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26 avril 2024

LES NOUVEAUX MANAGERS DE WASHINGTON EN AM♂ÉRIQUE LATINE


1. Taxi Boat sur l'Amazone au Brésil.jpg

 

Amérique Latine

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Les « nouveaux managers » de Washington en Amérique Latine : oligarques, banquiers et margoulins.

James Petras 7 juillet 2016

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Sur fond de corruption sans frein, de pathologies sociales et de brutalité politique nue, un nouveau gang de régimes vassaux a pris le contrôle de l’Amérique Latine. Les nouveaux dirigeants ont été strictement recrutés parmi les protégés des institutions financières et banquières US. C’est pourquoi la presse financière parle d’eux en les appelant les « nouveaux managers » de Wall Street.

Les médias financiers US ont une fois de plus fourni une couverture politique aux crimes les plus vils commis par ces « nouveaux managers » alors qu’ils lançaient leur offensive contre le monde du travail, au bénéfice de la finance étrangère ou nationale.

Pour comprendre la dynamique de ces nouveaux managers vassaux de l’empire, commençons par identifier 1) l’usurpation illicite du pouvoir, 2) les politiques néo-libérales qu’ils poursuivent, 3) l’impact de leur programme sur les structures de classes, 4) leurs résultats économiques et leurs perspectives socio-politiques.

La vassalité latino-américaine actuelle est de plus ou moins longue ou courte durée.

Les régimes vassaux de longue durée, avec le plus lourd lourd héritage historique de soumission, de corruption et de criminalité comprennent le Mexique et la Colombie, où les oligarques, les fonctionnaires gouvernementaux et les escadrons de la mort cohabitent de façon étroite avec l’armée US et le gratin des affaires et de la finance.

Au cours des dernières décennies, 100.000 personnes ont été assassinées au Mexique et plus de 4 millions de paysans ont été dépossédés en Colombie. Par les deux régimes, plus de 5 millions d’hectares de terres agricoles ou minières sont passées aux mains de multinationales des USA et de l’UE.

 

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Des centaines de milliards de gains illicites provenant du trafic de drogues ont été blanchis par les oligarques mexicains et colombiens et sont arrivés sur leurs comptes au États-Unis en passant par des banques privées.

Les managers politiques actuels, Peña au Mexique et Santos en Colombie, sont occupés à dénationaliser des secteurs stratégiques du pétrole et de l’énergie, tout en s’attaquant férocement aux mouvements sociaux dynamiques : des centaines d’étudiants et d’enseignants au Mexique et des milliers de paysans et de militants des droits de l’homme en Colombie ont été assassinés.

Cette nouvelle vague de vassaux de l’Empire a pris le pouvoir dans toute l’Amérique Latine « grâce » aux interventions directes et indirectes des États-Unis. En 2009, le président du Honduras Manuel Zelaya a été renversé par un coup d’État militaire incité/soutenu par la Secrétaire d’État Hillary Clinton. Le programme de réforme agraire, d’intégration régionale (avec le Vénézuéla) et d’élections constitutionnelles de Zelaya a été aboli. Zelaya a été remplacé par un vassal des USA, Roberto Micheletti, qui s’est empressé de faire assassiner plusieurs centaines d’ouvriers agricoles sans terres et de militants indigènes. Washington a fabriqué une couverture pseudo-constitutionnelle en poussant à l’élection à la présidence d’un grand propriétaire terrien des plus malléables, Porfirio Lobo Sosa.

Le Département d’État a ensuite renversé le président paraguayen Francisco Lugo, qui a gouverné de 2008 à 2012. Lugo avait promis une réforme agraire modérée et avait un programme centriste d’intégration régionale.

En 2013, Washington a soutenu la candidature à la présidence du très connu boss du crime de la capitale Asuncion : un certain Horacio Castes, condamné pour fausse monnaie en 1989, pour trafic de drogues en 1990 et plus récemment (2010) pour blanchiment d’argent.

 

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Les coups d’État du Honduras et du Paraguay ont été la répétition à échelle réduite du lancement de la nouvelle vague de vassaux politiques des « grands pays ». Le Département d’État s’est alors mis en devoir d’accélérer les prises de contrôle par les banques du Brésil, de l’Argentine et du Pérou.

En succession rapide, entre décembre 2015 et avril 2016, des managers vassaux se sont emparés du pouvoir en Argentine et au Brésil. En Argentine, le millionnaire Mauricio Macri s’est mis à gouverner par décrets, faisant fi de la légalité constitutionnelle. Macri a licencié des dizaines de milliers d’employés du secteur public, a fermé les agences nationales de services sociaux et nommé des juges et des procureurs sans le moindre vote du Congrès. Il a arbitrairement fait arrêter les dirigeants des mouvements sociaux en violation des procédures démocratiques.

Les ministres de l’Économie et des Finances de Macri se sont enrichis de millions de dollars en investissant massivement dans des multinationales du pétrole, juste avant de leur faire cadeau d’option préférentielle pour l’acquisition d’entreprises publiques nationales.

Les escroqueries et les fraudes globales réalisées par les « new managers » ont été bénies par les médias US, qui ont couvert d’éloges l’« équipe professionnelle » de Macri.

Bien entendu, les prestations économiques de Macri sont un désastre. Les frais d’utilisations exorbitants des services publics et des transports, multipliés par trois et même par dix, pour les consommateurs et les entreprises commerciales ont fait grimper en flèche les taux de faillites et entraîné des coupures du gaz et de l’électricité dans de nombreux foyers.

Les fonds vautours de Wall Street ont reçu, des « managers » de Macri, sept milliards de dollars sur des prêts non remboursés rachetés à raison de quelques pennies le dollar, soit vingt fois le total des prêts d’origine.

 

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Cartoneros à Buenos Ayres

Des données se basant sur des indicateurs économiques font apparaître les pires résultats économiques depuis quinze ans.

L’inflation dépasse les 40% ; la dette publique a augmenté de 20% en six mois. Le niveau de vie et l’emploi sont en forte baisse. La croissance et les investissements sont en négatif. La mauvaise gestion, la corruption des fonctionnaires et la gouvernance arbitraire n’incitent pas les petites et moyennes entreprises à la confiance.

Les médias « respectables », conduits par le New York Times, le Financial Times, le Wall Street Journal et le Washington Post ont donné des informations falsifiées sur chacun des aspects du régime de Macri. Des politiques économiques calamiteuses mises en œuvre par des banquiers devenus ministres se sont vu qualifier de « succès sur le long terme » ; des politiques à base grossièrement idéologique n’ayant pour but que le profit des investisseurs étrangers ont été réinventées sous le pseudonyme de mesures d’encouragement commercial.

Les voyous politiques qui ont démantelé et remplacé les agences de services civils ont été étiquetés « nouvelle équipe de direction » par les scribouillards de basse propagande de la presse financière.

Au Brésil, la prise d’un faux pouvoir politique par des parlementaires opportunistes a renversé la président Dilma Rousseff. Elle a été remplacée par un escroc en série et soudoyé notoire approuvé par Washington, Michel Temer.

Comme on pouvait s’y attendre, les nouveaux managers économiques sont contrôlés par les banquiers de Wall Street, de la Banque Mondiale et du FMI. Ils se sont, bien entendu, empressés de faire avaliser des mesures consistant à sabrer dans les salaires, les retraites et autres dépenses sociales, baisser les impôts sur les sociétés et privatiser les entreprises publiques les plus rentables, dans les transports, les infrastructures, les propriétés foncières, le pétrole et des dizaines d’autres activités.

Alors même que la presse prostituée encensait les « nouveaux managers », des procureurs et des juges faisaient arrêter trois des nouveaux ministres « managers » pour fraude et blanchiment d’argent. Le « président » Temer est le suivant sur la liste des procureurs, pour son rôle dans le scandale des pots-de-vins sur les méga-contrats de Pétrobras.

Le programme économique des nouveaux managers ne sont pas conçus pour attirer de nouveaux investissements productifs. La plupart des entrées sont des entreprises spéculatives à court terme. Les marchés, surtout en matières premières, ne donnent aucun signe de croissance, au grand dam des technocrates du libre marché. L’industrie et le commerce sont déprimés par suite du déclin du crédit à la consommation, à l’emploi et aux dépenses publiques, du fait des politiques d’austérité imposées par « les managers ».

Au moment même où les États-Unis et l’Europe adoptent l’austérité qu’entraîne le marché libre, elle suscite [en Amérique du Sud, NdT] une révolte d’ampleur continentale. Néanmoins, la vague des régimes vassaux d’Amérique Latine reste profondément embarquée dans la  décimation  des états-providence et le pillage des trésors publics.

 

Conclusion

Alors que Washington et la presse prostituée saluent leurs « nouveaux managers » d’Amérique Latine, la fête se voit abruptement gâchée par une rage de masse causée par la corruption et par des revendications de changement de politique verts la gauche.

Au Brésil, le « président » Temer se précipite pour mettre en œuvre des mesures en faveur des grandes entreprises, le temps au poste qu’il occupe lui étant compté en semaines, pas en mois. Le temps qu’il lui à vivre en liberté approche de la date-limite. Son cabinet de « technocrates » prépare ses bagages pour le suivre.

Mauricio Macri pourra survivre à une vague de grèves et de manifestations et finir l’année à son poste. Mais l’économie en chute libre et le pillage du trésor conduisent tout droit le monde des affaires à la banqueroute, la classe moyenne à des comptes bancaires vides et les dépossédés à des soulèvements de masse.

Les nouveaux managers de Washington en Amérique Latine ne peuvent pas tenir le coup face à une population incontrôlable et à une économie de marché libre en échec.

Les coups d’État peuvent marcher pour s’emparer du pouvoir, mais pas pour établir une stabilité de gouvernement efficace. Les virements politiques à droite échappent en tournoyant à l’orbite de Washington et ne trouvent pas un nouveau contrepoids dans le démantèlement de l’Union Européenne.

Les prises de pouvoir capitalistes vassales en Amérique Latine ont anesthésié les médias et euphorisé Wall Street. Le choc que leur réserve la réalité des pathologies économiques n’en sera que plus dur.

Washington et Wall Street  et leurs managers d’Amérique Latine ont poursuivi une fausse réalité de profits sans contrainte et de richesses à piller. Le principe de réalité les force à reconnaître que leurs échecs provoquent la rage aujourd’hui et les soulèvements demain.

Source : http://petras.lahaine.org/?p=2090

 

28. Petras 1..jpgJames Petras

Né à Boston en 1937. Professeur émérite de sociologie à l’université d’état de New York.

James Petras est l’intellectuel emblématique de la gauche américaine. Il a travaillé avec le Mouvement des travailleurs sans-terre du Brésil et le Mouvement des chômeurs d’Argentine. Il est membre du Comité éditorial de Canadian Dimension et a participé à la conférence anti-impérialiste Axis for Peace de Bruxelles, organisée par le Réseau Voltaire.

Il est l’auteur de nombreux ouvrages, dont certains ont été traduits en français : La Face cachée de la mondialisation – L’Impérialisme au XXIe siècle, par exemple. Un de ses articles sur le putsch de Kiev a été repris dans un ouvrage collectif traduit en français : Ukraine, le coup d’état fasciste orchestré par les Etats-Unis.

Aux USA il s’est fortement prononcé contre l’influence du Lobby sioniste, qu’il juge néfaste aux intérêts des États-Unis.

Traduction : c.l. pour Les Grosses Orchades

 

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BRÉSIL

 Des explications.

Mais un contre-coup d’État ? Pas encore.

À l’intention des lecteurs qui voudraient bien y comprendre quelque chose, ceci est un dossier PUTSCH AU BRÉSIL établi sur base d’articles publiés par le site « Le Brésil en traduction ».

Nous les publions de haut en bas et non de bas en haut comme le veut la coutume, puisqu’ils vous sont proposés en un seul post.

C’est long – évidemment ! – puisque cela s’étale sur près de deux mois, mais personne n’est forcé de tout lire en une fois.

C’est si intelligent et si clair qu’il serait criminel de s’en priver.

Pour ceux qui ne veulent pas mourir idiots…

 

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SI LE BRÉSIL M’ÉTAIT TRADUIT

http://lebresilentraduction.tumblr.com/

Blog de traduction (principalement du portugais) d’articles concernant le Brésil, issus de sites et de blogs d’information alternative

 

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Brève présentation des protagonistes pour la compréhension du coup d’État au Brésil en 2016

(1 – la presse)

Daniel Dalmoro GGN 20 juin 2016

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Jour après jour, heure après heure, minute après minute, nous sommes bombardés d’informations sur la crise politico-institutionnelle actuelle au Brésil. Les informations sont nombreuses et il n’est pas rare qu’elles soient diamétralement opposées.

En plus, la presse dominante agit de manière délibérée de façon à semer la confusion dans l’opinion publique, en mélangeant l’Opération Lava-Jato (opération enquêtant sue la corruption au sein de l’entreprise pétrolière Petrobras NdT) avec l’impeachment. Cette manière de faire représente le sommet de la manipulation, dans une tentative de semer la confusion, puisque l’impeachment n’a absolument rien à voir avec les cas de corruption à la Petrobras pendant ces 13 dernières années (unique période d’investigation du juge Moro, qui va jusqu’à ignorer l’existence de cette entreprise pétrolifère avant les gouvernements du Parti des Travailleurs).

À l’opposé des médias dominants, je tente dans cet article de clarifier – sans la prétention d’approfondir – les protagonistes principaux de la crise politique et institutionnelle actuelle du pays.

Finalement, c’est un coup d’État ?

C’est la question primordiale : un impeachment est-il un coup d’État ? Réponse : cela dépend du contexte. Dans une situation où il y a crime de responsabilité de la part du président de la République, ce n’est pas un coup d’État. Mais s’il n’y a pas de crime, écarter du pouvoir un président pour des problèmes économiques, ou pour avoir fait ce que tous les présidents et gouverneurs des États ont fait, font et feront, alors oui, c’est un coup d’État.

L’impeachment de Dilma Rousseff se base non sur un crime, sur un acte de corruption ou sur des cas révélés par la Lava-Jato, mais sur les « rétropédalages fiscaux » qu’ont également commis l’ex-président Fernando Henrique Cardoso, l’ex-président Lula, les gouverneurs Alckmin, Serra, Aécio Neves, Antônio Anastasia, Temer (dans les périodes où il a assumé la présidence quand Dilma voyageait) et tant d’autres chefs de l’exécutif, et qui n’ont jamais été inquiétés pour ça. Il est d’ailleurs très probable que dans l’avenir les « rétropédalages fiscaux » ne seront pas considérés comme des crimes.

Alors pourquoi tant de dispute pour savoir si c’est un coup d’État ou pas ? C’est simple : parce que depuis la défaite des régimes totalitaires nazi-fascistes de la seconde guerre mondiale, « coup d’État » et « dictature » ne peuvent plus être considérés comme des termes positifs…

En 1964, les militaires nièrent le coup d’État qui implantait une dictature civile et militaire : pour eux, c’était une révolution qui installerait un gouvernement d’union et de sauvetage national afin de réaliser des élections dans un délai de deux ans, comme le stipulait la Constitution. Le résultat fut 21 ans de dictature, avec tortures, assassinats et violations constantes des droits de l’homme.

Dans le cas actuel, la majeure partie de la gauche brésilienne, les groupes et personnes qui défendent la légalité et la démocratie (à droite et à gauche) et la presse internationale dénoncent le coup d’État. Certains gouvernements étrangers ont aussi condamné le coup d’État, pendant que la majorité des autres pays restaient dans un silence gêné, alors qu’il est habituel que le nouveau chef d’État et de gouvernement, reconnu comme tel, reçoive des coups de téléphone, sinon de félicitations, au moins de reconnaissance.

Les putschistes, évidemment, nient qu’il puisse s’agir d’un coup d’État. Ce sont la presse dominante (Globo, Veja, Folha etc), la FIESP (Fédération des Industries de So Paulo) et le canard fiscal de Skaf [1], les grandes entreprises et en particulier les multinationales pétrolières et des partis politiques comme le PMDB, PSDB, PTB, PSC et PP.

Le président en exercice du coup d’État, Temer, et les politiciens qui ont accédé au pouvoir avec lui, considèrent que la situation est démocratique, même si ce gouvernement n’a que 1% des intentions de vote, et que le projet du gouvernement a été rejeté lors les quatre dernières élections.

Qui est qui dans le coup d’État de 2006?

1) Le réseau Globo et la presse dominante. La presse brésilienne est un cas rare dans le monde : quelques familles (riches) dominent et contrôlent pratiquement toute la production d’informations (en dehors d’Internet). Fruit de la dictature militaire, cette presse dominante a ainsi évité la pluralité de pensée (et tout questionnement). Mais cette concentration n’a pas été rompue par la re-démocratisation.

Résultat : ce que les patrons de l’opinion disent, personne n’a de pouvoir assez fort pour le contredire – seules les manifestations de rue et plus récemment Internet le tentent. La presse dominante défend ses idées comme si elles étaient des vérités.

Quelques exemples de ces idées : le Brésil est en faillite (endettement de 66% du PIB – États-Unis 104%, Japon 229%); l’initiative privée marche mieux que le secteur privé (comparons alors les Universités privées et publiques)  [le niveau des universités publiques est infiniment supérieur aux premières NdT]; l’initiative privée ne connaît pas la corruption (comme si celui qui corrompt n’était pas aussi corrompu, et comme si les employés des grandes entreprises n’acceptaient pas d’argent sale pour favoriser tel ou tel fournisseur); tout le Brésil (sauf les pétistes – membres du Parti des Travailleurs de Lula et de Dilma Rousseff); ce n’est pas un coup d’État etc.

J’ose le dire : la presse dominante ne fait pas du journalisme, mais pratique l’escroquerie de transformer la publicité de ses intérêts en vérités absolues. Elle suit la maxime du ministre nazi Goebbels: un mensonge répété un million de fois devient une vérité: si TOUS les journaux télévisés, 3 des 4 revues hebdomadaires disent la MÊME chose, il devient difficile de ne pas accepter comme vérité le mensonge qu’elles racontent.

Prochain article : les spécialistes


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Brève présentation des protagonistes pour la compréhension du coup d’État au Brésil en 2016

(2 – les spécialistes)

Daniel Dalmoro GGN 27 juin 2016

 

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À chaque fois que la presse dominante veut légitimer sa vision du monde, elle fait appel à un « spécialiste », en général un professeur universitaire (quand ce n’est pas un journaliste maison avec des connaissances plutôt basiques, comme la majorité des commentateurs de l’économie).

Il se trouve que dans les sciences – et encore plus dans les sciences humaines et sociales – il n’y a pas de vérité absolue : ce que nous avons, ce sont des modèles théoriques d’interprétation du monde, et des spécialistes de ces modèles. La presse, évidemment, appelle toujours les spécialistes du modèle qu’elle défend, afin que cela semble une vérité quand ce n’est qu’une interprétation.

S’ils étaient plus honnêtes, ils pourraient inviter deux spécialistes de modèles différents pour débattre, et nous verrions que les « choix économiques désastreux » que l’un des économistes dénonce, en utilisant diverses données, l’autre pourrait les défendre, avec autant de données que le premier, et soutenir que c’est le meilleur choix pour le pays.

Prochain article: la Constitution de 1988

Traduction: Si le Brésil m’était traduit…

Source: http://jornalggn.com.br/blog/dalmoro/breve-apresentacao-d…

 

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 La question indigène en 4 minutes (V.O. st français)

27 juin 2016

 

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Brève présentation des protagonistes pour la compréhension du coup d’État au Brésil en 2016

(3 – la Constitution, le présidentialisme, les différents pouvoirs)

 

Daniel Dalmoro GGN 29 juin 2016

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– La constitution de 1988

Fruit des luttes pour la re-démocratisation, qui ont agité le Brésil depuis la fin des années 70, la Constitution de 1988, Carta Magna, a été une conquête de la population et des mouvements sociaux, et un coup dur pour les intérêts de l’« élite » du pays, qui a dû avaler des droits sociaux contraires à ses bénéfices – les exemples les plus évidents sont les droits conquis pour l’éducation et la santé, les droits des citoyens et les devoirs de l’État, la sécurité sociale et les droits des travailleurs.

Pratiquement depuis sa promulgation, des groupes conservateurs et d’entrepreneurs cherchent à altérer la Constitution pour favoriser leurs affaires, au détriment des citoyens.

La Constitution a également défini la division des trois pouvoirs : l’exécutif, le législatif et le judiciaire. Selon le juriste Fabio Konder Comparato, la Constitution de 1988 a en fait garanti politiquement le maintien du peuple à distance des décisions, et la suprématie des oligarchies.

Deux exemples : la Constitution, ou n’importe lequel de ses amendements ne sont jamais passés par la sanction populaire d’un référendum. Tout passe uniquement par les « représentants » du peuple, bien que soient prévues des pratiques de démocratie directe, comme des référendums, des plébiscites ou autres. Dans la pratique, toute une série d’embûches ont été créées, qui fait de la démocratie directe une lettre morte.
– Le Présidentialisme de coalition.

La Constitution de 1988 a établi le régime présidentiel de gouvernement, mais un système électoral inspiré du parlementarisme européen.

Ce système a favorisé un système pluri-partidaire qui rend pratiquement impossible à un seul parti d’avoir la majorité au Congrès – les plus importants groupes parlementaires représentent en général 20% de la Chambre – ce qui génère ce qu’on appelle le « présidentialisme de coalition », dans lequel le président, s’il ne négocie pas en proposant des postes à cette majorité, ne peut pas gouverner.
– Le pouvoir législatif.

En théorie c’est le pouvoir responsable de la création des lois, en répondant aux intérêts de la société, et qui surveille les actions de l’exécutif. Le Congrès, avec 513 députés, représente proportionnellement la population; le Sénat, quant à lui, avec 81 sénateurs (3 par État), est la représentation du pacte fédératif.
– Le pouvoir judiciaire.

N’étant pas soumis aux élections et n’ayant aucune relation directe avec le peuple, le judiciaire est un pouvoir qui peut agir, s’il respecte la Constitution fédérale, en désaccord avec la clameur populaire. Il est évident qu’étant composé d’hommes et de femmes, et non d’anges, les juges ne sont pas complètement exempts d’opinion politique; ils doivent néanmoins tenter de rester à distance de ces disputes.

Un des premiers exemples pour comprendre comment fonctionne le judiciaire brésilien : 24 heures après avoir divulgué sur Facebook une photo le montrant dans une manifestation contre le gouvernement, et déclarant que Dilma serait bientôt renversée et qu’il pourrait recommencer à faire des courses à Miami, le juge Itagiba Cappa Preta Neto a suspendu la nomination de Lula comme ministre (en mai dernier). Même une mère poule est moins partiale.
– L’État de Droit.

L’État de Droit est entendu comme étant celui où chacun est soumis à la loi : chacun connaît ses droits et ses devoirs et personne ne peut transgresser une loi sans être sanctionné.
– L’État démocratique.

C’est l’État dont le gouvernement est régi par des principes démocratiques, c’est-à-dire que le pouvoir émane du peuple et lui appartient – les gouvernants sont ses représentants et leur pouvoir est limité (par l’État de Droit) et temporaire.

Un des principaux (et des plus visibles) éléments constitutifs d’une démocratie sont les élections périodiques, dont le résultat doit être respecté par tous. Néanmoins, les élections ne sont les seules à déterminer une démocratie.

Prochain article : la gauche, la droite et les partis politiques

Traduction: Si le Brésil m’était traduit…

Source: http://jornalggn.com.br/blog/dalmoro/breve-apresentacao-d…

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Brève présentation des protagonistes pour la compréhension du coup d’État au Brésil en 2016

(4 – la gauche, la droite et les partis politiques)

 

Daniel Dalmoro GGN 2 juillet 2016

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Gauche et droite

Définition du spectre politique qui vient des positions de l’Assemblée Nationale de la Révolution Française en 1789 : à gauche étaient les radicaux de la révolution et à droite les défenseurs de l’ancien régime, de la monarchie, des privilèges pour quelques-uns. En général, les positions de la gauche défendent l’intervention de l’État pour corriger les distorsions économiques, alors que les positions de droite croient au marché libre, où le marché corrige lui-même ses distorsions (comme la faim, la pauvreté, le manque d’infrastructure, etc.)


Parti des Travailleurs (PT)

Parti de gauche non-marxiste et non-affilié à l’internationale socialiste (au Brésil, c’est le PDT de Brizola qui assume ce rôle). Le PT fut fondé à partir des luttes syndicales de l’ABC (région industrielle de São Paulo, qui a pris le sigle de ses trois villes principales, Santo André (A), São Bernardo do Campo (B) et São Caetano do Sul ©) à la fin de la dictature, avec l’aile progressiste de l’église catholique, les travailleurs sans terre, des intellectuels de gauche et d’autres mouvements sociaux. C’est ce que les analystes politiques appellent un « parti de masse », c’est-à-dire un parti construit à partir de la base, des luttes et des mouvements sociaux.


Parti du Mouvement Démocratique Brésilien (PMDB)

Parti fondé à la fin de la dictature à partir de l’unique parti d’opposition consenti par la dictature militaire. Il fut le principal parti des années 1980, et à partir de 1990 est devenu le parti nécessaire à toute gouvernance, c’est-à-dire pour parvenir à obtenir la majorité au Congrès pour le présidentialisme de coalition. Le PMDB a fini par devenir un groupe de caciques politiques distincts, qui vont de la gauche (Requião) à l’extrême droite aux couleurs fascistes (Eduardo Cunha, ex-président de la Chambre, poursuivi pour corruption, et Paulo Skaf, le très controversé président de la Fiesp, la Fédération des Industries de São Paulo). Le PMDB était à l’origine défenseur de la démocratie et à gauche (cela peut paraître quelque peu redondant de parler de la défense de la démocratie, mais il faut savoir que le parti héritier de l’Arena, le parti défenseur de la dictature militaire, s’appelle aujourd’hui Démocrates).


Le Parti de la Social-Démocratie Brésilienne (PSDB).

Formé principalement de dissidents du PMDB de São Paulo, battus lors de la dispute interne avec Orestes Quércia, le PSDB a aussi commencé à gauche, mais s’est allié aux forces les plus rétrogrades du pays lorsqu’il a assumé le pouvoir en 1994, en adoptant les recettes de la droite néo-libérale, avec des privatisations d’entreprise et du service public. Depuis 2010, avec José Serra, il est également devenu un parti rétrograde en ce qui concerne les mœurs et les coutumes. Le PSDB aujourd’hui va encore plus loin que de discourir contre l’avortement et en faveur de la diminution de la majorité pénale : l’un de ses noms principaux, Geraldo Alckmin, Gouverneur de São Paulo) défend l’exécution extra-judiciaire de suspects [lorsqu’il a pris la défense de policiers qui avaient assassiné des suspects, déclenchant une vague de protestations NdT], la répression violente des manifestations à caractère politique et n’a pas hésité à utiliser des armes létales contre des lycéens de 16 ans (son secrétaire à la Sécurité, l’actuel Ministre de la Justice Alexandre Moraes, a obtenu de la Justice que les policiers utilisent des armes létales dans les manifestations NdT), et à imposé le Ministre de la Justice et des Droits de l’Homme au gouvernent putschiste (cité plus haut, Alexandre Moraes, membre du PSDB, connu pour ses méthodes très violentes de répression des manifestations, en particulier des lycéens en grève, lorsqu’il était secrétaire à la sécurité à São Paulo).

 

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Abaissement de la majorité pénale


Prochain article : la Cour Suprême et le Juge Sérgio Moro.

Traduction: Si le Brésil m’était traduit…

Source : http://jornalggn.com.br/blog/dalmoro/breve-apresentacao-d…

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Brève présentation des protagonistes pour la compréhension du coup d’État au Brésil en 2016

(5 – la Cour Suprême et le Juge Sérgio Moro)

 

Daniel Dalmoro GGN 2 juillet 2016

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La Cour Suprême

Gardiens de la Constitution et des lois, les ministres qui composent la Cour [au Brésil, les juges de la Cour Suprême ont statut de ministre NdT] devraient être des personnes avec un profond savoir juridique et une capacité d’exemption, ou au moins d’assumer leur propre partialité et refuser de juger des cas pour lesquels ils se trouvent incapables d’impartialité.

Ils devraient l’être, mais ne le sont pas : les ministres acceptent des prix de la Personnalité de l’Année de la part des putschistes, déclarent publiquement leur opinion avant de connaître en détail un cas (connu comme un pré-jugement, une chose que l’on fait sans problème au bistro, mais qui ne devrait jamais arriver dans le judiciaire, et encore moins à la Cour Suprême), ils ne prennent pas de mesures contre le non-respect de la Constitution, ils ont le pouvoir individuel de « s’opposer » à des lois avec lesquelles ils ne sont pas d’accord et qui sont jugées à la Cour. Mais ceci n’est qu’une ébauche à côté du festival promu par Gilmar Mendes, indiqué par Fernando Henrique Cardoso [président PSDB de 1994 à 2002 NdT], qui bafoue la Constitution, les lois, ses collègues, tout le pays, qui agit comme s’il était seigneur des esclaves du Brésil colonial, libère ses amis banquiers ou violeurs, fait poursuivre un politicien ennemi, évite qu’une loi avec laquelle il n’est pas d’accord soit exécutée, comme celle qui interdit le financement privé des campagnes politiques (si l’on énumérait tous ses agissements, cet article doublerait de volume).

Gilmar Mendes et ses collègues peuvent faire tout ceci et beaucoup plus car, selon Comparato, la Cour Suprême n’obéit à AUCUN contrôle, c’est-à-dire que c’est un pouvoir dont les membres prennent le droit de faire tout ce qu’ils veulent.


Sérgio Moro (juge de l’
Opération Lava-Jato)

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Le Juge Sérgio Moro

 

Transformé en héros national, il y a peu du héros chez lui, encore moins du nationaliste, et encore beaucoup moins du juge – il est avant tout un justicier. Selon des documents secrets révélés par le site Wikileaks, il a été entraîné aux États-Unis – comme les tortionnaires de l’époque de la dictature civile et militaire. Sa femme a été avocate du PSDB de l’État du Paraná.

Sa méthode pour obtenir des accords contre remise de peine (delação premiada) est remise en cause : il arrive à ces accords après avoir mis les suspects (il ne s’agit pas de coupables, de criminels, et nos lois sont claires : tout le monde est innocent, quel que soit le niveau de suspicion, jusqu’à preuve du contraire) en prison préventive pour une durée indéterminée, qui peut durer des années, à moins que se fasse cet accord.

La cerise sur le gâteau fut le crime de lèse-patrie de mettre illégalement sur écoute (de la part d’un juge illégal, en marge de la loi qu’il devrait faire respecter) la Présidente de la République et de divulguer l’enregistrement à la presse – mais il n’y a pas de relation entre la Lava-Jato, la Globo et le coup d’État, bien sûr.

Il a envoyé ensuite une petite lettre d’excuses à la Cour Suprême pour avoir piétiné la Constitution et ça s’est arrêté là. Vous vous souvenez de l’histoire de l’État de Droit ? Moro a montré que la Justice brésilienne est au-dessus du droit – bien au goût d’Hitler, de Mussolini et d’autres du même genre.

Prochain article : l’Opération Lava-Jato et la géopolitique.

Traduction : Si le Brésil m’était traduit…

Source : http://jornalggn.com.br/blog/dalmoro/breve-apresentacao-d…

 

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Brève présentation des protagonistes pour la compréhension du coup d’État au Brésil en 2016

(6 – L’Opération Lava-Jato et la géopolitique)

 

Daniel Dalmoro GGN 3 juillet 2016

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L’Opération Lava-Jato et la géopolitique

L’Opération Lava-Jato a été déclenchée en mars 2014 (date parfaite pour mettre en parallèle les révélations les plus explosives avec les élections d’octobre) afin de combattre des affaires de corruption à la Petrobras. La question politique de la Lava-Jato a fini par voiler les aspects économiques et géopolitiques qu’elle atteint (et la presse dominante aide pour dévier l’attention).

Car il se trouve que la Lava-Jato a attaqué le secteur de la défense nationale et l’autonomie militaire et énergétique, et les entreprises brésiliennes qui tiennent un rôle important dans le contexte mondial globalisé.


La Lava-Jato a atteint trois cibles stratégiques :

 

1) le projet du sous-marin nucléaire brésilien

Il s’agissait d’une recherche réussie faite par l’armée, dans le but de créer un sous-marin à propulsion nucléaire. Outre la puissance militaire, le projet amplifiait la sécurité du littoral très étendu du Brésil et aurait donné une autonomie exceptionnelle au pays, puisqu’il développait une technologie propre, au lieu de l’acheter à l’étranger, comme par exemple aux États-Unis.


2) La Petrobras

Depuis Lula, l’entreprise a été très valorisée par le gouvernement, et a pu développer son potentiel (la découverte du pré-sal en fut une des conséquences) en s’internationalisant. L’entreprise étatique brésilienne est une des plus performantes par sa technologie de recherche et de forage de pétrole, en particulier en eau profonde, et un exemple mondial d’efficacité. Elle est une des rares entreprises pétrolières, hors du Moyen-Orient, capables de survivre sans subvention de l’État avec un prix du baril inférieur à 20 dollars.

S’ils ne peuvent pas la privatiser (Fernando Henrique Cardoso avait même créé un nouveau nom dans cette optique, la Petrobrax), les putschistes veulent la détruire. Surtout parce que le pré-sal, ne l’oublions pas, possède la seconde plus grande réserve du monde, et que son exploitation est exclusive à la Petrobras. Les « six sœurs du Pétrole » [ancien cartel tout puissant, dont restent Shell, BP, ExxonMobil, ChevronTexaco NdT] en sont donc exclues.

 

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Il est à nous !

 

3) Les grandes entreprises nationales de travaux publics

Qui s’internationalisaient depuis Lula, en gagnant des appels d’offre et des concurrences dans les pays d’Amérique et d’Afrique, et en menaçant, avec les entreprises chinoises, l’hégémonie des grandes entreprises des États-Unis et d’Europe. La Petrobras et ces entreprises de travaux publics étaient ce que les économistes nomment des « global players », entreprises de force mondiale.

Une curiosité très étrange : on enquête sur des détournements d’argent, sur la corruption, sur des comptes ici ou là, sur des transferts millionnaires, mais AUCUNE banque privée n’a fait de malversation, bien qu’elles aient certainement profité de tant d’argent en circulation.

 

Liliana Ayalde

 

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Encore une !

 

Vous n’avez peut-être jamais entendu son nom, et elle n’a peut-être rien à voir avec le coup d’État en cours au Brésil, mais il est étrange que l’ambassadrice des États-Unis au Brésil dans ce moment turbulent [Liliana Ayalde a été remplacée il y a quelques semaines NdT] ait été la même qui était en poste au Paraguay quand Fernando Lugo a été déposé par un coup d’État mené par le Législatif [en fait, comme au Brésil, Liliana Ayalde est partie du Paraguay avant que le coup d’État ne soit consommé NdT].

 

Prochain article : le Procureur Rodrigo Janot, Lula, Dilma Rousseff.

Traduction : Si le Brésil m’était traduit…

Source : http://jornalggn.com.br/blog/dalmoro/breve-apresentacao-d…

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Brève présentation des protagonistes pour la compréhension du coup d’État au Brésil en 2016

(7 – le Procureur Rodrigo Janot, Lula, Dilma Rousseff)

Daniel Dalmoro GGN 6 juillet 2016

 

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Rodrigo Janot

Actuel Procureur Général de la République. L’une des fonctions du procureur est d’analyser des cas d’accusation contre des autorités politiques fédérales (députés, sénateurs, ministres, président et vice-président) et de décider si elles doivent être reçues et jugées par la Cour Suprême, ou si elles doivent être archivées.

Il est nommé par le président de la République, et sa nomination doit être ratifiée par le Sénat. L’ex-président Fernando Henrique Cardoso, pendant son mandat, avait choisi pour le poste Geraldo Brindeiro, connu comme « l’escamoteur général de la république ». AUCUNE, absolument aucune action qui aurait pu porter préjudice au gouvernement n’a été menée à bien, et les cas étaient nombreux : corruption dans la privatisation de la téléphonie (il existe des enregistrements révélant des faveurs envers des bénéficiaires amis, au nombre desquels figurait le banquier Daniel Dantas), corruption dans le choix de l’entreprise de surveillance de l’Amazonie (également amplement documentée).

Lula et Dilma Rousseff eurent une position plus républicaine et cherchèrent pour le poste de Procureur Général de la République parmi des personnes qui ne leur semblaient pas préoccupées de sauver la peau du gouvernement, mais tenter au contraire de combattre la corruption au sein de l’État. Le problème, et c’est le journaliste Luis Nassif qui l’a relevé, c’est que toute la campagne de chasse au Parti des Travailleurs est beaucoup trop bien organisée pour venir d’un petit juge de province (Moro), ou pour être une simple coïncidence. La suspicion est grande que ce soit Rodrigo Janot lui-même qui ait articulé le coup d’État contre le PT, en autorisant les excès du judiciaire et de la Police Fédérale, et en réservant une attention particulière à tout ce qui pouvait compromettre Lula.

 

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Luis Inácio Lula da Silva.

Qu’on l’aime ou non, que l’on soit d’accord avec lui ou non, c’est un homme politique d’envergure, l’un des plus grands présidents du Brésil – comparable seulement à Getúlio Vargas, mais celui-ci a été dictateur absolu pendant 15 ans, puis président élu pendant 4 ans, alors que Lula a été président pendant 8 ans, face à une intense opposition démocratique et anti-démocratique – et leader mondial, le seul Brésilien de cette catégorie.

Lula est la terreur de la droite : elle sait qu’il remportera les élections présidentielles de 2018 s’il est candidat. Et la droite sera alors écratée du pouvoir, contrainte de diviser ses profits pornographiques avec les pauvres et les misérables, qu’elle appelle « vagabundos », même s’ils travaillent plus que n’importe quel Marinho ne l’a fait pendant toute sa vie [référence à la famille Marinho, propriétaire de la Globo NdI].

Lula est LA cible principale de l’Opération Lava-Jato, de la presse dominante, des partis putschistes : ils veulent le déconsidérer auprès de la population, le rendre inéligible pour empêcher sa candidature (et sa victoire) en 2018. Le plus compliqué c’est qu’ils ne trouvent rien, alors ils inventent : se faire payer pour des conférences – une activité que fait tout ex-président, mais peu d’entre eux peuvent demander 500.000 reals et voir leur requête acceptée [il semblerait que cela tourne plutôt autour de 200.000 reals NdT], recevoir des pédalos d’une valeur de 3000 reals comme pot de vin [ici l’auteur fait référence à des pédalos et à une barque en aluminium que son épouse Marisa aurait achetée 3000 reals, d’où son surnom de « Queen Marisa » NdT], recevoir de l’argent pour la divulgation des entreprises nationales à l’étranger, avoir reçu de l’argent d’entreprises de travaux publics pour son institut, après la fin de son mandat de président (Fernando Henrique Cardoso a reçu de l’argent des mêmes entreprises, additionné à de l’argent public pour construire l’Institut Fernando Henrique Cardoso, et il a fait cela quand il était encore président), être propriétaire d’un appartement dont il n’est pas propriétaire, avoir un ami qui possède une propriété [la fameuse Atibaia et ses pédalos NdT], être nommé ministre, et autres absurdités.

 

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Dilma Rousseff

Première présidente du Brésil. A gagné les élections de 2010 grâce au bon gouvernement et au charisme de Lula. Je considère ce choix comme une erreur : Dilma est une technicienne et non une politique, et sa maladresse dans ses relations avec les serpents politiques a mis le pays où il se trouve actuellement. Mais pas seulement : son gouvernement fut, par exemple, le pire des gouvernements en matière de réforme agraire depuis Collor. La « démarcation » des terres indigènes a très peu avancé, ainsi que les droits sociaux garantis par la Constitution de 1988.

Depuis que Dilma a gagné les élections en 2014, elle n’a pas gouverné le pays : attaquée sans cesse par la presse et acculée par le Congrès dirigé par Eduardo Cunha, Dilma a adopté l’agenda des vaincus [l’austérité NdT] en espérant que cela résoudrait quelque chose. Mais elle a juste réussi à perdre l’appui populaire, sans obtenir le moindre répit des putschistes. Comme Lula, Dilma n’a pas fait de réformes dans la communication, et le coup d’État vient en partie de cette omission.
Prochain et dernier article : Eduardo Cunha et Michel Temer

Traduction : Si le Brésil m’était traduit…

Source : http://jornalggn.com.br/blog/dalmoro/breve-apresentacao-d…

 

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Le 8e article « Eduardo Cunha et Michel Temer » est en cours de traduction. Lorsque nous le recevrons, nous l’ajouterons ici.

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L’auteur : Daniel (Daniel Gorte-Dalmoro) Dalmoro

Est un professeur de philosophie et de sociologie, écrivain et homme de théâtre brésilien. Il vit à São Paulo.

 

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In cauda…

Quand le Consulat de France à Rio de Janeiro accueille à bras ouverts les artisans du coup d’État

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Les éditorialistes Miriam Leitâo, Merval Pereira, Pedro Doria, Ascanio Seleme, Ricardo Noblat, Ancelmo Gois, Lauro Jardim, Jorge Bastos Moreno ont reçu l’économiste Pedro Malan, ex-ministre des finances pour une rencontre exclusive à l’initiative du journal O Globo.

 

Lire la suite…

Source : http://lebresilentraduction.tumblr.com/post/146197534592/…

 

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Pendant qu’on y est :

Une Américaine qui aime tuer les petites bêtes et qui s’en vante (aucun humour ces Brésiliens !)

 

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C’est là 

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http://burgos4patas.blogspot.be/2013/11/americana-posa-ao…

 

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Addendum sans rien à voir avec le Brésil

France-et-Belgique

 

Parce qu’on en a marre de voir des Français, qui n’ont pas besoin de coups d’État washingtoniens pour appliquer à leur pays la recette des new managers, jongler abusivement à tout propos – et toujours hors de propos – avec le nom de Robespierre, trop mort pour leur vomir dessus lui-même, on a prélevé ceci sur Agoravox.

L’auteur ne paraît pas connaître vraiment bien l’histoire de l’Incorruptible, ni même celle de la révolution dans son propre pays – car, ciel, il est Liégeois ! – mais son coup de schlague est rafraîchissant.

[ Et on jugera Donald Trump au pied du mur quand il y sera, à supposer qu’un jour il y soit… sur ses œuvres. ]

 

Rendons à Robespierre …

Elliott – Agoravox 25 juillet 2016

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Évocations et digressions

Établir un parallèle entre un pâle baron régional des Républicains et une figure historique de premier plan pourrait sembler au premier abord assez inapproprié, aussi bien ai-je quelques scrupules à revenir sur un épisode de la vie politique française qui devrait être anecdotique mais qui manifeste une certaine propension de plus en plus courante à la confusion des genres.

Il y a quelques semaines, Laurent Wauquiez a eu l’audace de se revendiquer sournoisement de Robespierre et de sa déclaration en forme de profession de foi « pas de liberté pour les ennemis de la liberté ! »

Dans un grand mouvement trumpissime de surenchère électoraliste, le preux proposait d’embastiller sur un simple soupçon, proposition insolite au pays des droits de l’homme mais qui ouvre à Wauquiez la perspective de pouvoir braconner sur les terres du Front National.

Lire la suite…

Source : http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/rendons-a-ro…

 

P.S. « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté » n’est pas de Robespierre, ni d’ailleurs de quelqu’un d’autre qui soit connu…

Pour avoir connu, nous, quelqu’un qui a un jour osé aller sonner à la porte de l’historien Albert Soboul pour lui poser la question (« mais c’est de qui cette phrase ? ») nous connaissons la réponse : « On ne sait pas. C’est une de ces exclamations qui, dans les moments de grande intensité, échappent à quelqu’un, un jour, dans une foule, sont reprises par d’autres et se répandent comme une traînée de poudre sans qu’on sache comment ni pourquoi, sans doute parce qu’elles correspondent à un sentiment général du moment. » (Pas verbatim).

PPS. On ne prend pas Mirabeau pour un révolutionnaire ni Michelet pour un historien, mais on n’est pas sectaires, les autres font ce qu’ils veulent.

L.G.O.

 

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Les anciens « managers » de Washington…

Pas assez de temps,  d’argent, de troupes pour protéger les foules à Nice et les curés dans leurs églises, mais…

 

France : 50 militants de BDS arrêtés à Lyon

Secours Rouge – 23 juillet 2016

 

Ce vendredi, le collectif 69 Palestine Lyon organisait un pique-nique sur les Berges du Rhône. Il devait ensuite se rendre sur la place des Terreaux pour réaliser un concert. Tout était autorisé par la préfecture, mais les forces de l’ordre sont intervenues et ont embarqué une cinquantaine de militants. Ils ont été conduits en car au commissariat Marius Berliet, dans le 8e arrondissement. Menacés de garde à vue, ils étaient poursuivis pour discrimination économique. L’accusation se basait sur le port d’un tee-shirt « Boycott Apartheid Israël ». Les militants ont finalement été relâchés, sauf un.

 

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L’autobus de la police emportant les militants

 

Source : http://www.secoursrouge.org/France-50-militants-de-BDS-ar…

 

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C’est tout pour aujourd’hui.

Bonne lecture en complète sécurité.

 

 

 

Mis en ligne le 28 juillet 2016.

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