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27 décembre 2024

Libye : Le général Haftar cherche à imposer son jeu


Publié par Gilles Munier

14 Septembre 2016,

Le général Khalifa Haftar
Le général Khalifa Haftar

Par Zine Cherfaoui (revue de presse : El Watan – 14/9/16)*

Les gouvernements français, allemand, italien, espagnol, britannique et américain ont condamné les attaques menées dimanche et lundi par les troupes du général Haftar contre les terminaux pétroliers de Zoueitina, Ras Lanouf, Al Sedra et Brega.

A l’heure qu’il est, Martin Kobler, représentant spécial du secrétaire général de l’ONU pour la Libye, doit certainement s’arracher le peu de cheveux qui lui restent sur la tête. Il y a de quoi. En reprenant en début de semaine, lors d’opérations militaires éclair, le port de Zoueitina et les terminaux pétroliers d’Al Sedra et de Ras Lanouf — jusque-là contrôlés par le gouvernement d’union nationale —, l’impénitent général Haftar, véritable homme fort de l’Est libyen, a fait tomber à l’eau tous les efforts déployés ces dernières semaines par la communauté internationale pour rapprocher les points de vue entre Tobrouk et Tripoli.

A terme, ce coup de force risquerait même de faire voler en éclats l’accord politique fragile arraché par l’ONU aux différents belligérants libyens le 17 décembre 2015 après d’âpres négociations. C’est très certainement le but recherché par le général Haftar, chef proclamé de l’armée liée au gouvernement non reconnu basé à Al Baïda (est). Il n’a jamais caché son aversion à collaborer avec Fajr Libya, l’actuelle force de frappe du gouvernement El Sarraj. La raison ?

Pour lui autant d’ailleurs que pour les membres de l’ancien Parlement de Tobrouk, ce conglomérat de milices n’est pas digne de confiance car constitué en majorité d’islamistes. Pas question donc, pour eux, de travailler avec eux. C’est ce qui, officiellement, empêche d’ailleurs la Chambre des représentants de donner son quitus au gouvernement de Fayez El Sarraj. Pour s’impliquer dans le processus de réconciliation libyenne, l’Est ne demande rien moins que le contrôle de l’architecture sécuritaire de la Libye.

Rapports de forces

Et plutôt que de se voir obliger de composer avec ce qu’il considère comme ses «ennemis intimes», le général Haftar et son armée se sont donc employés à ce qui apparaît comme une volonté de changer les rapports de forces sur le terrain. Leur objectif est de parvenir à négocier en position de force pour imposer son armée et ses hommes comme les gardiens de la Libye post-El Gueddafi. Mais à ce jeu dangereux, il risquerait de n’avoir rien d’autre à offrir aux Libyens que la guerre civile, car le gouvernement El Sarraj et Fajr Libya ne resteront certainement pas les bras croisés.

Pour faire basculer le rapport de force sur le terrain en sa faveur, le général Haftar a compris qu’il fallait étouffer financièrement le gouvernement El Sarraj et ses alliés de Fajr Libya. Le gouvernement d’union tire l’essentiel de ses revenus de la vente du peu de pétrole produit à l’Est. C’est ce qui explique la décision de Khalifa Haftar de s’emparer des principaux terminaux pétroliers du pays.

Après tout, l’argent est le nerf de la guerre. Ainsi qu’il fallait s’y attendre, son offensive a été suivie de condamnations unanimes des principaux partenaires occidentaux de la Libye.

«Les gouvernements de France, d’Allemagne, d’Italie, d’Espagne, du Royaume-Uni et des Etats-Unis condamnent les attaques (…) contre les terminaux pétroliers de Zoueitina, Ras Lanouf, Al Sedra et Brega en Libye», indique un communiqué commun rendu public lundi par ces pays. «Nous appelons au retrait immédiat et sans conditions de toutes les forces armées qui se trouvent dans le croissant pétrolier», ont-ils ajouté, réitérant leur soutien au gouvernement d’union nationale et réclamant «un cessez-le-feu immédiat». Le général Haftar obtempérera-t-il ? Difficile à dire, mais cela est peu probable.

Il n’est pas certain aussi que les pays occidentaux et encore moins l’Egypte le forceront dans les faits à revenir sur ses positions initiales. C’est qu’en sous-main, ils comptent beaucoup sur lui pour «nettoyer» la Libye. Ils le soutiennent même. C’est ce qu’on appelle avoir deux fers au feu. Maintenant, il revient à Martin Kobler de démêler cet incroyable écheveau.

Source : El Watan

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