Revue de presse : Centre d’étude et de réflexion sur le monde francophone (CERMF)
La France meilleure en anglais que 17 ex-colonies britanniques, au péril de ses intérêts de grande puissance. Une grave erreur stratégique.
Contrairement à une idée entretenue par certains, les Français excellent presque en anglais, dans une France qui subit une anglicisation à marche forcée. Une situation pourtant clairement contraire à ses intérêts de grande puissance.
Selon la dernière édition du classement international annuel EF EPI (Education First, English Proficiency Index), publiée ce mardi 05 novembre, la France se classe 35e pour ce qui est du niveau en anglais de sa population. L’Hexagone fait ainsi mieux que de nombreux pays pouvant être considérés comme anglophones, et non des moindres, et dépasse également de nombreuses puissances économiques et géopolitiques.
La France loin devant de nombreux pays anglophones et autres puissances
Comme le révèle ce classement annuel, la France dépasse ainsi non moins de 17 anciennes colonies britanniques ayant toutes l’anglais pour langue co-officielle, de jure ou de facto, comme Hong Kong (33e), l’Inde (34e), les Émirats arabes unis (70e), la Jordanie (75e) ou le Sri Lanka (78e). Elle fait donc encore « mieux » que lors des trois précédentes éditions du classement, lorsqu’elle dépassait à chaque fois dix ou onze ex-colonies britanniques.
Mais la France est également la grande puissance non anglophone la plus anglicisée au monde, et se classe largement devant les chefs de file des autres principaux espaces géolinguistiques, à savoir la Chine (40e), la Russie (48e), le Brésil (59e), le Mexique (67e) et l’Arabie saoudite (98e, ou l’Égypte, 77e). Elle devance aussi le Japon (49e), dont la société est technologiquement la plus avancée au monde, et qui exporte largement plus que l’Hexagone (+ 27 % en 2018 selon l’OMC, soit + 156 Mds de dollars).
Une anglicisation à outrance…
Cette situation ubuesque est en bonne partie la conséquence de cette anglicisation à outrance que l’on observe en France depuis plusieurs années, et où se multiplient les dérives, légales ou illégales, que l’on ne rencontre nullement ailleurs dans le vaste monde francophone, en dehors de sa partie européenne et sans repères. Une France où l’on ne compte plus les entreprises au site internet exclusivement en langue anglaise, ainsi que les manifestations et salons internationaux où le français est banni de l’affichage. Chose impensable au Québec ou encore en Afrique francophone, Maghreb inclus. Une France où l’on ne compte plus les Grandes écoles au site internet majoritairement en anglais. Chose, là encore, impensable en Afrique francophone et au Québec, grande province où, et contrairement à la France, tous les intitulés de fonction et de formation diplômantes sont également en langue française, tout comme les noms des établissements d’enseignement supérieur francophones, très majoritaires (ou encore les slogans publicitaires….). Un Hexagone qui accueille avec insuffisamment de respect les touristes francophones et francophiles, de l’intérieur du reste du monde, en mettant de plus en plus à leur disposition des documents d’information exclusivement en anglais, ou avec une version quasi « microscopique » en français. Là encore, à l’inverse de ce qui se fait au Québec et en Afrique francophone. Une France dont de nombreux diplomates affichent désormais des messages d’absence uniquement en anglais, contrairement à leurs confrères francophones du Québec ou d’Afrique, et ce, sans aucune sanction disciplinaire.
À cette attitude s’ajoute également celle des institutions de l’Union européenne qui mènent, au mépris des traités européens et avec la constante et bienveillante complicité des acteurs économiques et politiques français, une politique active d’éradication de la langue française, anglicisant encore davantage une France ayant perdu une bonne partie de ses repères. À titre d’exemple, la récente réglementation européenne « SERA – Partie C » qui vise à imposer l’anglais comme unique langue de communication entre les pilotes privés français et les six principaux aéroports métropolitains. Aberration qui n’existe ni au Québec ni en Afrique francophone, où il faudra alors, à l’entrée en vigueur de cette réglementation, s’exiler afin de vivre sa passion en français. Une France repliée sur l’Union européenne, zone la plus anglicisée au monde, et qui ne cesse donc de se comparer aux autres de ses pays membres, vassaux culturels et, in fine, politiques des puissances anglo-saxonnes.
Pourtant, le fait de vivre d’abord en français n’empêche nullement d’autres pays et territoires francophones d’être parmi les plus dynamiques au monde. Ainsi, il convient de rappeler la puissance économique du Québec, qui compte de nombreuses entreprises mondialement connues, comme Bombardier (numéro un mondial de la construction ferroviaire et numéro quatre de la construction aéronautique), Hydro-Québec (quatrième producteur mondial d’hydroélectricité), la SNC-Lavalin (un des leaders de l’ingénierie et de la construction, avec plus de 51 000 employés à travers le monde) ou encore le Cirque du Soleil, numéro un dans son domaine avec ses près de 4 000 salariés. Une vaste province, dont la capitale économique, Montréal, est un centre majeur de la haute technologie en étant le troisième pôle mondial pour l’aéronautique (derrière Seattle et Toulouse) et l’industrie du jeu vidéo, et le quatrième pour le secteur des effets spéciaux cinématographiques. Une ville-monde de plus en plus francophone (avec un pourcentage ne cessant d’augmenter pour les résidents ayant le français pour première langue officielle canadienne, et s’établissant à 78,1 % selon le dernier recensement de 2016), et qui a été élue meilleure ville étudiante au monde, en 2017, par le classement international QS Best Soudent Cities (établi par le cabinet britannique Quacquarelli Symonds), ainsi que « Communauté intelligente de l’année 2016 » (par l’organisme américain Intelligent Community Forum, en raison, notamment, de son avance en matière de technologie numérique et d’intelligence artificielle). Enfin, le Québec, c’est également un vaste territoire au taux de chômage le plus faible du Canada (4,7 % en août 2019, contre 5,7 %), et à la « capitale nationale » (la ville de Québec) affichant toujours le taux de chômage le plus faible parmi les dix principales villes canadiennes (seulement 2,6 % en août 2019 !) … et qui commence à concurrencer Montréal en matière d’innovation technologique. Un Québec sans lequel le Canada serait donc presque un pays quelconque…
Et concernant l’Afrique subsaharienne francophone, il convient là aussi de rappeler que ce vaste espace est le moteur de la croissance économique du continent, dont il a réalisé les meilleurs performances pendant six des sept années de la période 2012-2018, avec une croissance annuelle de 4,2 % en moyenne (4,9 % hors cas très particulier de la Guinée équatoriale), contre 2,9 % pour le reste de l’Afrique subsaharienne (et ce, notamment grâce aux nombreuses réformes accomplies par une majorité de pays afin d’améliorer le climat des affaires et de progresser en matière de bonne gouvernance). De bonnes performances en partie dues au dynamisme particulier de l’espace UEMOA (en Afrique de l’Ouest francophone), qui continue à être la plus vaste zone de forte croissance du continent (6,3 % en moyenne annuelle sur la période 2012-2018, et 6,4 % en 2018).
…et contraire aux intérêts de la France
Contribuer activement au recul de la langue française constitue pourtant une grave erreur stratégique. Loin d’être un simple passe-temps pour passionnés de dictées, de mots croisés ou encore de poèmes, la langue est avant tout une question d’influence culturelle et géopolitique, et de parts de marché.
Ainsi, toutes les études économiques démontrent bien que les échanges peuvent être potentiellement bien plus importants entre pays, peuples ou communautés partageant une même langue, comme le rappelait si bien le rapport Attali sur la francophonie, publié en 2014. Ainsi, ce n’est pas un hasard si les touristes québécois sont proportionnellement quatre fois plus nombreux que les Américains à venir chaque année en France…et à y dépenser. Dans un autre registre, ce n’est pas non plus un hasard si les premiers pays au monde à avoir interdit le niqab étaient francophones, en Europe comme en Afrique (France, Belgique, Sénégal, Tchad, Congo…), et qu’ils aient été suivis, dans un premier temps, par des pays connus pour leur francophonophilie, et dans la plupart desquels le français est appris par la majorité des élèves, sinon par la totalité (Pays-Bas, canton suisse italophone du Tessin…). De même, on ne peut s’empêcher de constater, par exemple, que le Canada est toujours plus pacifiste lorsqu’il est dirigé par un Québécois…
Les pays du monde francophone sont d’ailleurs, globalement, des sociétés moins inégalitaires, moins violentes et plus paisibles que les sociétés anglophones ou hispanophones, comme le confirment les différents classements internationaux en la matière (l’indice de GINI, selon lequel sept des dix pays les plus inégalitaires au monde sont anglophones, dont six en Afrique, contre un seul pays francophone, ou encore les statistiques sur les taux d’homicides). Par ailleurs, et en ce qui concerne la démocratie sur le continent africain (qui compte déjà de nombreux pays démocratiques, au passage), il convient de rappeler que la liberté d’expression est globalement plus étendue en Afrique francophone que dans le reste du continent, où se trouvent notamment les régimes les plus totalitaires, qui sont au degré « zéro » de liberté d’expression (l’Égypte, l’Érythrée, le Rwanda et le Eswatini, dernière monarchie absolue du continent).
Ces valeurs véhiculées par la langue française, et dont les pays francophones, parmi lesquels la France, peuvent être fiers. La France, justement véritable patrie des droits de l’Homme, et où s’appliquent le plus les principes – pourtant censés être universels – de l’égalité et de la fraternité. Chose que la plupart des Français, eux-mêmes, ne savent suffisamment (et notamment les professeurs de l’Education nationale, qui se doivent de connaître et de transmettre un certain nombre d’éléments cruciaux et nécessaires à l’unité et à la « solidité » de la nation). Parmi les exemples les plus importants et les moins connus à la fois, l’on peut citer le fait que tous les citoyens français aient exactement les mêmes droits civiques où qu’ils se trouvent, en métropole ou en outre-mer, dont ceux de participer à l’ensemble des élections nationales et d’être représentés au sein de toutes les institutions politiques nationales. Ce qui n’est absolument pas le cas des ultramarins britanniques et américains, pour qui il n’est guère permis de participer aux scrutins nationaux et d’être représentés, et auxquels interdiction est donc faite de prendre part à la gestion des affaires de la nation, et d’avoir la moindre possibilité d’influer sur son avenir. Un schéma de type colonial, une approche ségrégationniste, qui sont encore en vigueur dans ces deux pays anglo-saxons, à l’attitude radicalement différente de celle de la France.
En œuvrant constamment à réduction de la présence et de la visibilité de la langue française dans les différentes instances internationales ainsi que sur son propre sol, face aux étrangers de passage (hommes d’affaires, étudiants, touristes…), la France, qui est probablement la seconde puissance mondiale après les États-Unis, en combinant tous les critères de puissance (économie, capacités militaires, influence géopolitique et culturelle), seule base de comparaison possible et rationnelle entre pays, et qui est 27 fois plus étendue que l’Allemagne en incluant son immense territoire maritime (le deuxième plus vaste de la planète, avec ses près de 10,2 millions de km2), ne fait que diffuser au reste du monde un message disant clairement que le Français est une langue inutile à apprendre. Et de priver, ainsi, de nombreux peuples non francophones d’accès à la langue française et aux valeurs qu’elle véhicule.
De ce fait, elle s’emploie activement à entraver la dynamique favorable dont bénéficie l’apprentissage du français à travers le monde, grâce à l’émergence économique et démographique de l’espace francophone, vaste comme près de quatre fois l’Union européenne tout entière dans sa définition géographique la plus stricte, et regroupant désormais plus de 510 millions d’habitants. Tel un enfant, qui sur une plage, prendrait un malin plaisir à venir régulièrement détruire un château de sable patiemment édifié par d’autres enfants. Une augmentation constante du nombre d’apprenants du français dans le monde, dont l’ampleur pourrait être encore bien plus importante, mais qui dans le même temps échappe complètement au continent européen. Ce continent qui est le seul où l’enseignement de la langue de Molière en tant que langue étrangère baisse de manière constante, comme le mettent en évidence les trois derniers rapports de l’Organisation internationale de la Francophonie (publiés en 2010, 2014 et 2018).
Une baisse essentiellement – voire exclusivement – due à l’attitude de la France vis-à-vis de sa langue, et qui nuit gravement à son influence culturelle, économique et politique en Europe. Et dont les conséquences se traduisent jusqu’au niveau des flux migratoires, en réduisant considérablement l’importance de l’immigration d’origine européenne en France, constamment minoritaire (et qui se dirige alors massivement vers le Royaume-Uni – Brexit ou non – et vers l’Allemagne, dont l’influence culturelle demeure très forte dans l’ensemble de l’Europe de l’Est). Un déséquilibre qui ne facilite guère l’intégration des immigrés extra-européens, lorsqu’ils ont essentiellement, pour voisins, d’autres immigrés aux mêmes origines.
Mais ce manque d’intérêt vis-à-vis de la langue française explique également, en bonne partie, le manque d’intérêt de l’Hexagone vis-à-vis du monde francophone, dont les Français ignorent pratiquement tout. À titre d’exemple, la quasi-intégralité de la population française ne sait rien des Jeux de la Francophonie qui se sont tenus en juillet 2017 à Abidjan (contraste saisissant avec la couverture médiatique dont jouissent les Jeux du Commonwealth au Royaume-Uni), de la Basilique Notre-Dame de la Paix de Yamoussoukro en Côte d’Ivoire (qui n’est autre que le plus grand édifice chrétien au monde, quasi-réplique de la basilique Saint-Pierre de Rome), du concours musical « The Voice Afrique francophone » (qui fût dans sa saison 2017-2018 le plus grand concours musical au monde en termes d’audience cumulée, avec son équivalent arabophone), ou encore du peuple acadien et de son drapeau, qui n’est autre que le drapeau tricolore orné d’une petite étoile aux couleurs papales et symbole de la Vierge Marie. Un attachement historique à la France, mère patrie, qui y répond par une grande indifférence.
Une ignorance dont la responsabilité est à imputer en premier aux responsables politiques, à un certain nombre de hauts fonctionnaires de l’Éducation nationale et aux médias, et qui s’oppose radicalement à la plus grande culture qu’ont les Britanniques au sujet des pays du Commonwealth. Cette bien meilleure connaissance, qui est en bonne partie à l’origine de leur attachement viscéral à leur langue, à sa défense et à sa diffusion. Et ce, contrairement à une majorité de Français qui, maintenus dans une certaine ignorance, se désintéressent consciemment ou inconsciemment de la leur, car ignorant sa dimension mondiale. D’où l’existence d’un véritable cercle vicieux, où le fait de ne pas s’intéresser à sa propre langue conduit, in fine, à ne pas s’intéresser au monde francophone, et où ne pas s’intéresser au monde francophone conduit à son tour à négliger sa langue et à la dévaloriser. Et donc à ne pas chercher à la défendre et à la promouvoir, et par conséquent à l’affaiblir en France et dans le monde, au détriment des intérêts supérieurs du pays (ainsi que de ceux de l’ensemble des pays et peuples ayant le français en partage).
Un double désintérêt vis-à-vis de la langue française et du monde francophone qui se traduit alors par la faiblesse des aides au développement allouées chaque année par la France à l’espace francophone, dont le montant est environ trois fois inférieur aux sommes allouées au seuls pays d’Europe orientale membres de l’UE (2,7 milliards d’euros versés, en 2016, aux 27 pays francophones du Sud et à leur 385 millions d’habitants environ, cette année-là, contre 8,2 milliards versées aux 13 pays appartenant au second ensemble et totalisant une population de 115 millions d’habitants. Soit 10,1 fois moins d’aides par habitant). Une politique défiant pourtant toute logique économique et géopolitique. D’un point de vue géopolitique, parce que ces pays votent régulièrement contre les positions françaises au sein des grandes instances internationales (contrairement à la majorité des pays francophones, avec qui sont souvent partagées des valeurs et une approche communes en matière d’affaires internationales). À cela, s’ajoute également bien d’autres exemples d’attitude contraire aux intérêts de la France, comme par exemple, le refus de la grande majorité des pays de l’UE d’utiliser à des fins militaires le projet Galileo, afin de ne pas déplaire aux États-Unis (un « GPS européen », entré en service fin 2016 et qui devrait être pleinement opérationnel en 2020, mais uniquement pour un usage civil. Un projet que la France aurait, de toute façon, pu faire seule si elle était encore gaulliste, le coût annuel du projet ne dépassant pas celui de l’extension et de l’entretien du réseau des TGV. Un niveau d’investissement unique au monde pour des trains à grande vitesse, pourtant dépourvus de tout intérêt stratégique, et dont l’intérêt écologique est négligeable sur long terme, compte tenu des travaux pharaoniques et terriblement polluants que nécessitent la construction des lignes, et de la baisse constante du niveau de pollution engendré par les automobiles).
Quant au niveau économique, premièrement parce que la France ne jouit que d’une part de marché marginale dans les pays d’Europe orientale membres de l’UE, située à 3,9% en 2016 contre 20,8% pour l’Allemagne. Un pays à qui profite donc essentiellement les aides françaises allouées à l’Europe orientale, et dont les exportations sont alors pratiquement subventionnées par l’Hexagone, qui mène ainsi une politique qui pourrait être résumée par la célèbre expression « travailler pour le roi de Prusse ». Deuxièmement, parce que c’est bien dans le monde francophone qu’il faut massivement investir, d’une part afin de tirer pleinement profit des opportunités et du dynamisme que l’on y trouve, et d’autre part, parce que c’est en accélérant l’émergence économique de l’espace francophone que l’apprentissage du français à travers le monde augmentera encore davantage. Une augmentation qui ne peut être que bénéfique à la France, à son influence culturelle, économique et géopolitique, ainsi qu’à l’ensemble des pays et peuples du monde francophone.
Ce monde francophone dont l’Afrique est aujourd’hui la pièce maîtresse, mais où certaines personnalités s’appuyent sur la grave dérive anglomane de la France d’aujourd’hui afin de demander l’installation de l’anglais comme première langue étrangère (pays de Maghreb), ou comme seconde langue officielle (Burkina Faso, Gabon, Madagascar). Et ce, au grand mépris des intérêts supérieurs, économiques et géopolitiques, de leur propre pays, et alors même que le français n’a jamais été autant parlé dans le monde. Dans un très long article publié le 26 octobre 2018, un ancien ambassadeur du Burkina Faso exhortait, ainsi, l’ensemble des pays d’Afrique francophone à faire de l’anglais une de leurs langues officielles, en égrenant une longue liste d’exemples de ce qu’il observait lui-même en France, dans ses rues, ses écoles et ses entreprises (dans une tribune intitulée « Francophones d’Afrique : speak English as well… and honni soit qui mal y pense ! », publié sur le site d’information lefaso.net, par son Excellence M. L. D. Ouédraogo). La France « principal promoteur de la langue anglaise dans l’espace francophone », selon ses propres termes. Un exemple concret de la menace que représente l’Hexagone, et désormais une partie non négligeable de sa population, pour la langue française, et donc pour l’ensemble des pays et peuples ayant le français en partage.
Alors que tous les autres grands pays non anglophones, et en particulier la Russie, la Chine, le Brésil et le Japon, s’emploient ouvertement à maintenir une certaine distance avec la culture anglo-saxonne et la langue qui s’y rattache, notamment pour ne pas s’affaiblir et afin de pouvoir continuer à exister et à peser sur la scène internationale (la Chine impose, par exemple, un quota annuel sur les productions cinématographiques américaines, de même qu’elle a développé son propre « Facebook », à l’instar de la Russie pour l’espace russophone), alors que les Anglo-Saxons n’ont toujours communiqué entre eux que dans leur propre langue, ne laissant guère de place à tout autre idiome dans l’espace public (faisant ainsi preuve, et ce depuis au moins les années 1600, d’une véritable intelligence stratégique qui a souvent fait cruellement défaut à la France), certains souhaitent que l’Hexagone aille encore plus loin sur la voie de l’absurde, de la défrancisation et de la trahison, en ayant rendu désormais obligatoire l’apprentissage d’une langue étrangère – donc neuf fois sur dix l’anglais -dès le CP (chose que même trois des quatre pays scandinaves n’ont osé faire), en encourageant la multiplication des classes bilingues (anglais-français), ou encore, pour d’autres, en proposant que les films américains soient diffusés en version originale à la télévision. Une fuite en avant aux conséquences gravissimes, dans un pays ayant perdu une bonne partie de ses repères.
La France d’aujourd’hui est donc bel et bien la principale menace qui pèse sur la langue et la culture françaises dans le monde. Cette langue qui est l’un des piliers de son identité et de sa puissance mondiale. Un de ses piliers auxquels l’on s’attaque sans retenue, afin, parfois, de servir certains intérêts.
Comme l’avait dit le général de Gaulle, « le snobisme anglo-saxon de la bourgeoisie française est quelque chose de terrifiant. […] Il y a chez nous toute une bande de lascars qui ont la vocation de la servilité. Ils sont faits pour faire des courbettes aux autres. » Quels qu’ils soient et où qu’ils soient, les responsables de ce processus d’éradication du français doivent être écartés. Il ne peut y avoir de place, en France, pour des individus hostiles à la langue française, et donc à la France et au monde francophone.
Le Centre d’étude et de réflexion sur le monde francophone (CERMF) est présidé par Ilyes Zouari
*Source : cermf