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14 novembre 2024

Introduction à la géopolitique de l’impérialisme britannique


Mardi 26 juin 2018

Luc MICHEL pour EODE/
Quotidien géopolitique – Geopolitical Daily/
2018 06 25/

Résumé français d’une analyse de Luc MICHEL
publiée originellement en anglais.

* Version anglaise complète sur :
LUC MICHEL’S GEOPOLITICAL DAILY/
INTRODUCTION TO THE GEOPOLITICS OF BRITISH IMPERIALISM
sur http://www.lucmichel.net/2018/03/16/luc-michels-geopolitical-daily-introduction-to-the-geopolitics-of-british-imperialism/

L’impérialisme britannique est aujourd’hui surtout une nostalgie de grandeur géopolitique. Mais différente de celles des autres petit-nationalismes européens – France, Allemagne, Pologne ou Roumanie – parce que l’impérialisme anglo-saxon a un héritier direct, l’impérialisme américain. La thalassocratie de Washington et Wall-street ayant succédé entre 1917 et 1945 à la puissance maritime de Londres. Les deux versions modernes de Carthage (1). Avec le Brexit, qui a été soutenu par les mêmes réseaux qui ont porté Trump au pouvoir, la relation privilégiée entre Londres et les USA s’est rénovée. Voilà un impérialisme britannique 2.0. Nous allons l’analyser dans une série d’analyses.

Mais en guise d’introduction, nous allons tout d’abord examiner comment la géopolitique vue des USA envisage le rôle de Londres, ses rapports avec le continent européen et ses rapports avec Washington. George Friedman (l’ex patron de Stratfor, qui dirige aujourd’hui ‘Geopolitical Future’) a publié en mars dernier « The Geopolitics of Britain » (2).

« LE PROBLÈME FONDAMENTAL POUR LA GRANDE-BRETAGNE A TOUJOURS ÉTÉ L’EUROPE CONTINENTALE »

Il explique comment « Le problème fondamental pour la Grande-Bretagne a toujours été l’Europe continentale. Le danger pour la Grande-Bretagne était qu’une entité unique et puissante surgisse qui pourrait faire deux choses. Premièrement, il pourrait s’allier avec l’élite écossaise pour faire la guerre contre l’Angleterre sur terre. Deuxièmement, il pourrait construire une force navale qui pourrait vaincre la marine britannique et débarquer une force d’invasion le long de la côte anglaise de la Manche. Les Romains l’ont fait, tout comme les Normands. Des puissances successives surgirent en Europe qui voyaient une opportunité de vaincre l’Angleterre et plus tard la Grande-Bretagne. Les Espagnols ont tenté une invasion au 16ème siècle; les Français au 19ème siècle; les Allemands au 20ème siècle. Chacun a été vaincu par les eaux traîtresses et la Royal Navy. Beaucoup d’autres invasions potentielles n’ont jamais été lancées parce que les marines n’existaient pas. Ils n’existaient pas à cause de la grande stratégie britannique, dont le noyau était que la masse continentale la plus proche, l’Europe continentale, placerait toujours la Grande-Bretagne à un désavantage démographique dans une guerre. La population de l’Europe était la base des armées beaucoup plus grande que celle que la Grande-Bretagne pouvait aligner. Par conséquent, la stratégie centrale était d’empêcher une telle force d’atterrir en Grande-Bretagne. (…) Grande stratégie britannique, donc, est de maintenir une grande force navale, mais au-delà, de faire ce qu’elle peut sur le continent européen pour décourager l’hégémonie sur le continent en empêchant la formation de coalitions ou en suscitant des rivalités. En d’autres termes, la grande stratégie britannique était une implication constante sur le continent européen, avec pour objectif principal de détourner toute nation se concentrant sur le développement naval. Ces actions pourraient impliquer une politique commerciale, soutenant diverses dynasties ou nations, utilisant la capacité de bloquer, ou insérant des forces terrestres limitées pour soutenir une coalition de forces. La stratégie britannique était un kaléidoscope interminable de tactiques …  »

APRÈS 1945 UN PORTE-AVION AMÉRICAIN FACE À L’EUROPE

Après 1945, le rôle géopolitique de Londres au sein de l’impérialisme anglo-saxon, dont Washington avait pris la tête, a été d’être un porte-avion américain face à l’Europe. Puis, lorsque le général de Gaulle (opposé à l’entrée de Londres dans la CCE, comme le géopoliticien Jean Thiriart) s’était retiré du pouvoir, la Grande-Bretagne était devenue un Cheval de Troie américain au sein de la CEE, devenue ensuite UE. Avec le Brexit, voilà Londres redevenue porte-avion US. Et en confrontation avec la puissance continentale réémergente, la Russie de Poutine, la 4e guerre punique (3) …

NOTES :

(1) Le conflit de Rome contre Carthage, de la puissance continentale contre la puissance maritime, le thalassocratie, est classique, fondamental en Géopolitique !
Je peste souvent contre cette absurdité historique et géopolitique sans nom ! Beaucoup d’écrivains aujourd’hui à l’extrême-gauche commettent un contresens de même nature que celui des Spartakistes allemands en 1916-19, se déclarant « spartakistes », et qui relève de la même erreur d’analyse sur l’Empire romain. Parce qu’ils ne connaissent mal l’Histoire et la géopolitique. Et parce que le Gauchisme développe, singulièrement depuis Mai 1968 en France, Italie ou Belgique, un discours anti-étatique et anti-jacobin. Notamment, des gens comme l’idéologue italien Toni NEGRI, qui parlent des Etats-Unis comme « d’un nouvel Empire romain » (sic). Contresens copié-collé de chez les Altermondialistes par certains idéologues néofascistes ou pro islamistes français et italiens.
Les Américains, c’est Carthage !!! Avec l’impérialisme carthaginois, ils partagent le recours à des armées de mercenaires, la domination par une oligarchie, non pas politique, mais économique et une vision qui consiste non pas à diffuser une culture, mais à piller la planète.
La Géopolitique de la Grande-Europe – qui est aussi la base et la matrice des thèses néo-eurasistes – ne fait qu’exprimer une vision globale, politique, éthique, de civilisation que l’on peut résumer par la formule lapidaire « Rome contre Carthage » !

Cela n’a rien de nouveau. Dès 1967, THIRIART pouvait déjà s’emporter: « Nous avons lu, sous la plume d’un journaliste du régime, que les Etats-Unis semblaient devenir la « nouvelle Rome ». C’est là un échantillon de l’inculture historique – crasse –. Les Etats-Unis sont essentiellement un Empire maritime, comme le fut longtemps l’Angleterre, comme tenta de l’être le Japon, entre Tsushima et Hiroshima. Le modèle parfait d’empire maritime demeure Carthage et le modèle parfait d’Empire continental reste Rome » Sur ce sujet capital, Jean THIRIART écrivait encore (« USA : un empire de mercantis. Carthago delenda est », LA NATION EUROPEENNE, n° 21, Bruxelles & Paris, octobre 1967) : « Actuellement la lutte titanesque qui se profile en filigrane et qui s’inscrira dans le siècle à venir, sera la lutte pour l’hégémonie, entre une puissance maritime étalée et une puissance terrestre compacte, entre les Etats-Unis et la Grande-Europe. Les conditions continentales et maritimes ont fait naître des styles extrêmement opposés. Rome a été, malgré ses duretés et ses cruautés (…) une puissance civilisatrice tandis que Carthage n’a été qu’une puissance mercantile. De Rome partaient des hommes qui allaient pacifier, organiser, construire, unifier. De Carthage partaient des marchands, des représentants de commerce ; ils partaient pour aller rapidement s’enrichir (…) De Carthage, il ne reste rien : littérature, style architectural, pensée philosophique, pensée politique : c’est le vide. On ne peut s’empêcher de faire un rapprochement avec les Etats-Unis où s’observe aujourd’hui ce même phénomène d’une civilisation sans culture. Le navigateur revient toujours chez lui, le continental s’implante. On peut, sans exagération, affirmer que la géographie ou la géopolitique a créé un style politique ».

Les révolutionnaires allemands Karl LIEBKNECHT et Rosa LUXEMBOURG – dont LENINE jugeait les vues étroites et qui ont politiquement échoué là où les Bolchéviques ont triomphé – ont eu une vision historique complètement faussée en choisissant Spartacus et la Révolte des esclaves pour emblème. Les esclaves révoltés n’étaient nullement le prolétariat antique. Celui-ci, c’est précisément la plèbe, dont les intérêts s’exprimaient dans le Parti populaire et qui formaient l’ossature des Légions de Marius à César. Le légionnaire est obligatoirement un citoyen romain sous la République, héritage de l’ancienne Démocratie directe des origines romaines. La vision des révolutionnaires français de 1789, imprégnés de l’Histoire romaine, a été plus claire. Ce n’est pas sans raison que BABEUF, le « premier communiste de l’Histoire moderne » selon Marx, avait choisi comme prénom révolutionnaire celui de « Gracchus » ! Précisément les Gracques, les deux leaders martyrs du parti populaire, les tribuns de la plèbe assassinés de la République romaine.

(2) Voir George Friedman, “The Geopolitics of Britain”, ‘Geopolitical Futures’, March 20, 2018.

(3) Les trois guerres puniques opposèrent durant près d’un siècle la Rome antique et Carthage (civilisation punique et pas « africaine », les africains sont ses voisins numides, alliés de Rome). La cause initiale des guerres puniques fut le heurt des deux empires en Sicile, qui était en partie contrôlée par les Carthaginois. Au début de la première guerre punique, Carthage avait formé un vaste empire maritime (thalassocratie) et dominait la mer Méditerranée, alors que Rome avait conquis l’Italie péninsulaire (puissance continentale). À la fin de la troisième guerre punique, Rome parvint à conquérir les territoires carthaginois et à détruire Carthage, devenant ainsi la plus grande puissance de la Méditerranée.

(Sources : Geopolitical Futures – EODE Think Tank)

LUC MICHEL (ЛЮК МИШЕЛЬ) & EODE

* Avec le Géopoliticien de l’Axe Eurasie-Afrique :
Géopolitique – Géoéconomie – Géoidéologie – Géohistoire –
Géopolitismes – Néoeurasisme – Néopanafricanisme
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