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28 mars 2024

QUESTION NATIONALE, BOURGEOISIE ISRAÉLIENNE CONTRE BOURGEOISIE PALESTINIENNE, OÙ EN SONT-ILS ?


 

 

 

À l’origine, en 1945, il n’y avait pas de question nationale israélienne, pas de question « juive » en Palestine, pas plus que de question nationale palestinienne. Il n’y avait, au Proche-Orient qu’une lutte de libération nationale dirigée par la bourgeoisie et les féodaux Arabes contre le colonisateur britannique en Palestine mandataire, et contre le colonisateur français en Syrie-Liban et en Irak. Ce fut l’astuce des colonialistes occidentaux que d’y déporter une partie de leurs émigrants, en les qualifiants de « juifs, peuple élu », et autres fadaises fantasmagoriques de ce type ; fétiche dont s’empara la bourgeoisie sioniste, pour s’ériger un État national, qu’elle nomma Israël, histoire de « surfer » sur la vague « juive ». L’arnaque marcha si bien que de partout en Europe, de Russie notamment, des millions de gens devinrent soudainement fils de «juifs» afin d’obtenir un saufconduit vers cette « terre promise » (sic), lourdement subventionnée par l’impérialisme occidental. Imaginez, « un peuple sans terre pour une terre sans peuple » (sic)! Et les millions d’arabes autochtones, descendants de peuplades archimétissées, accrochés à cette terre millénaire, la plus parcourue de la planète, qu’est-ce que vous en faites ? 

Il n’entrait pas dans les plans de l’impérialisme occidental de créer une cause nationale palestinienne. Leur idée était plutôt que ces Arabes, devant l’adversité et les calamités, allaient se déplacer vers des contrées peuplées d’Arabes, leurs alliés. Ce n’était pas la première fois que des criminels de guerre génocidaires souhaitaient déplacer des réfugiés, l’histoire de l’impérialisme est remplie de ces faits « divers » sanguinaires. Mais voilà que ce peuple de paysans arabes, habitant cette terre depuis des millénaires – descendants des tribus « juives » et autres, converties à l’Islam, ne l’entendait pas de cette manière. Ils s’accrochèrent à leurs moyens de production et quand ils se déplacèrent ce ne fut que de quelques kilomètres, gardant précieusement en main les clés de leurs foyers. La Nakba créa la lutte de libération nationale palestinienne, en même temps que la lutte de libération nationale israélienne (1948).

 

Ce sont bien deux luttes de libération nationale bourgeoises qui se confrontent en Palestine historique. Les apparences sont parfois trompeuses. Puisque l’une des deux nations en devenir s’est totalement inféodée à ses maitres impérialistes occidentaux (dirigés par les États-Unis depuis 1942), les gauchistes pensent qu’il n’y a pas de cause nationale bourgeoise israélienne. La question « juive » est le subterfuge que la bourgeoisie sioniste israélienne – les exécuteurs des basses œuvres de leurs collègues impérialistes occidentaux – a trouvé pour unifier et arnaquer la population multiethnique qu’ils ont rassemblée sur cette terre volée aux Palestiniens. Mais, qu’on le veuille ou non, la constitution de l’État israélien et sa pérennité depuis 1948 ont créé la nation israélienne. Je n’écris pas la nation « juive », car une nation ne se définit jamais seulement par la religion, pas plus qu’il n’existe de nation islamiste ou catholique. Et ces deux luttes de libération nationale bourgeoises s’entrechoquent, l’une triomphante et cruelle, parce que totalement instrumentalisée par l’impérialisme occidental déclinant ; l’autre blessée, maltraitée, parce que se retrouvant sur le mauvais versant, avec l’appui des bourgeoisies iranienne, syrienne, libanaise et quelques autres du tiers-monde.  Le succès de chaque camp est au diapason des sponsors qui l’adoube.

 

Réalignement géopolitique.

 

Le monde en était là ce 23 décembre 2016 quand soudain, coup de théâtre au Conseil de sécurité de l’ONU, l’institution où l’impérialisme mondial prépare et fait entériner ses coups fourrés. Le chef de file du clan occidental laisse passer une résolution (R-2334) condamnant son affidé israélien (!) Que s’est-il donc passé ? (1)

 

Avant de répondre à cette question il est requis de s’extirper de ces allégations ridicules à propos des « juifs » qui dominent le monde et de l’AIPAC qui domine les États-Unis d’Amérique et de tout ce folklore « nazifiant » dans lequel la go-gauche et la droite se complaisent. L’histoire de l’humanité est l’histoire de la lutte des classes. Pour comprendre ce qui se passe aux États-Unis d’Amérique, car c’est bien de cela qu’il s’agit ici et non pas de ce qui se passe sur leur terrain d’intervention militaire au Proche-Orient, il faut regarder où en est l’économie et la politique américaine et donc la lutte de classe en Amérique. L’élection de Donald Trump, n’a pas été le facteur déclencheur de ce réalignement au Proche-Orient, le pensé serait inverser l’ordre des choses. C’est le réalignement dans la géopolitique qui s’impose à l’Amérique qui a appelé l’élection de Donald Trump après le « coup manqué » d’Obama-Kerry (2). Il ne faut pas oublier qu’au début de son deuxième mandat, Obama avait tenté de régler l’affaire israélo-palestinienne et de forcer la bourgeoisie israélienne à signer un accord. Barack Obama, un dirigeant pusillanime, opportuniste et obséquieux, s’est révélé inapte à livrer la marchandise commandée par le grand capital étatsunien. Donald Trump doit donc reprendre là ou Barack Obama a échoué.

 

Donald Trump est d’une autre trempe qu’Obama. Grand stratège – pas du tout imprévisible comme le colporte les médias à la solde – il a d’abord frappé la bourgeoisie palestinienne – celle de laquelle il n’a rien à craindre – et il a promis de déplacer l’ambassade étatsunienne de Tel-Aviv à Jérusalem. Puis, il a désigné un ambassadeur pro-israélien afin de marquer le coup. La bourgeoisie israélienne exultait. Mais, aussitôt il a frappé la bourgeoisie israélienne en donnant son aval pour cette résolution 2334 à l’ONU. Admettons qu’il faudra davantage pour forcer la bourgeoisie israélienne à s’assoir et à signer l’accord de création de l’État croupion de Palestine. Mais, il est indubitable que c’est dans cette direction que le capital américain s’achemine. Sous peu, la bourgeoisie palestinienne se pavanera à la tête d’un bel État croupion tout neuf, avec armoiries, drapeau, siège officiel à l’ONU, petite armée d’opérette dans les rues de Ramallah pour écraser toute velléité de résistance du peuple palestinien trahi, à qui on avait promis le retour dans la patrie, et pour assurer l’exploitation du prolétariat palestinien dans les « sweats shops » israéliennes.  La prison de Gaza rouverte sous strict contrôle israélien – quelques rues en banlieue de Jérusalem seront renommées Al-Quds, la capitale éternelle du peuple palestinien, une capitale de banlieue régnant sur quelques villes emmurées, le bantoustan du Proche-Orient.

 

Direction, Mer de Chine.

 

Pourquoi une prophétie aussi morbide ? Parce qu’il faut toujours se rappeler que la bourgeoisie – palestinienne, israélienne, américaine et les autres – défend exclusivement ses intérêts. Or, les intérêts majeurs de la bourgeoisie américaine ne sont plus disputés sur la scène du Proche-Orient, où, mis à part le conflit nationaliste bourgeois israélo-palestinien, les choses sont sous contrôle, l’État islamique est endigué, la Syrie et l’Irak en ont pour dix ans à se remettre sur pied, le Liban est profondément divisé, le Kurdistan est érigé en fer-de-lance nationaliste réactionnaire pour les prochaines guerres, le Yémen est détruit, l’Arabie et les Émirats arabes sont désarçonnés d’être boycottés. La Turquie demeure une source d’inquiétude, mais Trump compte régler l’affaire en même temps que son « rapprochement » avec Moscou (!) L’Afghanistan a été abandonné aux taliban, de toute manière quelle ressource spoliée dans ces champs de pavot ? Le Pakistan fait partie du problème chinois. Reste l’Iran sur laquelle Donald n’a pas fini de frapper. L’interdiction d’entrée aux États-Unis des ressortissants de pays amis de l’Iran doit être compris dans ce sens.

 

L’Amérique est en crise économique sévère et durable, comme le reste de l’économie mondiale. Donald Trump a été appelé par le grand capital américain et placé à ce poste prestigieux parce que la crise n’en finit plus de s’approfondir. Le grand capital US sait que la présente flambée boursière aux États-Unis dissimule un crash en préparation. Dans quelque temps le dollar sera malmené et les créditeurs des États-Unis cherchent à s’enfuir et à se départir de leurs pétrodollars, l’Iran, la Chine, l’Arabie Saoudite notamment (3).

 

Dans ces conditions vous comprendrez que le capital américain a d’autres chats à fouetter que ces rescapés (7 millions de pèquenots israéliens), isolés sur une quasi basse militaire US au fond de la Méditerranée ; encerclés de peuples enragés, paupérisés, ployant sous le joug de leur bourgeoisie nationale. Ces pèquenots surarmés – militarisés – à qui on a ordonné de tuer, d’occuper et de coloniser, et dont les extrémistes sionistes voudraient – comble d’ignominie – déloger les derniers réfugiés (5 millions de Palestiniens entassés), pour les chasser, on ne sait où, puisque personne ne veut d’eux.

 

Donald comprend bien qu’il est impératif de résoudre ce problème secondaire avant de s’attaquer au problème chinois (1,3 milliard de consommateurs-producteurs, la première économie industrielle du monde). N’en déplaise aux amoureux de la Palestine, et aux fanatiques de l’État de tous les « juifs » (sic), le centre géostratégique de la planète se déplace vers la Mer de Chine.

 

Peu de problèmes à prévoir avec les affidés de l’OLP, de l’Autorité palestinienne et du Hamas. Par contre, briser la résistance de la clique d’hystériques qui soutient le criminel de guerre Benjamin Netanyahu ne sera pas une sinécure, ces potentats jouent leur vatout. Mais, étant donné que la population israélienne en a marre de ces disputes pour arracher une rue, un pâté de maisons, quelques mètres de terrain aux Palestiniens malandrins, au prix de déboursés militaires astronomiques, alors que le chômage frappe de plein fouet la société israélienne catastrophée et que la pauvreté se répand comme du chiendent, il se pourrait que la bourgeoisie israélienne ramène le Parti Travailliste au pouvoir afin de régler une fois pour toutes ce dernier reliquat de l’époque des luttes de libération nationale bourgeoises.

 

Le prolétariat dans tout ça.

 

Que ce soit la lutte de libération nationale palestinienne ou la question nationale israélienne, le prolétariat du Proche-Orient est pris en otage entre ces deux partis et n’est pas concerné par ce conflit entre deux bourgeoisies, même si c’est lui qui sert de chair à canon dans ce conflit. Une fois les bourgeoisies nationales israélienne et palestinienne réconciliées elles se tourneront contre leur prolétariat national respectif afin de les remettre aux travaux forcés, au travail salarié, afin d’enrayer la baisse des profits. Il n’y a jamais rien de bon à attendre de la bourgeoisie.

 

 

NOTES

 

(1)   http://www.lemonde.fr/international/article/2016/12/23/la-resolution-de-l-onu-reclamant-l-arret-de-la-colonisation-israelienne-a-ete-adoptee_5053630_3210.html

(2)   http://www.voltairenet.org/article194943.html

(3)   http://www.les7duquebec.com/7-dailleurs-2-2/la-dette-americaine-20-000-milliard/   et aussi  http://www.businessbourse.com/2016/03/26/la-reprise-americaine-la-derniere-tromperie-dobama-dementie-en-9-graphiques/

 

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