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22 novembre 2024

Un homme, des murs : « Carlos », prêt à assurer la sécurité de l’Etat bolivarien du Venezuela


Entre La Plume et l’Enclume

Un homme, des murs : « Carlos », prêt à assurer la sécurité de l’Etat bolivarien du Venezuela

Publié le 25/03/2019

[Tandis que les preuves s’accumulent, sur les réseaux terroristes en action derrière la déstabilisation du gouvernement du président élu Nicolâs Maduro, avec en tête d’affiche le fantoche Guaidô, et en tireur de ficelles la CIA, un document intéressant nous parvient, au sujet de « Carlos » Ilich Ramirez Sanchez, condamné pour activités terroristes, mais néanmoins prêt à assurer la sécurité de l’Etat bolivarien.]

Ilich Ramírez Sánchez « Carlos »: un homme, des murs

8-9 mars 2019, interview de « Carlos » Ilich Ramírez Sánchez par José Sanchez « Cheo » : « Avec ma longue expérience, je pourrais me charger de la sécurité de l’Etat bolivarien, au Venezuela ».

(José Sánchez « Cheo », Vénézuélien, dirige depuis Uppsala, en Suède, la radio Orinoco. Avec d’autres Vénézuéliens qui avaient connu d’Ilich dans sa jeunesse, il anime le collectif « Resolver », Comité pour le rapatriement d’Ilich), et il lui a rendu visite à la Maison centrale de Poissy.

Cheo : Alors Ilich, tu es un terroriste, un musulman, un internationaliste ou un homme à femmes?

Ilich: Je suis entré aux Jeunesses communistes du Venezuela en javier 1964, et je suis toujours communiste et internationaliste; je continue à combattre les terroristes impérialistes et sionistes. J’aime les femmes (je suis un hétérosexuel), et elles me le rendent bien. Communiste stalinien, je crois en Dieu comme le camarade Staline; lui, il était orthodoxe, moi je suis musulman.

Cheo: Mais tu es marxiste ou musulman?

Ilich: Karl Marx écrivait qu’il n’était pas marxiste, mais communiste. C’est mon père, athée et anticlérical, qui m’a appris que Mohammed est la principale personnalité de l’histoire, ce qu’affirmait aussi un communiste français dans sa biographie du Prophète, lui-même d’origine juive et athée.

Cheo: Et tu te sens toujours Palestinien?

Ilich: Je suis Vénézuélien par le sang reçu et Palestinien par le sang versé. Les divisions idéologiques et confessionnelles retardent la libération de notre sainte terre de Palestine, occupée par les sionistes.

Cheo: Que penses-tu de la position des pays européens face à la cause palestinienne?

Ilich: C’est de l’opportunisme, car à l’exception de l’Espagne, sous Franco, tous les pays d’Europe occidentale ont reconnu l’Israël.

Cheo: tu as été condamné trois fois à perpétuité, ce qui te fait combien d’établissements pénitentiaires à ce jour?

Ilich: Non, condamné à perpète cinq fois, car deux fois de plus en appel, j’ai séjourné dans six prisons: La Santé, Fresnes, Fleury-Mérogís, Saint Maur, Clairvaux et Poissy. Je suis arrivé à Poissy le 15 avril 2008, en provenance de Clairvaux. Donc dix ans en isolement complet, huit à la Santé, deux à Fresnes, et plusieurs semaines à Fleury-Mérogis.

Cheo: Comment te traite le personnel, ici à Poissy, et quel est ton emploi du temps?

Ilich: A quelques exceptions près, les gardiens sont très respectueux avec moi. Je suis cinq fois par semaine deux heures de cours niveau licence de lettres de l’Université Paris Diderot. Je marche un peu, tous les jours, en fumant des cigares cubains, l’après-midi, en passant mes coups de fil aux numéros autorisés, principalement à mes avocats.

Cheo: Et tes rapports avec les autres prisonniers?

Ilch: Ils me respectent, d’autant plus que je défends nos droits, par exemple nous avons obtenu la machine à café au parloir.

Cheo: Comment ça se passe pour la lessive, les courses, l’accès aux médias etc?

Ilich: On achète nos provisions et autres affaires à la « cantine », ou bien les avocats et les visiteurs nous en déposent. Nous avons tous accès à la radio et à la télévision, mais pas à internet. J’ai une bonne bibliothèque, dans ma cellule double, qui fait environ 17 m2.

Cheo: Dans les moments difficiles, est-ce que tu t’es senti abandonné par les Palestiniens, par le gouvernement du Venezuela, par ta famille, par tes femmes?

Ilich: Je suis un héros de la cause palestinienne, admiré par les peuples arabes. Il y a des traîtres à la Révolution bolivarienne qui sabotent les démarches pour mon retour au pays, et retardent mon rapatriement, indispensable. Ma famille est solidaire, et les femmes qui m’aiment… continuent à m’aimer!

Cheo: Tu continues à croire au socialisme? A quel socialisme, d’ailleurs?

Ilich: Les Etats socialistes européens ont échoué. Mais les Etats capitalistes et le capitalisme lui-même sont en phase terminale, dans leur étape impérialiste ultime. Je suis communiste et je suis persuadé que le socialisme ne peut triompher qu’en s’adaptant aux conditions historiques et sociales de chaque pays.

Cheo: Le commandant Fidel Castro prédisait que la lutte armée était dépassée, et qu’il fallait trouver d’autres formes de lutte. Qu’en penses-tu?

Ilich: La lutte armée n’est pas une option mais une nécessité historique imposée par l’ennemi impérialiste sioniste et ses larbins.

Cheo: Tu considères donc que le désarmement des FARC à la frontière entre la Colombie et le Venezuela a favorisé l’attaque impériale actuelle contre le Venezuela?

Ilich: C’est évident, mais je crois que le retour au combat politique lélgal constituerait une étape vers la victoire du socialisme en Colombie.

Cheo: On dit que les forces armées bolivariennes soutiennent sans faille le gouvernement du président légitime Nicolás Maduro. Mais s’il y avait une opération coordonnée, avec agressions groupées, à partir de la Colombie, du Brésil et de quelques îles de la Caraïbe, est-ce que ce ne serait pas la débandade, comme cela s’était passé en Irak?

Ilich: Non, en Irak en 2003, il n’y a pas eu de débandade militaire, la résistance baasiste avait été préparée depuis les bombardements US de 1991, et elle continue jusqu’à ce jour à se manfester avec des victoires contre les envahisseurs, sous le commandement du camarade et général en chef Izzat Ibrahim al-Douri. Une invasion US au Venezela est improbable, même avec la Colombie (9 bases militaires US!), le Brésil et les Antilles hollandaises à leurs bottes.

Cheo: Les milices populaires bolivariennes offrent plus de garantie que l’armée, dans le cadre d’une résistance populaire prolongée, comme cela a été le cas en Syrie?

Ilich: La structure de l’armée bolivarienne avec l’appui des milices populaire lui permettra de résister à toute agression impérialiste.

Cheo: Et comment crois-tu que la Russie et la Chine se mettront de la partie, face à une invasion du Venezeula; ce sera pour défendre leurs investissements et autres intérêts, ou bien ils prendront seulement des mesures politiques pour faire faceà l’ONU, tout-à-fait discréditée?

Ilich: La Chine et la Russie ont déjà fait savoir qu’elles sont prêtes à soutenir militairement le gouvernement bolivarien, parce que c’est dans leur intérêt géostratégique, économique et financier. Ce sont des déclarations tout à fait sérieuses.

Cheo: Tu te souviens du café Meteliza à Moscou, et de ton professeur de russe, qui avait un chien, et qui était si belle?

Ilich: Non, pas du café, mais des rues du centre, à Moscou, et de la Place rouge, si; et de ses bons hôtels; la dernière fois que j’y suis passé, c’était en 1978. J’ai oublié le nom de la prof de russe, mais je me rappelle qu’elle était belle, et que je lui plaisais bien.

Cheo: Et ta phonétique en espagnol, en russe et en anglais, ça s’est arrangé, depuis l’université?

Ilich: J’avais commencé à apprendre le russe à Londres, avec mon frère Lenín, en 1968. Pour la phonétique, je suis toujours aussi mauvais, dans mes huit langues.

Cheo: La jeunesse, ça passe trop vite, décidément….

Ilich: Dans ma famille, on tient le coup 90 ans, au moins, tant du côté de mon père que de celui de ma mère. J’ai eu en fait une très longue jeunesse. Naturellement, ce qui me manque le plus, c’est la liberté avec mes camarades, et la vie de famille.

Cheo: Si tu pouvais revenir en arrière, tu aurais pu éviter de te retrouver derrière les barreaux et en France, maintenant?

Ilich: Certainement, je serais parti en Irak, au lieu d’aller au Soudan.

Cheo: « Mon pays, c’est là où je vis », disent les Espagnols. Après tous tes voyages, où est-il, ton pays?

Ilich: je suis Vénézuélien et je suis un fedayin palestinien.

Cheo: Au bout d’un quart de siècle derrière les barreaux, comment perçois-tu l’essor de la technologie digitale?

Ilich: Je n’y connais rien, après tout ce temps entre quatre murs!

Cheo: Notre cher Tío Simón Díaz chantait « il n’y a pas de deuxième chance, après cette vie… » En Suède nous avons vu le documentaire de Sophie Bonnet, tu l’as vu? Moi, cela m’a donné envie de te poser d’autres questions. Qu’est donc devenue cette Allemande, la mère de ta fille?

Ilich: Simón Díaz n’envisageait que la vie sur terre, ici-bas. Le soi-disant documentaire de Sophie Bonnet est plein de mensonges. Magdalena Kopp est morte, du cancer, à Francfort, ma fille Elbita vit là-bas avec son mari et ses deux enfants, elle ne peut pas venir me voir souvent, mais elle est venue pour mon anniversaire, mes 69 ans.

Cheo: Si tu étais amnistié et rapatrié, que ferais-tu?

Ilich: Je ne demande pas à être gracié, juste à être rapatrié.

Cheo: Bon, mais si cela devait avoir lieu…

Ilich: Avec ma longue expérience, je pourrais me charger de la sécurité de l’Etat bolivarien, au Venezuela.

Cheo: Dans le documentaire de Sophie Bonnet, on dit que le chef palestinien a coupé les ponts avec toi après une décision que tu avais prise au sujet des ambassadeurs de l’OPEP. Qu’est-ce que tu as à répondre?

Ilich: quand j’ai démissionné du FPLP le 15 mai 1976 (à Bagdad) le Dr. Wadie Haddad s’est mis à pleurer et il me suppliait de rester, mais je ne voulais pas prendre parti dans la sécession entre les Opérations extérieures (Abou Hani) et le Bureau politique (Georges Habache); pourtant Abou Hani m’avait fait entrer au Bureau politique à Aden, en février 1976. J’ai maintenu de bons rapports avec les deux camps, et avec cinq autres camarades nous avons fondé l’Organisation des Révolutionnaires Internationalistes, à Alger, en juin 1976. Abdelaziz Bouteflika est témoin que j’ai refusé les 50 millions de dollars que m’avaient offerts l’Arabie saoudite et l’Iran pour que je n’exécute pas leurs ministres. Je n’en ai pas vu la couleur! Hans-Joachim Klein es un menteur pathologique, un agent ennemi, c’est tout.

Cheo: Un dernier mot à transmettre au peuple vénézuélien?

Ilich: Certains journalistes font du très bon travail en dénonçant les ingérences étrangères. Continuez, « Hasta la victoria, siempre! »

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