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29 mars 2024

Le militarisme, champ d’action du capital


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Le militarisme, champ d’action du capital
par Oeil de faucon

Nous trouvons peu de texte contre la militarisation de l’ économie, celui de nos camarades de l’ Organisation Communiste Libertaire est donc le bienvenu. Il nous faut tout de même ne pas faire abstraction de l’ aspect principal de la militarisation capitaliste et de son champ d’ action, ce que Rosa Luxemburg avait mis en exergue dans son livre « l’ accumulation du capital » voici quelques extraits de son chapitre « Le militarisme, champ d’action du capital »

« Le militarisme a une fonction déterminée dans l’histoire du capital. Il accompagne toutes les phases historiques de l’accumulation. Dans ce qu’on appelle la période de l’ « accu­mulation primitive », c’est-à-dire au début du capitalisme européen, le milita­risme joue un rôle déterminant dans la conquête du Nouveau Monde et des pays producteurs d’épices, les Indes ; plus tard, il sert à conquérir les colonies modernes, à détruire les organisations sociales primitives et à s’emparer de leurs moyens de production, à introduire par la contrainte les échanges commerciaux dans des pays dont la structure sociale s’oppose à l’économie marchande, à transformer de force les indigènes en prolétaires et à instaurer le travail salarié aux colonies. Il aide à créer et à élargir les sphères d’intérêts du capital européen dans les territoires extra-européens. à extorquer des concessions de chemins de fer dans des pays arriérés et à faire respecter les droits du capital européen dans les emprunts internationaux. Enfin, le militarisme est une arme dans la concurrence des pays capitalistes, en lutte pour le partage des territoires de civilisation non capitaliste. »

Rosa Luxemburg est ici fidèle à Marx qui considérait que « La force est un agent économique » ( K.Marx, Le Capital,E.S.,1,3,p193) Mais elle s’interroge sur cet agent économique :
« Le militarisme a encore une autre fonction importante. D’un point de vue pure­ment économique, il est pour le capital un moyen privilégié de réaliser la plus-value, en d’autres termes il est pour lui un champ d’accumulation. »
Elle rappelle à juste titre que
« l’État tire ses impôts uniquement de la plus-value et du salaire capitaliste 1; et deuxièmement que nous ne considérons l’État et ses organes que comme des consommateurs. S’il s’agit en effet de la consommation personnelle des fonctionnaires de l’État (donc du « mercenaire »), cela signifie qu’une partie de la consommation de la classe ouvrière est transférée aux parasites de la classe capitaliste, dans la mesure où ce sont les travailleurs qui y pourvoient. »
et elle poursuit :
« A la consom­ma­tion des ouvriers se substitue, pour une quantité égale, celle des organes de l’État capitaliste. Dans des conditions de reproduction identiques, il y a donc eu transforma­tion dans la répartition du produit total : une portion des produits destinés autrefois à la consommation de la classe ouvrière, en équivalent de v, est désormais allouée à la catégorie annexe de la classe capitaliste pour sa consommation. Du point de vue de la reproduction sociale, tout se passe comme si la plus-valeur relative s’était accrue d’une certaine somme, qui s’ajouterait à la consommation de la classe capitaliste et de ses parasites. »

Le mouvement des gilets jaunes en France, est le résultat de cette situation où un état parasitaire en tout point essaye de se maintenir par un renforcement démentiel de son appareil d’ état ( armée , police, justice) . Nous savons ce qu’il en est advenu en URSS ou tout le système à fini par imploser. A cette différence que l’ état actuel est contraint par manque de plus-value de faire le ménage dans la fonction publique, de la privatiser. Sauf bien entendu le cœur de son appareil d’ état le complexe militaro- industriel que dénonce l’ OCL.

Le mérite de Rosa Luxemburg est d’ avoir montré comment s’est constitué et au détriment de qui le complexe militaro industriel
« La satisfaction d’une telle demande implique l’existence d’une grande industrie développée à un très haut niveau, donc des conditions très favorables à la production de la plus-value et à l’accumulation. De plus, le pouvoir d’achat des énormes masses de consommateurs, concentré sous la forme de comman­des de matériel de guerre faites par l’État, sera soustrait à l’arbitraire, aux oscillations subjectives de la consommation individuelle ; l’industrie des armements sera douée d’une régularité presque automatique, d’une croissance rythmique. C’est le capital lui-même qui contrôle ce mouvement automa­tique et rythmique de la production pour le militarisme, grâce à l’appareil de la législation parlementaire et à la presse, qui a pour tâche de faire l’opinion publique. »

Le communiqué du SIPRI ci dessous confirme, la bonne santé des complexes militaro-industriel qui entretiennent en permanence les tensions mondiales pour vendre des armes.

COMMUNIQUÉ DE PRESSEEMBARGO : 11 mars 2019, 00/01 AM CETContact : Alexandra ManolacheChargée des communicationsMobile : +46 766 286 133Courriel : alexandra.manolache@sipri.org

Commerce mondial d’armement : les États-Unis renforcent leur domination ; les flux d’armes vers le Moyen-Orient s’intensifient,selon le SIPRI(Stockholm, 11 mars 2019) – Le volume des transferts internationaux d’armes majeures en2014-18 est supérieurde 7,8 % à celui de 2009-13 et de 23 % à celui de 2004-08, selon les nouvelles données sur les transferts d’armement publiées aujourd’hui par le Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI).
En 2014-18, les cinq plus grands exportateurs sont les États-Unis, la Russie, la France, l’Allemagne et la Chine. À eux seuls, ils représentent 75 % du volume total des exportations d’armement en 2014-18. Le flux d’armes a augmenté vers le Moyen-Orient entre 2009-13 et 2014-18, alors qu’il a diminué vers toutes les autres régions du monde.
L’écart entre les États-Unis et les autres exportateurs d’armement se creuse
Les exportations américaines d’armement ont augmenté de 29 % entre 2009-13 et 2014-18, et la part des États-Unis dans le total des exportations mondiales est passée de 30 % à 36 %. L’écart entrel es deux principaux pays exportateurs d’armes a également augmenté : les exportations américaines d’armes majeures sont supérieures de 75 % à celles de la Russie en 2014-18, alors qu’elles n’avaient augmenté que de 12 % en 2009-13. Plus de la moitié (52%) des exportations d’armes américaines sont à destination du Moyen-Orient sur la période 2014-18.«Les États-Unis ont davantage renforcé leur position de premier fournisseur d’armes au monde »,précise Dr. Aude Fleurant, directrice du programme Armes et Dépenses militaires du SIPRI. «Les États-Unis ont exporté des armes vers au moins 98 pays au cours des cinq dernières années ; ces livraisons comprennent des systèmes d’armement avancés, tels que des avions de combat, des missiles balistiques et de croisière à courte portée, ainsi qu’un grand nombre de bombes guidées ». Les exportations d’armement de la Russie ont diminué de 17 % entre 2009-13 et 2014-18, en raison notamment de la réduction des importations d’armement par l’Inde et le Venezuela. Entre 2009-13 et 2014-2018, la France a augmenté ses exportations d’armement de 43 % et l’Allemagne de 13 %. Les exportations combinées d’armement des États membres de l’Union européenne représentent 27 % des exportations mondiales d’armement en 2014-18.
Rencontre-débat avec l’Observatoire des Armements
lundi 1er avril 2019, par OCL Reims
Depuis plusieurs années nous assistons au retour d’un militarisme décomplexé, à une militarisation et un embrigadement sournois de la société, à des menaces de nouvelles guerres et de nouveaux conflits liés au climat qui s’ajoutent à ceux déjà existants et à la croissance du commerce des armes…
En 2017, ce commerce pesait 398,2 milliards de $, en hausse de 23 % par rapport à 2004-2008. Derrière les États-Unis (57 %), la Russie (9,5 %) et la Grande-Bretagne (9 %), la France avec 5,3 % des exportations mondiales d’armes (soit environ 20 milliards) a augmenté de plus de 43 % ses ventes par rapport à la précédente décennie.
Y a-t-il de quoi se glorifier de tels faits d’armes ?
Depuis quelques années, les États augmentent et modernisent leurs armements. Les contrats français se multiplient : Rafale, blindés, frégates, sous-marins, missiles, drones, canons, munitions, obus, systèmes de surveillance, matériel de maintien de l’ordre… Cette industrie au poids considérable (200 000 emplois) est constituée d’entreprises très variées de la multinationale à la PME en passant par la startup.
Près de chez nous on trouve : Safran, Ecrin, (électronique) , Arquus et Nexter (blindés), Michelin, Verney-Carron et Rivolier (armes, munitions…), Surveycopter, Elistair (drones), Desautel (ambulances) Paraboot (chaussures), Aleph (espionnage des réseaux), Zodiac (avionique), Brochier (textiles militaires)… De plus, avec les technologies dites duales ces entreprises mélangent allègrement militaire et civil : grenades pour la police et l’armée (Alsetex), traitement de l’eau et protection NBC (CNIM), cryptage des smartphones et espionnage des communications (ERCOM-Thales)…
Comme ses prédécesseurs, le gouvernement Macron se félicite bruyamment à chaque signature de contrat qui renforcerait l’indépendance, le prestige et les savoir-faire « made in France ». Le tout, relayé par les médias, en particulier ceux que Dassault s’est offerts.
Hypocrisie meurtrière
Vendre des armes n’est pas innocent. De nombreuses lois, traités et conventions internationales sont censées réglementer, contrôler, « moraliser » ce commerce. Chez nous, les ventes d’armes sont gérées au plus haut niveau de l’État et soumises à autorisation. Il est interdit aux États d’en acheter pour réprimer leur population, tout comme pour mener une guerre d’agression. Mais derrière ce rideau de fumigènes, la réalité est toute autre.
Quelques exemples :
Macron affirme : « Il est faux de dire que l’Arabie Saoudite est un grand client aujourd’hui de la France ».
En réalité, pour les entreprises d’armement françaises, la dictature religieuse est le 2° client mondial après l’Inde.
Depuis 2015, Arabie Saoudite et Émirats Arabes Unis mènent une guerre de conquête au Yémen. Les canons CAESAR de Nexter pilonnent, les navires fabriqués par Naval Group organisent le blocus des ports, des conseillers militaires français entrainent des forces spéciales… Bilan : 50 000 morts, 3 millions de déplacés, 14 millions de civils menacés de famine. La France est un gros investisseur en Arabie Saoudite, qui en est le 2ème fournisseur de pétrole. Coïncidence : le sous-sol yéménite regorge d’hydrocarbures…
Macron encore : « Les ventes d’armes à l’Egypte ne sont pas destinées au maintien de l’ordre. Il n’y a aucune ambiguïté possible »
Or, l’État français est complice de la guerre larvée menée par la dictature égyptienne contre son propre peuple. Des milliers de civils ont étés tués au Caire en 2013 et au Sinaï par du matériel français (avions, missiles, blindés) au nom de la lutte contre le terrorisme islamiste. Les technologies de surveillance individuelle, d’interception, de collecte des données et de contrôle des foules sont responsables de la répression de dizaine de milliers d’opposants. L’appui politique français au régime est total et la plus grande partie de ces achats sont financés par l’Arabie Saoudite.
Macron toujours : « Je suis d’une génération pour qui les crimes de la colonisation européenne sont incontestables… on ne vient pas dire à l’Afrique, ce qu’elle doit faire, quelles sont les règles de l’État de droit »
Pourtant en Afrique, le lien ancien entre ventes d’armes et domination néocoloniale persiste. Le Tchad, dictature d’Idriss Deby, est un pays pauvre mais riche en ressources pétrolières et minières pillées par la mafia de la Françafrique. C’est aussi un pays essentiel pour les interventions de l’armée française en Afrique.
150 millions d’€ « d’’aide au développement », récemment fournis par l’Europe et l’Arabie Saoudite ont servi à l’achat de matériel militaire français pour lutter contre les groupes jihadistes en lien avec l’opération Barkhane et le G5 Sahel. À partir de là, la lutte antiterroriste a tout permis et justifié : massacres d’orpailleurs pour accaparer les mines d’or de Miski, répression féroce des opposants et les tribus, chasse et internement des migrants en transit, bombardement par nos Rafale de colonnes d’opposants armés…
Face à cette situation, nous pensons qu’il est essentiel de comprendre ce que sont et impliquent la fabrication et l’exportation croissantes d’armes pour mieux nous y opposer.
À quoi et à qui servent les ventes d’armes ? À qui cela profite-t-il ?
L’armée française avec ses OPEX est-elle autre chose que le meilleur VRP à l’international des marchands de canons ?
Le discours qui établit une équivalence entre les ventes d’armes et le maintien et la création d’emplois français, l’amélioration de la balance commerciale est à la fois obscène et malhonnête. Comment le démonter ?
Le business des armes ne semble plus soulever beaucoup de désapprobation dans l’opinion. Quelles peuvent en être les raisons : indifférence ? sentiment d’impuissance ? Comment sortir de cette situation ?
Venez nombreuses et nombreux !
Bar, petite restauration et table de presse
NINA Lyon-Contact : nina-lyon chez riseup.net
Le collectif NINA-Lyon envisage une série de rencontres afin d’informer, d’analyser, de permettre une appropriation individuelle et collective sur ces questions et d’envisager la relance d’une opposition à la peste militariste, Ici et Ailleurs.
Oeil de faucon | 3 mai 2019 à 5 05 10 05105 | URL : http://www.les7duquebec.com/?p=238554

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