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29 mars 2024

La Turquie tente de restaurer son influence en Libye


Le Parisien
04 juillet 2011,
La Turquie a choisi de reconnaître les rebelles de Libye et tente de restaurer son influence dans ce pays, tournant la page d’une diplomatie qui peine à trouver sa voie depuis le début de la crise. Patrick Baz
La Turquie a choisi de reconnaître les rebelles de Libye et tente de restaurer son influence dans ce pays, tournant la page d’une diplomatie qui peine à trouver sa voie depuis le début de la crise. »La Libye et la Turquie ont une histoire commune et un avenir commun » a lancé dimanche le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu à Benghazi, le fief des rebelles libyens.M. Davutoglu, qui était accompagné de dirigeants d’entreprises pétrolière et aérienne turques, faisait allusion au passé ottoman de la Libye et aux importants liens économiques entre les deux pays, aujourd’hui remis en question par le conflit.Ce message, le chef de la diplomatie turque l’a répété dans la soirée, lorsqu’il s’est adressé à plusieurs centaines de personnes, lors d’un bain de foule sur la Place de la Liberté, à Benghazi.Entouré de gardes du corps, il a parcouru les étals des marchands ambulants, accompagné par des Libyens enthousiastes qui criaient « Turquie, Libye ! » et, en anglais « Libya free, Kadhafi go away ! » (Libye libre, Kadhafi dégage!).Après un entretien avec le président du Conseil national de transition libyen (CNT), Mustapha Abdeljalil, M. Davutoglu a pour la première fois affirmé que le CNT est « le représentant légitime du peuple libyen ». »C’est une reconnaissance diplomatique, même si elle n’est pas officielle », puisqu’il n’y a pas d’ambassadeur turc à Benghazi, a commenté le rédacteur en chef du journal turc Daily News, Murat Yetkin. »C’est une indication claire que la politique turque, qui traînait un peu les pieds, a changé », a-t-il ajouté à l’AFP.Samedi, la Turquie avait déjà annoncé qu’elle rappelait définitivement son ambassadeur à Tripoli, qui avait quitté la ville en mars du fait des combats, et qu’elle adoptait des sanctions contre ce pays.
Le Journal officiel turc a ainsi publié un décret gouvernemental traduisant dans le droit turc les sanctions décidées en février par l’ONU contre le colonel Mouammar Kadhafi, sa famille et des proches.Les sanctions visent la Libyan Foreign Bank, qui possède 62,37% des parts de la banque turco-lybienne A&T Bank. Cette dernière est placée sous le contrôle du Fonds d’assurances des dépôts d’épargne.Seul pays musulman membre de l’Otan et important acteur régional, la Turquie durcit ainsi graduellement sa position à l’égard du régime libyen.Elle s’était dans un premier temps opposée aux sanctions, avait critiqué les frappes aériennes occidentales, puis avait proposé, sans succès, sa médiation avec une « feuille de route » restée sans suite.Début mai, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, qui entretenait de bonnes relations avec le colonel Kadhafi avant la crise, lui a finalement demandé de quitter le pouvoir et le pays.Il y a, dans l’hésitation turque à l’égard de la Libye, des explications économiques et politiques, explique Murat Yetkin.Avant la crise, des dizaines de milliers de Turcs travaillaient en Libye, notamment dans la construction, dans des projets estimés à 15 milliards de dollars (11 mds euros).
Plus de 17.OOO Turcs ont quitté la Libye fin février, laissant d’importants chantiers.Mais, ajoute Murat Yetkin, le « facteur politique est le plus important ». »La Turquie ne veut pas s’opposer aux pays avec lesquels elle a des liens historiques », dit-il.Et le parti islamo-conservateur au pouvoir craignait de froisser son opinion publique en prenant des « initiatives contre un pays musulman, avant les élections » législatives du 12 juin, qu’il a remportées haut la main, ajoute-t-il. »On a vu les conséquences de la guerre en Irak… Nous avons en Turquie un proverbe qui dit: « Celui qui s’est brûlé la langue sur du lait trop chaud souffle sur son yaourt ».

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