15 septembre 2019 – Voilà que le régime accélère les démarches qui pavent la voie à des élections que le peuple algérien rejette fermement. Ainsi, en un temps record, des symboles du « gang » et des députés, qui il n’y a pas longtemps se surpassaient (dépassaient) en louanges de Bouteflika, ont ratifié la loi organique sur l’organisation des élections et la loi organique sur l’organisation de la Commission indépendante de supervision des élections. Ce matin, l’autorité nationale indépendante d’organisation des élections a été mise en place par le même régime honni et ce soir, Abdelkader Bensalah a procédé à la convocation du corps électoral pour des élections présidentielles fixées au 12 décembre 2019.
Le peuple algérien aspire à participer à des élections libres et équitables, mais (il) s’oppose à des élections présidentielles, dans les conditions actuelles, et considère que toutes les actions menées par le pouvoir pour les imposer sont nulles et non avenues, aussi bien politiquement que constitutionnellement, pour les considérations suivantes :
- Le soulèvement populaire qui dure depuis trente semaines a montré que le peuple qui proteste depuis le 22 février 2019, et qui constitue la source de tout pouvoir et détenteur notamment du pouvoir constituant, tel que stipulé dans les (aux) articles 7 et 8 de la Constitution algérienne, rejette massivement les élections imposées par le pouvoir de fait (réel), qui refuse d’écouter sa principale revendication à la civilianisation de l’Etat ;
- Ahmed Gaïd Salah, qui tente d’imposer ces élections, a clairement outrepassé (surpassé) ses pouvoirs au sein du gouvernement en tant que vice-ministre de la Défense, et ses prérogatives constitutionnelles en tant que chef de l’état-major de l’armée populaire nationale;
- Il est évident que les personnalités (personnes) nommées pour superviser le processus électoral sont des symboles notoires du système de gangs, connues pour avoir participé à la fraude par le passé ;
- Le régime militaire feint d’accéder à la volonté du peuple de choisir ses dirigeants mais (il) lui dénie ouvertement d’exercer son pouvoir constituant. Le peuple veut lui-même participer à l’élaboration de sa loi fondamentale et ne souhaite pas déléguer cette tâche au candidat issu du carnaval électoral du régime. Le peuple veut une souveraineté entière qui inclut le pouvoir de remodeler sa constitution et non une souveraineté réduite qui consisterait à élire un président dans des élections sous le contrôle du pouvoir actuel ;
- Quand bien même les élections seraient libres et équitables, le président élu hériterait par la constitution actuelle d’un pouvoir régalien qui n’assure pas la séparation et l’équilibre des pouvoirs et qui assujettit la justice en particulier ;
- Le peuple algérien aspire à des élections libres et équitables et non à des élections faux semblant pour prolonger la survie du régime et le régénérer, et assurer la pérennité du régime militaire et lui donner une légitimation à l’extérieur ;
- Pour que des élections soient équitables, il faudrait que le champ médiatique soit ouvert et accessible à tous, et que la justice soit indépendante pour pouvoir arbitrer équitablement sur tout différend. Or, dans les conditions actuelles, les médias sont verrouillés et caporalisés par les services et la justice est aux ordres ;
- Le peuple algérien répète haut et fort depuis des mois qu’il ne veut pas d’élections organisées par les « gangs ». Par gangs le peuple désigne les responsables civils et militaires véreux et indignes de confiance, mais aussi les forces et les réseaux extraconstitutionnels qui décident et manigancent dans l’ombre. Or le plus puissant gang, la police politique, qui est le bras armé et politique à travers lequel certains chefs de l’armée manipulent la classe politique, les médias, la société civile, et intimide le peuple est restée intacte. Tant que cette horreur extraconstitutionnelle n’est pas démantelée, il ne peut y avoir d’élections libres et équitables dans le pays ;
- Des élections dans le contexte actuel ne peuvent être libres car les libertés collectives sont entravées. Les libertés de mouvement, d’association, de se réunir, et de s’exprimer sont toutes attaquées. Au lieu d’accéder aux mesures d’apaisement demandées par la société, le régime s’est engagé dans une voie de plus en plus répressive et liberticide en même temps qu’il appelle aux élections.
L’intensification d’une campagne d’intimidation et d’arrestations de centaines de militants impliqués dans le soulèvement pacifique, dont des dizaines de membres de Rachad, est un signe criard (clair) de la mauvaise foi du régime actuel. La politique de répression du régime militaire révèle ses véritables intentions et sape sa crédibilité dans la volonté de s’engager dans un dialogue, et d’engager des mesures d’apaisement et de renforcement de la confiance en tant que moyen de résoudre la crise politique que traverse le pays.
Ces pratiques abusives à l’encontre de militants pacifiques cherchant à édifier un Etat civil démocratique ne dissuaderont pas le peuple algérien dans ses efforts pour (de) changer radicalement la nature du régime par des moyens non violents.
Le mouvement Rachad appelle le peuple algérien à faire échec à ce projet qui vise à contourner ses revendications légitimes et rappelle aux citoyens la nécessité d’adhérer fermement aux principes fondamentaux d’unité et de non-violence, et ce quel que soit le degré de provocation. Le mouvement s’engage à participer avec d’autres acteurs du soulèvement populaire dans une campagne citoyenne pacifique pour contrer les diktats d’un régime en faillite qui échouera comme il a échoué à les imposer les 18 avril et 4 juillet de cette année. Le mouvement annoncera dans les prochaines heures son approche face à l’attitude autoritaire du pouvoir.
Mouvement Rachad (15 septembre 2019)
*Source : Rachad