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16 avril 2024

La France soutient le jeu de dupes de l’Arabie saoudite et de ses alliés


BOULEVARD VOLTAIRE
18/12/2015
La France soutient le jeu de dupes de l’Arabie saoudite et de ses alliés
Dans nos sociétés saturées de propagandes et de fausses informations, il est un fait que les relations internationales se présentent sous le double visage de la complexité et du simplisme.
Docteur en droit, journaliste et essayiste

Dans nos sociétés saturées de propagandes et de fausses informations, il est un fait que les relations internationales se présentent sous le double visage de la complexité et du simplisme. Que le plus grand nombre succombe aux miroirs aux alouettes du second est sans doute regrettable mais à peu près guère dommageable. En revanche, que les gouvernants se détournent, volontairement ou non, des exigences de la première – outre qu’une telle attitude n’aide pas à l’édification civique, intellectuelle et morale de leurs concitoyens – devrait discréditer leur action. À cet égard, le cas de la France est, malheureusement, archétypal.

Ainsi, François Hollande semble bien plus préoccupé de poursuivre Marine Le Pen pour des tweets montrant les horreurs de Daech – après avoir été odieusement comparée à ce dernier, de manière plus ou moins subliminale, par une presse aux ordres – que de contrecarrer l’initiative de l’Arabie saoudite, qui vient de constituer une coalition islamique de 34 États pour lutter contre les « terroristes ».

Une coalition avec un centre de commandement basé à Riyad pour « soutenir les opérations militaires », regroupant, notamment, la Jordanie, les Émirats arabes unis, le Koweït, le Liban, la Libye, le Yémen, la République fédérale islamique des Comores ou encore le Qatar, mais également le Pakistan. Mélange aussi hétéroclite qu’explosif dans la mesure où nombre de ces États sont fortement soupçonnés de financer l’État islamique, en appoint ou en accord (plus ou moins tacite) avec Riyad (c’est évidemment le cas du Qatar, dont on ne compte plus les influents amis politiques et financiers en France, mais aussi de l’Algérie ou, plus sournoisement, de la Turquie).

Et, pour compliquer un peu plus la lisibilité de ce jeu de dupes saoudien, vient-on d’apprendre que le Pakistan, majoritairement sunnite – et, accessoirement, allié des États-Unis – se disait « surpris » (!) d’avoir été agrégé à cette plate-forme composite, alors même qu’en avril dernier, le Parlement pakistanais s’était opposé à ce qu’Islamabad participe à la coalition menée par Riyad contre les rebelles chiites houthis au Yémen (lui-même enrôlé dans cette drôle d’alliance). Pour, finalement, accepter d’en être… Avatar du double jeu joué par cette République islamique au même titre que les États-Unis, plus soucieux d’abattre Bachar el-Assad que Daech.

Assurément, ainsi que nous l’avons déjà écrit dans ces colonnes, se profile le spectre d’une Troisième Guerre mondiale, sur fond de terrorisme et de choc des civilisations. Il faut être aveugle ou naïf pour ne pas voir l’intention réelle du royaume wahhabite : prendre le leadership de l’« Oumma » (communauté des croyants leur tenant lieu de seule véritable nation de nature à la fois spirituelle et politique) que lui dispute âprement le calife autoproclamé de l’État islamique, Abou Bakr al-Baghdadi.

Pendant ce temps, Manuel Valls affirme n’avoir « pas de raisons de douter de l’engagement » du gouvernement saoudien contre Daech. Après ce qui s’est passé le 13 novembre dernier, une telle cécité mentale, à un si haut degré de responsabilité politique, mériterait soit la camisole, soit, à tout le moins, l’engagement de sa responsabilité.

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