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29 mars 2024

Un avertissement russe


par Dmitri Orlov et The Saker (A. Raevsky)

jeudi 2 juin 2016, par Comité Valmy


Un avertissement russe

Nous, soussignés, sommes des Russes vivant et travaillant aux États-Unis. Nous avons suivi avec une inquiétude croissante les politiques actuelles des États-Unis et de l’OTAN qui nous ont placés sur une trajectoire de collision extrêmement dangereuse avec la Fédération de Russie, ainsi qu’avec la Chine. Beaucoup d’Américains patriotes respectés, tels que Paul Craig Roberts, Stephen Cohen, Philip Giraldi, Ray McGovern et beaucoup d’autres ont fait part de leur crainte d’une troisième guerre mondiale. Mais leurs voix ont été totalement étouffées par le vacarme des média de masse qui sont pleins d’histoires trompeuses et inexactes sur l’économie russe, comme étant en ruine et l’armée russe comme faible – tout ceci sans aucune preuve. Mais nous -connaissant à la fois l’histoire russe et l’état actuel de la société russe et de l’armée russe, ne pouvons avaler ces mensonges. Nous ressentons maintenant qu’il est de notre devoir, en tant que Russes vivant aux États-Unis, d’avertir le peuple américain qu’on leur ment, et de leur dire la vérité. Et la vérité est simplement ceci :

S’il y a une guerre avec la Russie, les États-Unis seront très certainement détruits, et la plupart d’entre nous perdront la vie.

Prenons un peu de recul et plaçons ce qui se passe dans un contexte historique. La Russie a beaucoup souffert aux mains d’envahisseurs étrangers, perdant 22 millions de personnes dans la Seconde Guerre mondiale. La plupart des morts étaient des civils, parce que le pays a été envahi, et les Russes ont juré de ne jamais laisser une telle catastrophe se reproduire. Chaque fois que la Russie a été envahie, elle en est sortie victorieuse. En 1812, Napoléon envahit la Russie ; en 1814 la cavalerie russe entra dans Paris. Le 22 Juillet 1941, la Luftwaffe de Hitler a bombardé Kiev ; le 8 mai 1945, les troupes soviétiques ont roulé dans Berlin.

Mais les temps ont changé depuis. Si Hitler attaquait aujourd’hui la Russie, il mourrait 20 à 30 minutes plus tard, son bunker réduit à des décombres rougeoyant par la frappe d’un missile de croisière supersonique Kalibr lancé d’un petit navire de la marine russe, quelque part dans la mer Baltique. Les capacités opérationnelles de la nouvelle armée russe ont été démontrées de façon éclatante lors des actions récentes contre ISIS, Al Nusra et autres groupes terroristes financés de l’étranger opérant en Syrie. Autrefois la Russie devait répondre aux provocations en livrant les batailles terrestres sur son propre territoire, puis en lançant une contre-invasion ; mais ce n’est plus nécessaire. Les nouvelles armes de la Russie rendent les représailles immédiates, indétectables, imparables et parfaitement mortelles.

Ainsi, si demain une guerre devait éclater entre les Etats-Unis et la Russie, il est garanti que les États-Unis seraient effacés de la carte. Au minimum, il n’y aurait plus de réseau électrique, pas d’internet, pas de pipelines de pétrole et de gaz, pas de système d’autoroutes, pas de transport aérien ou de navigation par GPS. Les centres financiers se retrouveraient en ruines. Le gouvernement à tous les niveaux cesserait de fonctionner. Les forces armées américaines stationnées tout autour du globe, ne seraient plus réapprovisionnées. Au pire, l’ensemble du territoire des États-Unis serait recouvert d’une couche de cendres radioactives. Nous vous disons ceci non pas pour être alarmiste, mais parce que, sur la base de tout ce que nous savons, nous sommes nous-mêmes alarmés. En cas d’attaque, la Russie ne reculera pas ; elle se vengera, et anéantira complètement les Etats-Unis.

Le leadership américain a tout fait pour amener la situation au bord de la catastrophe. Tout d’abord, ses politiques anti-russes ont convaincu les dirigeants russes qu’il est futile de faire des concessions ou de négocier avec l’Occident. Il est devenu évident que l’Occident soutiendra toujours tout individu, mouvement ou gouvernement qui est anti-russe, que ce soit des oligarques russes trichant fiscalement, des Ukrainiens reconnus coupables de crimes de guerre, des terroristes wahhabites soutenus par les Saoudiens en Tchétchénie ou des punks profanateurs de cathédrale à Moscou. Maintenant que l’OTAN, en violation de ses promesses antérieures, s’est étendu jusqu’à la frontière russe, avec des forces américaines déployées dans les Etats baltes, mettant à portée d’artillerie Saint-Pétersbourg, la deuxième plus grande ville de Russie, les Russes n’ont plus de place laissée à la retraite. Ils ne vont pas attaquer ni, non plus, reculer ou se rendre. La direction russe bénéficie à plus de 80% du soutien populaire ; les 20% restants pensent apparemment qu’elle s’oppose trop mollement à l’empiétement occidental. Mais la Russie ripostera, et une provocation ou une simple erreur pourrait déclencher une séquence d’événements qui se terminerait avec des millions d’Américains morts et les États-Unis en ruines.

Contrairement à de nombreux Américains, qui voient la guerre comme une aventure étrangère victorieuse passionnante, les Russes détestent et craignent la guerre. Mais ils sont aussi prêts pour elle, et ils s’y préparent depuis plusieurs années maintenant. Leurs préparatifs ont été des plus efficaces. Contrairement aux États-Unis, qui dilapident un nombre inconnu de milliards sur des programmes d’armes douteux et hors de prix tels que l’avion de combat interarmées F-35, les Russes sont extrêmement avares de leurs roubles de défense, faisant jusqu’à 10 fois mieux par dollar que l’industrie de défense des États-Unis. Il est vrai que l’économie russe a souffert du faible prix de l’énergie, mais elle est loin d’être en ruines, et un retour à la croissance est attendu dès l’année prochaine. Le sénateur John McCain a une fois appelé la Russie « Une station de gaz se faisant passer pour un pays. » Eh bien, il a menti. Oui, la Russie est le plus grand producteur de pétrole du monde et le deuxième plus grand exportateur de pétrole, mais c’est aussi le plus grand exportateur mondial de céréales et de technologie de l’énergie nucléaire. C’est une société aussi avancée et sophistiquée que celle des États-Unis. Les forces armées russes, à la fois classiques et nucléaires, sont maintenant prêtes à se battre, et elles sont plus qu’un match pour les États-Unis et de l’OTAN, en particulier si une guerre éclate n’importe où au voisinage de la frontière russe.

Mais un tel combat serait suicidaire pour tous les côtés. Nous croyons fermement qu’une guerre conventionnelle en Europe a une forte chance de devenir nucléaire très rapidement, et que toute frappe nucléaire US / OTAN sur les forces ou le territoire russe déclenchera automatiquement une frappe nucléaire russe de rétorsion sur le continent américain. Contrairement aux déclarations irresponsables faites par certains propagandistes américains, les systèmes de missiles antibalistiques américains sont incapables de protéger le peuple américain d’une frappe nucléaire russe. La Russie a les moyens de frapper des cibles aux États-Unis avec des armes longue portée nucléaires aussi bien que conventionnelles.

La seule raison pour laquelle les Etats-Unis et la Russie se sont retrouvés sur une trajectoire de collision, au lieu de désamorcer les tensions et de coopérer sur un large éventail de problèmes internationaux est, pour la direction des États-Unis, le refus obstiné d’accepter la Russie comme un partenaire égal : Washington veut absolument être le « leader mondial » et la « nation indispensable », alors même que son influence diminue sans cesse dans le sillage d’une chaîne de désastres politiques et militaires tels que l’Irak, l’Afghanistan, la Libye, la Syrie, le Yémen et l’Ukraine. Un leadership mondial américain est quelque chose que ni la Russie, ni la Chine, ni la plupart des autres pays sont prêts à accepter. Cette perte graduelle mais visible de pouvoir et d’influence a rendu la direction des États-Unis hystérique, et de là au suicide, il n’y a qu’un pas. Les dirigeants politiques de l’Amérique doivent être placés sous surveillance pour tendance au suicide.

Avant tout, nous appelons d’abord les commandants des forces armées américaines à suivre l’exemple de l’amiral William Fallon, qui, lorsqu’on l’a interrogé sur une guerre avec l’Iran, aurait répondu « pas sur mon emploi du temps. » Nous savons que vous n’êtes pas suicidaires, et que vous ne voulez pas mourir pour la cause d’un hubris impérial inconsidéré. Si possible dites, s’il vous plaît, à vos employés, à vos collègues et surtout, à vos supérieurs civils que la guerre avec la Russie ne se sera pas sur votre emploi du temps. À tout le moins, prenez cet engagement envers vous-même et, si jamais le jour venait où cet ordre suicidaire était donné, refusez tout simplement de l’exécuter, sur la base qu’il est criminel. Rappelez-vous que, selon le Tribunal de Nuremberg « lancer une guerre d’agression … est non seulement un crime international ; c’est le crime international suprême, ne différant des autres crimes de guerre que parce qu’il contient en lui-même le mal accumulé de tous les autres. Depuis Nuremberg, « Je ne faisais que suivre les ordres » n’est plus un moyen de défense valable. S’il vous plaît ne soyez pas des criminels de guerre.

Nous faisons également appel au peuple américain pour s’opposer pacifiquement, mais avec force, à tout politicien ou parti qui provoque la Russie de façon irresponsable et autorise ou encourage une politique de confrontation inutile avec une superpuissance capable de détruire les États-Unis en environ une heure. Parlez, brisez la barrière de la propagande massive des médias, et rendez vos compatriotes américains conscients de l’immense danger d’une confrontation entre la Russie et les États-Unis.

Il n’y a aucune raison objective pour que les États-Unis et la Russie se considérent comme des adversaires. La confrontation actuelle est entièrement le résultat des vues extrémistes du mouvement néo-conservateur, dont les membres ont infiltré le gouvernement fédéral américain, et qui considèrent tout pays qui refuse d’obéir à leurs diktats comme un ennemi à broyer. Par leurs efforts inlassables, plus d’un million de personnes innocentes ont déjà péri dans l’ex-Yougoslavie, en Afghanistan, en Irak, en Libye, en Syrie, au Pakistan, en Ukraine, au Yémen, en Somalie et dans de nombreux autres pays, tout cela à cause de leur insistance maniaque pour que les Etats-Unis soient un empire mondial, pas un pays normal comme les autres, et pour que chaque dirigeant national se prosterne devant eux ou soit renversé. En Russie, la force irrésistible qu’est le mouvement néo-conservateur a finalement rencontré l’objet inamovible. Ils doivent être contraints de reculer avant de nous détruire tous.

Nous sommes absolument et catégoriquement certains que la Russie n’attaquera jamais les États-Unis, ni aucun État membre de l’UE, que la Russie n’est pas du tout intéressée à recréer l’URSS, ni qu’il n’y a de « menace russe » ou « d’agression russe. » La majeure partie de la récente réussite économique russe est due à l’abandon des anciennes dépendances soviétiques. Elle lui a permis de poursuivre une politique de « Russie d’abord ». Mais nous sommes tout aussi certains que si la Russie est attaquée, ou simplement menacée d’attaque, elle ne reculera pas, et que les dirigeants russes ne faibliront pas. Avec une grande tristesse et le coeur lourd, ils feront leur devoir sous serment et lâcheront un barrage nucléaire duquel les États-Unis ne se remettront jamais. Même si l’ensemble de la direction russe est tué dans une première frappe, le système « Dead Hand » (« Périmètre ») lancera automatiquement assez de bombes nucléaires pour effacer les États-Unis de la carte politique. Nous estimons qu’il est de notre devoir de faire tout notre possible pour éviter une telle catastrophe.

1er juin 2016

Eugenia V Gurevich, PhD
http://thesaker.ru/

Dmitri Orlov
http://cluborlov.blogspot.com/

The Saker (A. Raevsky)
http://thesaker.is/

Traduction CR, Comité Valmy

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