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24 avril 2024

L’IRAK, UN PAYS EN CONVULSION


Les 7 du Québec

L’IRAK, UN PAYS EN CONVULSION

L’ÉDITORIAL   DE CHERIF ABDEDAÏM   sur LES7DUQUEBEC.COM

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L’Irak, entre  dérive et convulsion

Dans un contexte géopolitique profondément modifié par l’intervention Russe en Syrie, en novembre 2015, la situation politique en Irak a continué de se détériorer. Ces tensions accrues se sont manifestées tant à Baghdad qu’à Erbil ainsi que dans les relations entre le Kurdistan et la capitale.

A Baghdad, l’Alliance Nationale chiite, attisée en sous-main par Al Maliki et à laquelle appartient le premier ministre irakien Haider Al Abadi, ne cesse de mettre des bâtons dans les roues du gouvernement. Les députés de sa formation font assaut de critiques contre les réformes promises et lancées par le premier ministre pour répondre à la colère des manifestants qui s’élèvent contre la corruption régnant dans les rouages de l’État irakien. Ces mesures, et notamment celles relatives à l’abrogation des privilèges et des prérogatives des parlementaires et des hauts fonctionnaires de l’État bénéficient d’un soutien populaire très large. Mais la lenteur de leur adoption, du fait du combat retardateur mené par les députés, font perdre à Al Abadi une partie de sa popularité auprès des couches les plus défavorisées de la population. De son côté, le Bloc National qui regroupe les partis sunnites participants au pouvoir en place, s’est lui aussi disloqué, donnant naissance à une formation politique fondée sur des bases strictement sectaires.

Au Kurdistan, le problème du troisième mandat du président sortant de la province autonome, Massoud Barzani, n’est pas encore résolu. Ce dernier s’accroche au pouvoir alors que son mandat est terminé depuis le 20 aout 2015, jour où devait avoir lieu l’élection présidentielle.

En outre, les différends entre Baghdad et Erbil se sont, eux aussi, gravement amplifiés à la suite de la libération de Sinjar et les incidents qui ont eu lieu dans la ville de Touz Khourmatou.

Ces situations compliquent les rapports entre Baghdad et Erbil et font penser qu’en l’absence d’un homme fort et respecté à Baghdad on se dirige pas à pas vers une séparation de la province autonome kurde. Cette éventualité de séparation du Kurdistan de l’Irak a été publiquement évoquée par Barzani lors d’une récente rencontre avec l’ambassadrice norvégienne en Irak et en Jordanie.

Toutes ces évolutions sont en partie dues à la difficile situation économique du pays, fragilisée par la baisse du baril de pétrole et le coût croissant des dépenses militaires.

                                 Alors que la situation politique en Irak reste confuse tant à Baghdad qu’à Erbil, les États-Unis continuent de se comporter en pays conquis et mettent en place en Irak, sans un aval formel du gouvernement et des partis irakiens, une stratégie opérationnelle identique à celle des Russes en Syrie qui, elle, s’appuie sur une demande formelle du gouvernement Assad.

 

                            Malgré tous les démentis, des troupes terrestres américaines venant de la Jordanie sont entrées, en septembre, dans les territoires irakiens d’Al Anbar par le poste frontière de Trébil  pour former, entrainer les tribus sunnites et les équiper par un pont aérien sur l’aéroport militaire de Habbaniyya. La stratégie américaine est vraisemblablement, dans un premier temps, de concentrer leurs efforts sur le gouvernorat d’Al  Anbar  pour deux raisons. Ils bénéficient de l’appui de certaines tribus sunnites avec lesquelles ils ont conservé d’étroits contacts depuis le « Surge » et ils veulent protéger leur allié saoudien qui possède 420 km de frontières avec ce gouvernorat.

 

                          Il semble aussi que le premier objectif des Etats-Unis soit de libérer la ville de Ramadi, chef-lieu du gouvernorat (300 000 h mais dont 1/3 ont fui lorsque Daesh s’est emparé de la ville), plutôt que la ville de Faluja (200 000h), plus proche de Baghdad mais dont la population reste acquise à Daesh.

La situation sécuritaire est toujours très mauvaise dans 4 gouvernorats sur 18 : 4 gouvernorats totalisent 92% des attentats au mois de septembre : Nineveh (173 morts) ; Salah Dine (160) ; Al Anbar (155) et Baghdad (96). La situation est meilleure à Kirkuk (44 morts) et à Diyala (8).

 

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DEMAIN  :   LUTTER CONTRE DAESH

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