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10 octobre 2024

Comment Barack Obama a tourné le dos à l’Arabie Saoudite et ses alliés sunnites


Publié par Gilles Munier

4 Avril 2016,

Entretien Barack Obama - roi Salman (janvier 2015)
Entretien Barack Obama – roi Salman (janvier 2015)

Par Patrick Cockburn (revue de presse : Le Grand Soir – 2/4/16)*

Un aspect frappant de la politique étrangère du président est qu’il apprend des échecs et des erreurs passées.

Les commentateurs ont manqué l’importance des critiques acerbes du président Barack Obama à l’égard de l’Arabie Saoudite et des Etats sunnites, alliés de longue date des Etats-Unis et accusés de fomenter les guerres sectaires tout en cherchant à y impliquer les Etats-Unis, en leur nom, dans cette bataille régionale. Dans une série de longs entretiens avec Jeffrey Goldberg, publié dans le magazine Atlantic, M. Obama explique pourquoi il n’est pas dans l’intérêt des États-Unis de perpétuer la politique étrangère habituelle des États-Unis – position qu’il rejette personnellement – qui consiste à apporter un soutien automatique aux Saoudiens et à leurs alliés.

Les arguments d’Obama sont importants parce que ce ne sont pas là des remarques effectuées en off. Elles sont détaillés, vastes, soigneusement étudiées et conduisent à un nouveau départ dans la politique américaine. Le tournant décisif est venu le 30 Août 2013, lorsqu’il a refusé de lancer des frappes aériennes en Syrie. Cela aurait, en effet, marqué le début d’une opération militaire pour forcer à un changement de régime à Damas ; action supportée par une grande partie de son cabinet ainsi que par les spécialistes américains en politique étrangère.

L’Arabie Saoudite, la Turquie et les monarchies du Golfe ont été brièvement convaincues qu’ils obtiendraient ce qu’ils souhaitaient des États-Unis, qu’ils allaient faire le travail pour eux en renversant le président Bachar al-Assad. Ils ont affirmé que ce serait une tâche facile à réaliser, mais que cela serait possible à la condition d’une intervention de grande envergure. Cela aurait produit une absence de pouvoir qui aurait été rempli par les mouvements islamiques fondamentalistes comme en Irak, en Afghanistan et en Libye. M. Goldberg dit qu’en refusant de bombarder la Syrie, Obama « a rompu avec ce qu’il appelle, par dérision, « le plan de jeu de Washington ». Ce fut là son jour de libération. »

Les Etats-Unis se sont opposés, depuis le 11 septembre, à toute critique envers les Saoudiens pour avoir créent le djihadisme-salafisme, au cœur duquel se trouve la haine sectaire des sunnites à l’encontre des chiites et d’autres variantes de l’Islam, en plus de la répression des mœurs sociales jugées impures, y compris la réduction des femmes à une condition serviles.

Le président Obama est très informé sur les origines d’Al-Qaïda et de l’Etat islamique. Il a expliqué, comment l’islam en Indonésie, où il a passé une partie de son enfance, est devenu plus intolérant et exclusif. Lorsque le journaliste lui a demandé pourquoi cela avait eu lieu, M. Obama a répondu : « les Saoudiens et pays du Golfe ont envoyé de l’argent, un grand nombre d’imams et d’enseignants. Dans les années 1990, les Saoudiens activement financés les madrassas wahhabites et des séminaires qui enseignent une version fondamentaliste de l’islam. » Une tendance similaire d’une « wahhabisation » de l’islam traditionnel sunnite affecte la grande majorité des 1,6 milliard de musulmans dans le monde.

Les Etats pétroliers arabes répandent leur puissance par de nombreux moyens, en plus du prosélytisme religieux, ils financent les personnes et institutions qu’ils considèrent comme influents. Les établissements universitaires ayant une grande réputation à Washington se sont montrés disposés à recevoir des subventions des pays du Golfe.

M. Goldberg, qui a eu un accès étendu à Obama et son personnel sur une période prolongée, rapporte : « un sentiment largement répandu à la Maison Blanche est que la plupart des experts et think-tank de politique étrangère à Washington travaillent au bénéfice de leur bailleurs de fonds, c’est-à-dire les pays arabes et Israël. J’ai entendu un responsable de l’administration se référant à l’avenue Massachusetts, lieu où siègent ces think-tanks, comme étant un « territoire occupé par les arabes ». La télévision et les journaux citent volontiers ces supposés experts supposés comme s’ils étaient des universitaires non partisans dont l’objectivité est sans faille…. (la suite sur Le Grand Soir)

*Version originale: How Barack Obama turned his back on Saudi Arabia and its Sunni allies (The Independent – 12/3/16)

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