Dieudonné traite donc de sujets très divers tels que la maladie, la mort, la société individualiste et narcissique, l’omnipotence du lobby LGBT, etc., le plus souvent à travers le prisme de la guerre qui est le fil conducteur du spectacle. La présence scénique de l’humoriste franco-camerounais est toujours aussi forte et efficace. Il ponctue également ses sketchs avec quelques piques à l’égard des gens qui l’ont persécuté à cause de son insoumission, mais elles prennent la forme d’allusions subtiles qui parviennent à donner un rythme soutenu au spectacle.

Dieudonné alterne, comme dans ses précédents spectacles, un personnage dialoguant avec le public qui manie aussi bien l’humour noir que les sarcasmes ou le cynisme et des personnages aussi divers qu’un prof de maths antillais, dont les métaphores sexuelles déclenchent un rire qui atteint des sommets dans la salle, un vétéran de la guerre 14-18, un braqueur de banque sud-américain qui change d’identité en cours de sketch, le témoin d’un viol en public particulièrement lâche, un prêtre qui vient apporter sa bonne parole auprès des mourants, un philosophe burkinabé, un misogyne qui s’acharne sur sa femme, un père de famille au supermarché en prise avec sa progéniture, un général américain qui déclenche une guerre thermonucléaire, la réincarnation de Jean Gabin. Il réussit même la performance d’incarner « l’argent ».

Dieudonné s’est tout bonnement sublimé ce soir là et il annonce que ce spectacle sera le dernier à la Main d’Or, dont les propriétaires travaillent à son expulsion définitive. Il s’agit assurément d’un spectacle à ne manquer sous aucun prétexte. Dieudonné mérite résolument son titre de meilleur humoriste de France. Il est déjà entré dans la légende et il pourra savourer sa retraite au Cameroun avec le sentiment du devoir accompli.

Alimuddin Usmani

source: http://lapravda.ch/index.php/2017/08/04/dieudonne-se-surpasse-dans-son-dernier-spectacle-la-guerre/