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29 mars 2024

Israël, une plaie au coeur du proche et moyen-orient


 

Israël, une plaie au coeur du proche et moyen-orient (PARTIE 1)
jeudi 30 juillet 2015
Auteur : par webmaster

ISRAËL, UNE PLAIE AU CŒUR DU PROCHE ET DU MOYEN-ORIENT(partie (…)

 ISRAËL, UNE PLAIE AU CŒUR DU PROCHE ET DU MOYEN-ORIENT(partie 1)

Par Panthéa Kian, membre du Conseil national du Parti de l’émancipation du peuple.

Le 30 juillet 2015.

Pour la troisième fois consécutive, Benyamin Netanyahou le leader du Likoud (droite nationaliste) gagne en mars 2015 les élections législatives. Il disposera ainsi d’une nouvelle période de 5 ans à la tête du gouvernement. Les électeurs israéliens, en majorité des colons surtout de la dernière génération arrivés des pays d’Europe de l’Est, ont affirmé une fois de plus leur volonté de poursuivre la colonisation illégale des terres palestiniennes et le refus de la reconnaissance du droit palestinien à son Etat souverain sur les terres reconnues par les Accords d’Oslo. Occupation et agression militaires, répression policière et apartheid contre le peuple palestinien, maintien du Proche-Orient en état de guerre permanente : ce sont là les choix d’une majorité d’Israéliens faits par l’élection de Benyamin Netanyahou. Le bilan économique et social d’une décennie de gouvernement Netanyahou est pourtant exécrable. La disparité des revenus dans la société israélienne, en forte augmentation depuis le milieu des années 90, a atteint des sommets. En termes d’inégalités, elle n’a d’équivalents dans le monde « avancé » qu’aux États-Unis. Alors qu’une extraordinaire concentration des richesses se trouve du côté de 1% de la population, la pauvreté relative a plus que doublé en deux décennies pour atteindre 21%. La pauvreté infantile a plus que quadruplé sur la même période pour se situer à 28% et plus [1].

Benyamin Netanyahou est parvenu à transformer l’enjeu social et politique d’un système économique très inégalitaire en une problématique sécuritaire et la peur des Palestiniens en s’appuyant sur le soutien des colons extrémistes qui constituent les piliers de la politique colonialiste du gouvernement. Ce sont eux aussi qui constituent la majorité des soldats de Tsahal et occupent de plus en plus des positions de gradés dans l’armée d’occupation israélienne.

Avec l’aveu de Netanyahou à la veille des élections quant à son engagement pour que l’État palestinien ne voie jamais le jour, les États occidentaux ne peuvent plus masquer les véritables intentions de l’État israélien. A défaut d’une reconnaissance de l’État palestinien par les États-Unis et l’Union européenne, il ne reste plus à l’Autorité palestinienne qu’une seule voie diplomatique pour protéger sa population des agressions futures d’Israël : saisir la Cour pénale internationale et faire condamner l’Israël pour ses crimes contre l’humanité !

Destruction planifiée de Gaza

Deux semaines avant sa dernière agression sur la bande de Gaza, trois adolescents israéliens étaient kidnappés. Malgré le démenti du Hamas de toute implication dans cet enlèvement et tandis qu’aucune preuve ni le moindre indice ne désignent le Hamas selon la police israélienne elle-même, le responsable de l’enlèvement des jeunes est tout désigné d’avance par le gouvernement de Netanyahou. Il est vrai que ce crime sert bien l’objectif de déclenchement d’une autre attaque contre les Palestiniens de Gaza.

Déjà des opérations aériennes préalables aux offensives terrestres dans la bande de Gaza ont été organisées, des centaines de membres du Hamas et tous ses responsables en Cisjordanie ont été arrêtés, des raids ont été opérés sur des bâtiments civils et publics à Gaza et neuf civils ont été tués dans des opérations dites de « recherches ». C’est par d’aussi « futiles » raisons qu’a commencé l’offensive la plus longue, destructrice et meurtrière de toute l’histoire sanglante de l’occupation israélienne de la Palestine depuis la guerre de 1946. Jamais une agression n’avait duré aussi longtemps avec un bilan humain aussi terrible : entre le 8 juillet et 27 août 2014, 2.148 Palestiniens ont été tués dont 500 enfants, des centaines de familles sur plusieurs générations ont été pulvérisées dans leurs logements par des missiles israéliens, on compte 20.000 blessés dont 8.900 gravement mutilés, des quartiers entiers anéantis, 134 usines détruites, des écoles et des hôpitaux ont été ciblés, la quasi-totalité du réseau de distribution d’eau potable a été rendu inutilisable. L’objectif recherché par la coalition de droite et d’extrême droite au pouvoir en Israël était de causer le maximum de victimes et de dommages matériels.

Ce bilan humain et matériel est une véritable intention génocidaire de la société israélienne. Ce crime contre l’Humanité était, selon les sondages publics, soutenu par 82% de la population israélienne et ce, pendant toute la durée des opérations. Pire, 44% des personnes interrogées semblaient ne pas être rassasiées de tant de sang versé et en voulaient encore puisque la popularité de Netanyahou a connu une brusque baisse de 44 points à la signature de l’accord de cessez-le-feu ! Clairement, le message qu’envoie l’électorat israélien aux partis gouvernementaux est que seule une politique criminelle contre les Palestiniens est populaire et leur permettra de se faire élire pour gouverner le pays.

Lors des pourparlers de juillet pour un accord de cessez-le-feu et la recherche d’une solution pérenne entre Palestiniens et Israéliens, Netanyahou avait clairement signifié à ses électeurs qu’il n’avait pas l’intention de se soumettre au respect des droit des Palestiniens, ni dans cet accord ni dans aucun autre : « Nous n’accepterons jamais un accord qui nous oblige à renoncer au contrôle de la sécurité des territoires situés à l’ouest du Jourdain ». Cette déclaration réitérait celle d’un député-ministre de Likoud, Ofir Akunis, réaffirmant la position de son gouvernement concernant la restitution des territoires occupés de la Cisjordanie. Ces territoires « sont le berceau de la nation juive » dit-il avant de rajouter : « aucune nation ne renonce à sa patrie », « revenir aux frontières de 1967 serait un suicide national. » Étant donné que ces territoires occupés de la Cisjordanie sont aussi le berceau de l’État palestinien et la condition nécessaire à sa constitution, ces déclarations sont aussi l’affirmation de l’abandon des termes de l’accord historique entre Itzhak Rabin et Yasser Arafat concernant la reconnaissance mutuelle et le droit des Palestiniens à un Etat souverain. La messe est ainsi dite !

Avec une société israélienne où la violence contre la population autochtone est institutionnalisée sous toutes ses formes, une population formée à vivre dans un état de guerre permanente avec un État militarisé depuis 70 ans d’un côté, et d’un autre côté un accord mal ficelé et imprécis sur les questions fondamentales, il y a tous les ingrédients d’une nouvelle agression israélienne contre ce territoire. Ban Ki-Moon, le Secrétaire général de l’ONU, a fait preuve de lucidité quand il affirmait au lendemain de la signature de l’accord de cessez- le-feu :

« Tout effort de paix qui ne s’attaquerait pas aux causes profondes de la crise ne ferait que préparer le terrain à un nouveau cycle de violences… Gaza doit revenir sous le contrôle d’un gouvernement palestinien unique et légitime adhérant aux engagements de l’OLP, le blocus de Gaza doit prendre fin. »

 ISRAËL, LA COURSE A L’ABIME

Dans les chapitres qui suivent, nous verrons comment l’implantation de la population juive en terre de Palestine s’est faite par vagues successives en provenance d’Europe, jusqu’à la création de l’État d’Israël suivant un plan conçu par la principale puissance coloniale, la Grande-Bretagne, auquel avaient adhéré les dirigeants sionistes notamment Theodor Herzl, l’idéologue sioniste qui avait théorisé la nécessité vitale pour les juifs de se doter d’un Etat le plus tôt possible. Le projet de création d’un Etat juif aussi loin d’Europe qu’en terre de Palestine ne pouvait qu’être approuvé par les Etats occidentaux, empressés d’en finir avec cette plaie ouverte au cœur de l’Europe qui était la question juive.

Le contexte historique dans lequel le sionisme de Theodor Herzl s’est distingué comme une idéologie politique et son cheminement jusqu’à devenir hégémonique malgré son rejet par une grande majorité des juifs européens, est nécessaire pour comprendre sa stratégie conquérante et coloniale. Nous relaterons aussi les événements qui ont abouti à la création de l’Etat israélien par la confiscation des territoires palestiniens et le fort coup de main de la Grande-Bretagne. Les composantes de la résistance palestinienne dans ses différentes expressions politiques feront inévitablement parties de ce récit. Tout comme les manipulations israéliennes pour favoriser l’émergence de l’islamisme radical face à l’OLP laïque, diviser et affaiblir la résistance palestinienne. Faire des mouvements islamiques la force principale de la résistance palestinienne permettrait aussi de justifier une politique agressive enfreignant toutes les règles internationales et les résolutions des Nations Unis sur la Palestine. L’instrumentalisation des négociations de paix était organisée dans le seul but de gagner du temps pour coloniser encore davantage de territoires tout en neutralisant les autorités palestiniennes pendant la durée de ces prétendues négociations. Enfin nous questionnerons la viabilité d’un Etat palestinien indépendant qui s’amenuise de jour en jour par le morcellement de leurs territoires et l’occupation des terres du futur Etat Palestinien par des colonies illégales.

Les juifs allemands de la moitié du XIXe et du XXe siècle

Pour mieux comprendre les motivations de la création d’un Etat juif occidental au cœur du Proche Orient arabe et musulman, malgré la forte opposition d’une majorité des juifs croyants et laïques avec tout Etat se réclamant du peuple juif, il nous faut d’abord revisiter brièvement les conditions d’émergence d’une variante idéologique du sionisme qui s’imposa comme l’ultime solution à la persécution juive par les Etats de l’Europe Occidentale et Orientale au cours des siècles. La société allemande était en effervescence par des aspirations nationales impulsées des guerres de libérations, en ce début du 19ème siècle. A la recherche de son unité, la renaissance de la vie nationale fera le socle de l’État-nation allemand en phase de devenir une réalité politique et juridique.

Les cadres institutionnels et culturels anciens se craquèlent et les juifs allemands accompagnent ces bouleversements dans la société et à l’intérieur de leur propre communauté. Estimant d’un autre âge les traditions communautaires juives qui les mettaient à part de la société et suscitaient les pogroms antisémites, un groupe de jeunes intellectuels juifs ouvrait la voie à la modernité juive en parallèle à la vague de modernité dans le pays, par la publication en 1822 d’un manifeste témoignant de leur détachement d’avec l’autorité communautaire et l’identité juive revendiquée. Dans ce lot de traditions, ils abandonnaient aussi le yiddish [2] pour la langue allemande. Ces revendications étaient parfaitement cohérentes avec le sens de l’évolution des sociétés européennes du 19e siècle qui quittaient la communauté et le territoire pour des États-nations européens. Ce mouvement allait à l’encontre des replis culturels communautaires et la nouvelle génération des juifs allemands se considérait désormais Allemande d’abord, juive ensuite.

De surcroît, le libéralisme idéologique des années 1840 favorisait les appels à l’égalité des droits des juifs dans la société civile allemande. Ce courant libertaire s’était opéré dès 1843 avec l’établissement de l’égalité des juifs et des chrétiens face à la conscription militaire. Les révolutionnaires des États allemands, suivant les révolutions de 1848 en Italie et en France, aspiraient à l’unité nationale et à l’instauration des libertés politiques. Les juifs allemands étaient les premiers bénéficiaires des mesures démocratiques proclamées par l’État allemand moderne. Il leur accordait le statut de citoyens à part entière. Ainsi, en cette fin du 19e siècle, l’Allemagne est de loin le pays européen le plus tolérant et égalitaire vis-à-vis des juifs. Les services publics voyaient arriver des fonctionnaires juifs et le Parlement de Francfort comptait sept élus juifs parmi ses députés. Grâce à leur intégration sociale et culturelle et le statut de citoyen allemand, l’élite juive, bien formée et d’un esprit méthodique, prenait activement part au développement des sciences et de l’industrie allemande et ne tardait pas à faire partie de la bourgeoisie prospère du pays. Au début du XXe siècle, les juifs possèdent déjà 6 à 7% de la fortune du Reich, représentent 25% des membres des conseils d’administrations des entreprises et 14% des directeurs des grandes entreprises [3] allemandes étaient juifs. Les mariages mixtes entre juifs et chrétiens allemands s’élevaient à 25%, un taux qui témoigne de l’intégration indiscriminée des juifs dans la population allemande.

Le sionisme politique de Herzl

Le sionisme est communément connu comme une seule et même idéologie, représentée par le Mouvement sioniste mondial, une idéologie politique nationaliste fondée par le journaliste et écrivain juif austro-hongrois, Binyamin Zeev en hébreu ou Théodor Herzl en allemand (1860-1904). Profondément marqué par l’affaire Dreyfus en 1894 et les cris de « Mort aux juifs » des foules, il écrivait en 1896 son livre fondateur, Der Judenstaat (l’État juif), basé sur l’idée que l’antisémitisme est inhérent aux sociétés humaines, et que seulement s’ils avaient un pays à eux, les juifs cesseraient d’être considérés comme un problème, une anomalie nationale. L’objectif initial d’Herzl était donc de trouver quelque part dans le monde un « foyer pour les juifs » victimes de siècles de pogroms et d’antisémitisme. Il définit le mode d’introduction et d’installation des juifs dans la terre d’accueil où ils devraient établir un Etat, par des colonies agricoles, l’élément prépondérant de la création d’un État-nation selon lui. En ce sens, le sionisme de Herzl est un projet social et politique où le judaïsme n’a de sens que celui de rassembleur des populations juives d’Europe dans un pays-foyer. Bien que connu comme fondateur du sionisme politique et père de l’Etat d’Israël, Herzl n’est pas le premier à avoir pensé politiquement la question juive.

Le sionisme socialiste de Hess

C’est Moses Hess (1812-1875), philosophe socialiste collaborateur de Marx et Engels, qui fut le fondateur du sionisme politique, mais dans sa version socialiste. Tandis que pour les adeptes du courant moderniste les juifs n’ont en commun qu’une religion, pratiquée par certains, admise par d’autres, pour Hess les juifs possèdent des particularités qui les distinguent des autres populations. Si bien qu’ils devraient former une nation au lieu de chercher à se fondre dans la nation allemande. Hess est le premier penseur juif à donner une lecture politique de la question juive et à évoquer la nécessité de former une nation juive, seul rempart pour les protéger des persécutions. Précédant Herzl sur la question de l’État-nation juif, il est aussi le premier à avoir pensé à bâtir un État juif socialiste en Palestine, une idée qu’il a théorisé dans son livre La Dernière Question Nationale, en 1862. Ce livre n’avait trouvé aucun écho parmi la population juive d’Allemagne qui, à cette époque, loin de vouloir former sa propre nation et fonder un État juif au Moyen-Orient, était en quête de ses droits de citoyens allemands et cherchait à accomplir son assimilation.

Le sionisme mystique de Buber

A l’opposé de la vision conquérante et dominatrice de Hess et Herzl, il y a un autre sionisme, humaniste et altruiste, prôné par le philosophe allemand Martin Buber. La conception de Buber du sionisme est mystico-judaïque et fondée sur sa philosophie du dialogue et de la rencontre de l’autre. Pour Buber, rencontrer véritablement l’autre n’est possible que s’il est ressenti dans une relation sincère. Ce faisant, l’autre ne sera plus l’autre mais soi-même [4]. C’est le fondement d’une « communauté authentique » construite par des « personnes » et non des individus. Car la personne naît de la relation avec d’autres personnes, quand l’individu est démuni de cette relation. La réunion des individus autour d’une cause, loin de faire la communauté vraie des personnes, n’est qu’un collectif d’individus que réunit un sujet extérieur, tandis que la réunion des personnes, basée sur une relation sincère et de dialogue, fonde la communauté. Buber reprochait au sionisme d’Herzl de vouloir créer un collectif d’individus autour d’un État, alors que la réponse à la question juive doit être pensée de façon intrinsèquement liée au respect des principes spirituels du judaïsme. Selon Buber, le Sion authentique [5] ne passe pas par un projet politique et encore moins par la colonisation ou l’acquisition des terres d’autrui, ni par la conquête du pouvoir et l’établissement d’un État exclusivement juif.

Buber a une philosophie fondamentalement opposée à celle de Herzl, il est mystique proche des soufis d’Orient, quand Herzl est un pur produit de l’Occident belliqueux, conquérant et colonisateur de cette fin du 19e siècle. Buber s’oppose à la solution d’un État juif et lui oppose un État binational où les juifs et les populations autochtones coexisteraient et formeraient un État par le consentement mutuel et comme un projet commun. Un tel État serait alors une institution à l’image de tous, et la société une communauté où l’un est égal à l’autre et où le Je est Tu [6].

 LE FABRIQUE DE LA NATION JUIVE

Après des siècles de persécutions et un statut de résidents de second degré et souvent acculés dans des ghettos en marge des sociétés, les juifs allemands obtenaient enfin l’égalité des droits avec les chrétiens allemands et étaient reconnus citoyens à part entière. Mais cette victoire sociale largement soutenue par les 550.000 juifs allemands n’était pas du goût de tout le monde. Les sionistes et les antisémites allemands partageaient la même aversion de cette égalité de fait. Les uns et les autres ne considéraient pas les juifs comme partie intégrante de la nation allemande et s’accordaient à dire que les juifs ne sont pas des allemands mais une nation à part. Le mouvement sioniste de Herzl proclamait le particularisme juif et revendiquait une identité nationale et culturelle distincte. A l’opposé, les juifs allemands avaient en horreur le particularisme prôné par les sionistes qui était le déni de leur droit à l’égalité avec les compatriotes chrétiens. C’est pourquoi lorsque la communauté juive de Munich apprit l’intention du Mouvement sioniste de Herzl de tenir son congrès dans leur ville, elle s’y est opposée avec détermination. Le rabbinat munichois [7] fera savoir l’opposition des juifs de Bavière à la venue des sionistes dans leur ville par une lettre adressée à Herzl, en ces termes :

« Nous ne voulons pas manquer de vous prévenir qu’il n’y a, de la part des juifs de notre ville, la moindre sympathie pour le mouvement que vous dirigez et que nous pensons que la tenue d’un congrès à Munich ou en Bavière représente un danger pour nos coreligionnaires ».

Face à une opposition aussi résolue, Herzl décida d’éviter la confrontation et changea le lieu du congrès sioniste en Suisse.

C’est ainsi qu’en août 1897 le premier congrès sioniste s’est tenu à Bâle en Suisse où se réunirent 204 délégués venus de différents pays. Les efforts de Herzl tendaient à convaincre les participants de créer une organisation politique internationale et de fédérer leurs efforts pour trouver un foyer juif et construire leur propre Etat. C’est la genèse de l’Organisation mondiale juive qui encore aujourd’hui réunit les sionistes du monde entier.

Ce premier congrès va surtout définir le programme politique connu sous le nom de « programme de Bâle » qui décidera de la stratégie de colonisation par des paysans, ouvriers et artisans juifs de diverses origines. A cette époque le choix du pays n’est pas arrêté, certains privilégient l’Amérique du Sud, d’autres l’Afrique ou encore le Moyen Orient.

Buber était encore à cette époque le bras droit de Herzl et le rédacteur en chef de son journal Die Welt, l’organe du mouvement sioniste. Mais plus le projet de l’Etat sioniste de Herzl se précisait et plus Buber se trouvait en désaccord avec lui et finit par s’opposer ouvertement au projet politique du sionisme tel que conçu par Herzl. Convaincu que le projet de Herzl mènerait les juifs à leur perte ou à la perte de leur judaïté, il démissionna du journal et forma la Faction démocratique au sein du Congrès sioniste et mènera une bataille idéologique sans concession contre les sionistes et leurs théories fondatrices. Passionné et résolu, il ne manqua pas de trouver un écho important parmi l’intelligentsia juive et les cercles du socialisme utopique allemand dont il était membre. En 1903, las de se battre à l’intérieur de l’Organisation mondiale sioniste contre ses principes fondateurs, il choisit de la combattre de l’extérieur par l’écriture et la diffusion de ses pensées philosophiques et politiques. Dans un article publié en 1904, l’année de la mort de Herzl, il résumait la vie de celui-ci en ces phrases : « Il a vécu, bâti, s’est trompé, a fait ce qui est bon et ce qui est discutable pour son peuple ».

Avec l’avènement du troisième Reich et les événements de 1938 en Allemagne, Buber sera contraint de quitter son pays et de s’installer à Jérusalem où il occupera une chaire d’enseignement de l’anthropologie à l’Université Hébraïque de Jérusalem. Membre du parti Yi’houd (Juif), jusqu’à sa mort en 1965 il n’a cessé de se battre pour une meilleure entente et le dialogue entre Israéliens et Arabes. Aujourd’hui encore la pensée de Buber jouit d’une certaine influence parmi les intellectuels juifs critiques de la gauche israélienne, tant au Parti travailliste que dans les mouvements pour la paix. Pendant de longues années, la philosophie du judaïsme de la liberté de Buber, l’antithèse du nationalisme de l’État sioniste, est défendue et enseignée par des philosophes et historiens comme les professeurs Hugo Bergmann et Gershom Scholem, à l’Université Hébraïque de Jérusalem. Malgré une influence certaine parmi les intellectuels et jusqu’aux fondements théoriques du programme d’une partie de la gauche israélienne, aujourd’hui cette vision sereine et humaniste de la nation et de l’Etat juif est totalement inaudible dans le vacarme créée par la domination de l’extrême droite fascisante sur l’État israélien.

La citadelle de l’impérialisme

Avec son projet de création d’un État réunissant les juifs dispersés aux quatre coins du monde, Herzl allait prospecter le soutien des puissants du moment dont l’empereur Guillaume II d’Allemagne, le Sultan Ottoman Abdül-Hamid III, le pape Pie X et Joseph Chamberlain ministre des colonies britannique. Aucun d’eux pourtant ne montrera d’intérêt au projet de Herzl, sauf le diplomate anglais ! Lors d’un entretien avec Herzl en 1903, Chamberlain lui proposa l’Ouganda, protectorat britannique depuis 1894. Fascinant pays Africain que Winston Churchill surnommera « la perle de l’Afrique », l’Ouganda est situé dans la région des Grands lacs et représente aux yeux de Herzl, qui avait conçu le projet de colonisation par l’agriculture, l’avantage de posséder un sol fertile et des sources aquifères. Aussi, les commerçants arabes fréquentaient ses routes commerçantes depuis des temps anciens et les Européens commençaient à s’y installer à la suite des missionnaires chrétiens, depuis 1877. Ravi de cette proposition, Herzl annonça triomphalement aux délégués du 6eme congrès de 1903 : « Sa Majesté, le souverain de l’empire britannique, vous offre un cadeau, l’Ouganda [8]  ». Ce cadeau pourtant suscitera une vive réaction de rejet d’une majorité des participants au congrès, et malgré l’enthousiasme que Herzl éprouvait pour ce choix, il fut contraint de l’abandonner. Malgré ce refus, l’idée d’une terre rassemblant les juifs d’Europe avait trouvé l’adhésion de la puissance coloniale britannique qui y trouvait de multiples avantages, surtout s’il se situait en plein cœur de l’indomptable Orient musulman. C’est la déclaration de Balfour en 1903 qui proclamera la Palestine comme « foyer national pour le peuple juif ». Cela faisait des décennies que la couronne britannique cherchait une solution à la question juive sur son sol, et elle s’est imposée tout naturellement avec leur victoire sur les Ottomans en Palestine : Faire migrer les juifs dans ce territoire !

Le soutien actif de la puissance coloniale britannique au projet sioniste était motivé par l’assurance que Herzl lui donnait dans ses entretiens avec les autorités britanniques comme dans sa profession de foi [9], où l’on peut lire que si l’Occident contribuait à sa création, l’État sioniste serait « un poste avancé de la civilisation, un rempart de l’Europe contre l’Asie, s’opposant à la barbarie ». La couronne britannique reconnaissait en cette idéologie et son futur Etat, la cinquième colonne pour ses desseins impérialistes du Proche et Moyen-Orient et lui offrit l’assistance nécessaire pour la migration des colons et leur implantation sur les terres arabes de Palestine.

Le dirigeant égyptien Abdel Nasser avait bien qualifié Israël de la citadelle de l’impérialisme implantée au cœur de l’Orient.

A la différence de l’Ouganda, la Palestine comme foyer juif trouvait un écho très favorable auprès des sionistes de l’Organisation mondiale juive, qui s’est aussitôt occupée des préparatifs du transfert des colons et la mise en place des moyens financiers pour la colonisation. Deux institutions financières furent alors créées pour apporter les fonds, la Banque nationale juive et le Fonds national juif (FNJ). Le département de la terre du FNJ s’occupait alors de l’achat des terres palestiniennes et de l’installation des colons sur place. Pourtant, en 1948, lors de la déclaration d’indépendance, l’année précédant la création de l’État d’Israël, les terres achetées par les organisations sionistes ne représentaient qu’environ 5,8% de la superficie de la Palestine, selon une estimation de l’ONU. Les prétendus terres achetées par les sionistes étaient en réalité des terres confisquées par la force, par l’expulsion des paysans de leurs champs et le dynamitage méthodique de leurs villages par des groupes sionistes armés. Nous reviendrons sur ces pratiques longtemps occultées qui ont été mises en lumière depuis la fin des années 1980 grâce à l’ouverture des archives israéliennes et britanniques sur la période de la création de l’État d’Israël, en 1948.

La déficience de classe du sionisme

Les dirigeants sionistes cherchaient initialement à gagner la grande bourgeoisie juive à leur cause, ceux-là même qu’on appelait les assimilationnistes, bien intégrés à la société allemande se considérant d’abord germains et ensuite juifs. Les rhétoriques sionistes sur la libération nationale juive et l’émancipation de la domination sociale et raciale n’avaient pas d’attrait dans cette classe sociale qui ne souffrait pas du racisme et de l’antisémitisme des classes populaires. Elle n’avait par ailleurs aucun intérêt économique dans cette fibre nationaliste juive que les sionistes cherchaient à exalter. Au contraire, les sionistes mettaient en danger sa position sociale et son intégration dans la classe dirigeante d’une nation en plein devenir, en parlant de la particularité juive, une race à part, une population distincte. C’était tout ce contre quoi ils avaient tant lutté depuis des générations pour atteindre l’égalité sociale dont ils jouissaient enfin. La classe bourgeoise juive était ainsi foncièrement hostile au sionisme de Herzl et compagnie, fondé sur le départ et le recommencement à partir de zéro. Plus tard quand l’avènement du nazisme obligera cette bourgeoisie juive à migrer vers la Palestine, elle ne s’intégrera pas à l’institution de l’Etat sioniste comme classe sociale et gardera son indépendance voire son hostilité à l’idéologie sioniste partout où elle fondera des implantations, des entreprises industrielles ou des institutions.

Le prolétariat juif allemand, souvent marxiste et communiste, ne s’intéressait pas non plus aux idéaux sionistes. Il se voyait juif, certes, mais allemand ou français, faisant partie de la classe ouvrière du pays où qu’il se trouvait, aspirant non pas à l’émancipation nationale juive mais à l’émancipation de la classe ouvrière. Quoi qu’il en soit, les ouvriers juifs, au contraire des possédants juifs, n’intéressaient pas les sionistes et n’étaient pas la cible de leur propagande. Trop pauvres et trop radicaux politiquement pour plaire aux dirigeants sionistes, conservateurs et pro-capitalistes.

Ainsi par défaut, c’est la petite bourgeoisie juive qui sera désignée comme le pilier social du sionisme et constituera les premiers colons sur les implantations juives en Palestine. C’est encore elle qui sera la base sociale de l’Etat sioniste en territoires occupés, formera les rangs de ses forces militaires. Mais la classe moyenne est vaste et par définition dépourvue d’une représentation économique homogène. Elle oscille par nature dans les rapports sociaux de production tantôt d’un côté tantôt de l’autre de l’échiquier social. Elle est de ce fait déficiente idéologiquement et déstructurée politiquement. Cela fait beaucoup d’inconvénients pour la fabrication d’une nation, d’un Etat, d’une langue et d’une culture communes à partir de populations d’origines diverses, dans une terre étrangère et face à une population autochtone insoumise. C’est le fondement même de l’Etat israélien qui porte en lui cette tare originelle.

Aujourd’hui encore, le sionisme est en crise et c’est son adaptation idéologique à la psychologie réactionnaire de ces classes qui en est la cause, selon Nakhman Syrkin :

« A force de courtiser les couches sociales antisionistes, les sionistes ont commis de nombreuses erreurs stratégiques et tactiques qui ont eu un effet désastreux sur l’évolution du sionisme. [10] »

Le ralliement des persécutés aux arguments des persécuteurs !

Les juifs allemands brillaient dans les domaines scientifiques, artistiques et industriels de l’Allemagne dès cette fin du XIXe siècle. Mais à l’opposé de la bourgeoisie juive entrepreneuriale et ses grandes entreprises du niveau mondial, il y avait la masse des juifs pauvres dont les 80.000 Ostjuden (juifs d’Europe de l’Est) nouvellement arrivés en Allemagne, chassés par les pogroms russes [11]. Pauvres parmi les pauvres, ils ne parlent que le Yiddish [12], langue oubliée par la jeunesse juive assimilée, ils incarnaient les clichés du juif errant que les nouvelles générations avaient eu tant de peine à faire oublier pour garantir leur égalité civile dans la société allemande. L’image renvoyée par ces juifs traditionnalistes vivant en autarcie, heurtait la nouvelle société allemande issue de la nation fraichement constituée, dans laquelle les juifs allemands avaient si bien été intégrés, et ressuscitait les vieux démons antisémites parmi la population. Le particularisme revendiqué des sionistes et les coutumes de ces migrants renforçaient l’idée qu’en effet les juifs, riches ou pauvres, russes ou allemands, représentaient tous une même identité raciale et culturelle caractérisée qui représentait une trop grande dissonance avec la nation allemande pour être considérés citoyens à part entière.

Ainsi donc ce sont d’abord les antisémites qui imposaient aux juifs d’origines et d’identités nationales diverses, une seule et même « identité raciale juive » afin de mieux les exclure du sein de leurs nations. C’est aussi ce même postulat d’identité raciale et nationale que Herzl et ses amis feront leur, se ralliant ainsi à la vision de leurs persécuteurs. Comment des origines et des conditions différentes, des cultures, des langues et des histoires aussi divergentes que celles d’un juif d’Europe et d’un juif d’Afrique pourraient du jour au lendemain former la même perspective d’avenir, la même nation et partager une même idée de l’État ? Face à cette interrogation, les sionistes érigent la religion commune comme une condition nécessaire et suffisante pour former leur nation. La marque de l’identité juive de l’Etat israélien proclamée par Netanyahou et ses alliés de l’extrême droite est issue de cette même représentation primaire de l’Etat et de la nation.

Parmi les juifs allemands qui refusaient d’accepter leur judaïté comme une identité raciale décrétée à la fois par les sionistes et par les antisémites, l’Association centrale des citoyens allemands de confession juive, tenant tête face à l’offensive nazie contre les droits civiques des juifs allemands, déclarait : « nul ne peut priver les juifs allemands de leur patrie allemande [13]. »

L’Accord Haavara

Au début de l’arrivé d’Hitler au pouvoir, la politique juive des nazis, connue comme le Plan Madagascar, visait leur déportation vers Madagascar. Bien qu’étant une colonie française, les Allemands étaient persuadés qu’avec la défaite imminente de la France, cette île allait passer dans les mains allemandes. Au cours des négociations secrètes qui se sont déroulées entre les dirigeants allemands et sionistes pour un accord de transfert, ces derniers ont fait changer la destination prévue, en incitant l’État nazi à organiser le départ volontaire des juifs vers la Palestine, notamment par la mise à disposition des navires nécessaires à leur transfert. C’est l’Accord Haavara (accord de transfert) signé le 25 août 1933 entre Hitler et les dirigeants sionistes [14] pour la colonisation de la Palestine sous mandat britannique. Ainsi, comme l’écrivait le chercheur juif américain Edwin Black dans son livre The Transfert Agreement, Hitler était devenu le sponsor économique de l’État juif.

A la suite de cet accord, entre 1933 et 1939, près de 60.000 juifs allemands émigraient en Palestine, volontaires ou fuyant les persécutions antisémites en Allemagne nazie. Dès la fin de la guerre et la chute d’Hitler, le sentiment d’appartenance nationale des juifs allemands à la patrie d’origine prenait le dessus sur l’identité juive inventée par les sionistes, et un grand nombre d’entre eux reprenait le chemin dans le sens inverse pour retourner dans leur foyer véritable en Allemagne.

La constitution du bras armé de l’Etat juif

Parmi les groupes sionistes qui s’installaient en Palestine, impulsés par la déclaration de Balfour ou par l’Accord Haavara, il y avait un noyau de colons armés et entraînés qui étaient de véritables organisations terroristes structurées, les toutes premières du genre au Moyen-Orient, qui constituaient les groupes d’avant-garde de l’État sioniste. Les plus importantes étaient la Haganah (groupe d’autodéfense juive), l’Irgoun (l’ancêtre du Likoud) et le groupe Stern dont la plupart des chefs de gouvernement de la première génération et d’importantes personnalités israéliennes étaient membres, comme Ben Gourion, Jabotinsky, Begin, Sharon, Shamir et Stern. L’Angleterre a joué un rôle important dans la constitution de ces forces armées, notamment par les conseils de son officier militaire Orde Charles Wingate, qui a fait comprendre aux dirigeants sionistes que le projet d’un État juif était irréalisable sans la constitution d’une force armée. C’est cet officier anglais délégué par la Couronne britannique, qui aidera les groupes sionistes à constituer la première organisation paramilitaire juive en Palestine, la Hagana. Rappelons que la contribution des colons juifs à la puissance coloniale anglaise dans la répression de la Révolte arabe, était menée par la même Hagana.

En mai 1939, le 3ème Livre blanc britannique est publié dans un contexte d’hostilités grandissantes entre les populations natives arabes et les émigrants juifs qui continuaient à affluer en grand nombre en Palestine. Ce texte reconnaissait officiellement que l’émigration incessante et sans limite des juifs en Palestine était à l’origine des révoltes arabes. Pour rassurer la population arabe, le Livre blanc mentionnait que « le gouvernement de Sa Majesté déclare aujourd’hui sans équivoque qu’il n’est nullement dans ses intentions de transformer la Palestine en un État juif ». Aussi sous la pression de la mobilisation arabe, « Sa Majesté » a dû ralentir l’arrivée des colons juifs et tenter de calmer les inquiétudes arabes par la promesse que « l’immigration sera maintenue dans les cinq ans à venir ». Cette déclaration n’était pas pour plaire aux organisations juives et perturbait leur plan de colonisation de la Palestine. C’est en représailles à ce changement mineur dans la position anglaise que les groupes terroristes juifs dirigés par Stern s’en prirent à des administrations en posant des bombes dans les centraux téléphoniques, à la poste de Jérusalem et à la radio nationale, provoquant plusieurs victimes civiles notamment parmi les employés. D’autres victimes figuraient déjà dans le répertoire des actions terroristes des organisations juives, notamment par des assassinats aveugles de civils arabes dont plusieurs ouvriers agricoles, proies faciles des tueurs d’Irgoun.

La pratique de la violence par ces organisations prenait une telle ampleur, qu’en juillet 1937, Jabotinsky, un dirigeant sioniste de nature plus modérée, s’offusquant de ces méthodes, les apostrophait en ces termes : « je ne vois nul héroïsme à tirer sur un fellah venu vendre ses légumes à Tel-Aviv, ni le bénéfice politique que nous pourrions en tirer [15] ». Jabotinsky exhortait les membres de ces organisations à de la retenue « aussi longtemps qu’il existera une chance de reconstituer une Légion juive avec le soutien du Royaume-Uni [16] ». La violence utilisée par le mouvement sioniste contre les habitants natifs de la Palestine, visés par les assassinats aléatoires ou ciblés, la stratégie de colonisation de leurs terres , l’allégeance officielle de ce mouvement aux impérialistes, et son rôle avoué comme rempart des mouvements d’émancipation nationale des peuples du Moyen-Orient, étaient autant d’éléments préfigurant la nature de l’État militaire sioniste en gestation.

L’Orient, terre d’accueil

La Palestine, comme toutes les terres d’islam, représentait l’avantage aux yeux des dirigeants sionistes d’une terre d’accueil et de tolérance. Elle abritait déjà une communauté juive qui y vivait en paix au côté des chrétiens et musulmans.

La devise du congrès sioniste pour le foyer juif était de trouver « une terre sans peuple pour un peuple sans terre », mais la Palestine était une terre peuplée dans une continuité historique plusieurs fois millénaire. Pour changer cette réalité historique, les propagandistes sionistes se sont attelés à la tâche de faire croire que jusqu’à l’arrivée des juifs vers 1880, la Palestine n’était qu’un désert sans peuple ! Ce faisant, ils occultaient les preuves historiques démontrant que non seulement la Palestine était peuplée contrairement au postulat sioniste, mais qu’elle était dotée d’une société bien organisée et prospère à l’arrivée des juifs. L’empire Ottoman qui régnait sur la région durant le XIXe et jusqu’au début du XXe administrait ses territoires, et n’en déplaise aux sionistes, recensait même la population en Palestine comme ailleurs ! Ainsi pour la même période, le recensement ottoman du 1878 donnait pour les principales circonscriptions de Jérusalem, Nablus et Acre, précisément 472.455 habitants dont 403.795 musulmans (85,5%), 43.659 chrétiens (9,2%), 15.001 juifs natifs (3,2%) et environ 10.000 juifs d’origines étrangères (2,1%) » [17].

Les efforts de modernisation et la réorganisation des administrations et les réformes en profondeur des institutions entreprises depuis 1830 par le Sultan Mahmoud II, la construction des routes pavées et la fondation d’une agriculture moderne avec un rendement substantiel, permettaient déjà l’exportation en grandes quantités des produits locaux dont le coton et les fameuses oranges de Jaffa vers l’Europe. Malgré sa courte vie, le Sultan Mahmoud avait réussi à enclencher un développement économique significatif dans les provinces Moyen-orientales de l’Empire, notamment au Liban et en Palestine. Cette dernière avait connue dès 1890 une industrie liée à ses produits agricoles, comme les fabriques de l’huile d’olive, le savon et les cotonnades [18].

Une absurdité métaphysique [19]

Deux accords historiques à 16 ans d’intervalle entre les sionistes et la puissance coloniale anglaise, puis avec l’Allemagne nazie, ont permis à l’Occident de se dégager de sa responsabilité vis-à-vis des juifs d’Europe victimes, des siècles durant, de multiples pogromes et persécutions organisés par les Etats chrétiens d’Europe. Ces accords proposaient la même « solution » à la question juive [20] : les faire émigrer ailleurs ! L’Angleterre suggérait les territoires palestiniens sous son occupation, l’Allemagne hitlérienne n’importe où hors d’Europe.

Le premier est la déclaration de Balfour de 1917, au nom du ministre britannique des Affaires étrangères Arthur James Balfour, qui établissait un contrat colonial avec les sionistes leur permettant dès 1920 la création des premières colonies d’implantations juives en Palestine. Selon cet accord, les juifs ne pouvaient émigrer en Palestine que s’ils obtenaient un « Certificat capitaliste » délivré par les autorités anglaises, prouvant qu’ils possédaient au moins 5.000 $ d’apport personnel.

Le deuxième accord a été conclu entre Hitler et les leaders du Mouvement sioniste en août 1933. Il s’agit de l’Accord de Transfert des juifs allemands vers la Palestine, destination suggérée par les dirigeants sionistes eux-mêmes. Cet accord a permis l’expatriation de près de 60.000 juifs allemands vers la Palestine en échange de la levée du boycott économique des juifs contre le IIIe Reich.

L’histoire précise et détaillée de cet accord de transfert est racontée par l’écrivain et journaliste juif américain d’origine polonaise, Edwin Black dans son livre intitulé The Transfert Agreement [21] , l’Accord de Transfert. En 1933 le Troisième Reich est au pouvoir depuis quelques mois seulement et déjà son économie est menacée par l’embargo britannique et le boycott juif de plus en plus suivi par cette communauté à travers le monde. En riposte à la politique antisémite et les mauvais traitements infligés aux juifs allemands par le régime nazi, les entreprises et consommateurs juifs décidèrent de boycotter les produits allemands, freiner les échanges économiques et dénoncer les contrats signés avec le régime fasciste. Les conséquences économiques de ces mesures ont été durement ressenties par le nouveau pouvoir allemand. C’est dans ce contexte que le 7 août 1933 une délégation de quatre sionistes d’Allemagne et de Palestine, mandatée par un collectif d’institutions juives et sionistes, est chargée d’obtenir du ministère de l’Économie allemande, l’aide à la migration massive des juifs vers la Palestine. La proposition contient une clause fondamentale de garantie de restitution des biens des migrants. L’accord est conclu entre les deux parties et seulement trois jours plus tard, le ministre de l’Economie du Reich promulguait un décret discrètement désigné n° 54/33 officialisant cette entente. Dans la pratique, la restitution des biens juifs se fera en valeur égale sous forme de produits de fabrication allemande, livrés sur place pour être revendus en compensation des biens laissés en Allemagne. Ce faisant, les juifs recevaient l’équivalent de la richesse laissée au pays et l’Allemagne contournait le boycott de ses produits, vendus au Proche Orient par les juifs eux-mêmes !

Début 1935, suivant les termes de l’accord, un bateau rempli de passagers juifs, battant pavillon SS avec le drapeau à la croix gammée et sous le commandement d’un capitaine membre du Parti national-socialiste, avec l’inscription Tel-Aviv sur sa poupe, quittait le port allemand de Bremerhaven à destination de Haïfa en Palestine. Il s’agit là de la plus grande migration des juifs vers la Palestine en son temps, qui a permis la constitution du noyau principal du projet politique sioniste d’occupation et de colonisation de ces territoires.

Nombre de juifs orthodoxes parmi lesquels une partie des rabbins, notamment américains, étaient hostiles au retour des juifs en Israël et encore aujourd’hui une part non négligeable des juifs pratiquants sont farouchement opposés à la construction d’un Etat juif, qui selon eux, contreviendrait aux enseignements du Talmud, le fondement de la loi juive.

En effet, la présence du peuple juif en terre d’Israël est vue par la tradition comme conditionnelle. Dès lors que la société juive n’est plus conforme à certains standards éthiques, dès lors que le droit et la justice y sont bafoués, la présence effective en terre d’Israël n’a plus de sens et l’exil devient le statut normal de l’existence juive. Le lien entre le peuple juif et sa terre persiste mais prend désormais la figure d’un espoir ou d’un idéal. [22]

Dans leur opposition au mouvement sioniste d’Israël, ces fidèles soutiennent la thèse selon laquelle les dirigeants sionistes auraient sciemment laissé des millions de juifs être déportés, en refusant de payer les frais pour leur transfert sur les fonds appartenant à l’Organisation sioniste mondiale, et ce pour la seule et unique raison qu’ils allaient vers d’autres destinations que la Palestine. Parmi de nombreux cas relatés dans leurs écrits, on peut citer :

  • La proposition de la Gestapo en 1941 et 1942, du transfert des juifs à raison de 1.000 familles par jour, vers des destinations hors d’Europe via l’Espagne de Franco. Plusieurs conditions étaient posées : laisser tous leurs biens en Allemagne ou en France occupée ; ne pas partir vers la Palestine mais vers les colonies britanniques ou en Amérique du Nord ; débourser 1.000$ par famille. Les leaders sionistes auraient refusé ce marché arguant que seule la Palestine était une destination valable pour les juifs déportés. En effet, consécutivement à un accord entre le Grand Mufti de Jérusalem, Hadj Amine Al-Husseini et l’Allemagne nazi, les transferts des juifs depuis les pays sous occupation nazie devaient désormais se faire à l’exclusion de la Palestine. Cet accord avait mis un frein au peuplement juif de la Palestine, après la première vague d’immigrés juifs allemands des années 30.
  • Le 17 décembre 1942, une motion recevant 277 signatures dans les deux chambres du Parlement anglais, exprimait la nécessité de négocier avec l’Allemagne pour l’évacuation de 500.000 juifs vers les colonies britanniques. Un porte-parole de l’Organisation sioniste mondiale aurait exprimé leur opposition à tout plan d’évacuation qui ne prendrait pas en compte la Palestine comme destination finale.
  • Le 16 février 1943, la Roumanie proposait le départ des 70.000 juifs pour 50$ par personne. Deux jours plus tard, le 18 février 1943, Izaak Greenbaum, directeur du Comité de l’Agence juive de sauvetage, disait dans une communication à l’adresse du Conseil exécutif sioniste à Tel-Aviv : « Lorsqu’on m’a posé la question, pouvez-vous payer cette somme sur les fonds de l’Appel de l’Union Juive pour sauver les juifs d’Europe, j’ai dit NON ! Et je le dis encore, NON ! Il faut résister devant cette vaque qui pousse les activités sioniste au second plan d’importance. » Le 24 février 1943, Stephen Wise, président du Congrès juif américain, fera une déclaration publique de refus de financement de cette proposition.
  • Chaim Weizman, dirigeant de l’Organisation sioniste mondiale, qui sera le premier président de l’Etat d’Israël, déclarait en février 1943 sur le même sujet : « la plus importante partie de la nation juive est déjà en Palestine, ceux qui vivent hors Palestine ne sont pas si importants. » Izaak Greenbaum cité plus haut aurait surenchéri en ajoutant « une vache en Palestine vaut plus que tous les juifs restés en Europe. » [23]

Fin de la première partie

Notes

[1Paul Krugman, Israel’s Gilded Age, 16 mars 2015, New York Times.

[2Le yiddish est une langue germanique dérivée du haut allemand, avec un apport de vocabulaire hébreu et slave, qui a servi de langue vernaculaire aux communautés juives d’Europe centrale et orientale à partir du Moyen Âge.

[3François-Georges Dreyfus, « Les juifs en Allemagne »sur http://www.clio.fr cité sur : http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_des_Juifs_en_Allemagne#cite_note-KBITIN-93

[4Lire Leroy Catherine-Marie, « Martin Buber, précurseur du personnalisme », Approche Centrée sur la Personne. Pratique et recherche 1/ 2005.

[5Sion est ce qui personnifie la présence et la bénédiction de Dieu.

[6Ich und Du, Martin Buber, Je et Tu est une œuvre de Martin Buber publiée pour la première fois en 1923.

[7Elie Barnavi, Histoire universelle des Juifs, Hachette Littérature, 2002.

[9Publiée sous forme de roman de fiction Terre ancienne, terre nouvelle.

[10Nakhman Syrkin, Sionisme, textes fondamentaux, Ed. Albin Michel, 1998.

[11Les pogroms se sont produits entre 1880 jusqu’à la révolution de 1917.

[12Le yiddish est une langue germanique dérivée du haut allemand, avec un apport de vocabulaire hébreu et slave, qui a servi de langue vernaculaire aux communautés juives d’Europe centrale et orientale à partir du Moyen Âge.

[14Edwin Black, The Transfer Agreement : The Dramatic Story of the Pact Between the Third Reich and Jewish Palestine, New York : Macmillan, 1984.

[15Histoire de la droite israélienne, p.169. Voir aussi la présentation des organisations militaires juives : http://fr.wikipedia.org/wiki/Irgoun#cite_note-Hdi162-22

[16Histoire de la droite israélienne, p.162, même lien.

[17Démographie de la Palestine avant 1948, sur le site « Canadiens pour la justice et la paix au Moyen-Orient http://www.cjpmo.org/DisplayDocument.aspx?DocumentID=19

[18Lire sur le sujet, l’article La Palestine au XIXe siècle, de l’historien sioniste Walter Laqueur dans Médiapart, 01 juillet 2012, http://blogs.mediapart.fr/blog/berjac/010712/la-palestine-au-xixe-siecle

[19Un des passagers juif du bateau nazi « Tel-Aviv » à destination de Haïfa en Palestine, aurait qualifié cette situation paradoxale, de « absurdité métaphysique ». Mark Weber, Le Sionisme et le Troisième Reich

[20L’interrogation qui avait cours dans les pays européens sur la place et le rôle des juifs dans les sociétés chrétiennes.

[21Edwin Black, The Transfer Agreement : The Dramatic Story of the Pact Between the Third Reich and Jewish Palestine, New York : Macmillan, 1984. Plus de 100 chercheurs, traducteurs et assistants ont travaillé sur la découverte et l’analyse des documents de sources primaires écrites en allemand, français, et polonais. En tout, plus de 20 000 documents provenant de 50 bibliothèques différentes, archives, musées et autres collections sont rassemblées et analysées pour l’écriture du livre.

[22Terre d’Israël, politique et controverse, Conférence de Shalom Akhshav, 2 décembre 2002, sur http://ghansel.free.fr/territb.html

[23Toutes les citations sont prises de l’article de Rabin Gedalya Liebermann, Le rôle du Sionisme dans l’Holocaust, sur http://forum.prisonplanet.com/index.php?topic=188257.0 repris du site « Jews against zionism »

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Forum de l’article  -16 Messages

  • Nul ne pourra jamais nier les pogroms, les discriminations et le génocide dont furent victimes les populations européennes de confession juive. Nul non plus ne pourra nier qu’aujourd’ hui en France ou en Belgique « on » tue des juifs. Et moi personnellement, si j’étais juif je fuirai ce continent et irai m’installer dans ce qui ressemble à une communauté ( une nation ) en état d’autodéfense ( voire de légitime défense ) malgré tout.
    Que la paix au Moyen Orient passe – entre autre mais pas seulement – par une cohabitation de deux états ne pourra jamais faire dire à quiconque que l’un de ces deux peuples est « de trop » en Israël.
    Que les dirigeants palestiniens ou Israëliens soient des fauteurs de guerre, nul n’en doute. Que les populations qui votent Nétanhiaou ou Hamas préfèrent la guerre à la paix, nul n’en doute.
    Que les fanatismes religieux se complaisent dans les confrontations nul n’en doute.
    Que les génocidaires existent chez des palestiniens et chez des israéliens, nul n’en doute.
    Que les dirigeants israeliens aient gâché de belles occasions de paix et que les dirigeants palestiniens en aient torpillé d’autres, nul n’en doute.
    De grâce, n’instrumentalisons pas les uns ou les autres pour distribuer les bons et les mauvais points d’ici, ou pour dessiner des clivages entre nous. N’essayons pas de réécrire l’histoire d’un point de vue personnel pour des démonstrations qui n’en sont pas.
    Aujourd’hui la seule plaie au moyen orient n’est pas Israël comme le prétend le titre de cet article, mais les fanatismes, les intégrismes, les nettoyages ethniques, les violences contre les populations.
    Les manipulations de ces microcosmes violents par des dirigeants d’autres états du moyen orient ou occidentaux ne sont un secret pour personne. Que la géopolitique des uns s’appuient sur les frustrations entretenues des autres c’est une pratique séculaire.
    Alors s’il vous plait, demandons-nous quel est notre intérêt à nous français, du point de vus de nation française, dans ce conflit entretenu de tous côtés ?
    Et travaillons là dessus plutôt que d’incanter.
    On me répondra que pour savoir ou on va, il faut connaître précisément les causes. Mais l’écriture de l’histoire n’est pas une écriture solitaire. Les enjeux sont tels que l’état des lieux lui même fait débat.
    Et personnellement je retournerai la logique du discours en mettant en avant le principe suivant : Savoir où aller nous dictera ce qu’il faut faire.

    J. A.

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    • Quelque part c’est la dernière guerre coloniale de la planète.
      Une minorité même armée jusqu’aux dents n’aura jamais le dernier mot sur la majorité de la population. Ils peuvent massacrer et déporter ça n’y changera rien, et au contraire.
      C’est comme en Afrique du Sud : ils seront obligés de s’entendre. Reste à trouver le De Clerck et le Mandela du coin… c’est pas gagné pour l’instant.

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      •  » Reste à trouver le De Clerck et le Mandela du coin… c’est pas gagné pour l’instant.  » Oui c’est bien ce que je pense également. En même temps, la création des deux états étant une décision de l’ONU, on voit bien les limites des marges de manoeuvre de cette organisation au sein de laquelle s’affrontent les intérêts de tous types. Un Mandela et un De Clerck sont évidemment nécessaires, mais suffiront-ils ?

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        • On ne peut pas renvoyer totalement dos à dos les Israeliens et les Palestiniens.
          La décision de l’ONU de 1947 instituait deux états et faisait de Jérusalem une ville libre et internationale ; le problème est qu’Israel a occupé Jérusalem ainsi qu’une grande partie des terres réservées à l’état Palestinien. La ligne verte actuelle est une ligne de colonisation qui s’ajoute à la colonisation actuelle en cisjordanie.
          Si on peut faire en effet une symétrie entre les partis en conflit, sur bien de ses aspects, il n’en reste pas moins qu’Israel mène une guerre coloniale et terroriste contre les palestiniens qui s’en défendent ; il me semble que ce serait l’intérêt et l’honneur de la France que de fonder sa politique au proche orient sur cette vérité simple.

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    • J.A. vous répétez souvent « nul n’en doute », « nul ne saurait nier ». J’avoue que moi, je suis souvent dans le doute.
      Je vais quand même essayer de vous répondre. Si vous, vous souhaiteriez, si vous étiez juif, émigré dans un pays, je me demande si ça ne vous paraîtrait pas stupide que les femmes victimes de la gente masculine, décident d’émigrer dans un pays qui leur est propre. Pourtant, doutez-vous que les femmes soient victimes de discriminations, de meurtres, de violences, de viols, de la part des hommes ? « Nul ne saurait nier » que bon nombres de femmes décèdent sous les coups de leur conjoint. Pour les femmes tuées par leur conjoint en France, avec la crise on passe de 60 par an à 100 cette année. Pour les viols, c’est un chiffre énorme (mais je ne l’ai pas en tête). Pour les salaires, c’est en ce moment écrit partout, les femmes sont en moyennes payées 20 % de moins que les hommes à poste égale. Etc… Et bien, voyez-vous, je serais fort intéressée de savoir ce que vous pensé de la décision qu’on prisent certaines femmes allemandes il y a quelques décennies (je ne sais pas ce que c’est devenu actuellement) de créer des villes où seules les femmes et les enfants des deux genres pourront vivre. J’aimerais avoir votre point de vue là-dessus. Moi, j’avoue que je comprends ces femmes. Mais vous ?
      Et pour les enfants, qui en France, sont 700 à mourir par an sous les coups des parents (toutes races – je sais il n’y a pas de race – et toutes classes confondues), sans compter (il n’y a pas de chiffres précis là-dessus) des dizaines de milliers qui restent handicapés à vie physiquement et ou psychiquement des maltraitances de leurs parents, que souhaiteriez-vous pour eux, si vous étiez à leur place ? Créer un pays pour les enfants ? La Suède à trouver une autre solution que l’exode, l’interdiction des châtiments corporels envers les enfants que ce soit à l’école ou dans la famille. Conséquence de cette législation prise il y 30 ans, la violence diminue progressivement depuis cette époque dans le pays.
      Les femmes et les enfants, sont victimes depuis probablement beaucoup de temps.
      Et les gitans, de combien de massacres ont-ils été victimes.
      Et je ne serais pas précise, mais si vous voulez le savoir pour le pourrez, combien d’autres personnes d’autres origines que celle de la France, sont-elles victimes d’assassinats ici en France depuis qu’elles y sont ? Mais peuvent-elles partir ? Elles sont souvent réfugiées économiques, de guerre, etc…
      Et pour finir, il y a pleins de juifs qui vivent en paix dans plein d’endroits du monde. D’autres juifs qui ne vivent pas en paix avec leur « frères » juifs en Israël, pour pleins de raisons, soit parce l’une s’est mariée avec un noir, soit parce qu’ils sont noirs (et oui, il y a des juifs très anciens qui sont noirs – les descendants du peuple de la reine de Saba). Pourtant, mais je me garderais de dire « nul doute », ce sont des juifs de l’Etat d’Israël qui les ont fait venir en Israël, et d’après le documentaire d’Arte (mais je n’en suis pas sûre), ils ont été mis dans des camps avec des barbelés parce que les juifs blancs ne supportaient pas ces juifs noirs.

      Si vous me modérez, je le comprendrais, car je suis consciente que mon texte est pas super top. Bon, je ne sais pas pourquoi j’ai éprouvé le besoin de répondre. A vous de voir si vous le publiez ou non. Je vous fais confiance.

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      • Je ne comprends pas ces amalgames ente des femmes, des enfants et des communautés confessionelles de diverses nationalités, victimes de génocide dans des camps d’extermination. Sauf à vouloir dire que les Femmes ou les enfants français victimes de violence sont à mettre sur le même plan que les populations exterminées de la seconde guerre mondiale ; mais alors cela revient aussi à dire que les objets de la solution finale n’ont pas été plus maltraités que les 700 enfants victimes en France chaque année, ou les 100 femmes dont vous parlez ? Y a-t-il des génocides de femmes ou d’enfants en France ? En Europe ? Un parent meurtrier est-il un Mohamed Merah ?
        Si les Gitans – autre population victime de génocide – avaient décidé de se regrouper après la guerre il aurait bien fallu trouver des réponse. L’Espagne ou l’Italie leur auraient-ils déclarer la guerre comme l’ont fait les pays arabes lors de la création par l’ONU des deux Etats ? En ce sens là, les dirigeants des pays arabes de l’époque n’ont pas pris les bonnes décisions, pas plus que les courants intégristes qui aujourd’hui prônent la disparition des juifs et de leur Etat au moyen orient.
        Le vivre ensemble est une réalité qui s’impose à tous, et réciproquement. Le moyen orient est devenu multi ethnique et multi culturel. Tout le monde, de tout bord, ne peut que le constater, et en tirer les conséquences.

        J’irai même plus loin, voyez vous. Au risque d’inverser les risques pour les populations du moyen orient. Qui est le plus en danger là-bas ?
        Si on accepte – c’est une hypothèse de point de vue que j’exprime sans forcément la partager : Inscrire l’actualité des populations de confession juive au moyen orient dans la continuité de l’historique passé tel que dit par Hannah Arendt – des élites juives en négociation perpétuelle avec les dirigeants des puissances économiques occidentales et acceptant la part du feu pour « sauver » les foyers juifs – on peut s’inquiéter aussi de l’avenir des populations israéliennes.
        Israël fer de lance de l’impérialisme occidental, ou Israël « coquelicot » menacé « sur un rocher », ou même « souricière » qui disparaîtra « lâché » par les Dirigeants des USA malgré les allégeances et les tractations des dirigeants israéliens, comme ont été « lachés » et exterminés dans les pays d’europe, les nationaux de confession juive malgré les « négociations » entre puissants de telle ou telle confession (dont juive ) en Europe. ( Voir par exemple l’accord de transfert de 1933 évoqué dans l’article qui nous fait réagir et le livre du journaliste américain Black sorti en 1984 – non traduit – ).

        Les problématiques sont assez complexes pour, de grâce, ne pas s’autoriser les glissements sémantiques qui nous font passer du coq à l’âne. Ainsi des confusions ou des amalgames que vous faites avec les déportés exterminés en 1942-45 et des femmes allemandes, des femmes ou des enfants dans la France de 2015. La police ne met pas les femmes et les enfants dans les trains pour les emporter vers Drancy que je sache.
        Quant au racisme entre ethnies différentes vivant en Israël, je ne peux que constater que le racisme est – pour l’instant encore – une constante qu’on retrouve dans toutes les sociétés multi ethniques. Mais c’est encore une autre discussion, je pense.
        Pour ce qui est de la loi protégeant les enfants, comme en Suède, notons que notre assemblée nationale a tout récemment refusé de sanctionner les violences sur enfant.
        Quant au départ volontaires de femmes allemandes vers des villes ( des nouvelles villes ) où sont ces villes ? Si j’étais une femme, irai-je vivre entre femmes ? La question ne se pose pas, il n’y a pas de peuple mono-genre sur notre planète.

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    • http://m-pep.org/Israel-une-plaie-au-coeur-du-proche-et-moyen-orient-partie-1

      Jean, vous dites :

      « Que la paix au Moyen Orient passe – entre autre mais pas seulement – par une cohabitation de deux états ne pourra jamais faire dire à quiconque que l’un de ces deux peuples est « de trop » en Israël. «

      Il ne s’agit pas de « virer » les Juifs de l’Orient ou de la Palestine. Comme il est rappelé dans l’article, les Juifs d’origines diverses vivaient depuis les temps anciens dans la région en paix avec leurs voisins arabes, sans subir de leur part ni pogroms ni discriminations raciales. Les sociétés orientales ont toujours accepté la mixité, à l’inverse de celle d’Israel où l’apartheid est pratiqué par l’Etat et devenu le mode de fonctionnement social et politique. C’est le sionisme fondateur de l’Etat d’Israel qui exclu le peuple palestinien de sa terre d’origine, pas l’inverse. Yusef Weitz un des pilliers de la colonisation juive de la Palestine écrivait en 1940 dans « A solution to the refugee problem » :
      « Entre nous soit dit, il doit être clair qu’il n’y a pas de place pour deux peuples dans ce pays. Nous n’atteindrons pas notre but si les arabes sont dans ce pays. Il n’y a pas d’autres possibilités que de transférer les arabes d’ici vers les pays voisins – tous. Pas un seul village, pas une seule tribu ne doit rester ».

      Vous dites :
      « Que les dirigeants palestiniens ou Israëliens soient des fauteurs de guerre, nul n’en doute. »
      Et bien au contraire je doute fort qu’on puisse mettre les dirigeants palestiniens exilés, persécutés et l’objet de toutes sortes de tentatives d’assassinats comme dans le cas de Yasser Arafat, sur le même plan de « fauteur de guerre » que les dirigeants israéliens qui pour accomplir, maintenir et développer les colonies d’occupations, faisaient et font toujours la guerre contre le peuple originel de ces terres et les meneurs de leurs résistances.

      Vous dites :
      « Que les populations qui votent Nétanhiaou ou Hamas préfèrent la guerre à la paix, nul n’en doute. »
      Je doute fort que quiconque en dehors des colons et les soutiens interieurs et l’extérieurs de l’Etat israélien puisse partager ce point de vu sur les Gazaouis, régulièrement victimes des agressions militaires meurtrières et l’interminable ambargo israélien qui est la continuation de la guerre par d’autres moyens.

      Vous dites :
      « Que les génocidaires existent chez des palestiniens et chez des israéliens, nul n’en doute. »
      Ah bon ?! « Les génocidaires chez les palestiniens » c’est une toute première nouvelle ! Vous êtes décidément un révisionniste sans scrupule de l’histoire contemporaine ! Personne n’avait encore osé une telle énormité, même pas l’extrême droite israélienne. Et vous m’accusez moi « de réécrire l’histoire d’un point de vue personnel »

      Vous dites :
      « Aujourd’hui la seule plaie au moyen orient n’est pas Israël comme le prétend le titre de cet article, mais les fanatismes, les intégrismes, les nettoyages ethniques, les violences contre les populations. »
      Vous avez raison concernant le fanatisme religieux et les catastrophes humaines qu’il cause.Mais là où nous différons encore une fois c’est dans l’appréciation de la réalité, c’est que pour vous il se limite à l’islamisme radical, qui est, vous avez dû le reconnaître aussi, plutôt une production politique des puissances économiques mondiales et régionales. Vous oubliez les extrémistes religieux et politiques nourris et utilisés par l’Etat israélien dans l’objectif d’occupation et d’extermination des Palestiniens de leurs terres voir de la surface de la Terre ! La triste tragédie qui a tant choqué le monde récemment et qui a causé la mort atroce d’un bébé palestinien, n’est qu’un acte abject parmi tant d’autres, perpétré quotidiennement par le fanatisme et l’intégrisme des colons poursuivant le chemin du nettoyage ethnique emprunté par l’armée israélienne.

      En effet Jean, nous avons deux lectures totalement opposées de l’histoire qui se déroule sous nos yeux !

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      • Chère Panthéa, j’ai beaucoup de respect pour le travail que vus avez produit dans l’écriture de votre article. J’y ai trouvé des qualités, de l’intérêt, et des options politiques avec lesquelles je suis en désaccord.

        J’ai exprimé ce qui représente les « incontournables » pour réaliser la paix. Un de ces consensus est la décision de la communauté internationale de créer deux Etats sur cette terre. Il faut que vous soyiez claire sur ce sujet. Oui ou non, aussi difficile que cela puisse être pour certains sionistes d’accepter la création d’un état palestinien, faudra-t-il que les forces politiques anti-sionistes les plus extrémistes acceptent l’existence d’un Etat israélien ? J’ai bien compris que vous militiez comme moi pour la création d’un état palestinien – mais ètes vous clairement pour la reconnaissance de l’existence de l’Etat israélien ? Si vous répondez-non à cette question, pensez-vous qu’il faille, que l’on puisse effacer 70 ans de la marche du monde ? Et avec qui, car pour ma part, je maintiens que cette décision de l’ONU était la moins mauvaise. Certains pays de la région ont d’ailleurs « bougé ». Yasser Arafat lui même qui voulait un Etat palestinien de la mediterranée au Jourdain lorsqu’il créa le Mouvement de Libération de la Palestine en 1959, ’n’a-t-il pas oeuvré en ce sens et proposé la « paix des braves » depuis 1990, permettant une présence permanente de l’OLP à l’ONU ? Il a d’ailleurs reçu le prix Nobel de la paix avec Shimon Peres et Yitzhak Rabin. Il faut poursuivre dans cette voie, c’est la voie de la co-existence et de la paix. Non seulement l’ »histoire ne repasse pas les plats » mais c’est par ce passé reconnu et admis que les forces politiques du Moyen Orient construiront leur histoire dans la paix.

        Ce point posé, je reviens sur ce que vous contestez dans mon expression en reprenant les « Vous dites » et vous me citez.
        Soit.
        Alors pour vérifier s’il est possible de réfléchir ensemble, je ne garderais ci dessous que les éléments que vous n’avez pas contestés.
        Il resterait donc :

        Nul ne pourra jamais nier les pogroms, les discriminations et le génocide dont furent victimes les populations européennes de confession juive. Nul non plus ne pourra nier qu’aujourd’ hui en France ou en Belgique « on » tue des juifs.
        J’enlève ici une positionnement personnel qui voulait illustrer le fait qu’à trop tuer de juifs, on finit par pousser à la création d’une « nation juive » qui a fini par construire son Etat. Les génocidaires d’hier ont favorisé le contraire d’une « solution finale ». A rester complaisant avec un Dieudonné, on renforce évidemment un sentiment communautaire religieux. On a bien connu en France la fameuse affaire Dreyfus. Que penser des Nemmouche ou des Mérah qui produisent contradictoirement de la jubilation anti juive et de l’empathie pro juive ? On reste là dans le premier point développé plus haut, donc je ne m’attarde pas.

        Que la paix au Moyen Orient passe – entre autre mais pas seulement – par une cohabitation de deux états ne pourra jamais faire dire à quiconque que l’un de ces deux peuples est « de trop » en Israël. Là je ne parlais pas des « juifs » je parlais des populations arabes. Je pense que vous êtes trop réactive ou bien que je me suis insuffisament bien exprimé. L’Etat d’Israël a le devoir de permettre la cohabitation et l’égalité des droits des différentes populations en son sein ( 20% de la population est arabe ). Vous comprenez bien que je honnis autant les fanatiques « juifs » que les fanatiques « musulmans ». Si je reprends les termes de ce Yusuf Weitz et que je remplace arabes par juifs, sans trop racourcir, je crois lire la charte du Hamas. Oui je renvoie ces fascisants – je pèse mes mots – dos à dos. Levons les équivoques entre nous et nous serons d’accord sur cette fameuse question des deux Etats.
        Je conteste par contre que l’Etat d’Israël soit un état génocidaire, pas plus que le Hamas n’a les moyens de l’être. Reconnaissons toutefois qu’au sein de ces deux entités, et de part les postures ou les politiques violentes adoptées, le poison du fanatisme et du racisme reste bien présent. Je pense que l’un nourrit l’autre d’ailleurs et réciproquement.

        Que les fanatismes religieux se complaisent dans les confrontations nul n’en doute.

        Que les dirigeants israeliens aient gâché de belles occasions de paix et que les dirigeants palestiniens en aient torpillé d’autres, nul n’en doute.

        Aujourd’hui la seule plaie au moyen orient n’est pas Israël comme le prétend le titre de cet article, mais les fanatismes, les intégrismes, les nettoyages ethniques, les violences contre les populations. Là je parle bien des fanatismes intégristes de tous bords, de quelque religion qu’ils soient et de quelque bord politique qu’ils soient.
        Je reconnais ici avoir été un peu court sur les violences, mots derrière lequel je mets évidemment tout ce qui relève des injustices des spoliations, des morts des exils liés à une colonisation illégale en regard du droit international.

        Les manipulations de ces microcosmes violents par des dirigeants d’autres états du moyen orient ou occidentaux ne sont un secret pour personne. Que la géopolitique des uns s’appuient sur les frustrations entretenues des autres c’est une pratique séculaire.

        Quel est notre intérêt à nous français, du point de vus de nation française, dans ce conflit entretenu de tous côtés ?
        Travaillons là dessus.

        Oui nous avons certainement des lectures différentes de l’histoire ; je disais que l’état des lieux lui même fait débat. C’est une évidence. Par contre notre diplomatie a la responsabilité d’aider à la paix. Et nous Mouvement d’Education populaire, maintenant parti politique, nous devons nous hisser à la hauteur des appréciations politiques qui servent la paix et les intérêts du peuple français.
        Cela ne passe pas par des parti-pris en faveur des uns ou des autres. C’est de cela dont il faut parler, sauf à se faire instrumentaliser au profit des uns ou des autres par des impérialismes internationaux (USA) ou régionaux Iran Quatar Turquie Irak de S. Hussein, au profit de telle ou telle cause et partant, au profit des tensions et des guerres.
        Le meilleur message que nous puissions faire passer aux ennemis du Moyen Orient, c’est que pour faire la paix, il faut parler et négocier avec son ennemi.

        P.S. Je veux attirer votre attention sur un fait que vous ne pouvez ignorer à propos du blocus de la bande de Gaza : il est du fait d’Israël et de l’Egypte qui en ont fermé les accès après l’éviction du Fatah par le Hamas en 2007. Le conseil de sécurité de l’ONU s’est exprimé un an et demi plus tard, il demande que que l’aide humanitaire, y compris les vivres, le carburant et les traitements médicaux, puisse être distribuée sans entrave dans tout Gaza et dans la même résolution de prévenir le trafic d’armes et de munitions et d’assurer la réouverture durable des points de passage. Je veux juste pointer le fait que depuis 2007, Israël n’est pas le seul gendarme des points de pasage, l’Egypte aussi. Pas de manichéïsme donc.

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  • Tout d’abord merci et bravo pour cette analyse fine pertinente et documentée… J’ai commencé par la diffuser telle quelle et indirectement dans une contribution personnel sans oublier la référence et que voici…
    Ma contribution vise à faire réagir car souvent sur cette question essentiellement certains cherchent à mettre la victime et le bourreau, l’occupant et l’occupé sur le même niveau…
    Il faut être malade pour souhaiter la mort d’une personne et/ou de justifier le crime sous couvert de « légitime défense ». Que signifie « légitime défense » quand c’est un Etat agresseur et occupant qui la pratique ?

    Voici ma contribution
    Pour que 2015 annonce le début de la fin d’un cauchemar…
    Imaginez un enfant souriant
    malgré les dernières horreurs de Gaza et la mort « d’hier » d’Ali, le bébé de 18 mois brulé vif par des colons habités par la haine que cultive un Etat, occupant, raciste et criminel nommé Israël.
    Et face à lui, ses lieux de vie -écoles, terrains de jeux, centres de cultures et de loisirs- réduits en ruines
    par l’Etat hideux jouissant d’une complicité et d’une impunité sans limite
    qui l’autorise à détruire, mutiler, assassiner…
    Après les massacres – qui provoquent à chaque fois l’indignation des peuples – les Etats amis du monstre volent à son secours pour lui négocier une trêve…
    Trêve pour que les preneurs de vies, épuisés par une résistance digne de respect, puissent souffler.
    Souffler jusqu’à un prochain massacre.
    Et cet enfant qui sourit
    « a-t-il la douceur de Jésus ? La douloureuse beauté de Jésus ? » Ou bien est-il Jésus, s’interrogeant sur ce qu’est devenu le lieu de sa naissance ?
    Témoin, encore une fois, de provocations et de brutalités de l’occupant empêchant, en cette fin d’année 2014, des chrétiens de célébrer la Nativité à Bethléem, à chaque fois des musulmans d’aller prier à la Mosquée d’Al Aqsa et quotidiennement les populations de vivre leur vie, tout simplement.
    Et nous, face à ces réalités criantes et à ces visages qui crient sans ouvrir la bouche ?
    Face à ces sourires d’enfants… ?
    Pour que 2015 se finit bien…
    Pour que le monde soit débarrassé de cette bête immonde…
    et considérant…
    Considérant que la France tient, avant toute chose, à la sécurité des citoyens israéliens ;
    Considérant que la France se sent redevable vis-à-vis des juifs qu’elle a maltraités dans un passé récent ;
    Considérant que la France abrite de nombreuses personnes influentes qui mettent la sécurité des israéliens avant, même, celle des français ;
    Considérant que la France cherche à devenir la première puissance européenne devant une Allemagne toujours aussi arrogante et dominatrice ;
    Considérant que la France travaille pour garder un rapport de force judéo-chrétien favorable face à un islam défiguré volontairement pour faire peur… ;
    Considérant que la France, plus que jamais affairiste, cherche à attirer les capitaux du monde même volés et/ou sales pour doper sa croissance ;
    Considérant que la France veut satisfaire le vœu de celles et ceux qui se lèvent chaque jour en s’interrogeant comment ils pourraient servir Israël ;
    Considérant que la France veut marquer l’histoire par une « œuvre de paix » qui pourrait effacer son passé esclavagiste, colonial et néocolonial ;
    Considérant que la France veut protéger les israéliens de ce monde arabe qu’on présente comme hostile, au milieu duquel ils se sont retrouvés incrustés ;
    Considérant les dégâts colossaux causés par cette plaie implantée (*) par l’impérialisme occidental sur la terre de Palestine, depuis que ce projet criminel est né. Apprécions ces mots de T.HERZL, fondateur du sionisme qui a créé l’Organisation Sioniste Mondiale à Bâle en 1897 : « Comme les Juifs ne peuvent être intégrés dans les autres pays et qu’ils doivent avoir un État à eux… » ; il faut donc créer un État. Mais où ? Madagascar ?… Congo belge ? Chypre ? Argentine ? On retient l’idée de la Palestine. « Pour l’Europe nous constituerons en Palestine un morceau du rempart contre l’Asie. Nous serions la sentinelle avancée de la civilisation contre la barbarie »… Mots tirés de son livre l’État Juif (1896).
    Pourquoi la France (Etat) ne propose-t-elle pas aux israéliens de re(venir) vivre en France ?
    Les Palestiniens connaîtront la fin de leur cauchemar et retrouveront leur terre volée, les israéliens n’auront plus de raisons d’avoir peur du Hezbollah, du Hamas, de l’Iran …et vivront mieux, bien entourés et en sécurité…
    Les créatures monstrueuses, ces « terroristes low cost » n’auront plus de raison d’être.
    Les politiques de droite et de « gauche » ne seront plus soumis au lobby sioniste ni obligés de se rendre au dîner annuel du Crif.
    Les israéliens pourront prendre toutes les richesses qu’ils veulent mais partir ; comme cela leur a été suggéré par le grand poète et regretté Mahmoud Darwich…
    La plaie disparaitra et la Palestine redeviendra ce qu’elle a toujours été, cette terre d’accueil ouverte à tous ceux qui veulent vivre en PAIX.
    Et la France pourra rivaliser avec les grandes nations comme elle le souhaite.

    (*) Lire la brillante analyse de Panthéa Kian : ISRAËL, UNE PLAIE AU CŒUR DU PROCHE ET DU MOYEN-ORIENT
    militante politique iranienne, membre du Parti de l’émancipation du peuple (ex-M’PEP).

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    • Permettez moi de régir au propos de malade. Merci pour le qualificatif ; je considère qu’il n’est pas au niveau du point de vue que j’exprime. C’est plus votre problème que le mien, je ne me sens pas vraiment concerné. En retour, permettez moi de m’attarder sur la suite des nombreux « considérant » que vous exprimez. Quelle est la suite de votre pensée ? Je ne la comprends pas.

      Je m’effraie des propos que vous tenez. Savez-vous que l’enfer est pavé de bonnes intentions ? Les yaka fokon n’ont jamais dénoué les situations humaines parfois inextricables. Les guerres et les exodes forcés ne sont pas des solutions. Je comprends que votre souhait est de ramener la paix au moyen orient, c’est aussi le mien. Simplement je pense que cela passe par la cohabitation, la paix, le respect réciproque, l’interdiction des violences et la mise hors la loi de tous les fanatismes et des intégrismes religieux.

      Nous sommes dans un monde de fortes migrations. Il faut se donner les moyens de supporter – dans le bon sens du terme – ces migrations, qu’elles soient à estination de l’Angleterre, de l’Allemagne, de la France, ou ailleurs. La réalité du monde de demain se construit sous nos yeux. La France de grand papa a disparu. La Palestine de grand maman aussi. Excusez mon raccourci.

      Est-ce en interdisant le départ de Français, d’Ethiopiens, de Russes d’Américains ou d’Ukrainiens vers Israël ou en proposant à ces immigrés de toutes nationalités de venir s’installer en France que les tensions migratoires au moyen orient vont disparaître ? Croyez-vous vraiment être crédible vis à vis de ces personnes ???

      Plus inquiétant par contre, la petite musique sur le « lobby sioniste » que les démocrates en France combattent de toutes leurs forces…
      Qui constitue le « lobby sioniste » ? Reprenez-vous la thèse du « complot juif » que Hitler et d’autres ont développé dans les années 30 ? La solidarité avec les populations en souffrance ne doit pas nous inciter à exprimer n’importe quel postulat. Voyez, j’exprime des idées, je pense être – comme vous – en bonne santé et je suis à 1000 lieues de vous traiter de malade.

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      • @ Jean Aril
        Accepter les migrations, je suis pour. Quoique : au revers de ce principe généreux qui pourrait tendre à un nivellement des différences socio-économiques, on assiste au contraire du fait de la répression du type Schengen, à l’émergence d’un sous-prolétariat (les « sans papiers ») qui à son tour, via compétition pour les emplois de moins en moins nombreux, entraîne une paupérisation de la masse et une montée en flèche des inégalités. Mais ce n’est pas l’objet premier de l’article « une plaie au cœur du M-O ». La migration que vous semblez prôner, ce serait surtout celle des juifs du monde vers l’état volé. Me trompé-je ?
        Faudrait aussi accepter les simples voyages, comme ceux que l’état d’apartheid interdit aux palestiniens entre Gaza et la Cisjordanie occupée ; et aux militants internationaux de la cause palestinienne ; et aux palestiniens de la diaspora.
        Accepter enfin le droit du sol, la propriété pour les non juifs et le droit de vivre chez soi (et d’y revenir en sécurité) pour les palestiniens.
        Toujours d’accord ?
        Quant au « lobby sioniste », appelez-le autrement si les termes vous heurtent, mais reconnaissez que Tel Aviv est une tête de pont au Proche Orient de l’impérialisme étatsunien ; que la France otanasiée est curieusement compréhensive à l’égard des crimes israéliens (etc. : cf Benzekri)

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        • Je suis d’accord avec vous quant aux deux face de la médaille sur les migrations en France. Par contre je nuancerais la cause. Est-ce du fait du dispositif Schengen ? La constitution d’un patrimoine est très longue et se fait sur plusieurs générations. Il n’est donc pas étonnant que les migrants qui arrivent « pauvres » le restent, et que leurs enfants le soient aussi. Que le migrants soient avec ou sans papiers. C’est vrai que la situation est encore plus difficile pour ceux qui n’ont pas l’autorisation de séjourner en France.
          Nous sommes dans des sociétés ou l’affrontement entre classes sociales reste – à mon avis – un ressort primordial, et personnellement je pense que la constitution de couches sociales toujours plus pauvres via les immgrations est un moyen supplémentaire pour « faire pression » sur les moins favorisés. On voit des phénomènes semblabes aux USA avec les migrations « mexicaines » ou en Afrique du sud avec les migrations « africaines ». Attention toutefois au manichéïsme.

          Je reste en divergence avec vous sur l’état juif. Ce n’est pas un état volé, c’est un état créé par la communauté internationale. Je suis d’accord pour que ce soit un état « juif » comme il y a des états « musulmans » ou « laïque ». Donc là on ne peut tomber d’accord. Les migrations vers cet état ne me posent pas de problème, je l’ai dit. Au contraire, même, cette création a été une solution « post-génocide » mise en place par l’ONU. J’ajoute – mais on ne peut pas refaire l’histoire – que si les dirigeants arabes de l’époque n’avaient pas été aveuglés et instrumentalisés, l’etat de Palestine aurait déjà vu le jour lui aussi. Le seul Mandela palestinien aurait pu être Yasser Arafat ( exfiltré du Liban par les Français ). Il a cotoyé bien des fossoyeurs dont se sont servis les « faucons » israéliens. Mahmoud Abbas a lui aussi fait progresser les populations palestiniennes vers ce qui sera un jour leur Etat. Il a cruellement manqué des dirigeants israéliens qui oeuvre dans ce sens aussi. Notons quand même l’assassinat d’Yitzak Rabin, de Nasser, la présence du Hamas, du Hezbollah, de l’EI maintenant, qui montrent à l’évidence, qu’il y a des groupes qui ne pensent que par et pour la destruction de l’autre. Elles sont là aussi les plaies du Moyen orient.
          Je suis toujours d’accord sur le reste( voyages, diaspora, droit de propriété, retour… Je ne nie pas la brutalité des politiques israéliennes. Mais je ne veux pas non plus discuter politique intèrieure comme on peut discuter politique chez soi, étant Français, ni palestinien, ni libanais ni égyptien, ni israélien, ni syrien etc…
          Par contre je considère que ces valeurs devront aussi s’imposer dans tout le moyen orient. Je n’en fais pas un préalable, mais je pense que la diffusion de valeurs d’égalité, de libertés philosophiques religieuses de circulation, de respect fraternel, de répartition équitable des richesses, l’acceptation d’abandonner les principes de milice armées de toutes sortes, devront concerner tous les pays et toutes les populations du moyen orient.
          Je considère qu’il y a beaucoup de remises en cause à faire dans cette partie du monde. Par contre j’avoue mon impuissance à imaginer comment les lignes peuvent bouger là-bas.
          C’est pour ça que j’ai réagi à l’article mis en ligne. La plaie du Moyen orient, ce n’est pas Israél. Le Moyen orient est blessé de toutes parts et saigne de multiples plaies. Les cultures « arabes » vivent des crises terriblement destructrices.
          Je suis en farouche désaccord pour parler de « lobby sioniste ». Si nous voulons appréhender, qualifier, intervenir sur les politiques extèrieures de la France, c’est d’une autre « boîte à outils » dont il faut disposer. Idem pour les politiques états-uniennes, iraniennes, russes, saoudiennes, égyptiennes… Ne réduisons pas ces considérations à des slogans antisémites ou anti juifs. C’est non seulement une impasse, mais ceux qui se sont attaqués à la résolution de la « question juive » sont allés au désastre. Ne l’oublions jamais.

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          • chb @ Aril
            Créé par la communauté internationale, l’état d’Israël ne s’en est pas moins constitué sur des terres et dans des villes / villages qui appartenaient à d’autres. Dans la continuité de ce vol caractérisé (avec complicités extérieures, je vous le concède, et l’ignoble ré-attribution de la « Palestine mandataire ») les nouvelles implantations (déclarées illégales par l’UE et l’ONU) et les destructions de maisons, de champs etc.
            Contre les juifs eux-mêmes, le sionisme ! (« Nul ne peut priver les juifs allemands de leur patrie allemande » ). N’oublions pas les opérations terroristes israéliennes à l’encontre de communautés juives de-ci de-là pour « inciter » à l’alya ceux qui n’avaient pas subi la shoah… Et le Mur de la honte, qui reproduisant au passage un sinistre exemple, est très certain de proroger le conflit, eu égard aux « intentions génocidaires » avouées et récidivées.
            Le caractère censément juif de cet état me semble intolérable, pour plusieurs raisons dont la spoliation ’justifiée’, et la discrimination sectaire raciste par exemple anti falacha, et la promesse d’expulsions et de pogromes à venir, et le futur regain d’expan-sionisme à prétexte religieux en prime. Cf désastre de la question juive, version actualisée.
            Arafat… y aurait beaucoup à dire sur sa gestion politique et économique, sur les accords signés etc. Bon, RIP. L’A.P. d’Abbas, outre sa collusion (forcée) avec l’occupant et sa notoire corruption, je lui reproche de ne pas avoir lancé sérieusement une seule procédure contre l’agresseur, même pas au sujet du récent attentat incendiaire. D’ailleurs, quel pourcentage ridicule des exactions israéliennes donne lieu à sanction judiciaire ? Moins de 3% il me semble…
            Sur la profonde pourriture de régimes au M-O : je ne l’exonérerai pas en disant qu’elle vient largement de l’occident, via colonies, post colonialisme et tout ça. On verra sûrement dans la suite de l’article que la pourriture institutionnalisée est largement diffusée par Tel Aviv, décidément une plaie au cœur du P-O et M-O ! Ce dont Netaniahu n’est pas le seul responsable, vu la position de fer de lance dont jouit son pays, vu l’écho chez tant de chrétiens.
            Avec tout ça, vous envisagez d’imposer les valeurs. Pratique pour les futures ingérences « humanitaires » voire « démocratiques », mais guère légitime ; lesquelles parmi votre échantillon sont donc fonctionnelles et exportables ? Quelle répartition égalitaire de richesses voyez-vous sous l’égide de l’ONU ou de l’OTAN ? Attachons-nous d’abord à remettre en cause l’esclavage des grecs, et la dictature de la Troïka, et les 1000 et qques milliards de détournements fiscaux (à l’échelle de l’UE, je ne sais pas pour les USA).
            A mon avis, dans l’ « autre boîte à outils », il conviendra de mettre un peu de clairvoyance et d’honnêteté, que ni Israël ni un quelconque gouvernement des environs ne fourniront. On peut y actualiser aussi un peu de l’analyse marxiste, à tout hasard.
            Cdlt
            Mon post colérique ne complète pas vraiment l’article, disons que j’y essaie de ne pas permettre le poncif odieux « il faut bien que les juifs se défendent ».

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  • excellent à suivre cf arte juifs et musulmans

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    • tous les systemes qui pronent l immondice en listant des contres verités me dégouttent
      et ici frolent non pas l anti tionisme mais plutot l anti sémitisme.
      la palestiner a été créée par la loi BALFOUR et etait une region turque auparavant.créée pazr les alliés en représaille aux arabes de cette région qui avaient oeuvré contre les alliés avec les allemands lors de la premiere guerre mondiale
      des juifs nombreux y vivaient avec des arabes plus nombreux sous domination anglaise
      les kibboutz et les oulpans ont ete crees a cette epoque entre les deux guerres
      puis l etat est créé pour resoudre un probleme juif et punir les arabes pour leur allegeance aux nazis.le grand mufti de jerusalem a meme été reçu par hitler plusieurs fois dans son nid d’aigle.la SDN a décidé de creer cet etat,comme ELLE ET L ONU ont decide de creer plus d’une centaine d’etats qui siegent a l onu actuellement ;entre 1948 et 2015
      mais c’est vrais c est un etat juif et cela gene et est insuportable aux trotskistes et staliniens,qui ont les memes fantasmmes depuius un siecle et plus.
      je ne suis pas sioniste ;je suis français(le lieutenant oubet durant la deuxieme guerre mondiale m a achete ma naturalisation par ses blesssures,aux glieres,aux saisies ;et au vercor.MMAIS NE PEU ADMETTRE DES CONTRE6VERIT2S NE CHERCHANT QU A NUIRE
      je vous demande dae passer cette reponse,sachant que copie a plusieuyrs mouvements pacifistes israelo-palestiniens
      :mouvement de genève ;shalom-archave ;les fils et les filles des victimes.
      GERARD LIEBSKIND UN PAPYECOLOENCOLERE ECOEURE PAR CFE QUI ME SEMBLE DIGNE DE ORDRE NOUVEAU

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  • C’est très certainement la plaie purullente d’où découlent tous les autres conflits au Moyen-Orient. C’est aussi un poignard pointé au coeur du monde arabe, du monde musulman et du tiers monde pour les couper en deux et empêcher l’unité des peuples contre l’impérialisme global. Ce dossier est assez complet. En tout cas, vous êtes très courageux pour avoir écrit ces deux articles car vous allez vous heurter au lobby qui n’existe pas.

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