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6 décembre 2024

Sur Facebook, les ventes d’armes cartonnent en Libye et au Moyen-Orient



Les ventes privées clandestines d’armes, même lourdes, battent leur plein sur Facebook et diverses applis, dans les pays où Daech est bien implanté.


Des marchands d’armes vendent clandestinement via Facebook depuis des années, selon une étude [PDF] menée par un cabinet de consultants, Armament Research Services (ARES) et une ONG genevoise, Small Arms Survey, reprise par le New York Times.

Centrée sur le trafic d’armes par les réseaux sociaux en Libye, l’étude d’ARES relève de nombreuses ventes et tentatives de ventes d’armes convoitées par des terroristes, surtout dans les régions où le groupe Etat islamique est le plus présent. Il ne s’agit pas que d’armes légères : la panoplie va des armes de poing et des grenades jusqu’à des mitrailleuses lourdes, lance-roquettes et missiles sol-air.

Le quotidien américain rapporte avoir transmis lundi 4 avril sept exemples de groupes suspects à Facebook, qui le lendemain en a fermé six (estimant que le septième ne fait que diffuser des photos et discuter d’armes, ce qui n’est pas contraire à ses conditions).

Les ventes se pratiquent après une mise en ligne de photos dans des groupes fermés sur le réseau social, à la manière de petites annonces dans des forums dédiés aux armes. Le NY Times a ainsi trouvé en vente des mitrailleuses lourdes à usage anti-aérien, pouvant être installées sur des véhicules, des missiles téléguidés anti-char d’assaut et des missiles anti-aériens dernier cri.

Beaucoup d’armes pillées en 2011

Les observations de l’étude pourraient être étendues à d’autres régions et canaux numériques. Le journal Le Temps souligne :

« Le document se concentre sur les ventes et achats d’armes légères [mais aussi lourdes, voir ci-dessus, ndlr] réalisés en Libye au moyen de Facebook entre septembre 2014 et mars 2016. Mais ses auteurs assurent qu’ils auraient pu élargir leur propos à d’autres marques – comme Instagram, WhatsApp et Telegram – et d’autres pays – tels la Syrie, l’Irak et le Yémen. »

Le rapport d’ARES a enregistré 97 tentatives de transferts illégaux d’armes lourdes via des groupes Facebook libyens depuis septembre 2014. Il estime que beaucoup de ces équipements proviennent des arsenaux du pays, pillés en 2011 après la chute du régime de Kadhafi. Mais on trouve aussi des armes livrées au gouvernement installé après cette date.

Tractations plus discrètes

Cependant, selon Nic Jenzen-Jones, directeur d’ARES et coauteur du rapport, mitrailleuses et missiles ne représentent qu’une faible part des trafics d’armes via Facebook et autres réseaux sociaux. Le gros de l’offre, rapporte le NY Times, consiste en « armes standard des groupes terroristes et miliciens », armes de poing, kalachnikovs etc. Les revolvers largement vendus par ce canal en Libye le seraient souvent à fin d’autodéfense, selon ARES : les Libyens voudraient se protéger contre les agressions et enlèvements devenus monnaie courante.

Nic Jenzen-Jones explique dans Le Temps :

« Ce matériel se serait de toute façon retrouvé sur le marché. Mais l’usage d’un réseau social comme Facebook comporte deux avantages. Il permet aux vendeurs de présenter une offre plus abondante à plus d’acheteurs potentiels que dans les lieux semi-publics où ce genre de négoce se déroule habituellement. Et il donne la possibilité d’entamer les tractations de manière plus discrète. Une fois le matériel choisi, la suite de la démarche s’opère de façon traditionnelle. Par téléphone, bien souvent, pour le marchandage des prix. Puis lors d’une rencontre, pour l’échange armes contre cash. »

Depuis janvier, Facebook interdit la vente d’armes à feu entre particuliers. Pour Monika Bickert, ancienne procureure fédérale maintenant chargée des règles de Facebook sur les contenus (« responsable mondiale des règlements des produits »), ce changement est dû au fait que, maintenant que le réseau autorise les paiements via son service Messenger, ses responsables veulent « rendre clair que ce n’est pas un site qui veut faciliter les ventes privées d’armes ».

Des groupes installés de longue date

Facebook s’appuie pour interdire des groupes sur les dénonciations par des internautes. Une méthode logiquement peu fructueuse, le temps qu’un groupe soit signalé (pour y accéder il faut normalement être invité) et vu la facilité d’en recréer un nouveau. Le New York Times souligne que plusieurs des groupes Facebook qu’il a scrutés existaient depuis deux ans ou plus, et comptaient des milliers de membres avant que Facebook annonce interdire les ventes d’armes.

ARES a répertorié 250 à 300 posts par mois sur des ventes d’armes pour les seuls sites libyens, une tendance en hausse ; à travers le Moyen-Orient il en va de même : « Nous avons documenté environ 6 000 ventes, mais c’est probablement bien plus que ça », déclare Nic Jenzen-Jones.

De fait, le quotidien américain cite des annonces de ventes d’armes en Syrie, « identiques à celles distribuées aux rebelles par les Etats-Unis », via Facebook et d’autres réseaux sociaux et applis de messagerie. Un journaliste a ainsi joint par WhatsApp un internaute qui proposait sur Facebook – et avait déjà vendu – un système de missiles anti-char d’assaut du même modèle que celui fourni à des rebelles.

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