Il y a 39 ans, le grand coup de tonnerre du 2 mars 1977 (jour pour jour)
2 mars 2016
Il y a 39 ans, le grand coup de tonnerre du 2 mars 1977 (jour pour jour)
Le 2 mars 1977 est l’une des trois dates les plus importantes de l’histoire politique et sociale des peuples en lutte après celui de la Révolution d’Octobre en 1917 et de 1959 à Cuba.
Il correspond au 39ème Anniversaire de l’Avènement du Pouvoir du Peuple en Libye. A l’heure où nous écrivons, la majorité des Libyens le célèbrent, ouvertement dans les bastions de la résistance (Banwalid, Sebha, Bengazi, etc.) ou silencieusement, intérieurement, en raison de l’occupation du pays depuis 2011.
Cet anniversaire revêt une signification particulière, au niveau régional et tribal, parce que le peuple constate qu’il a effectivement tout perdu d’un immense pouvoir dont il a joui pendant 4 décennies.
Le refrain « Al-Jamahiriya was-Solta Sha’ibiyya ! » (« Le Pouvoir du Peuple par le Peuple et pour le Peuple ! ») est encore largement chanté en toute occasion.
Ce jour-là, dans une démarche audacieuse jamais égalée dans l’Histoire, était officiellement annoncé un « changement de régime » qui laisse encore songeur, en 2016, les plus perspicaces des observateurs et intellectuels indépendants. C’est à cette audace historique que faisait allusion le Pr EDMOND JOUVE (France) quand il dit, devant nous, à Tunis en 2012, que MOUAMMAR AL-GADDAFI « nous aura fait rêver d’un monde sans gouvernants ni gouvernés ».
Le 2 mars 1977 était annoncé que le pouvoir était remis au peuple, littéralement « sur un plateau ». Cet événement relève du « jamais vu » dans l’histoire de l’humanité, à l’exception de quelques sociétés socialistes, et encore… Il ne s’agissait pas de mots creux. Ils furent écrits noir sur blanc et appliqués à la lettre.
On ne prend jamais à sa réelle mesure l’audace immense d’un homme africain, musulman et arabe (et ne portant même pas un prénom chrétien ou juif) qui osa montrer au monde qu’il avait mieux compris que toute une élite intellectuelle, le sens de la fameuse phrase de MARX et ENGELS selon laquelle les philosophes n’avaient, de tout temps, fait qu’interpréter le monde et qu’il était temps de le changer.
C’est là que l’on peut comprendre le racisme non-dit, honteux, inavoué, de la plus grande partie de la Gauche et de l’Extrême-Gauche (à l’exception de quelques rares groupes communistes) laquelle a hurlé avec les loups de l’OTAN contre tout ce que la Jamahiriya Libyenne représentait de défi à ses impostures intellectuelles.
IMAGES (ci-joint): Les images ci-joint montrent la bonne humeur qui régnait dans les congrès populaires de la Jamahiriya de l’époque: par exemple avec HAJJ MANSUR qui, en discutant pourtant de sujets très sérieux, faisait systématiquement éclater de rire l’audience. Remarquer au passage la présence égalitaire des deux sexes. Le slogan de ces photos est d’ailleurs: « Hakada kunna nasn’a Bref, l’image inversée de la mascarade de « »démocratie » » mise en place en Tunisie par l’impérialisme.
Note importante aux athées
Nos amis athées pourraient être « effrayés » par l’article 2 de la Déclaration de 1977 laquelle fait référence à une source religieuse quant à la constitution de la Jamahiriya Arabe Libyenne Populaire Socialiste.
-Sur le plan pratique, la Jamahiriya n’a jamais été, ni dans l’esprit de son concepteur ni dans les faits, un « régime islamique ». Pratiquement, son Guide a, au contraire, favorisé l’émergence d’un Etat laïc, imbibé d’un islam de liberté et tolérance, soufi par essence: bref, l’opposé de ce que l’on peut voir pratiquement partout ailleurs.
-Sur le plan théorique, le Guide de la Révolution avait compris que les constitutions nationales, à l’exception de celles à caractère socialiste, se traduisaient souvent par un gaspillage de temps, d’argent et un abus de la naïveté et de la lassitude des peuples. On l’a vu en Tunisie, après 2011, avec une nouvelle constitution qui n’était qu’un exercice de style pour les nouvelles élites dominantes via le cheval de Troie du néocolonialisme, la prétendue « société civile ».
A l’époque, GADDAFI explicita, dans un célèbre congrès populaire, que le peuple libyen était musulman dans sa grande majorité et qu’il ne vivait aucune contradiction entre sa manière de vivre au quotidien avec les prescriptions du Coran (par ex: interdiction de l’usure, de l’exploitation de l’homme par l’homme, etc.). Aussi, il posa, comme on le fait en mathématiques (au moins dans un premier temps), que le pouvoir populaire serait basé sur la Démocratie Directe.
La forme qui lui serait donnée est bien connue des spécialistes: peuple réuni en congrès et comités populaires, verticaux, horizontaux et transversaux. Cette démocratie directe, il le reconnut, prend sa source dans un verset du Coran (sourate de la Consultation, n°42) qui exige des fidèles citoyens de la Cité Idéale, qu’avant toute décision ayant des conséquences au niveau social, ils se consultent de manière démocratique: « Wa Amruhum Shura Bayna Hum »).
Dans une archive sonore libyenne rare à laquelle nous avons eu accès, le Guide de la Révolution explicite aussi pourquoi il n’a pas mentionné explicitement, dans le Livre Vert notamment, l’origine (religieuse) du concept de démocratie directe.
Il a dit qu’il n’y avait pas besoin de le préciser et que si un jour, des observateurs posaient la question, il leur serait répondu.
Les communistes du monde entier, à commencer par les Soviétiques et Latino-Américains, ne s’y sont pas trompés et ont reconnu là, malgré leur matérialisme, un système révolutionnaire authentique.
Par Les Pacifistes de Tunis (sur le vif, pour la mémoire)
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Citation: Déclaration sur l’avènement du Pouvoir du Peuple (2 mars 1977). Traduction par JP Maury http://mjp.univ-perp.fr/constit/ly1977.htm (existe en arabe et anglais)