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18 novembre 2024

L’Iran est toujours la cible des services secrets occidentaux et de leurs alliés


 

France-Irak Actualité

Analyses, informations et revue de presse. La situation en Irak, au Proche-Orient et du Golfe à l’Atlantique.

 

Publié par Gilles Munier

 1 Août 2016,

Un commando des forces terrestres du Corps des Gardiens de la Révolution islamique (CGRI)
Un commando des forces terrestres du Corps des Gardiens de la Révolution islamique (CGRI)

Par Gilles Munier/

Le 14 juillet 2015, à Vienne, l’Iran et le groupe P5+1 (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie, Chine et Allemagne) ont signé l’accord sur le nucléaire qui a mis fin – du moins sur le papier – à l’embargo frappant le pays.

Depuis, non seulement les Américains rechignent à l’appliquer, mais ils tentent à nouveau de renverser le régime islamique avec le soutien de leurs alliés occidentaux et locaux – Israël et l’Arabie saoudite – et avec toujours en perspective la partition du pays.

Il y a quelques mois, l’ayatollah Ali Khamenei, Guide de la Révolution islamique iranienne, a reçu des familles de Gardiens de la Révolution islamique tués en Syrie et en Irak et leur a déclaré que leurs enfants avaient donné leur vie pour protéger des lieux saints chiites de la destruction, les populations de ces pays, et pour que l’Iran n’ait pas à combattre demain le même ennemi « à Kermanshah, à Hamadan et dans d’autres provinces ».

En tête des « ennemis » menaçant la sécurité intérieure de l’Iran : l’Etat islamique bien sûr, mais aussi des organisations locales – djihadistes et/ou séparatistes – surtout actives dans les régions frontalières.

Menaces djihadistes et séparatistes

Ces dernières semaines, des affrontements violents ont opposé le Corps des Gardiens de la Révolution islamique (CGRI) à des groupes armés au Kurdistan, Sistan-Balouchistan, Azerbaïdjan oriental, Khouzistan (Ahwaz):

Depuis que Massoud Barzani a décidé, en mars dernier, de relancer le séparatisme kurde, mis en sommeil en Iran depuis 1996, les peshmerga du Parti Démocratique du Kurdistan Iranien (PDK-I) – dirigé par Mustapha Hijri – tentent de s’implanter dans les zones montagneuses et les villes proches de la frontière avec l’Irak. La tension est telle que le général Pakpour – commandant des forces terrestre des CGRI – menace d’intervenir militairement au Kurdistan irakien si l’ordre n’est pas donné de rappeler les combattants. Comme Barzani ne s’est pas lancé dans cette aventure sans assurances de la CIA et du Mossad, la situation ne peut que dégénérer. D’autant plus que selon l’agence Stratforsurnommée la CIA bis – Mustapha Hijri veut maintenant réunir toutes les organisations séparatistes iraniennes en un « Congrès des nationalités pour un Iran fédéral »

Le 20 juin dernier, l’amiral Ali Chamkhani – secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale – a révélé que ses services ont déjoué « l’un des plus importants complots terroristes » ourdi par des organisations djihadistes qui « envisageaient de mener des attentats-suicides à Téhéran ». Du jamais vu !

Le 22 juin, six séparatistes de la GAMO (South Azerbaïdjan National Army) ont été arrêtés en Azerbaïdjan iranien en procession de « documents sensibles et d’informations destinés à une puissance étrangère « .

Le 23 juin, plusieurs équipes de saboteurs ont été arrêtées dans la province pétrolière du Khouzistan, dont le Mouvement de lutte arabe pour la libération d’Ahwaz (ASMLA) réclame l’indépendance.

– Le 10 juillet, un commando du Parti pour une vie libre au Kurdistan (PJAK) – lié au PKK turc – a blessé un député et un préfet iranien dans une embuscade tendue dans la province de Kermanchah, et tué leur chauffeur.

Le 21 juillet, 40 personnes se préparant à attaquer deux « importants centres militaires et de sécurité de Khash », dans la province du Sistan Baloutchistan, ont été arrêtés. Il s’agit de rebelles appartenant à Jeïch al-Adl (L’Armée de la justice), un groupe armé sunnite baloutche qui a pris la suite de la Jundallah (L’Armée de Dieu), en grande partie démantelée après l’arrestation et la pendaison de son chef – Adel Malek Rigi -, le 20 juin 2010.

Selon plusieurs médias occidentaux, la Jundallah était financée, entre autres, par le Mossad qui, pour ne pas gêner ses interlocuteurs islamistes baloutches, faisait passer ses agents… pour des membres de la CIA !

« Feu » Massoud Radjavi…

Le 9 juillet dernier, lors du rassemblement annuel de l’Organisation des Moudjahidine du Peuple (OMPI), groupement iranien d’opposition aujourd’hui proche des néoconservateurs américains et d’Israël, le prince saoudien Turki al-Fayçal – ancien chef des services secrets et ancien ambassadeur à Washington – a jeté un pavé dans la mare en laissant clairement entendre que Massoud Radjavi, fondateur de l’OMPI, était décédé. On imagine l’embarras de Myriam, son entreprenante épouse, devenue chef de l’organisation depuis la disparition inexplicable et inexpliquée de son mari.

Myriam Radjavi devrait démentir la mort de Massoud Radjavi et prouver qu’il est bien vivant… ou confirmer son décès et, dans ce cas, dire dans quelles circonstances il a perdu la vie et pourquoi elle n’a pas annoncé sa mort. Y aurait-il quelques « vilénies » à camoufler? La « légitimité » de la dirigeante en dépend.

Cela dit, tout le monde a compris que l’OMPI bénéficie officiellement du soutien de l’Arabie, ce qui était jusqu’ici un secret de polichinelle.

Vers un remake de la guerre Iran-Irak ?

La recrudescence actuelle d’activités subversives en Iran n’est pas sans rappeler 2007, période où George W. Bush et Dick Cheney comptaient renverser le régime iranien grâce à des bombardements précédés d’attentats à caractère ethnique et religieux. A l’époque, le projet avait été différé, sans considération pour la vie des militants séparatistes qui y avaient cru… et Mahmoud Ahmadinejad avait été réélu triomphalement deux ans plus tard.

Les attaques dont l’Iran est victime préfigurent-elles le déclenchement d’un nouveau conflit arabo-perse? L’« Alliance islamique contre le terrorisme », a-t-elle été créée dans cette perspective ? Ceux qui ont écouté le prince Turki à l’Académie diplomatique internationale, en janvier dernier, se le demandent, étonnés de l’hommage qu’il y a rendu au chrétien orthodoxe Michel Aflaq, «grand penseur de l’arabisme », fondateur du parti Baas, omettant, sans doute à dessein, de signaler que ce dernier se serait converti « clandestinement » à l’islam sunnite à la fin de sa vie.

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