Ahmed Gaïd Salah, chef d’Etat-major de l’ANP, ministre de la Défense
Par Yacine Babouche (revue de presse : Tout Sur l’Algérie – 5/10/19)*
Le prestigieux magazine américain Foreign Policy a estimé, dans une analyse publiée en fin de semaine, que le président de l’Algérie « ne préside pas réellement le pays », comparant la fonction à « un gérant d’hôtel la nuit ».
« Sur le papier, être président de l’Algérie est une opportunité d’emploi comme peu d’autres. Vous dirigez l’un des plus grands pays d’Afrique. Vous profiterez probablement d’une longue carrière, aidé par l’une des plus grandes réserves d’hydrocarbures du continent pour vous aider à gérer votre budget. En raison du système trop centralisé du pays, vous aurez la possibilité de nommer tout le monde, des ministres aux juges, en passant par plusieurs directeurs d’entreprises et d’autres institutions. De plus, ce qui est inhabituel pour une époque obsédée de jeunesse, la seule discrimination d’âge que vous subirez dans le processus de sélection sera la tendance à favoriser les septuagénaires et plus. Le poste est actuellement vacant et, au grand dam des Algériens eux-mêmes, les candidatures ont été rouvertes », explique Foreign Policy dans un article consacré à la crise politique qui dure en Algérie depuis des mois.
« Le seul piège est que vous ne présidez pas réellement le pays », estime le magazine américain. « En réalité, le poste est plus proche du gérant d’hôtel la nuit que d’un chef de l’État : vous serez responsable des choses, mais vous n’aurez pas le dernier mot sur la plupart des questions clés », affirme Foreign Policy.
« Sur le papier, l’Algérie est gouvernée par un régime présidentiel. Mais depuis son accession à l’indépendance de la France en 1962, le pays est géré dans l’ombre par un bric-à-brac de chefs des armées, d’officiers des services secrets et de vieux politiciens », indique le magazine américain. « Les Algériens connaissent cet ensemble de forces sous le nom de ‘’pouvoir’’, et au cours des six dernières décennies ils ont été soumis à ses caprices violents, à ses prises de pouvoir internes et à son absence totale de responsabilité », affirme Foreign Policy.
« L’élection d’un nouveau président dans le cadre du système de gouvernance en vigueur ne ferait que donner un autre visage au régime en place, maintenant ainsi le contrôle des forces armées sur le pays. Au lieu de cela, de nombreux Algériens continuent d’exiger dans la rue un remodelage de l’ensemble du système de gouvernement », explique le magazine.
« L’Algérie a cruellement besoin d’un président légitime. Mais ce ne devrait pas être l’establishment actuel, dépourvu de légitimité populaire, qui supervise les procédures d’embauche », estime Foreign Policy. « En essayant d’enfoncer un autre gérant nommé par le régime dans la gorge des gens, les généraux au pouvoir du pays ne résoudront pas la crise actuelle. Le mieux qu’ils puissent espérer, c’est un bref répit avant le prochain », conclut le magazine.
*Source : TSA
Censure : Le site d’information indépendant TSA (Tout Sur l’Algérie) est inaccessible sur le territoire algérien.