avec le soutien renouvelé des agences d’intelligence de Washington, de Tel Aviv et de l’OTAN, avec leurs organismes de « coopération », « d’ assistance technique », « d’aide humanitaire », fondations « sans but lucratif », journalistes « indépendants », intellectuels tout terrain, et sites « alternatifs » sur le web.

José Steinsleger – La Jornada. Mexico, le 2 décembre 2015

Traduit de l’espagnol pour El Correo de la diáspora par : Estelle et Carlos Debiasi.

[1Un libelle est un petit livre de caractère satirique, insultant ou diffamatoire.

Source: http://www.elcorreo.eu.org/Argentine-la-CIA-et-le-Mossad-au-pouvoir