Revue de presse : Le Monde Arabe (29/11/19)*
Début janvier 2020 et après onze éditions en Amérique latine, le Dakar se délocalise en Arabie saoudite. En effet, un contrat a été passé entre Amaury Sport Organisation (ASO) et le royaume wahhabite, qui courra au moins pour les cinq prochaines années. Cette 42e édition du Dakar s’annonce d’ores et déjà polémique. Notamment à cause de la situation chaotique en matière de libertés dans ce pays du Golfe. Reporters sans frontières affirme en effet qu’il existe, en Arabie saoudite, une « répression aggravée ». Pour l’ONG spécialiste de la liberté de la presse, « l’arrivée au pouvoir du jeune prince héritier Mohamed Ben Salmane en juin 2017 a en effet, malgré un discours d’ouverture, intensifié la répression ». Pour preuve, le nombre de journalistes et de journalistes-citoyens derrière les barreaux : il a plus que triplé depuis 2017.
L’opération de « sportwashing » de l’Arabie saoudite
De quoi créer la controverse : loin de l’esprit de Thierry Sabine, le fondateur du rallye, qui voulait « une compétition à part qui fait place aux sans-grades et qui porte un message d’ouverture vers l’autre, interpelle, surprend et séduit », le Dakar 2020 apparaît comme une belle opération de « sportwashing » : l’Arabie saoudite s’est lancé dans le soft-power en faisant tout pour accueillir des événements sportifs. Ainsi, la Supercoupe d’Espagne se déroulera très bientôt dans le royaume, comme la finale de la Supercoupe d’Italie auparavant. En Espagne, la chaîne publique TVE a refusé de participer à l’appel d’offre pour diffuser la Supercoupe espagnole. Une décision qui risque de coûter cher au canal audiovisuel que la fédération ibérique compte traîner devant les tribunaux.
France Télévisions va à l’encontre de sa charte
En France, c’est France Télévisions qui diffusera le Dakar 2020. Si le groupe est un partenaire historique du rallye d’ASO, il fait fi des problématiques liées aux droits humains en Arabie saoudite en acceptant de diffuser la compétition, et ce malgré une charte éthique très précise. Comme le rappelle la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme (FIDH) dans un communiqué, dans sa charte, le groupe France Télévisions estime en effet que « la télévision de service public a vocation à constituer la référence en matière de qualité et d’innovation des programmes, de respect des droits de la personne, de pluralisme et de débat démocratique ». Or, toujours selon cette charte, « toute émission produite ou acquise à l’extérieur doit se conformer aux principes de cette charte ». La diffusion du Dakar 2020 risque donc, le 5 janvier prochain, de faire bondir ONG et militants des droits humains.
*Source : Le Monde Arabe