Un petit journal de Karim
1 janvier 2016
Appel international pour la Vérité sur le massacre de La Mecque
31 Décembre 2015, 18:56pm
24 septembre 2015: A La Mecque, des milliers de pèlerins vont mourrir…
Appel lancé par le Collectif international de juristes indépendants (Paris, le 27/12/15)*
Le 24 septembre 2015 une tragédie d’une ampleur terrifiante s’est produite à Mina, lors du pèlerinage du Hajj qui se déroule à La Mecque. Une foule de pèlerins pacifiques, en marche vers Mina, s’est trouvée bloquée dans une voie devenue sans issue après la fermeture, volontaire semble-t-il, de portes blindées.
La marche des pèlerins n’ayant pas été arrêtée immédiatement sur l’ensemble du parcours, le flot des pèlerins s’est alors compressé dans ce couloir de la mort à un point tel que les pèlerins se sont écrasés les uns sur les autres, s’asphyxiant et se broyant mutuellement, dans des circonstances atroces. Le sinistre bilan de cette Tragédie est ahurissant ; certainement entre 3 000 et 5 000 morts et disparus, issus de plus 35 pays différents, ainsi que des milliers de blessés !
De nombreuses questions restent aujourd’hui sans réponse… Que s’est-il passé exactement ce 24 septembre 2015 à La Mecque ? Pourquoi une telle tragédie a-t-elle eu lieu ? Quelles sont les circonstances exactes de cette tragédie ? Qui sont les premiers responsables de cette tragédie ? Quel est le réel bilan humain de cette tragédie ?
À l’heure actuelle le Gouvernement saoudien n’a apporté AUCUN élément de réponse à ces questions ! Or trois mois après la survenance de cette tragédie :
· Nulle Vérité de la part du Gouvernement saoudien sur les causes directes de cette tragédie ; certaines sources allèguent que la fermeture volontaire des portes blindées, créant ce couloir de la mort, a eu pour unique cause le seul désir d’un « prince saoudien » souhaitant bénéficier d’un « passe-droit » pour son propre « pèlerinage ».
· Nulle Vérité de la part du Gouvernement saoudien sur les faits et le déroulement exact de cette tragédie.
· Nulle Vérité de la part du Gouvernement saoudien sur les responsabilités individuelles ou collectives, en cause dans cette tragédie.
· Nulle Vérité de la part du Gouvernement saoudien sur le bilan humain de cette tragédie : le chiffre officiel annoncé par le Gouvernement saoudien reste « bloqué » à 769 morts depuis le 26 septembre (sic !). Selon les décomptes réalisés par recoupement des sources des pays des ressortissant décédés ou disparus, le nombre de morts et de disparus s’élèverait entre 3 000 et 5000 personnes, soit un bilan plus tragique que celui que provoquerait le crash simultané de plus 20 Airbus A320 complets, équivalent ou supérieur à celui du 11 septembre 2001 !
· Nulle Vérité de la part du Gouvernement saoudien sur les « enquêtes » en principe en cours relatives à cette tragédie.
Comment est-il possible qu’autant de questions fondamentales concernant la plus grande catastrophe humaine civile depuis le 11/9, dont le caractère international est indéniable (plus de 35 pays concernés), puissent rester sans AUCUNE réponse à ce jour de la part du Gouvernement saoudien ? Une seule explication s’impose : à ce jour, la Vérité sur cet effroyable événement est volontairement cachée par la mise en place, de la part du Gouvernement saoudien, de ce qu’il convient de qualifier de « stratégie du mensonge par le silence ».
Le 24 septembre 2015, à La Mecque, un « Mur » a condamné des milliers de pèlerins à se broyer mutuellement et à mourir. Trois mois plus tard, la Vérité, est écrasée par un « Mur du Silence » érigé par le Gouvernement saoudien.
Pourtant, le Gouvernement saoudien doit la Vérité aux milliers de victimes, mortes ou souffrantes. Il doit la Vérité aux centaines de milliers de mères, de pères, d’enfants, de proches et d’amis touchés par ce drame et qui pleurent leurs disparus. Il doit la Vérité à l’ensemble des musulmans du monde car la Mecque n’appartient pas au Gouvernement saoudien, elle appartient à l’Oumma, la Communauté des croyants musulmans. Il doit la Vérité au monde entier en qualité de membre de la Communauté internationale.
Nous sommes conscients que l’ignominie de l’actuel « Mur du Silence » du Gouvernement saoudien est destiné à préparer le « Mur de l’Injustice » de demain. Parce que sans Vérité, il n’y a pas de responsabilité. Sans responsabilité il ne peut y avoir de Justice.
Nous demandons donc instamment et solennellement au Gouvernement saoudien de ne pas rajouter une ignominieuse perfidie à l’incompétence de certaines de ses autorités. Le Gouvernement saoudien doit donc démontrer, sans délai, sa compassion envers les victimes et leur famille en répondant aux questions des familles des victimes, à celles des pays concernés, celles de l’ensemble des musulmans de la planète et de l’ensemble de la population mondiale.
En conséquence, le Gouvernement saoudien doit accepter la désignation immédiate d’une Commission d’Enquête internationale indépendante, en accord avec les pays concernés par cette tragédie. Cette Commission d’enquête internationale indépendante aura pour mission de réaliser un travail complet, indépendant et irréprochable, sur l’ensemble des aspects d’un événement sans équivalent dans l’histoire récente, et ce, en ayant accès à la totalité des informations disponibles.
À s’obstiner plus longtemps dans sa volonté d’étouffer la Vérité, le Gouvernement saoudien s’exposerait alors à se voir qualifier comme direct et unique responsable de cette tragédie. Les lieux saints de l’islam ne sont la propriété d’aucun pays et encore moins la propriété privé d’aucun gouvernement.
*Collectif international de juristes indépendants
vidéo : < https://www.youtube.com/watch?time_continue=1&v=35cYTpFMZe8 >
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Sur le même sujet, lire aussi :
Colère à La Mecque : la sécurité du Hajj était assurée par une société israélienne
26 Septembre 2015, 06:46am
Par Gilles Munier
Le 7 octobre 2013, le quotidien libanais Al-Akhbar a révélé que la sécurité du pèlerinage à La Mecque – le Hajj – est assurée depuis 2010 par la filiale d’une société israélienne de sécurité: Al-Majal G4S, dirigée par un certain Khaled Baghdadi .
G4S est une société qui intervient dans les territoires occupés en fournissant des équipements de sécurité aux colons, mais participe aux interrogatoires musclés de détenus palestiniens dans plusieurs prisons israéliennes.
Sur le papier, Al-Majal G4S appartient à une compagnie brito-danoise. Il n’empêche qu’en Israël, G4S cite d’autres activités en Arabie à Djeddah lors du transfert des pèlerins vers La Mecque. D’après le site Internet Asrar Arabiya – Secrets arabes – G4S a passé une annonce, en 2011, pour recruter des employés pour une mission de 7 jours dans la ville sainte au moment du Hajj.
G4S emploierait 44 000 personnes dans 16 pays, notamment aux aéroports de Bagdad et de Dubaï. Outre l’intérêt financier de ces contrats, G4S peut disposer des relevés d’identité de millions de pèlerins musulmans se rendant à La Mecque, y compris leur photo et leurs empreintes digitales.
Comme l’an dernier, l’assemblée générale de G4S qui s’est tenue en juin à Londres a été perturbée par des manifestants de l’organisation BDS, militant pour le boycott d’Israël. Ce genre de « publicité » n’étant bonne pour les affaires, Ashley Almanza, directeur de G4S a assuré que sa société ne renouvellerait pas son contrat avec les autorités pénitentiaires israéliennes, mais pas avant 2017. .. Ce qu’évidement personne ne croit.
Vidéo : Des militants de l’organisation BDS perturbant la dernière assemblée de G4S à Londres : < https://www.youtube.com/watch?v=vrZ0QvWakwQ >
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Le mystère de la disparition de l’ambassadeur iranien Ghazanfar Roknabadi à La Mecque
14 Novembre 2015, 22:02pm
Par Gilles Munier (en collaboration avec Hamed Ghashghavi à Téhéran
La bousculade meurtrière de La Mecque, le 24 septembre dernier, lors du rituel de la lapidation du Diable à Mina, était-elle accidentelle, ou a-t-elle été provoquée pour enlever, interroger, et tuer d’éminents diplomates iraniens et des officiers supérieurs des Gardiens de la révolution accomplissant le pèlerinage ?
Un kidnapping organisé par le Mossad ?
Le nombre d’Iraniens morts ou « disparus » ce jour-là est de 464, avec parmi ces derniers Ghazanfar Roknabadi, ancien ambassadeur au Liban. Il m’avait reçu en septembre 2014 au ministère des Affaires étrangères iranien, en compagnie de participants à la conférence «New Horizon».
Ghazanfar Roknabadi, 49 ans, en poste au Liban entre 2010 et 2014, était considéré par le GIP – General Intelligence Presidency, le service secret saoudien – et le Mossad comme un des cerveaux de la politique iranienne au Liban et en Syrie, donc un ennemi à éliminer. En novembre 2013, un double attentat suicide contre l’ambassade d’Iran à Beyrouth, revendiqué par les Brigades Abudullah Azam, liées à Al-Qaïda, l’avait raté de peu, mais fait une vingtaine de morts et plus de 160 blessés. Majed al-Majed, le principal suspect arrêté, aurait avoué être un agent du GIP avant de mourir quelques jours plus tard dans un hôpital militaire libanais.
Interpellé par les autorités iraniennes sur ce qu’est devenu l’ancien ambassadeur, le régime saoudien a d’abord nié sa présence en Arabie, puis déclaré que son nom n’était pas sur la liste des pèlerins, qu’il était sans doute entré sous un faux nom.
Non seulement Ghazanfar Roknabadi était à La Mecque – des photos le prouvent -, mais le ministère iranien des Affaires étrangères a publié la photocopie de son passeport avec son visa d’entrée… Présent lors de la bousculade, un des membres de sa délégation a vu des individus le transporter, vivant, dans une ambulance partie ensuite vers une destination inconnue.
Il va de soi qu’un tel kidnapping n’a pu être improvisé à la va-vite en profitant du chaos. De là à penser qu’il a été enlevé par le GIP, et livré au Mossad, il n’y a qu’un pas facile à franchir… d’autant qu’on sait que la sécurité du pèlerinage est assurée par Al-Majal G4S, filiale d’une société brito-israélienne.
7 000 musulmans morts à Mina ?
Pour couper court aux rumeurs sur l’origine de la bousculade et sur la « disparition » de plusieurs officiels iraniens, il suffisait qu’une commission d’enquête indépendante visionne les enregistrements des caméras de surveillance situées le long du parcours, mais le roi Salman les a fait mettre sous scellés. Que veut-il cacher ?
Selon le quotidien libanais pro-syrien al-Diyar, le drame aurait été provoqué par la fermeture brusque d’une des voies par laquelle s’écoulait la foule, pour laisser passer le convoi automobile du prince Mohammad Ben Salman – escorté par des véhicules militaires et de police – se rendant à grande vitesse à Mina.
Le ministre saoudien de la Santé a d’abord accusé des « pèlerins africains indisciplinés » d’être responsables du chaos et publié un communiqué faisant état de la mort de 4 173 pèlerins à Mina. Le communiqué a vite été retiré du site du ministère qui ne reconnait depuis un mois et demi que… 769 tués.
Le chiffre de 2 000 victimes avancé alors par l’Iran semblait exagéré, il est aujourd’hui dépassé. L’ayatollah Ali Khamenei, guide suprême de la Révolution iranienne, parle maintenant d’un bilan dépassant 7 000 musulmans morts à Mina, car on ne connaît ni le nombre les pèlerins inhumés dans des fosses communes, ni celui des blessés graves séjournant dans les hôpitaux du royaume. Trois mille corps d’inconnus, entassés dans des camions frigorifiques, ne sont pas encore identifiés.
Après cette énième tragédie à La Mecque, aux musulmans de dire si la famille Saoud est toujours digne de la garde des lieux saints de La Mecque et de Médine, une charge attribuée à Ibn Saoud par les Britanniques. Nombreux sont ceux qui pensent – à commencer parmi les sunnites – que profiter du hajj pour éliminer des ennemis relève du sacrilège.
Interviewé le 11 novembre dernier par la chaîne de télévision arabe Al-Mayadeen – grande concurrente d’Al-Jazeera -, Hossein Amir Abdollahian, vice-ministre iranien des Affaires étrangères, a affirmé que, selon ses informations, Ghazanfar Roknabadi est toujours vivant. Il a demandé à la Saoudie de « renvoyer » l’ancien ambassadeur en Iran… « vivant ».
PS. Finalement le gouvernement saoudien a rendu le corps de l’ambassadeur, mort. Mais quand ?
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Zones d’ombres autour de la mort de Ghazanfar Roknabadi à La Mecque
26 Novembre 2015, 06:44am
Par Gilles Munier (en collaboration avec Hamed Ghashghavi à Téhéran)
Le corps de Ghazanfar Roknabadi a été identifié mercredi dernier par ses frères, à La Mecque, parmi ceux des milliers de victimes de la bousculade tragique de Mina. Une analyse ADN a confirmé qu’il s’agissait bien de l’ancien ambassadeur d’Iran à Beyrouth. Sa dépouille doit être transférée à Téhéran aujourd’hui.
Pendant plus de deux mois, le régime saoudien a usé de faux-fuyants pour nier la participation de Ghazanfar Roknabadi au Hajj, puis pour empêcher ses frères d’enquêter sur sa disparition. Le bruit courrait alors qu’il était blessé et emprisonné.
On ne saura sans doute jamais ce qui s’est réellement passé le 24 septembre à La Mecque, où un officiel iranien qui l’accompagnait a vu une ambulance l’emporter, vivant, vers une destination inconnue… qui pourrait un centre d’interrogatoire médicalisé. Du fait de ses responsabilités passées d’ambassadeur à Beyrouth, le Mossad était accusé de l’avoir enlevé pour l’interroger sur les activités secrètes de l’Iran en Syrie et au Liban.
Il ne faut pas s’attendre à ce que les Nations-Unis et le Comité International de la Croix-Rouge (CICR) répondent autrement que diplomatiquement au souhait du gouvernement iranien de prendre en charge cette affaire. Ce n’est pas suffisant. Seule en enquête conduite par une commission internationale indépendante permettrait de faire la lumière sur les causes de l’effroyable bousculade de Mina.
Le nombre des victimes de la bousculade comptabilisées officieusement avoisine actuellement les 4 700. Les autorités saoudiennes refusent de publier un bilan de la catastrophe et demeurent silencieuses sur leurs responsabilités, espérant que le drame sera vite oublié. Des milliers de familles musulmanes de par le monde attendent toujours des nouvelles de leurs parents disparus à La Mecque. Elles ne vont tout de même pas laisser les Saoudiens, qui ont fait une nouvelle fois la preuve de leur incompétence à organiser le Hajj en toute sécurité, s’en tirer comme cela.
Photo : Ghazanfar Roknabadi à La Mecque
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La destruction de la Mecque
03/10/2014
Lorsque Malcom X visita la Mecque en 1964 il fut enchanté. Il trouva que la ville était « aussi ancienne que le temps lui-même » et écrivit que l’extension – partiellement construite – de la Mosquée Sacrée « surpassera les beautés architecturales du Taj Mahal ».
Cinquante ans plus tard personne ne pourrait décrire la Mecque comme étant ancienne ou même associer la notion de beauté à la ville la plus sainte de l’Islam. Les pèlerins qui effectueront le hajj cette semaine pourront chercher en vain des traces de l’histoire de la Mecque.
Le site architectural dominant de la ville n’est plus la Mosquée Sacrée où se trouve la Kaaba, le centre symbolique de tous les musulmans du monde. C’est maintenant l’odieux hôtel « Makkah Royal Clock Tower » (la tour de l’horloge royale de la Mecque) qui, du haut de ses 600 mètres, fait partie des bâtiments les plus hauts du monde. Il fait partie du développement gigantesque de gratte-ciels qui comprend des centres commerciaux de luxe et des hôtels-restaurants pour les très riches. L’horizon n’est plus dominé par la silhouette imposante des pics qui entouraient la ville. Les anciennes montagnes ont été aplanies. La cité est maintenant entourée par des structures en béton et en acier rectangulaires, un amalgame entre Disneyland et Las Vegas.
Les « gardiens » de la Ville Sainte, les dirigeants de l’Arabie Saoudite et les « religieux » qui les accompagnent ont une haine profonde de l’histoire. Ils veulent que tout ait l’air neuf. Pendant ce temps, les sites se multiplient pour accueillir le nombre croissant de pèlerins, près de 3 millions aujourd’hui (contre 200 000 dans les années 60).
La phase initiale de la destruction de la Mecque commença dans le milieu des années 1970 et j’en fus témoin. D’innombrables bâtiments anciens, y compris la mosquée Bilal, datant de l’époque du Prophète Mohammed, ont été rasés. Les vieilles maisons Ottomanes, avec leurs élégants moucharabiehs et leurs portes minutieusement sculptées, furent remplacées par d’hideuses maisons « modernes ». Au fil des années, la Mecque fut transformée en une ville « moderne » avec de larges routes à plusieurs voies, des échangeurs autoroutiers en forme de spaghetti et des hôtels et centres commerciaux tape à l’oeil.
Les quelques bâtiments et sites à portée religieuse ou culturelle restant furent détruits plus récemment. On estime que la tour de l’horloge royale de la Mecque, achevée en 2012 fut bâtie sur les décombres de 400 sites d’importance religieuse et culturelle significative, comprenant des bâtiments vieux d’un millier d’années. Les bulldozers arrivaient dans le milieu de la nuit, déplaçant des familles implantées là depuis des siècles. Le complexe se situe sur le lieu où se trouvait la forteresse d’Ajyad, qui fut bâtie aux alentours de 1780 pour protéger la Mecque des bandits et des envahisseurs. La maison de Khadijah, la première femme du Prophète Mohammed, fut transformée en un bloc de toilettes publiques. L’hôtel Hilton de la Mecque a été construit sur la maison d’Abou Bakr, le plus proche compagnon du Prophète et premier Calife de l’Islam.
A part la Kaaba elle-même, seul le noyau interne de la Mosquée sacrée a pu conserver son authenticité (aujourd’hui une structure métallique laide faite soi disant pour prendre soin des handicapés l’enserre depuis peu). Il se compose de colonnes de marbres finement sculptées, ornées de calligraphies des noms des compagnons du Prophète. Construite par une succession de sultans Ottomans, les colonnes datent du 16ème siècle. Et pourtant il est là encore prévu de les démolir, avec l’ensemble de l’intérieur de la Mosquée Sacrée pour le remplacer par un bâtiment en forme de beignet ultramoderne.
Le seul autre bâtiment encore existant plus longtemps et ayant une signification religieuse dans la ville était la maison où le Prophète Mohammed a vécu. Pendant la majeure partie de l’ère saoud elle fut utilisée comme marché de bétail pour être ensuite convertie en bibliothèque, non ouverte au public. Mais même cela est de trop pour les responsables religieux saoudiens qui n’ont eu de cesse de demande sa démolition. Les responsables religieux craignant qu’une fois à l’intérieur, les pèlerins veuillent prier pour le Prophète plutôt que pour Dieu – un péché impardonnable à leurs yeux bornés. La maison du Prophète a été rasée depuis.
La dévastation culturelle de la Mecque a radicalement transformé la ville. Contrairement à Bagdad, Damas ou le Caire, la Mecque ne fut jamais le centre intellectuel et culturel de l’Islam. Mais elle fut toujours une ville pluraliste où les débats entre les différentes interprétations et écoles de pensée de l’islam n’étaient pas inhabituels. Elle est maintenant réduite à une entité « religieuse » monolithique où seulement une seule interprétation – anhistorique et littéraliste – de l’Islam est autorisée, et où toutes les autres interprétations, en dehors de la marque « salafiste » de l’Islam saoudien, sont vues comme de fausses religions. En effet, des fanatiques menacent fréquemment les pèlerins des autres écoles de pensées. L’année dernière un groupe de pèlerin chiites du Michigan fut attaqué au couteau par des extrémistes, ce qui a conduit en août une coalition de groupes d’Américains musulmans à écrire au département d’État pour demander une protection durant le hajj de cette année. Mais depuis ce sont les …Israéliens qui sont arrivés pour protéger le hajj !
L’effacement de l’histoire de la Mecque a un impact énorme sur les pèlerins eux-mêmes. Le mot « hajj » signifie effort. C’est grâce à l’effort de se rendre à La Mecque, en marchant d’un lieu de culte à un autre, en discutant avec des gens de différentes cultures et écoles religieuses, en baignant dans l’histoire de l’Islam que les pèlerins acquièrent des connaissances ainsi que l’épanouissement spirituel. De nos jours le hajj est devenu un séjour touristique et consumériste où l’on se déplace en restant dans son groupe, d’un hôtel à un autre hôtel en rencontrant rarement des musulmans d’autres culture ou ethnie. Dépossédé de son histoire, de sa diversité religieuse et culturelle, le hajj n’est plus l’expérience spirituelle unique de notre vie. Il a été réduit à un exercice banal de rituels et de shopping.
La Mecque est un microcosme du monde musulman. Ce qui arrive à et dans la ville exerce un profond impact sur les musulmans partout dans le monde. Le cœur spirituel de l’Islam est devenu une enclave ultra moderne et monolithique où la différence n’est pas tolérée, où l’histoire n’a pas de sens et où le consumérisme est omniprésent. Il n’est donc pas surprenant que le littéralisme et les interprétations meurtrières de l’islam qui y sont associé soient devenues si dominants dans les pays musulmans.
Ziauddin Sardar, traduit de l’anglais par Emmanuel Dubuc, publié originalement dans le New York Times du 30 septembre 2014
https://www.youtube.com/watch?v=z_uTrNIczHc
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Yémen : des civils tués dans des bombardements saoudiens
Date: 13 décembre, 2015
PRESSE – Des frappes aériennes menées par la coalition arabe sous conduite saoudienne ont tué 19 civils yéménites dimanche lors du bombardement de maisons et d’un marché, ont rapporté des habitants.
Ce drame survient à la veille de l’entrée en vigueur d’une trêve qui doit se mettre en place en préalable à l’ouverture, le lendemain, de négociations de paix. Selon des habitants de la localité d’Al Hadjawara, dans la province de Hajjah, au nord du Yémen, les bombardements aériens ont fait 12 morts, des villageois tués chez eux, et une trentaine de blessés. Des habitants de Kabatiya, dans le sud du Yémen, ont fait état de sept civils tués dans une frappe qui a visé un marché. Près de 6 000 personnes ont péri dans les combats et les frappes aériennes de la coalition arabe au Yémen depuis le mois de mars. La plupart d’entre elles sont des civils, parmi lesquels 637 enfants, selon les Nations unies.
PS. Résumons : Massacre du Mina, régimes pétromonarchiques, dont celui des Saoud, créés par les Anglais, succession US maintenant son contrôle sur la péninsule arabique via l’ARAMCO et autres multinationales privées, destruction du patrimoine historique islamique respecté depuis 1400 ans par les musulmans, transformation de La Mecque en Las Vegas consumériste du désert, expulsion à la périphérie de La Mecque des pèlerins pauvres et conditions royales faites pour les pèlerins consommateurs riches, adoration des idoles de la consommation à deux pas de la kaaba, revenus des princes Saoud en augmentation constante grâce au bénéfices du pèlerinage, société sioniste surveillant et contrôlant les pèlerins, bombardements saoudiens du Yémen massacrant civils et détruisant le patrimoine culturel arabique, blocus alimentaire saoudite du Yémen, financement par les Saoud et les autres pétromonarchies du Golfe des mercenaires et assassins morbides affluent du monde entier pour attaquer Syrie, Irak, Libye, Mali, Nigéria, etc. dans une fitnah généralisée, sectarisme « islamiste » anti-islamique, régime de terreur et de répression, puritanisme morbide, télécoranisme saoudite inondant le monde entier, financement de la régression mentale islamique par le biais d’un réseau d’écoles mondialisé financé par les Saoud , etc, etc, etc…
Tout cela ne rappelle-t-il pas l’époque où le polythéisme dominait à La Mecque qui n’était plus qu’un marché arabique ?
Combien de nouvelles preuves faudra-t-il pour faire comprendre que les régimes pétromonarchistes et sectaires sont des agents de destruction des peuples musulmans et de la culture islamique ?
N’est-il pas envisageable de lancer une campagne internationale de boycott du hajj tant que les usurpateurs continueront à le contrôler et à le pervertir ? Quelle portée peut avoir un hajj qui soulève le cœur et la colère de tout pèlerin authentique ?