Un prix nobel de médecine accuse: « guérir des maladies n’est pas rentable pour les laboratoires »
27 mars 2017
Lundi 27 mars 2017
Un prix nobel de médecine accuse: « guérir des maladies n’est pas rentable pour les laboratoires »Partager la publication « Un prix nobel de médecine accuse: « guérir des maladies n’est pas rentable pour Un prix nobel de médecine accuse: « guérir des maladies n’est pas rentable pour les laboratoires »les laboratoires » »401181143Total : 40172« Le prix Nobel britannique de médecine, Richard J. Roberts, a accusé les grands laboratoires pharmaceutiques de faire passer leurs intérêts économiques avant la santé des personnes, en détenant le progrès scientifique dans le traitement des maladies car la guérison n’est pas rentable.«Les médicaments qui guérissent ne sont pas rentables et ne sont donc pas développés par les laboratoires pharmaceutiques, qui parallèlement développent des médicaments qui chronicisent les maladies et qui doivent être consommés de manière ininterrompue, » Roberts a déclaré dans une interview au magazine «PijamaSurf».Certains médicaments qui pourraient guérir entièrement une maladie ne sont pas développés. Cela est-il normal que l’industrie de la santé soit régie par les mêmes valeurs et principes que le marché capitaliste, lesquels ressemblent beaucoup à ceux de la mafia? », demande le prix Nobel 1993 de médecine. (ndlr: ça fait du bien d’entendre ça de la part d’un prix Nobel de médecine).Le savant et chercheur accuse les labos d’oublier de servir le peuple et de s’occuper uniquement de la rentabilité économique. «J’ai vu comment, dans certains cas des chercheurs qui dépendaient de fonds privés auraient pu découvrir des médicaments très efficaces qui auraient pu complètement venir à bout de certaines maladies », a t-il expliqué.Il ajoute que les entreprises cessent d’enquêter, car « Les compagnies pharmaceutiques sont davantage intéressées à votre porte-monnaie qu’à votre santé, c’est pourquoi les recherches, tout à coup, sont déviées vers la découverte de médicaments qui ne guérissent pas, mais qui rendent les maladies chroniques permettant aux malades de constater des améliorations qui disparaissent dès lors que l’on cesse de prendre le médicament. »En ce qui concerne les raisons pour lesquelles les hommes politiques n’interviennent pas, Roberts affirme que «dans notre système, les politiciens ne sont que des employés des gros capitaux qui investissent ce qui est nécessaire pour assurer la victoire à leurs poulains, et s’ils ne sortent pas vainqueurs, ils achètent les élus « . (Ndlr: Tout est dit, Obama nous en a donné un bon exemple avec Monsanto). »A noter après quelques recherches que cet article ressemble beaucoup à un autre accordé en 2007 au journal La Vanguardia et qui apportent plus de précisions sur les manipulations des labos concernant les médicaments.Laurent FreemanPour l’anecdote, Russia Today a publié également un sondage en bas de son article. Avez-vous confiance en l’industrie pharmaceutique? 86,9% des internautes ont répondu que non, comme ça c’est clair!Source: Russia Today
Voici l’extrait de l’entretien accordé par Richard J. Roberts à La Vanguardia
(Image: Barcelona Newspapers)Lluís Amiguet: Quel mode d’organisation de la recherche est plus efficient, selon vous : celui des Etats-Unis ou celui européen ?Richard J. Roberts : Il est évident que celui des Etats-Unis, auquel les capitaux privés contribuent activement, est plus efficient. Prenez l’exemple des avancées spectaculaires de l’informatique, où les capitaux privés financent la recherche fondamentale et les applications industrielles. Mais ce n’est pas la même chose quant au rôle des industriels dans la santé. Là, j’ai des réserves.Je vous écoute.On ne peut pas admettre que les recherches portant sur la santé des êtres humains aient la rentabilité économique pour seul critère. Ce qui est bon pour les actionnaires et pour l’entreprise n’est pas toujours bon pour les personnes.Qu’entendez-vous par là ?L’industrie pharmaceutique veut servir les intérêts des capitaux sur les marchés…C’est le cas de n’importe quelle industrie.Mais il ne s’agit justement pas de n’importe quelle industrie, car nous parlons de notre santé, de nos vies et de celles de nos enfants comme de millions d’êtres humains.Mais si les applications sont rentables, les recherches seront meilleures [les industriels auront intérêt à les intensifier].Lorsqu’on ne pense qu’en termes de bénéfices, on ne se préoccupe plus d’être au service des êtres humains et de leur santé.Pouvez-vous donner des exemples ?J’ai connaissance de certains cas dans lesquels des chercheurs [investigateurs] dont les recherches dépendaient de financements privés auraient pu mettre au point des médicaments efficaces, capables de guérir définitivement certaines maladies…Et pourquoi ne l’ont-ils pas fait ?Parce que trop souvent, l’intérêt des laboratoires pharmaceutiques n’est pas de guérir les maladies, mais de faire de l’argent, ce qui fait que les recherches sont orientées non pas vers la découverte de médicaments qui guérissent, mais de molécules qui entretiennent la maladie, qui la chronicisent tout en améliorant l’état des malades. Ceux-ci constatent qu’ils vont mieux tant qu’ils prennent les médicaments – et continuent à les prendre.C’est une accusation grave.Et pourtant, cela n’a rien d’inhabituel pour l’industrie pharmaceutique. Ses intérêts la poussent à favoriser la recherche de médicaments qui ne guérissent pas, mais ne font que chroniciser les symptômes et les maladies. Pour la simple raison que ces traitements seront beaucoup plus rentables que ceux qui guérissent tout, en une seule cure et pour toujours. Par ailleurs, il vous suffit de regarder les analyses financières des laboratoires pharmaceutiques pour vérifier mes dires [par exemple les bénéfices escomptés de la vente de tel médicament pris pendant des dizaines d’années par des millions de malades, NdT].Il y a des dividendes qui tuent…Voilà pourquoi je vous disais que la santé ne saurait être un marché comme un autre et qu’on ne pouvait pas non plus la comprendre seulement comme un moyen de faire de l’argent. Et c’est pourquoi je crois que le modèle européen de l’organisation mixte de la recherche, financée par des capitaux privés et publics, est moins perméable aux abus de ce type et ne les facilite pas à ce point.Pouvez-vous donner des exemples d’abus ?On a arrêté les recherches menant au développement de nouveaux antibiotiques, parce qu’ils sont très efficaces et guérissent tout. Et puisqu’il n’y a pas eu d’innovation, les microorganismes pathogènes sont devenus résistants, et on voit resurgir des maladies comme la tuberculose, qui a tué un million de personnes l’année passée [en 2006], alors qu’elle avait été éradiquée dans mon enfance.Vous parlez du Tiers monde ?C’est un autre triste chapitre… Il n’y a pas de recherches médicales sur les maladies spécifiques au Tiers monde, parce que les médicaments ne seraient pas rentables. Mais non, je vous parlais de notre monde, du « premier monde », celui dans lequel les médicaments qui guérissent ne sont pas rentables, ce qui fait que l’industrie pharmaceutique ne finance pas de recherches là-dessus.Et les hommes politiques n’interviennent pas pour changer les choses ?Ne vous faites pas d’illusions. Dans notre système, les hommes politiques ne sont guère que des employés des grands capitaux privés qui investissent ce qu’il faut pour faire élire ceux qui porteront leurs intérêts. Et si ceux-ci ne sont pas élus, les capitaux achèteront ceux qui le sont.Ils y arrivent de toute façon.Le capital n’a qu’un seul intérêt : se multiplier. Presque tous les hommes politiques – et je ne le dis pas à la légère – [ont des conflits d’intérêts qui induisent une] dépendance éhontée par rapport aux multinationales pharmaceutiques qui financent leurs campagnes électorales. Tout le reste n’est que démagogie… »