L’immense fortune du colonel Kadhafi aurait pu déstabiliser le système financier mondial si le « guide » libyen avait choisi de s’en prendre aux Occidentaux en utilisant ce levier. De 350 à 500 milliards d’avoirs libyens sont répartis dans le monde entier, par la volonté de l’ex-dictateur qui avait choisi en 2006 d’investir massivement la fortune amassée grâce à la rente pétrolière. En dépit des demandes répétées du Conseil national de transition (CNT) et de son gouvernement de transition, reconnu par la communauté internationale, la plupart de ces avoirs sont encore gelés. Seuls 18 milliards ont été débloqués, dont plusieurs centaines de millions par la France. Ils avaient été gelés dès le début du conflit par l’ONU et l’Union européenne. Ces instances internationales ont ouvert les portes. Mais ce sont maintenant les États concernés qui renâclent et négocient âprement, comme les États-Unis. Or, le CNT a un besoin urgent d’argent frais pour payer les salaires et faire repartir le pays. Cette fortune est composée de 170 milliards d’euros placés dans des banques, dont 8 milliards pour la France avec la BNP, la Société générale, le Crédit agricole, etc. ; de 100 milliards d’obligations et d’actions, de parts dans des entreprises importantes comme France Télécom, Vivendi, Danone, Dassault, EADS, etc. Le reste, entre 100 et 200 milliards d’euros, correspond à de nombreux actifs immobiliers dont la valeur évolue grandement avec le marché, comme des hôtels luxueux (Golden Tulip, Hayat) ou des immeubles. D’où la difficulté d’évaluer précisément l’ensemble de ces biens immobiliers libyens. En France, les plus connus sont l’immeuble de la Fnac ou celui de la Défense. Sociétés-écrans Pour gérer ces avoirs, le régime Kadhafi avait mis en place des fonds souverains, une dizaine, dont les plus connus sont la Libyan Investment Authority, la société Libyan-African Investment Portfolio, etc., ainsi que des associations tenues par des proches ou les enfants de Kadhafi . Les montages sont souvent complexes, avec des sociétés-écrans. Le nouveau pouvoir libyen, le CNT, malgré ses divisions, a placé des proches à la tête de quelques-uns de ces fonds. Cependant, les principaux gestionnaires des avoirs libyens qui travaillaient avec le colonel sont restés en place. L’un d’eux a confié à « Sud Ouest » les « difficultés rencontrées aujourd’hui pour savoir exactement ce que sont devenus ces avoirs ». Des dizaines de millions auraient ainsi disparu dans des banques. Certains États africains ont aussi déjà laissé entendre qu’ils les avaient purement et simplement annexés. Mais, pour l’heure, de nombreux pays et de grands établissements bancaires traînent des pieds. Ils n’ont aucun intérêt à voir partir ces sommes colossales. L’un des enjeux de la nouvelle Libye est certainement financier. Source : Afrika365 |