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28 mars 2024

L’année 2020 sera l’année des mascarades électorales


La démagogie aux États-Unis

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Comme l’histoire nous l’enseigne, après une année (2019) d’agitation sociale, le grand capital international espère reprendre l’initiative avec son canular électoral bancal. L’année 2020 sera celle où le grand capital – via ses moyens de communication – agitera le drapeau national-chauvin «bleu-blanc-rouge» afin de rameuter la plèbe appauvrie et ahurie par une année de combat fébrile et sans issues. L’année 2020 sera une année de mascarades électorales comme le fut 2016. Par cette tactique la petite-bourgeoisie – courroie de transmission – escamotera le bâton de la résistance pour le remplacer par le crayon de votation qui, dira-t-on, recèle toute la puissance de la «démocratie populiste citoyenne» (sic). Pourtant, il y a plus d’un siècle que la go-gauche et la droite réactionnaire entonnent ce cantique démocratique populiste et cependant, le nombre de pauvres, de chômeurs, de déshérités va croissant en société néocolonisée autant qu’en pays impérialistes déclinants. C’est le dernier truc de magie avant de faire appel au totalitarisme qu’on appelait jadis : fascisme, corporatisme, militarisme, capitalisme-démocratique (sic), et même socialo-communisme. Compter sur les groupuscules de gauche et de droite pour déifier l’option «capitaliste-démocratique» ou l’option «socialo-communiste» comme ils le firent au Chili d’Allende, dans le Venezuela de Chavez, et la Bolivie de Morales (sic).

 

En 2016, le monde se trouvait au même rondpoint

 

Rappelez-vous, en 2016, une élection présidentielle américaine a fait couler beaucoup d’encre et suscité beaucoup de réactions au sein même de la classe dominante étatsunienne. Panélistes, journalistes, analystes ont porté jugement et chercher à comprendre le «mystère» Donald Trump, qui pourtant n’en était pas un comme nous l’expliquions dans le livre «La démocratie aux États-Unis ». (1) Ce n’est qu’après l’élection qu’ils l’auront compris, Donald Trump a été choisi et poussé sur le devant de la scène politique pour ce qu’il était et pour accomplir ce qu’il a fait. Trump ne règlera en rien le pétrin dans lequel l’Amérique s’emmêle, mais les tout puissants ploutocrates espèrent inverser le cours de l’histoire et sauver l’Amérique en déclin. L’Amérique des riches, en crise économique et sociale profonde, a conscrit cet homme d’affaires et son équipe de réactionnaires qu’elle espère en mesure d’inverser le mouvement descendant de l’impérialisme décadent. Rien n’y fera pourtant, on n’arrête pas un train qui déraille, on l’évite, ou on le pousse au fond du ravin pour qu’il y trouve sa fin.

 

Rien ne ressemblera autant aux élections de 2016 que celles de 2020

 

Dans les pages qui vont suivre, nous allons démontrer que les élections «démocratiques» bourgeoises – peu importe qu’elles soient orchestrées et manipulées discrètement ou ostensiblement – sont antiouvrières et ne visent qu’à sauvegarder «l’État providence» pour les riches. Elles ne visent qu’à désarmer et à compromettre la classe prolétarienne et l’inciter à remettre son sort entre les mains de l’État fétiche, l’état-major central du grand capital. La pseudo démocratie des riches est un leurre pour distraire la classe prolétarienne de sa mission historique et lui faire accepter de plus grands sacrifices pour sauver le capitalisme.

 

La chimère de «l’État profond», présenté comme une déviance de l’État bourgeois qu’il suffirait de réformer, ne vise qu’à masquer l’hégémonie de classe du grand capital sur l’État fétiche, son conseil exécutif. Nous ne croyons pas à l’existence d’un groupe de conspirateurs qui manipulerait l’État de droit bourgeois à l’encontre des mandataires désignés par le grand capital à travers la traditionnelle mascarade électorale. La collusion ainsi que l’opposition et la concurrence entre alliés font partie des pratiques politiques du mode de production capitaliste et ne pourront être éradiquées sans l’élimination de ce dernier. Les ouvriers américains qui ont été protégés de la contamination politique gauchiste ont conservé de saines réactions face au «tout à l’État fétiche» et ils se sont spontanément approprié des slogans comme : «Moins de gouvernance c’est bien, encore moins c’est mieux» ce qui les a amenés, voyant l’inanité des tentatives de conquête électoraliste de la gauche démagogique (Bernie Sanders et consorts) et des syndicats corporatistes, à rejeter toute participation aux mascarades électorales municipales, étatiques ou fédérales. Le prolétariat européen, contaminé par les idées de la gauche et de la droite, tarde à rejeter le cirque électoraliste capitaliste. Toutefois, récemment le prolétariat français en gilets jaunes a fait un grand bond en avant dans cette direction. (2)

 

Dans tout mode de production, le pouvoir fondamental réside dans l’instance économique. La classe sociale qui possède et contrôle les moyens de production, de commercialisation et de communication possède et contrôle le pouvoir économique, le pouvoir politique, médiatique, juridique, diplomatique, militaire et enfin idéologique. C’est pour avoir oublié, ou nié, cette vérité que la gauche qui s’est prétendue ouvrière et prolétarienne s’est compromise puis a intégrée l’appareil d’État fétiche pour enfin disparaitre dans les méandres de l’appareil bureaucratique. Pas davantage que la sphère politique l’État bourgeois n’est l’alpha ni l’oméga du pouvoir bourgeois qui repose essentiellement sur la propriété privée des moyens de production, de commercialisation et de communication; en fait, sur le pouvoir exclusif d’exproprier la plus-value. Les bobos qui tentent de mobiliser le prolétariat afin de l’amener à voter en faveur de telle ou telle potiche électoraliste s’acquittent ainsi de leur engagement en faveur de la survie du pouvoir politique bourgeois reposant sur le pouvoir économique capitaliste. Sans contrôle du pouvoir économique, la conquête «démocratique» du pouvoir étatique est utopique. Il faut d’abord instituer la «démocratie» économique (le pouvoir ouvrier sur les moyens de production, d’échanges et de communication) si l’on souhaite imposer la «démocratie» politique de la classe prolétarienne.

 

La propriété de la force de travail salarié

 

Ainsi, sous le mode de production capitaliste la classe bourgeoise est propriétaire des moyens de production, de commercialisation et de communication, excepté de la force de travail qui appartient à chaque salarié qui n’a d’autre choix cependant que de vendre son temps de travail, aux capitalistes ou à l’État fétiche des riches. De ce postulat il découle que la classe capitaliste possède et contrôle tout le pouvoir social dans les instances économique, politique, médiatique et idéologique, sauf, cette parcelle de pouvoir économique, politique, médiatique et idéologique attachée à la propriété individuelle de la force de travail. Le salarié peut en disposer et refuser de l’aliéner, dans les limites de la dictature imposée par la classe hégémonique sur l’ensemble des activités de la société, même quand cette dictature prend le nom hypocrite de «démocratie». À celui qui refuse les règles de cette dictature du capital sur l’ensemble de la vie économique, sociale et sur le travail il ne reste que la marginalité ou la clandestinité.

 

Ainsi, depuis des années, les médias à la solde dissimulent la prolifération des déshérités dans les milieux urbanisés. Ils présentent les milieux mafieux et de la délinquance comme un épiphénomène d’altérité. Ils ne rendent plus compte des grèves ouvrières, à peine de celles de la bureaucratie syndicale, la cinquième colonne des riches dans le mouvement ouvrier. Les médias font tout ce qu’ils peuvent pour saboter les luttes grévistes. Enfin, quand tout cela ne suffit pas, le législateur, le juge et le policier sont appelés à la rescousse et le plein poids de la loi s’abat sur le prolétariat en lutte et alors le droit de grève est règlementé, encadré, euthanasié. Ce faisant, le prolétariat voit s’étioler le seul pouvoir social qu’il possède soit celui de refuser de travailler et de produire du surtravail et de la plus-value. En lieu et place la classe bourgeoise et ses employés petits-bourgeois politiciens, de l’industrie de l’ONG et de l’aristocratie syndicale, proposent aux prolétaires d’exprimer leur colère dans des manifestations bidon, de signer des pétitions «bonbons», et de voter pour l’un ou l’autre des bouffons que la machine «démocratique» des riches leur propose via l’industrie du cirque électoral. La misère populaire s’aggravant, les organisations politiques traditionnelles, celles de l’alternance gauche-droite au gouvernement, qui depuis longtemps ne constituent plus une alternative, sont de plus en plus déconsidérées au point de devoir céder leur place à une force que les oligarques en place qualifient de «populiste» ou «d’extrémiste suprémaciste» comme hier ils les qualifiaient de fascistes, NAZIS, militaristes ou corporatistes.

 

Ce phénomène largement répandu en Occident (Trump et le Tea Party aux États-Unis, Le Pen en France, Geert Wilders et le PVV aux Pays-Bas, MSI en Italie, etc.) est la manifestation d’une modification de la domination qu’exerce la grande bourgeoisie dans son alliance de classe traditionnelle avec la petite-bourgeoisie : « Alliance qu’organise le système d’État dit démocratique puisqu’elle est une condition de son existence sous cette forme qui a l’avantage de faire croire que l’État est l’exécuteur de la volonté populaire ».

 

Tom Thomas formule ainsi cette problématique: «La crise économique génère rapidement sous nos yeux une crise politique. Crise relative à l’État donc, qui ne peut plus, comme le peuple croit généralement que c’est son rôle, assurer la croissance, l’emploi, le niveau de vie, la santé, bref le progrès dans le bien-être général. Les partis traditionnels dits de droite ou de gauche qui se succèdent régulièrement au gouvernement, et plus généralement les élites politico-médiatiques et patronales, sont déconsidérés chaque jour davantage. Des membres de cette bourgeoisie dirigeante constatent eux-mêmes (…) que les extrêmes se renforcent (…) une enquête du Crédit suisse montre le lien mécanique entre taux de chômage et vote pour les partis extrémistes (…) que ces élites stigmatisent comme populistes.»

 

Tom Thomas semble ignorer que cette corrélation entre la croissance de la désespérance sociale et la croissance du vote pour les extrêmes électoraux est voulue et entretenue par le grand capital parfaitement conscient que les anciennes formations du cirque politique classique ne mystifient plus les électeurs potiches.

 

Le sondage du Crédit suisse ne constituant qu’un coup de sonde du patronat afin de vérifier si l’appât «extrémiste» fonctionne correctement et quels sont ses meilleurs arguments pour tromper la populace que tous ces gens manipulent allègrement. C’est pourquoi le premier geste de révolte que la classe dominée et exploitée doit poser c’est de refuser d’accréditer le fétichisme étatique, et de refuser de participer aux mascarades électorales où le pouvoir politique et idéologique s’affrontent au service de la classe dominante. C’est pour cette raison que du temps de Marx les premières organisations ouvrières diffusaient leurs propres journaux, organisaient leurs propres activités culturelles, possédaient leurs propres maisons d’édition et refusaient de participer aux parades électorales organisées par la bourgeoisie pour subjuguer l’embryonnaire pouvoir politico-idéologique de la classe ouvrière.

 

La petite-bourgeoisie affairiste s’empare des rênes politiques

 

L’économie prenant du mieux le mouvement ouvrier connut des déboires et s’affaissa, c’est via les médias du prolétariat, que les petits bourgeois infiltrèrent, que le mouvement ouvrier fut miné idéologiquement, reflet de son délitement politique et économique. C’est aussi via de nouveaux médias, non sectaires et non dogmatiques, que l’idéologie révolutionnaire du prolétariat renaitra, parallèlement à ses luttes économiques (grévistes). Les prolétaires révolutionnaires croient que la bonne façon d’user de leur pouvoir politique et idéologique, à l’intérieur de la société capitaliste sous dictature démagogique bourgeoise, c’est de refuser de cautionner ces comédies électorales. Par ces activités de dénonciation et de décryptage des mascarades électorales, la classe prolétarienne refuse toute collaboration avec la classe bourgeoise (y compris avec la petite bourgeoisie, aujourd’hui qualifiée de classe «moyenne» citoyenne), et elle exprime ainsi son mépris du pouvoir et des institutions capitalistes et appelle à leur abolition. De toute façon, que la gauche le veuille ou non, spontanément la classe prolétarienne exprime son refus de collaborer à son aliénation et s’abstient de plus en plus massivement de voter. Aux États-Unis, au cours de la campagne électorale de 2016, 46 % de la population habilitée à voter ne s’est pas présentés aux urnes, de ce nombre, une majorité de prolétaires. En France, au cours de l’élection présidentielle de 2017, plus de 70% des ouvriers se sont abstenus de voter pour l’un ou l’autre des polichinelles présentés lors du cirque électoral. Ce furent deux victoires prolétariennes.

 

Après un bref rappel de l’histoire génocidaire de la République «démocratique» américaine, nous décrirons les forces en présence dans ce conflit interne à la bourgeoisie que constitue une élection «démagogique». En effet, dans une élection les enjeux sont ceux qui confrontent la classe dominante, l’un de ces enjeux pouvant être de remettre en question la façon dont une section de la classe capitaliste entend se servir de l’appareil d’État fétiche pour tenter de résoudre les difficultés de la classe hégémonique. L’enjeu peut aussi concerner la façon d’embrigader la classe prolétarienne pour la maintenir dans le giron de la bourgeoisie nationaliste pour défendre la patrie en danger (sic). Quand bien même un groupuscule de la gauche réformiste voudrait représenter électoralement la classe ouvrière qui le saurait, qui le croirait ? Pire, le prolétariat lui-même se moquerait de ces prétentieux gauchistes qui ne savent pas qu’un programme social progressiste est impossible sous le mode de production capitaliste en faillite où les privilèges conquis sont sans cesse remis sur le tapis.

 

Dans les quelques pays occidentaux où de tels programmes ont été implantés au cours des trente années de prospérité relative (1945-1975), ces soi-disant «acquis» sociaux sont remis en jeu. Évidemment, la gauche vous dira que de toute manière la classe ouvrière n’existe pas et que si elle subsiste elle est embourgeoisée et corrompue et que seule «l’avant-garde» petite-bourgeoise agitée est engagée (sic). Autant le mode de production capitaliste, dans sa phase d’expansion impérialiste (1890-1975), a produit une large couche de petits-bourgeois à sa solde, un foisonnement d’intellectuels et d’artistes obséquieux, quantité d’aristocrates syndicaux bien payés, moult employés d’ONG stipendiés, une multitude d’engagés des services politiques et répressifs ; autant le système doit aujourd’hui se débarrasser de ces affidés parasites (non producteurs de plus-value), les paupériser et les retourner parmi les prolétaires de la misère pendant cette phase de déclin qui s’est amorcée au cours des années soixante-dix du siècle dernier.

 

Nous analyserons le projet stratégique et le programme tactique des différentes classes sociales dans ce contexte électoraliste ubuesque. Nous démontrerons la mystification à l’œuvre dans un tel cirque électoral et médiatique. Nous présenterons les enjeux pour les différentes classes et pour les factions dominantes et concurrentes, maitresses du jeu électoral dans lequel la classe prolétarienne n’a qu’un rôle d’observateur et de faire valoir, et pour lequel elle éprouve de moins en moins d’intérêt. Dans les chapitres subséquents, nous présenterons une série de tableaux décrivant le cheminement d’une campagne électorale américaine s’échelonnant sur un an. Que ce soit celle de 2016 ou celle de 2020 ce cirque est à l’identique toujours le même blanc-bonnet ou bonnet-blanc depuis plus de cent ans. Enfin, les derniers chapitres seront consacrés à l’analyse du programme de la clique du président Trump choisi par la ploutocratie et désormais confronté à la réalité de la situation économique et sociale catastrophique des États-Unis d’Amérique.

 

En 2016, il n’y avait pas d’énigme Donald Trump, en 2020, malgré les simagrées des analystes patentés il n’y a pas de mystère «Donald Trump» dont les politiques sont parfaitement prévisibles – elles consistent à remettre le fardeau de la crise économique américaine sur le dos des prolétaires américains et du monde entier en réduisant leurs conditions de vie et de travail afin de transférer de grandes quantités d’argent du travail vers le capital.

 

À SUIVRE


NOTES

 

  1. Démocratie aux États-Unis. Sur Internet, le volume est disponible en cinq (5) langues via le présent site web, via celui de l’Harmattan (version française) et via Amazon :HARMATTAN : http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=59199AMAZON : https://www.amazon.ca/démocratie-aux-Etats-Unis-Robert-Bibeau/dp/2343144672/ref=sr_1_1?ie=UTF8&qid=1521149336&sr=8-1&keywords=robert+Bibeau&dpID=41f0Kjchz1L&preST=_SY264_BO1,204,203,200_QL40_&dpSrc=srch

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