Libye: qui est Seif al-Islam, le fils de Kadhafi libéré par un groupe armé?
20 juin 2017
Arrêté par des milices en 2011 puis condamné à mort en 2015, celui qui aurait pu succéder à son père à la tête du pays est toujours recherché par la justice internationale.
Il avait été capturé par un groupe armé libyen en 2011 puis condamné à mort en 2015. Depuis, très peu de nouvelles avaient filtré. Mais Seif al-Islam, le fils le plus en vue de Mouammar Kadhafi, a semble-t-il été libéré samedi soir par les hommes qui le détenaient, des rebelles de Zenten, à 170 km au sud-ouest de Tripoli.
La raison? Une amnistie adoptée par le Parlement qui siège dans cette région du pays. Sa destination? Inconnue. Ou plutôt gardée secrète par mesure de sécurité. Car Seif al-Islam reste toujours activement recherché par la Cour pénale internationale. Qui est cet homme de 44 ans qui a longtemps fait figure de successeur à son père?
LIRE AUSSI >> Libye: ainsi parlait Seif al-Islam Kadhafi
Une apparente modernité
Il n’avait pas de fonction officielle dans l’organigramme du régime, mais Seif al-Islam pesait. Plusieurs fois, il avait représenté son pays dans le cadre de négociations internationales. Il s’est d’ailleurs fait connaitre dans l’affaire des infirmières bulgares libérées en 2007, où il avait joué le médiateur. L’année suivante, il annonçait un plan de modernisation de la Libye.
Dans un entretien accordé à L’Express en 2004, Seif al-Islam apparaît moderne, ouvert et même pionnier du réformisme. Il parle de boucler sa thèse de philosophie politique à la London School of Economics. Il pointe du doigt la suspension d’un journal critique, évoque la nécessité de faire des « réformes », assure ne pas vouloir succéder à son père, parle encore des droits de l’Homme: « Notre situation est meilleure (…) que celle des États-Unis », dit-il. A ce moment-là, Seif al-Islam fréquente la jet-set en Europe.
Condamné à mort et recherché par la CPI
Mais lorsque le « Printemps arabe » touche le pays en 2011, pas question de soutenir la rue. Au contraire, il dénonce à la télévision un complot contre la Libye, met en garde la jeunesse et annonce que l’armée sera chargée de remettre l’ordre dans le pays. Il multiplie alors les apparitions publiques et devient le véritable porte-parole du régime de son père. Jusqu’au bout, Seif al-Islam tente bec et ongle de sauver le régime dictatorial..
La Cour pénale internationale l’accuse même d’avoir joué un rôle-clé dans la mise en oeuvre d’un plan visant à réprimer le soulèvement populaire. Quand son père meurt le 20 octobre 2011 et que le régime chute, il devient alors un homme recherché. La CPI le veut, elle l’accuse de crimes contre l’humanité.
LIRE AUSSI >> Le régime de Kadhafi a-t-il inoculé le sida à des enfants de Benghazi?
Et maintenant?
En fuite, il est finalement arrêté en 2011 par des milices formées d’anciens rebelles. La CPI le réclame mais la Libye refuse de lui envoyer. Il sera jugé ici, par la justice de son pays, qui promet un procès régulier, conformément aux critères internationaux. Il est finalement condamné à mort en 2015 au cours d’un procès dénoncé par les organisations internationales.
Quel rôle pour lui demain? C’est toute la question. Dans une Libye en proie aux groupes armés, sa libération questionne. Dans certaines régions du pays, notamment à l’est, des caciques de l’ancien régime réclamaient sa remise en liberté depuis longtemps.