- Les collaborateurs Mahmoud Abbas et Mohammed Dhalan, aujourd’hui divisés, ont du sang palestinien sur les mains
Les Nations Unies et les organisations palestiniennes dans leur ensemble ont réagi avec indignation après que des policiers de l’Autorité palestinienne aient arrêté un Palestinien et l’aient battu à mort en prison mardi matin. Les Nations Unies ont dénoncé le meurtre, le qualifiant « d’apparente exécution sommaire. »
Les partis politiques palestiniens ont publié des déclarations condamnant cet acte; le Hamas affirmant que le meurtre marquait une nouvelle étape dans la collaboration répressive de l’Autorité palestinienne (AP) avec Israël. Le Fatah – le parti dominant dans l’Autorité palestinienne – a accusé le Hamas de tirer profit de l’incident pour « induire en erreur le peuple palestinien. »
Ahmad Izz Halaweh – Photo : MaanImages
Ahmad Izz Halaweh, principal suspect dans une fusillade avec plusieurs hommes armés la semaine dernière et qui a fait deux morts parmi les policiers palestiniens, a été arrêté lors de raids avant l’aube dans la vieille ville de Naplouse dans le nord de la Cisjordanie occupée ce mardi, puis conduit au centre de police de Juneid, où il a été agressé et battu à mort par des policiers de l’AP.
Le gouverneur de Naplouse, Akram Rujoub a plus tard annoncé sa mort.
Battu à mort par les policiers de l’AP
Une photo de Halaweh diffusée sur les médias sociaux après l’attaque brutale montrait son visage, son cou et ses épaules terriblement meurtris et enflés. [Nous n’avons pas le courage de vous montrer la photo de sa la dépouille d’Ahmad Izz Halaweh portant les traces de toutes les violences subies, Ndlr]
Halaweh, connu comme le premier responsable des Brigades al-Aqsa – l’aile militaire du Fatah – dans la région de Naplouse, est le troisième civil à être tué par les policiers palestiniens à la suite de la fusillade de jeudi.
Deux autres personnes ont été abattues vendredi lors de raids dans la vieille ville, et trois autres suspects ont été arrêtés dimanche, les autorités palestiniennes affirmant que cinq autres suspects étaient toujours en liberté.
Peu de temps après le meurtre de Halaweh, le Premier ministre palestinien Rami Hamdallah a annoncé qu’un comité spécial serait formé pour se pencher sur la mort de Halaweh et faire connaître publiquement les résultats de l’enquête, qualifiant la situation « d’exceptionnelle ».
Hamdallah a également appelé les Palestiniens recherchés par la police palestinienne à se rendre [pour qu’ils subissent le même sort ? -NdT]
Réaction des Nations Unies
Dans un communiqué publié mardi après-midi, James Heenan, responsable du Bureau pour les droits de l’homme dans les territoires palestiniens sous occupation, a déclaré que l’agence de l’ONU était « extrêmement préoccupée par l’apparente exécution sommaire. »
« Nous saluons l’annonce rapide par Premier ministre Hamdallah d’une enquête sur le meurtre, et exhortons les autorités palestiniennes à réaliser des enquêtes indépendantes sur l’enchaînement des événements depuis la semaine dernière, qui ont abouti jusqu’ici à la mort de cinq personnes. »
Heenan a insisté pour que les agents de sécurité impliqués dans les « homicides illégaux » soient « traduits en justice et suspendus de leurs fonctions, en attendant la fin de l’enquête. »
« Il n’y a pas de place pour de tels actes dans un État de Palestine qui cherche à se conformer au droit international et aux droits de l’homme », a déclaré Heenan, concluant que « notre Bureau suivra cette affaire de près. »
« Une politique d’oppression contre notre propre peuple »
Le mouvement Hamas a immédiatement condamné le meurtre, le porte-parole Sami Abu Zuhri faisant une déclaration sur le site en version arabe du Hamas pour dénoncer « l’exécution sommaire » de Halaweh, et qualifiant l’acte « d’évolution dangereuse vers une politique d’exécutions sommaires par les services de sécurité de l’AP. »
« Ces crimes reflètent la nature sanglante de la coordination répressive de l’Autorité palestinienne avec l’occupation israélienne », a ajouté Zuhri. Selon lui, cette politique a dégénéré en « une politique d’oppression contre notre propre peuple. »
Munir al-Jaghoub, responsable des médias pour le mouvement du Fatah, a répondu en disant dans un communiqué que le Hamas a utilisé les médias pour « induire en erreur le peuple palestinien et le pousser à enfreindre la loi. »
Al-Jaghoub a fait valoir que le Hamas « a déformé les faits au sujet de l’application de la loi par les forces de sécurité palestiniennes » qui sont engagées dans « la lutte contre toute corruption qui menace la sécurité des Palestiniens. »
Pendant ce temps, dans une déclaration en arabe sur leur site internet, le FPLP (tendance marxiste) a également dénoncé « l’exécution sommaire » par les forces de sécurité palestiniennes de Halaweh dans le centre de police de Juneid, appelant à la constitution d’une commission d’enquête.
Le FPLP a déclaré que le « crime » doit être traité « à la source » par la police palestinienne, en coordination avec toutes les organisations de la société civile et politiques, en soulignant que l’Autorité palestinienne doit s’abstenir « d’actes vengeurs sur des civils innocents. »
Jour de deuil en mémoire d’Halaweh
Des Palestiniens et des commentateurs dans les médias sociaux ont également réagi avec indignation, et les habitants de Naplouse sont descendus dans les rues pour protester contre la mise à mort sauvage de Halaweh. Mais la manifestation a été rapidement dispersée par la police palestinienne.
Les institutions palestiniennes à Naplouse ont déclaré mardi un jour de deuil en mémoire d’Halaweh, tandis que de nombreuses institutions palestiniennes et personnalités ont tenu une réunion à la mairie de Naplouse pour mettre en place un comité chargé d’enquêter sur les circonstances de la mort de Halaweh.
Les participants à la réunion ont traité le meurtre de « crime injustifié et irresponsable », et ont exigé que Mahmoud Abbas [ex-président palestinien] et Hamdallah fassent pression sur les policiers pour qu’ils « contrôlent leur comportement et se retirent de la vieille ville de Naplouse. »
Les accusations de collaboration active entre l’Autorité palestinienne et l’occupant israélien sortent renforcées
Ce dimanche, le porte-parole des services de sécurité palestiniens Adnan Dmeiri, avait déclaré que la police poursuivrait sa politique de répression dans la vieille ville de Naplouse jusqu’à ce que « le phénomène de possession illégale d’armes soit terminé », affirmant que les Palestiniens recherchés et impliqués dans la fusillade de jeudi n’ont « jamais pointé un arme sur l’occupation israélienne ».
Hamdallah a également annoncé en juillet une modification du code pénal pour « arrêter tous les fugitifs et les soumettre à la justice, » au milieu d’une vague de répression par les forces de sécurité de l’AP contre les activités criminelles en Cisjordanie.
Dans le même temps, dans le cadre d’une campagne menée parallèlement par les forces israéliennes d’occupation pour kidnapper des Palestiniens et se saisir d’armes, l’armée israélienne a organisé la nuit de lundi une rafle dans des zones supposées être contrôlées par l’Autorité palestinienne dans le sud de la Cisjordanie occupée.
La semaine dernière, les forces israéliennes ont également effectué une descente sans précédent d’une durée de 20 heures dans le camp de réfugiés d’al-Fawwar dans la région d’Hébron, sous prétexte de trouver des armes, et au cours de laquelle un adolescent palestinien désarmé a été abattu tandis que d’autres étaient blessés et hospitalisés.
Les organisations politiques palestiniennes ont accusé à plusieurs reprises l’Autorité palestinienne dominée par le Fatah d’une « escalade dans la collaboration en matière de répression » avec les autorités israéliennes d’occupation et de « l’adoption d’une politique dite de la porte tournante » qui consiste à envoyer les Palestiniens depuis les prisons de l’AP vers les prisons israéliennes.
Politique israélienne d’exécutions sommaires
Les accusations ont pris une nouvelle importance à la suite des trois « exécutions sommaires » par les policiers palestiniens cette semaine, alors qu’Israël est la cible d’une condamnation internationale pour les meurtres de Palestiniens qui ne représentaient aucune menace pour quiconque quand ils ont été abattus, depuis qu’une vague d’agitation a balayé le territoire palestinien en octobre dernier.
Durant cette période, 218 Palestiniens ont été assassinés par les Israéliens. La majorité d’entre eux ont été abattus au cours de soit-disant tentatives d’attaques contre des cibles militaires israéliennes. Quelque 32 Israéliens ont été tués par des Palestiniens au cours de la même période.
Le groupe israélien de défense des droits de l’homme, B’Tselem, a accusé les soldats et les policiers israéliens de se comporter en même temps comme « juge, jury et bourreau » pour les Palestiniens au cours des derniers mois, accusant également les encouragements officiels et l’impunité accordée aux forces israéliennes d’occupation.
Lily Leach | 23 août 2016 – Ma’an News
Source: http://chroniquepalestine.com/battu-a-mort-par-police-palestinienne]