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28 mars 2024

Du Comité du Commun, plus que visible. Les acquis du premier tour avant même qu’il n’ait eu lieu.


 

23/04/2017

Du Comité du Commun, plus que visible.

 

Les acquis du premier tour avant même qu’il n’ait eu lieu.

Le Programme commun puis le mitterandisme avaient en leur temps grandement aidé à la disparition du Parti communiste français en tant que parti de classe. Au fil du temps, il s’est transformé en appareil moribond destiné uniquement à pourvoir en sièges de députés ou sénateurs la parentèle et les amis des cadres du Parti.

L’inadéquation manifeste entre la nouvelle présentation du capitalisme, plus transnational que jamais et tirant une part essentielle de son profit d’activités parasites (la financiarisation), et le cadre politique qui fut créé au cours des deux siècles derniers pour ses besoins industriels dans un cadre national a abouti ces jours-ci à la disparition, ou presque, de cette forme maintenant sans objet des partis nationaux. Aucun d’eux ne peut prétendre à être en compétition pour satisfaire à la démocratie.

Les peuples le savent tant et si bien que le seul qui gagne en nouvelles recrues est celui de l’abstention. Une bonne part de ceux qui se déplacent et portent leur bulletin dans l’urne espère sanctionner l’élu précédent qui les a déçus et trompés.

De plus en plus, et même en l’absence d’une conscience de classe qui constituerait l’acteur d’une histoire qui mettrait hors de nuire le mode de domination idéologique du capitalisme, le ‘peuple’ se rend compte que les décisions sont prises depuis une scène à laquelle il n’a pas accès. L’exercice de la désignation par des élections nationales de fondés de pouvoir du capitalisme à son stade actuel est vain et perçu comme tel.

Le phénomène Macron est un produit de la marchandisation de ce rituel, venu pallier à la désintégration des partis qui jouaient jusque là à simuler une alternance. Le Pari socialiste n’est plus.

Le parti gaulliste ou ce qu’il en tenait lieu est décédé, pourri comme son partenaire dans la comédie représentative par la prévarication, les scandales financiers et autres joyeusetés qui accompagnent inévitablement des entités devenues sans objet.

Macron prétend transcender une bipolarité inexistante dans la réalité.

Quelques observateurs se sont plu à faire l’inventaire de ses expressions favorites, la plus emblématique est ‘mais en même temps’, lui permettant d’annoncer une proposition tout en avalisant sa contraire. Au siècle précédent, les grands établissements financiers choisissaient la fleur des intellectuels sécrétée par l’école française. Pompidou était un normalien qui fut recruté par la banque Rothschild. D’Estaing avait concouru et réussi Polytechnique. Le palais de l’Elysée se propose maintenant d’accueillir un raté de Normale, joli garçon, qui peut faire rêver la ménagère de 50 ou 60 ans, célibataire ou divorcée, et elles sont légion dans l’hexagone auquel on a appris à bien balancer les arguments dans un discours. Il est le prototype même du sophiste qui parcourait les espaces publics à Athènes pour enseigner la rhétorique aux jeunes patriciens, une fois que le pouvoir se conquérait par le verbe et non à la pointe de l’épée.

Bien sûr, toute une machinerie médiatique, à laquelle il a rendu service lors de son court passage auprès du Dernier Socialiste de la 5ème République, s’est mise en  route pour lui assurer le plus grand des espaces à partir desquels il a harangué continûment les foules.

Un candidat qui se revendique du gaullisme et du programme du CNR, F. Asselineau a établi une corrélation qui peut valoir de loi, la proportionnalité entre le pourcentage obtenu aux élections et le temps d’exposition des postulants sur les medias. L’arrivée au pouvoir de Trump n’est pas une exception à cette règle, il a bénéficié d’une publicité indirecte contre-productive pour sa concurrente tant il a été caricaturé et attaqué.

Le Front National n’est pas un parti fasciste.

Xénophobe. Oui

Capitaliste. Oui

Mais il partage ces deux traits avec l’ancien RPR ou LR et une bonne frange des socialistes. Il drague les derniers nostalgiques de l’Algérie française et les Harkis trahis par la France ? Oui. Sarközy avait pêché des voies dans ce même conservatoire d’une France d’avant les années 60.

Est-il fasciste pour autant ?

A-t-il la volonté de conquérir un espace vital pour un capitalisme plein de vitalité industrielle à l’étroit dans ses frontières, ce qui est la caractéristique majeure du fascisme allemand et italien ? Bien sûr que non. Il n’en a pas les moyens non plus.

A-t-il des velléités totalitaires, certes oui.

Mais pas plus que le Parti socialiste qui a institué un état d’urgence sans fin sous prétexte d’un terrorisme qu’il a contribué à créer. Depuis 2001, les différents pays vivent un incendie du Reishtag  à intervalles réguliers, au rythme d’attentats plus ou moins bien ficelés. La surveillance et le contrôle du moindre fait et geste des citoyens est déjà advenue : internet, cartes bancaires, téléphonie satellitaire.

La désignation d’un ennemi de l’intérieur figuré par l’immigré arabe et musulman est un logiciel de campagne électorale validé depuis longtemps par l’ensemble du corps politique français. On a même vu un communiste qui n’a jamais proposé de loi au cours de sa très longue vie de député se lever sous le règne de Sarközy commettre la loi contre la Burqa, alimentant un discours devenu normatif qui a conduit à la création d’un Ministère de l’Identité Nationale.

La version Front National du capitalisme n’a pas été comprise par ses adversaires de ‘gauche’.  Elle prétend reconstruire un souverainisme qui n’a rien de péjoratif en soi. Mais ici, il est arc-bouté sur une vision mythique d’une dénaturation de l’essence française en raison d’une invasion programmée par les hordes d’Africains et de Nord-Africains. Elle ne veut pas voir que  depuis 1945, la France est soumise à une américanisation culturelle intensive, comme le reste du monde (non communiste).

Sortir des traités européens qui stérilisent toute politique nationale reste une condition nécessaire pour rendre possible les luttes sociales à cette échelle. Quand le FN défend cette position, il la popularise, et c’est un gain. Mais le FN, même dans sa mouture nationaliste, reste impérialiste car il ne renonce pas aux ressources de la Françafrique et ne s’élève pas contre les guerres menées par la France au sein de l’OTAN. Il ne s’est pas levé pour protester, publiquement et fortement, contre la guerre qui a été faite au peuple et à l’Etat libyens et à sa suite à des centaines de millions d’Africains subsahéliens. Il n’a pas dénoncé avec l’énergie nécessaire l’implication de la France dans la réorganisation de l’Orient arabe au profit de l’idéologie fasciste sioniste.

Le mouvement des Insoumis.

Avec un (ex-?)socialiste à sa tête peut-il faire avancer une construction de moyens organisationnels pour trancher les mille têtes de l’hydre capitaliste ?

Dans l’état actuel des forces en présence, le risque est très grand d’une déception majeure à la Tsipras, avec toute une génération de jeunes qui seront perdus pour l’espoir et donc pour entreprendre de mettre fin à cet ordre aberrant.

Nous ne sommes pas en 1914, à un niveau de crise de surproduction et de moindre profit qui va se régler par un nouveau partage des richesses et des marchés à l’échelle mondiale. Le moindre recoin de la planète est domestiqué et pris en charge par une globalisation qui met (assez peu) en concurrence des multinationales pour aboutir à des éliminations non par la guerre mais par des fusions-acquisitions.

Nous ne sommes pas en 1936 dans un marasme économique lié à un nouveau cycle de récession avec des forces ouvrières organisées, indépendantes et puissantes car de leur combat naissent des réformes à l’avantage des travailleurs. Ce qui allait contribuer à produire en réaction à l’échelle mondiale 1939.

Nous ne sommes donc pas non plus en 1939. Où la rivalité entre puissances impérialistes de potentiel égal existait et où le capitalisme était menacé par la révolution bolchévique, deux facteurs qui ont été la cause et la condition de la guerre.

Nous sommes à une phase de déclin de l’hégémonie économique et politique de la nation qui a tiré profit des tueries des Européens entre eux sans que n’émerge une réelle puissance concurrente. Ce paysage de désolation est installé dans un décor de guerres faites à des nations sans défense qui osent la souveraineté et une existence sans dette vis-à-vis des prêteurs prédateurs. Il en résulte pour la France et les pays de l’UE une situation de protectorat, « protection contre soumission » assurée à toutes les puissances européennes résiduelles de la part de l’hyperpuissance d’outre-Atlantique. Empêtrée dans une crise structuelle immobilisante, elle affecte les postures, certes dangereuses, d’un catcheur exhibant ses gonflettes, à l’occasion de guerres d’intimidation et de pure destruction, sans plus aucune capacité de reconstruction ni même d’exploitation rationnelle du pays détruit.

Une réelle instabilité avec menace d’affrontement nucléaire toujours profilée à l’horizon depuis maintenant deux décennies est désormais installée. Le capitalisme à ce stade de décomposition avancée a choisi cette solution de guerre permanente, préventive ou encore contre le terrorisme ou mieux encore, révolutions colorées disent-ils comme mode de perpétuation de son existence. Il n’a plus rien à offrir sinon destructions et rapines.

Quel mouvement a-t-il assez de forces pour au moins concrétiser deux prérequis fondamentaux qui convergent sur la souveraineté nationale :

 

Faire cesser les guerres et sortir du carcan européen ?

Badia Benjelloun

LEMONDE.FR | 25.04.06 | 15h18 • Mis à jour le 03.05.06 | 23h50

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