Par Andrès Allemand (revue de presse : Editorial – La Tribune de Genève – 18/17)*
Patatras! Il s’écroule, le plan pour mettre au pas le Qatar. L’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn et l’Egypte ont décrété le 5 juin un embargo qui ne semble pas avoir l’effet escompté. Ce micro-Etat doté d’une superpuissance gazière ne semble pas près d’arrêter de les narguer, notamment à travers la chaîne Al-Jazira basée à Doha.
Officiellement, ces quatre pays accusent le Qatar de soutenir des groupes sunnites qualifiés de «terroristes» – parmi lesquels le Hamas et les Frères musulmans – mais aussi de trop ménager l’Iran chiite, pays avec lequel il partage le plus important champ gazier offshore du monde. L’embargo a d’ailleurs été décrété suite à la diffusion d’une dépêche de l’agence de presse du Qatar dans laquelle l’émir rendait hommage à son grand voisin chiite. Or, si l’on en croit le Washington Post, cette dépêche était bel et bien l’œuvre de hackers qui travaillaient probablement pour le compte des Emirats arabes unis.
Pire: le président étasunien Donald Trump, qui avait d’abord applaudi le blocus «antiterroriste» décrété par Riyad et ses alliés, semble maintenant favoriser une levée de l’embargo et un approfondissement du partenariat stratégique avec Doha, avec des contrats militaires à la clé. D’ailleurs, de manière générale, les puissances occidentales n’ont pas emboîté le pas des quatre pays appliquant le blocus.
Pour couronner le tout, l’embargo n’a pas provoqué de pénurie au Qatar. En premier lieu, parce que le blocus a encore rapproché le petit émirat de l’Iran chiite et de la Turquie d’Erdogan (proche des Frères musulmans et du Hamas), qui lui ont immédiatement fourni de l’aide. Ensuite, parce que Doha a les moyens de s’affranchir en grande partie des importations venues d’Arabie saoudite et des Emirats arabes unis. Bref, tout indique que le Qatar est en train de se libérer de sa dépendance à leur égard.
Source : La Tribune de Genève