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28 mars 2024

Marc Trévidic : “Nous luttons contre le nazisme tout en invitant Hitler à notre table”


LES INROCKS

Marc Trévidic : “Nous luttons contre le nazisme tout en invitant Hitler à notre table”

18/11/2015 | 15h22
Capture d’écran de Marc Trévidic sur France 2

A lire sur lesechos.fr

Mediapart, France 2, TF1, Le Télégramme ou encore Le Dauphiné libéré. Après les attentats de Paris et de Saint-Denis, Marc Trévidic, ancien juge d’instruction du parquet antiterroriste de Paris, aujourd’hui au tribunal de grande instance de Lille, s’est beaucoup exprimé. Interrogé cette fois-ci par Les Echos, il évoque l’état des services de renseignements et des services judiciaires français, et ce qui adviendra de cette “guerre” contre les terroristes de l’Etat islamique.

Ne pas créer un Guantanamo français

Le juge a loué le recours à l’état d’urgence mais appelle, une fois encore, à ne pas créer un Guantanamo français, c’est-à-dire à ne pas “interner toutes les personnes susceptibles d’être radicalisées”. Ce serait “contraire à la Constitution française et à la Convention européenne des droits de l’homme” et ça inciterait bon nombre de “musulmans modérés” à se sentir persécutés et à se radicaliser. “C’est ce qu’ont cherché les islamistes d’Al Qaida par le passé, et l’OEI (Organisation Etat islamique, ndlr) aujourd’hui”, indique-t-il.

“Comment faire une distinction entre un radical non violent et un radical prêt à commettre des attentats ? s’interroge-t-il. Nous n’avons pas une échelle de Richter du radicalisme.”

Les renseignements renforcés mais la justice ne suit pas

Consulter sur les capacités des services de renseignement français, il a reconnu que “beaucoup d’efforts ont été entrepris ces deux dernières années avec, notamment, le vote de la loi sur le renseignement”. Mais, le problème, c’est que derrière, le système judiciaire ne suit pas :

“Malheureusement, nous n’avons pas voulu mettre le renseignement au service du judiciaire. Le système n’a pas été conçu en ce sens. Nous faisons face à un goulet d’étranglement : quand près de 2 500 personnes travaillent au renseignement, en face, il n’y a que 150 personnes du côté judiciaire. Ce déséquilibre signifie, en clair, que les juges n’ont pas les moyens de traiter les renseignements qui leurs sont transmis.”

Une position plus ferme face à la Turquie, la Syrie et l’Arabie saoudite

Concernant la politique extérieure de la France, Marc Trévidic souhaite que François Hollande pose des conditions à certains pays dont les relations avec l’Etat islamique ne sont pas très clairs, comme la Turquie. Il considère également que la France n’a pas besoin de changer d’attitude face à Bachar al-Assad pour lutter contre Daesh. Il dénonce vivement la coopération de la France (et des autres pays de la coalition) avec Riyad :

“La France n’est pas crédible dans ses relations avec l’Arabie saoudite . Nous savons très bien que ce pays du Golfe a versé le poison dans le verre par la diffusion du wahhabisme. Les attentats de Paris en sont l’un des résultats. Proclamer qu’on lutte contre l’islam radical tout en serrant la main au roi d’Arabie saoudite revient à dire que nous luttons contre le nazisme tout en invitant Hitler à notre table.”

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