Amir Nour: Les racines du « terrorisme moyen-oriental » sont occidentales
4 février 2017
ITRI : Institut Tunisien des Relations Internationales
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Amir Nour: Les racines du « terrorisme moyen-oriental » sont occidentales
Publié par Candide le 4 février 2017 dans Chroniques
Artcicle paru dans le magazine « Afrique Asie », no.135, février 2017.
Amir Nour, chercheur algérien, prend à contre-pied le discours de ceux qui imputent la paternité du terrorisme transnational à l’Islam, et donc au monde arabo-musulman. Au contraire, les racines du « terrorisme moyen-oriental » sont occidentales, dit-il. Les preuves dans cet exposé politiquement incorrect.
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Convaincus que le terrorisme sous toutes ses formes et dans toutes ses manifestations, quels qu’en soient les auteurs, le lieu et les buts, est inacceptable et injustifiable, les États membres de l’Onu avaient finalement pu adopter, le 8 septembre 2006, une démarche commune dans le cadre d’une stratégie antiterroriste mondiale des Nations Unies. Mais, dix années plus tard, la « communauté internationale » n’est toujours pas parvenue à s’entendre sur une définition consensuelle de l’ennemi à combattre en commun. Or, il ne cesse de s’amplifier et de s’étendre en infligeant une dévastation et des souffrances indicibles, principalement aux États et aux peuples du monde arabo-musulman.
Paradoxalement, c’est à ces mêmes victimes et à leur religion majoritaire – l’Islam – que certains, au mépris des vérités historiques établies, imputent la paternité du terrorisme transnational et, partant, la mise en péril de la paix et de la sécurité internationales.
Qu’en est-il au juste de la responsabilité des uns et des autres dans la naissance et l’expansion du phénomène de la violence dans les temps modernes ? Une violence et ses conséquences contre lesquelles des penseurs visionnaires comme Malek Bennabi et Eric E. Hobsbawm avaient pourtant mis déjà en garde le monde au siècle passé ?
Terrorisme, Islam et trahison des clercs
Les avis ici exposés sur cette thématique brûlante ne sont pas ceux exprimés par des officiels ou des penseurs arabo-musulmans. Ils sont exprimés par des Occidentaux, situés à différents niveaux d’autorité et de responsabilité politique et morale, représentant l’avers et l’envers de la médaille du « terrorisme » et pointant du doigt la responsabilité historique de certains gouvernements de pays occidentaux. Ils sont représentatifs d’une voix « politiquement incorrecte » dont l’écho est à peine audible au milieu du tumulte médiatique des discours démagogiques des « nouveaux bien-pensants ».
Il y a peu, le magistrat Vincent Sizaire, auteur de L’Imposture sécuritaire, expliquait (1) que la qualification de terrorisme relevait davantage du calcul politique que de l’herméneutique juridique, puisqu’elle résulte nécessairement d’un rapport de forces et d’une appréciation politiques. En fonction de ces deux données, les pouvoirs en place appliquent la définition de façon plus ou moins discrétionnaire à tel phénomène délictueux plutôt qu’à tel autre. Sizaire souligne à quel point il est problématique d’utiliser, aujourd’hui encore, le même terme pour désigner les activités de groupuscules fanatiques et obscurantistes et l’action d’opposants politiques à des régimes autoritaires.
Dès lors, il ne saurait être question pour nous de tenter d’avancer une définition de cette notion qui soit moins équivoque que ce qui existe déjà. Il faut savoir, en effet, qu’il n’existe pas encore de définition consensuelle au niveau international. Alex Schmid et Albert Jongman recensent 109 définitions différentes (2). L’Onu n’arrive toujours pas à trouver une définition agréée par tous ses États membres depuis le 17 décembre 1996, date d’adoption par l’Assemblée générale de la résolution 51/210, par laquelle il fut décidé de créer un Comité spécial chargé d’élaborer une convention générale sur le terrorisme international. Et, à en croire Oliver Libaw (3), même aux États-Unis d’Amérique, d’où fut pourtant lancée la « guerre globale contre le terrorisme » en 2001, « personne n’est tout à fait sûr de ce qu’est au juste le terrorisme ».
De beaux jours semblent ainsi promis à la fameuse expression : « Le terroriste de l’un, c’est le combattant de la liberté de l’autre. » (4) Qu’importe ! Pour une certaine pensée en Occident, le terrorisme, la barbarie et l’intolérance sont consubstantiels à l’Islam en tant que religion. Par conséquent, face aux « fous de Dieu » musulmans qui « considèrent le progrès comme un mal, la tolérance comme une faiblesse et le pacifisme comme un péché » et sont « porteurs d’un appel au meurtre et à la destruction », il faut opposer une résistance et une lutte implacables dans le cadre d’une « longue quatrième guerre mondiale » (5), à l’instar de celles livrées par le « monde libre » contre le fascisme et le nazisme durant les Première et Seconde Guerres Mondiales et contre le communisme durant la « troisième guerre mondiale » qui se serait achevée avec la fin de la guerre froide en 1989.
L’autisme de la pensée dominante
Rien ne semble ébranler les certitudes des tenants de cette « pensée dominante » souvent qualifiée de néoconservatrice, véhiculée principalement par des think tanks occidentaux et israéliens et relayée par nombre de leurs puissants médias de masse. Et il serait vain de leur rappeler, par exemple, qu’en l’absence d’une convention générale internationale sur le terrorisme (du fait notamment des divergences sur une définition du terrorisme qu’il faudrait distinguer de la lutte légitime des peuples pour l’autodétermination et dans laquelle il faudrait inclure le « terrorisme d’État »), les États arabo-musulmans ont élaboré leurs propres instruments juridiques au sein de leurs ensembles régionaux ; que, dans les années 1990, un pays comme l’Algérie a lutté seul contre le terrorisme devant un mutisme international douteux, terrorisme qui a coûté plus de 200 000 morts et des pertes économiques estimées à plus de 30 milliards de dollars. Il serait encore inutile de leur mettre les preuves sous le nez : les victimes de la « barbarie terroriste » continuent d’être à 95 % musulmanes (6) ; les plus hautes autorités officielles de l’islam ont condamné sans appel tant l’idéologie que les actions des groupes terroristes, l’écrasante majorité des populations musulmanes rejette le terrorisme sous toutes ses formes et manifestations, comme le confirment les statistiques fournies par des agences et des instituts de sondage occidentaux eux-mêmes.
En son temps (1927), Julien Benda dénonçait la « trahison des clercs ». Plus près de nous, Pascal Boniface épingle les « intellectuels faussaires » qui portent une lourde responsabilité dans « la place occupée par le mensonge dans le débat public ». Il vise en particulier ceux qui, recourant à l’amalgame, font référence au « fascislamisme » et s’inscrivent ainsi dans une démarche néoconservatrice qui prospère en Occident depuis les attentats du 11 septembre 2001.
Nous avons déjà abordé cette problématique de l’Islam comme épouvantail mobilisateur et rassembleur en Occident (7). Nous y avions signalé un « dangereux glissement sémantique » que nous ne cessons d’observer depuis la chute du mur de Berlin : de la « lutte antiterroriste », on est passé à la guerre contre le « terrorisme islamiste » puis à celle contre l’« extrémisme islamique ». Nous nous étions alors interrogé : « Assistera-t-on bientôt à l’abandon des qualificatifs superflus et des euphémismes hypocrites pour revendiquer ouvertement la guerre contre l’Islam tout court ? » Le temps semble nous avoir donné raison depuis…
D’aucuns estiment que l’islamisme radical et le djihadisme ne sont pas une « création » exclusive de l’Occident. Soutenir le contraire équivaudrait à surestimer l’influence occidentale dans des régions où de nombreux autres facteurs locaux et internationaux ont contribué à leur développement sur une longue période de temps. Il est un fait toutefois que les politiques poursuivies par les puissances occidentales, anglo-saxonnes surtout, ont grandement favorisé l’émergence et l’expansion de ces phénomènes, notamment depuis les événements emblématiques du 11-Septembre et leurs « sous-produits » guerriers afghan et irakien.
Le rôle de la Grande-Bretagne
Ce point de vue est partagé par Mark Curtis qui a démontré avec force documents la collusion du Royaume-Uni et de l’islamisme depuis le siècle dernier dans un livre (8). Se basant sur une documentation fiable, il décortique un aspect de la politique étrangère britannique resté curieusement ignoré ou délibérément occulté par les grands médias. Cette connivence, dit-il, a « une longue histoire qui a contribué non seulement à la montée de l’Islam radical lui-même, mais aussi à celle du terrorisme international que la nouvelle Stratégie de sécurité nationale du gouvernement britannique désigne comme la plus grosse menace pour le pays », et que le plus haut gradé des militaires du royaume a identifiée comme « le combat de notre génération, peut-être notre guerre de Trente Ans ».
Curtis précise que la part de responsabilité de Londres dans l’émergence de la menace terroriste va bien au-delà de l’impact que ses guerres en Afghanistan et en Irak ont pu avoir sur quelques individus. Le plus important dans cette histoire est, selon lui, que pendant des décennies les gouvernements britanniques, aussi bien travaillistes que conservateurs, ont eu des connivences avec des forces radicales islamiques, y compris des organisations terroristes. Ils les ont parfois entraînées et financées, dans le but de promouvoir des objectifs spécifiques de politique étrangère, plus particulièrement ceux visant à préserver désespérément ce qui restait de puissance et d’influence britanniques au niveau international. Surtout dans des régions considérées comme névralgiques, mais où il n’était plus possible d’imposer la volonté et les intérêts britanniques de manière unilatérale, ou en s’appuyant sur d’autres alliés locaux.
Le rôle des États-Unis d’Amérique
Dans son livre paru en 2005, Robert Dreyfuss analyse de manière détaillée le rôle américain dans ce « jeu diabolique » (9). Se fondant sur des archives peu exploitées auparavant et sur des interviews avec des décideurs politiques et des responsables de la CIA, du Pentagone et du Département d’État, il analyse les conséquences de « soixante ans d’efforts malavisés » des États-Unis, dans le but de dominer la région économiquement et stratégiquement vitale du Moyen-Orient. Dreyfuss pense que, « loin de promouvoir la démocratie et la sécurité », cette politique, qui se poursuit à ce jour, produira à l’avenir d’autres « bévues et retours de manivelle ».
Robert F. Kennedy Jr., neveu du président américain assassiné, a lui aussi examiné la longue histoire des interventions violentes de son pays dans la région. Il explique dans un long article du magazine Politico pourquoi il faut « aller au-delà des explications commodes de la religion et de l’idéologie » et comment « au cours des sept dernières décennies, les frères Dulles, le gang Cheney, les néoconservateurs et consorts ont détourné […] l’idéalisme américain et déployé notre appareil militaire et de renseignement au service des intérêts mercantiles des grandes entreprises et, en particulier, les compagnies pétrolières et les entrepreneurs militaires qui se sont littéralement enrichis de ces conflits ».
Par ailleurs, un article (10) du Foreign Policy Journal nous apprend que la Maison-Blanche avait pris la décision d’aider les rebelles armés en Syrie, cela malgré les avertissements des services secrets qui prévoyaient l’avènement du groupe État islamique. Cette information stupéfiante a été confirmée par l’ancien chef de la Defense Intelligence Agency (DIA), le lieutenant-général Michael Flynn (démissionnaire de son poste en avril 2014, à la surprise générale), qui fut auparavant le directeur des renseignements pour le Centre de commande des opérations spéciales et, en cette qualité, avait pour principale mission de traquer Oussama Ben Laden et de démanteler Al-Qaïda.
Ces informations et d’autres ont été rappelées dans un film documentaire diffusé par la chaîne Arte (11) qui explique « comment, de Bush à Obama, l’Amérique a laissé prospérer la terreur aveugle dont Daech a repris le flambeau. D’anciens membres du renseignement, des représentants des forces américaines en Irak, l’ancien secrétaire d’État Colin Powell et des experts du terrorisme retracent, archives à l’appui, les treize ans de guerre perdue contre la terreur ».
Enfin, et ce n’est pas le moins important, lors de la campagne présidentielle américaine de 2016, le candidat républicain, Donald Trump, a déclaré qu’il maintenait les propos qu’il avait tenus auparavant en Floride, selon lesquels le Président Barack Obama « est le fondateur de l’EIIL ». Et quand l’animateur conservateur de l’émission de radio, Hugh Hewitt, tenta de clarifier la position de D. Trump en disant qu’il l’avait comprise comme signifiant « qu’il (Obama) a créé un vide, qu’il a perdu la paix », le candidat Trump objecta en affirmant « Non ! Je voulais dire qu’il est le fondateur de l’EIIL. Je le pense vraiment. Il a été l’acteur le plus utile. Je lui attribue le titre de meilleur acteur, tout autant d’ailleurs qu’à Hillary Clinton ».
Le rôle de la France
Dans son dernier livre (12), le philosophe Michel Onfray estime que l’« Islam terroriste » a été partiellement créé par l’Occident belliqueux. Dénonçant ce qu’il appelle les « guerres coloniales contemporaines » menées par certains pays occidentaux, dont la France, il considère que les régimes islamiques ne menacent l’Occident que depuis que celui-ci les menace. De son côté, Pierre Conesa, ancien haut fonctionnaire au ministère de la Défense, affirme (13) que son pays « est en train de payer au prix fort une guerre qui n’est pas la sienne ». Il cite à cet égard l’exemple de l’intervention en Libye où la France a « fait à son échelle ce que Bush avait fait en Irak, c’est-à-dire détruire un régime et laisser derrière elle un chaos qu’elle n’a aucune capacité à gérer ».
En Syrie, en particulier durant la période où Laurent Fabius était à la tête du Quai d’Orsay, cette politique interventionniste hasardeuse s’est traduite par un soutien total aux rebelles luttant contre le régime d’Al-Assad. Estimant que le départ de ce dernier « n’est qu’une question de semaines », Fabius affirmait en août 2012 que « Bachar al-Assad ne mériterait pas d’être sur la Terre ». Et en décembre de la même année, réagissant à la décision de Washington de placer Jabhat al-Nosra sur sa liste des organisations terroristes, il déclarait que « tous les Arabes » étaient « vent debout » contre la position américaine « parce que, sur le terrain, ils (les éléments d’Al-Nosra) font un bon boulot » (14).
En conclusion, nous voudrions inviter le grand public à méditer la sagesse d’un penseur qui disait qu’autrefois on fabriquait des armes pour livrer des guerres, mais aujourd’hui on fabrique des guerres pour livrer des armes.
Force est malheureusement de constater que la rhétorique sur le « choc des civilisations », ressassée à l’envi depuis la fin de la guerre froide et la disparition subséquente de l’« ennemi nécessaire », semble avoir atteint l’objectif qui lui a été assigné, notamment par ceux qui profitent et tirent les ficelles de la perpétuation des conflits. Elle a produit un périlleux « choc des fondamentalismes » qui a remis au goût du jour les notions de « revanche de Dieu », de « croisades », de « djihad », et en a ajouté de nouvelles comme l’« islamofascisme ». La conséquence de cette tournure dramatique des événements s’exprime, sur le terrain de l’affrontement recherché et obtenu, par un « choc des barbaries ».
Or, le grand danger associé à cette évolution est que, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le monde est entré dans l’âge de l’« arme suprême » – l’arme atomique – et que la guerre que nous promettent et promeuvent activement les extrémistes de tous bords est une « guerre cosmique » pour « le triomphe du Bien contre le Mal ». Pour certains parmi ceux-ci, il s’agit là d’une guerre religieuse, l’ultime guerre, celle précédant l’Apocalypse ou la fin du monde, dont le théâtre d’opérations nous est fixé, par les uns, à « Armageddon », et par les autres, à « Dabiq », endroits tous deux situés au Levant, qui englobe la Syrie aujourd’hui à feu et à sang…
Est-ce à cette « fatalité » que l’humanité doit désormais se résigner et se préparer ?
Amir Nour
Chercheur algérien en relations internationales, auteur notamment de L’Orient et l’Occident à l’heure d’un nouveau « Sykes-Picot », Éd. Alem El Afkar, 2014.
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(1) In Le Monde diplomatique, « Une notion piégée – Quand parler de “terrorisme” ? », août 2016.
(2) Political Terrorism, A. P. Schmid et A. J. Jongman, 1988 (reed. 2005).
(3) « How Do You Define Terrorism ? », O. Libaw, ABC News Network, 11 octobre 2015.
(4) « Is One Man’s Terrorist Another Man’s Freedom Fighter ? », C. Friedersdorf, in The Atlantic, 16 mai 2012.
(5) World War IV : The Long Struggle Against Islamofascism, Norman Podhoretz, Doubleday, 2007.
(6) Le rapport 2015 de Global Terrorism Index indique que les attaques terroristes sont concentrées dans cinq pays à majorité musulmane : Afghanistan, Irak, Nigeria, Pakistan et Syrie, totalisant à eux seuls 78 % des morts. Il indique aussi que l’Occident est remarquablement protégé du terrorisme puisque 2,6 % « seulement » des décès intervenus dans des attaques depuis le début du xxie siècle s’y sont produits (en excluant les 3 000 morts du 11 septembre 2001, cette proportion tombe à 0,5 %).
(7) L’Orient et l’Occident à l’heure d’un nouveau « Sykes-Picot », Amir Nour, Éd. Alem El Afkar, 2014.
(8) Secret Affairs : Britain’s Collusion With Radical Islam, Éd., Serpent’s Tail, 2010.
(9) Devil’s Game : How The United States helped unleash Fundamentalist Islam, R. Dreyfuss Metropolitan Books, 2005.
(10) « Rise of Islamic State Was a Willful Decision », interview de B. Hoff à Al-Jazira, 7 août 2015.
(11) Du 11 septembre au califat. L’histoire secrète de Daech, 30 août 2016.
(12) Penser l’islam, M. Onfray, Éd. Grasset, Paris, 2016.
(13) « Les attentats sont la suite logique des bombardements », in le Temps, 16 juillet 2016.
(14) « Daesh : autopsie d’un monstre », enquête de B. Collombat et J. Monin sur France Inter, le 20 novembre 2015.
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Dans les années 1990, l’Algérie a lutté seule contre le terrorisme devant un mutisme international douteux.
Les victimes de la « barbarie terroriste » continuent d’être à 95 % musulmanes.
Pendant des décennies, les gouvernements britanniques ont eu des connivences avec des forces radicales islamiques.
La Maison-Blanche avait décidé d’aider les rebelles armés en Syrie, malgré le risque de l’avènement du groupe État islamique.
« Sur le terrain, les éléments d’Al-Nosra font un bon boulot. » Laurent Fabius, chef du Quai d’Orsay, en août 2012
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