LA PART CROISSANTE DU SOFT-POWER DANS LA GEOPOLITIQUE DU XXIe SIECLE (I) : L’EUROVISION DEVENUE ARENE GEOPOLITIQUE
16 mai 2017
Luc MICHEL/ EODE Think Tank/ 2017 05 15/
Le Soft-power prend une part de plus importante dans la nouvelle Géopolitique du XXIe Siècle. Démonstration avec l’Eurovision …
Conçu comme un ferment d’unité européenne, le concours de l’Eurovision, disputé pour la première fois en Suisse en 1956, est devenu au fil des ans une chambre d’écho des rivalités nationales et de la confrontation Est-Ouest (devenue la nouvelle Guerre Froide 2.0), illustrées une fois encore cette année par le différend entre Moscou et Kiev sur le choix de la candidate russe. La décision honteuse de l’Ukraine, pays hôte de l’édition 2017, d’interdire l’entrée sur son territoire à Ioulia Samoïlova, en raison d’un précédent concert donné en Crimée après l’annexion de cette péninsule par Moscou, a entraîné la colère de la Russie qui ne participera finalement pas à la compétition. Et viole l’esprit même du concours.
CONFRONTATION GEOPOLITIQUE ET CHOC DES SOFT-POWERS :
TROIS ANNEES DE SUITE UNE TRIBUNE PARTISANE A L’EUROVISION POUR L’UKRAINE
Déjà, en mai 2016 à Stockholm, la crise russo-ukrainienne s’était invitée à l’Eurovision avec la victoire de la chanteuse ukrainienne Jamala. La jeune femme qui évoquait dans sa chanson « 1944 » la déportation des Tatars de Crimée par Staline durant la Seconde Guerre mondiale s’était inspirée des récits de son arrière-grand-mère qui avait vécu cet épisode tragique de l’histoire soviétique. Oubliant, et les médias de l’OTAN avec elle, de préciser la collaboration massive des Tatars de Crimée avec la Wehrmacht et la SS entre 1941-44, dans une Crimée directement annexée au IIIe Reich (Sébastopol y étant rebaptisée en Friedrichhaffen)
La Russie, qui a rattaché la Crimée et Sébastopol en mars 2014, après un Référendum d’auto-détermination (monitoré par EODE), avait protesté, et plusieurs responsables russes avaient dénoncé une victoire « politique » aux dépens du candidat russe, Sergueï Lazarev, grand favori des parieurs et des téléspectateurs. Deux ans plus tôt, le candidat à la mairie de Kiev, Vitali Klitschko (vieux mercenaire des « vitrines légales de la CIA » et des Réseaux Söros, dès 2003 avec « Pora » la version locale de « Otpor/Canvas ». Mais aussi cadre de la CDU-CSU de Mme Merkel à Munich), avait appelé « les Européens à voter pour son pays en signe de solidarité ». Les candidates russes avaient été copieusement sifflées et la victoire du travesti barbu autrichien Conchita Wurst avait été interprétée avec raison comme un pied-de-nez au président Vladimir Poutine, qui l’avait critiqué.
DES TENTATIVES MALADROITES D’EVITER LA POLITIQUE A L’EUROVISION
A plusieurs reprises, afin d’éviter des tensions politiques, des participants ont été invités à modifier ou changer de chanson. Ainsi en 2015, le titre du groupe arménien, « Don’t deny » (ne niez pas), considéré comme une injonction trop directe à la Turquie qui refuse de reconnaître comme génocide les massacres d’Arméniens de 1915, est rebaptisé « Face the shadow » (Faites face à l’ombre). En 2009, moins d’un an après le conflit entre Russie et Géorgie, les organisateurs exigent que le groupe géorgien Stephane&3G récrive la chanson « We Don’t Wanna Put In », critique transparente contre le président Poutine. La Géorgie refuse et ne participe pas au concours.
Deux ans plus tôt, Israël a réussi en revanche à passer entre les gouttes avec « Push the button » (Appuyez sur le bouton), interprété comme une invitation à bombarder l’Iran. Il est à noter qu’aucun pays arabe ne participe à l’Eurovision.
Lors de l’édition 2005, le groupe ukrainien Greenjolly a du édulcorer les paroles de sa chanson « Razom nas bagato » (Ensemble nous sommes nombreux), hymne de la « Révolution orange » qui avait porté l’opposition pro-occidentale au pouvoir par une des premières « révolutions de couleur » (la soi-disant « révolution orange »). « La sélection surprise de cette formation, totalement inconnue avant la révolution, avait déclenché une avalanche de critiques contre le pouvoir, accusé d’avoir manipulé le vote ».
DE LA GUERRE FROIDE A LA « NOUVELLE GUERRE FROIDE 2.0 » :
L’EUROVISION MIROIR DE LA CONFRONTATION EST-OUEST …
Les incidents diplomatiques lors de l’Eurovision peuvent être énumérés presque à l’infini, du boycott par l’Autriche du concours organisé en 1969 dans l’Espagne franquiste au refus de l’Arménie de participer à l’édition 2012 en Azerbaïdjan.
Mais c’est la Guerre froide qui a le plus durablement marqué l’Eurovision. Créé durant cette période par les télévisions publiques occidentales, le concours de chant est rejoint dès 1961 par la Yougoslavie, dans ce qui est apparaît comme un nouveau geste d’indépendance de Tito vis-à-vis de Moscou. En 1968, en plein écrasement de la contre-révolution dite du « Printemps de Prague » par les chars russes, l’Autriche manie également le symbole en se faisant représenter par un chanteur tchèque, Karell Gott.
A la chute du Rideau de fer, l’adhésion à l’Eurovision est l’une des premières décisions des anciens pays du bloc soviétique.
* Eurovision, Géopolitique et confrontation Est-Ouest :
Ecouter aussi l’analyse par Luc MICHEL du Concours 2014 sur
RADIO MOSCOU/ LA VOIX DE LA RUSSIE
Podcast sur https://www.youtube.com/watch?v=6HUHYAw9E04
… MAIS AUSSI ARENE IDEOLOGIQUE ENTRE LES DEUX EUROPES (*) : L’EUROPE AMERCANISEE ET AMERICAINE DE BRUXELLES VS LA GRANDE-EUROPE CONTINENTALE DE MOSCOU
Nous n’avons pas ce mépris des ‘intellectuels’ fatigués et prétentieux pour le concours Eurovision. Qui donne une vision de la Grande-Europe qui est la nôtre, bien loin des frontières étriquées de la petite UE croupion, des rives de l’Islande au Caucase, de la Russie à la Turquie … Mais le concours est aussi, hélas, une démonstration de l’invasion de cette ‘world music’ américanisée lancée par les majors yankee à l’assaut des cultures populaires, dans la Guerre culturelle que Washington et Hollywood mènent sans trêve. Le choc entre les deux Europe, celle de Bruxelles et celle de Moscou (qui sont des modèles idéologiques anagonistes) s’est exposé de façon lumineuse avec la candidature polonaise. Qui chantait dans sa langue et redonnait le goût de la culture populaire et des traditions slaves … « Nous sommes Slaves » disaient ces charmantes filles de l’Est à la saine sensualité.
S’en suit un choc, occulté à l’Ouest mais médiatisé à l’Est et en Grande-Bretagne, entre le vote populaire pour la chanson polonaise immédiatement « corrigé » et falsifié par les jurys officiels. « Controverse sur le vote après que le public britannique ait révélé avoir voté Donatan & Cleo en premier – mais le jury les a placés dernier (…) un concours de plus en plus hargneux et politisé qui a vu les jeunes participantes russes huées par une partie de l’auditoire», dira «The Independent». ..
* Voir le Video clip :
Donatan & Cleo – My Słowianie – We Are Slavic (Poland)
LUC MICHEL / EODE / GEOPOLITIQUE
(*) Sur le concept des « deux Europe », Cfr. :
les thèses de Luc MICHEL sur EODE THINK TANK
GEOPOLITIQUE / THESES SUR LA « SECONDE EUROPE » UNIFIEE PAR MOSCOU
sur http://www.eode.org/eode-think-tank-geopolitique-theses-sur-la-seconde-europe-unifiee-par-moscou/
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# EODE ORGANISATION :
* EODE-TV :
* ЕВРАЗИЙСКИЙ СОВЕТ ЗА ДЕМОКРАТИЮ И ВЫБОРЫ (ЕСДВ)/
EURASIAN OBSERVATORY FOR DEMOCRACY & ELECTIONS
(EODE) :
- eurovision I .jpg
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