« La Russie hors du Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU : une aubaine pour le monde multipolaire ? »
Pour la première fois depuis 2006, la Russie a perdu sa place au Conseil des Droits de l’Homme (CDH) de l’ONU. Pour obtenir ce résultat, une campagne musclée avait été menée contre la Russie avant le vote par les sbires habituels du bloc atlantiste, dont principalement les organisations Human Rights Watch et Amnesty International. Après le vote, c’était le temps des réjouissances dans les rangs du triumvirat (USA-GB-France) autoproclamé « Communauté Internationale ». Une victoire de plus à leur actif ! Tout ce qui peut apparaitre comme une humiliation de la Russie est une victoire.
Mais, comme les autres « victoires », celle qu’ils viennent d’obtenir est une fausse victoire, une victoire à la Pyrrhus. Si nous passons en revue toutes les offensives occidentales contre la Russie depuis 2013-2014, offensives transformées en « victoires » grâce à la puissance de la machine de propagande atlantiste, nous constatons qu’au contraire, elles se sont toutes soldées par d’humiliantes défaites du camp occidental.
- Euromaïdan : Mise en place d’un long scénario qui a coûté 5 milliards de dollars pour réaliser un coup d’état à Kiev pour destituer Ianoukovitch, dernier obstacle à la mainmise complète du bloc occidental sur l’Ukraine, et ainsi, non seulement couper définitivement ce pays de son appartenance et de son histoire russes, mais surtout chasser la Russie de ses positions navales de Crimée. Le résultat, on le connait. La Russie ne se contente pas de conforter ses bases, elle récupère la Crimée toute entière, chose qu’elle n’aurait jamais osé entreprendre dans l’immédiat dans des conditions normales. D’autre part, une situation nouvelle est créée en Ukraine la rendant impossible à annexer tant que le problème du Donbass, qui reste ukrainien malgré tout, n’est pas résolu. Et ce problème ne pourra être résolu sans un retour à l’avant Maïdan. Non seulement c’est un échec de la part de l’UE/USA, mais ceux-ci ont définitivement échoué dans leur tentative de chasser la Russie de ses bases en Crimée. C’était la première balle dans le pied du club atlantiste. A la suite de cette piteuse défaite, pour se venger et aussi pour mettre à genou celui qui a osé les défier, l’Occident a mis en branle toute sa puissance en matière de rétorsion, de chantage et de menaces diverses.
- Ils ont commencé par une action dérisoire mais symbolique. Ils excluent la Russie du G8 qui devient le G7. Le résultat c’est que le G7 ne représente plus rien. C’était la présence de la Russie qui lui donnait un caractère un peu universel ou respectable. Aujourd’hui, il ne représente plus qu’un mini groupe dont les réunions s’apparentent à des réunions restreintes des représentants du groupe occidental sous l’égide de leur maître, le président des Etats-Unis. Le G7 n’est plus qu’un club parmi des tas d’autres clubs de prédateurs atlantistes. Deuxième balle dans le pied.
- Ils ont ensuite attaqué avec leur arme favorite, les sanctions, l’arme suprême contre les récalcitrants dont l’efficacité a été maintes fois prouvée. Elle s’est révélée si efficace par le passé que l’on parle de « punition » quand elle est utilisée. Avec une Russie dont l’économie était étroitement en relation avec l’extérieur et dont une partie dépendait entièrement de l’Europe, les sanctions contre elle la ramèneraient vite à la raison. Seulement c’était oublier que la Russie est le pays qui détient le plus de potentialités au monde, potentialités qui peuvent lui permettre de se mettre à l’abri de toute sanction. Bien plus, plutôt que de se laisser faire, la Russie décrète des contre-sanctions touchant la seule matière première dont dispose l’Europe, l’agriculture, faisant d’une pierre deux coups. D’une part elle frappe l’Europe là où ça fait le plus mal, d’autre part, elle s’oblige à exploiter ses potentialités agricoles qui avaient été mises en veilleuse par facilité. D’une certaine manière, les sanctions ont été le déclencheur historique du renouveau russe. Conscients de s’être tiré une troisième balle dans le pied, les Européens cherchent aujourd’hui des solutions pour revenir en arrière, mais la Russie ne semble pas très pressée de voir lever les sanctions salvatrices.
- L’exclusion de la Russie du G8 s’est faite dans le cadre d’une tentative d’isolement du pays. D’autres tentatives suivront pour écarter la Russie des instances internationales, ou étouffer sa voix au sein de ces instances. La pseudo-communauté Internationale centrée sur le triumvirat USA-GB-France a ainsi lancé diverses manœuvres mesquines volontairement humiliantes au sein de l’assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE), que la Russie avait fini par quitter. Comme il fallait s’y attendre, aucune décision de grande portée ne pouvait plus être prise après ce départ. S’en suivirent alors différentes tentatives pour ramener la Russie, mais celle-ci ne voit plus les choses de la même manière. Encore une balle dans le pied ?
- La Syrie a été le terrain le plus riche en boomerangs. Chaque coup du triumvirat a presque aussitôt eu son revers, et ce à tous les niveaux, diplomatiques, médiatiques, militaires et politiques. Durant toute cette période, l’évidence de l’asservissement de l’ONU au bloc atlantiste se faisait de plus en plus jour. Elle apparait aujourd’hui comme une organisation à réformer de fond en comble. La récente décision d’inclure l’Arabie Saoudite au sein du CDH et d’en exclure la Russie est un tournant qui changera la perception que l’on aura du CDH, et risque de lui être fatale, à l’image de la CPI qui est en train de perdre toute substance. Et ce sera tant mieux. En effet, toutes les organisations travaillant pour le CDH sont vérolées. Elles fonctionnent selon le paradigme que les droits de l’homme c’est l’Occident et que tout pays qui se différencie de cet Occident est suspect d’atteinte à ces droits. En tant que garant des droits de l’homme, l’Occident détient toute légitimité pour dire qui les respecte ou non. Jusqu’ici, la présence de certains grands pays comme la Russie au sein du CDH donnait à celui-ci une certaine universalité, ce qui, désormais, ne sera plus le cas. Les futures décisions seront comprises pour ce qu’elles sont : des décisions partisanes d’un groupe en guerre qui a prouvé qu’il était capable de tout instrumentaliser pour arriver à ses fins.
Cette opération, comme les précédentes, a été menée de main de maître par le même club, mais a de fortes chances d’aboutir au même résultat. En évinçant la Russie du CDH, ils n’ont réussi qu’à le délégitimer. En cela, c’est peut-être un pas de plus vers un monde multipolaire. En effet, pour accéder à de nouvelles règles plus justes dans le domaine des relations internationales, il est d’abord nécessaire de délégitimer les organisations internationales dont le fonctionnement est pourri. C’est précisément ce que fait le club atlantiste, sans s’en rendre compte. Il ne faut cependant pas attendre qu’il renonce à son projet d’isoler la Russie, bien que cela soit devenu un vrai travail de Sisyphe. Mais à terme, et l’on commence déjà à le constater, c’est lui qui sera isolé, entouré d’institutions faussement internationales qui n’auront plus aucun sens pour personne.
Avic – Réseau International