La coalition militaire sous commandement saoudien, engagée dans la guerre contre le Yémen, a indiqué lundi 19 décembre avoir fait « un usage limité » de bombes à sous-munitions britanniques, un type d’armes interdites par une convention internationale.
Ces armes peuvent contenir plusieurs centaines de mini-bombes qui se dispersent sur un vaste périmètre, mais n’explosent pas toutes, se muant de facto en mines antipersonnel tuant et mutilant en majorité des civils pendant et après les conflits.
La coalition a prétendu dans un communiqué, cité par l’AFP, avoir utilisé ces bombes de type BL-755 « contre des objectifs militaires légitimes afin de défendre les villes et les villages saoudiens contre des attaques continues » par les forces yéménites.
La coalition saoudo-US mène depuis mars 2015 une guerre destructrice contre le Yémen sous prétexte de soutenir le président démissionnaire de ce pays Abd Rabbo Mansour Hadi, réfugié en Arabie.
Elle a régulièrement été accusée d’avoir tué des civils lors de ses bombardements aériens, notamment contre des hôpitaux ou lors de cérémonies.
En juin, l’ONG de défense des droits de l’Homme Amnesty international avait affirmé que « 16 civils dont neuf enfants avaient été tués ou blessés par des bombes à sous-munitions entre juillet 2015 » et mai 2016 dans des régions voisines de l’Arabie saoudite.
L’Arabie saoudite a prétendu qu’elle n’utilisait désormais plus ces bombes BL-755.
Une centaine de pays ont ratifié la Convention d’Oslo de 2008 interdisant les bombes à sous-munitions dont la Grande-Bretagne. L’Arabie saoudite et les Etats-Unis en revanche ne l’ont pas ratifiée.
Londres se défend
« La coalition a confirmé qu’un nombre limité de bombes à sous-munitions livrées par la Grande-Bretagne dans les années 1980 ont été utilisées au Yémen y compris dans un des incidents relevés par Amnesty international », a réagi le ministre de la Défense britannique Michael Fallon.
Son pays « continuera de surveiller ses livraisons d’équipements militaires » à ses alliés du Golfe, selon ses propres termes.
Amnesty somme Ryad de stopper l’utilisation de ces armes
Dans un communiqué, Amnesty International a appelé l’Arabie saoudite à « cesser immédiatement l’utilisation des armes à sous-munitions et à détruire ses stocks ».
« Il est étonnant qu’il ait fallu autant de temps à la coalition dirigée par l’Arabie saoudite pour admettre formellement qu’elle a utilisé des armes à sous-munitions indistinctement » au Yémen, a dit Amnesty.
Des ONG appellent Londres à ne plus vendre d’armes à Ryad
L’ONG Human Rights Watch a reconnu que la Grande-Bretagne ne vendait plus de bombes à sous-munitions mais a regretté qu’elle continuait de vendre aux Saoudiens d’autres armes malgré « des risques très clairs » qu’elles soient utilisées au Yémen. L’ONG Oxfam a appelé Londres à cesser son soutien militaire à Ryad.
La semaine dernière, les Etats-Unis ont bloqué la vente à Ryad de munitions à guidage de précision en raison du nombre de victimes civiles au Yémen, selon un responsable américain. « C’est le signe de notre inquiétude profonde face aux failles dans les pratiques de ciblage de la coalition ».
La guerre saoudo-US contre le Yémen a fait plus de 7.000 morts, selon l’ONU.
Des bombardements visant les domiciles
En dépit de ces appels, les mercenaires de la coalition ont bombardé ce mardi plusieurs domiciles dans la région de Sarwah, à Maareb (centre). Une source militaire citée par le site yéménite Ansarullah a fait état de dommages considérables dans les maisons visées par des missiles et des tirs de mortier des mercenaires.