Recep Tayyip Erdogan et Fayez Al-Sarraj (président du GNA)
Par Yacine Babouche (revue de presse : TSA – 15/1/20)*
Deux-mille combattants syriens ont été déployés ou seront déployés incessamment en Libye pour venir en soutien aux forces du gouvernement d’union nationale (GNA), où ils devraient toucher un salaire estimé à 2000 dollars mensuellement, rapporte ce mercredi le journal britannique The Guardian.
Ces combattants sont arrivés ou vont arriver depuis la Turquie, qui avait annoncé à la fin du mois dernier son intention d’apporter un soutien sur le champ de bataille aux forces du GNA, présidé par Fayez Al-Sarraj et reconnu par la communauté internationale.
La Turquie avait apporté son soutien à l’opposition syrienne depuis les premiers jours de la guerre civile en Syrie, et le gouvernement du président Recep Tayyip Erdogan avait utilisé les rebelles syriens comme des combattants par procuration contre les forces kurdes au Nord de la Syrie.
Un déploiement initial de 300 combattants de la deuxième division de « l’Armée nationale syrienne », rassemblement de groupes rebelles syriens fondé en 2017 et soutenu par la Turquie, a quitté le 24 décembre la Syrie vers la Turquie.
Ils ont été rejoints par une deuxième vague de 350 combattants le 29 décembre avant d’être tous transportés par avion vers Tripoli, où ils ont été positionnés sur la ligne de front à l’est de la capitale.
1350 autres combattants ont quant à eux traversé le 5 janvier la frontière séparant la Turquie de la Syrie, rapporte la même source qui précise que certains ont entre-temps été déployés en Libye tandis que d’autres continuent à être formés dans des camps au sud de la Turquie. Des combattants du groupe islamiste rebelle « Légion du Levant » (Faylaq al-Cham) envisageraient également de voyager en Libye.
Selon The Guardian, ces chiffres sont beaucoup plus importants que les estimations initialement annoncées. Les combattants syriens prévoiraient en outre de s’unir dans une division baptisée au nom d’Omar al-Mokhtar, un leader de la résistance libyenne contre la colonisation italienne devenu populaire en Syrie après le Printemps arabe de 2011.
Le journal britannique, qui cite des sources au sein de « l’armée nationale syrienne », affirme également que ces combattants ont signé des contrats de six mois directement avec le GNA plutôt qu’avec l’armée turque. Ils toucheront un salaire mensuel de 2000 dollars, bien plus important que le salaire qu’ils touchent en Syrie, estimé entre 68 et 94 dollars par mois. Tous les combattants se sont également vu promettre la nationalité turque, « une carotte utilisée depuis plusieurs années par Ankara pour cajoler les combattants présents dans les brigades qu’elle finance ».
La Turquie s’est également engagée à payer les frais médicaux des combattants blessés et de rapatrier les morts vers la Syrie, indique The Guardian qui confirme qu’au moins quatre Syriens sont déjà morts en Libye.
La Turquie, le GNA, et « l’armée nationale syrienne » ont démenti à plusieurs reprises la présence de combattants syriens en Libye. Les combattants se sont quant à eux vu bannir la publication de toute preuve de leur présence en Libye sur les réseaux sociaux, après que des vidéos aient été publiées montrant des combattants avec un accent syrien affirmant « être en Libye pour défendre l’islam ».
Selon The Guardian, le GNA était initialement réticent à l’idée d’accepter des combattants syriens plutôt que des soldats turcs, mais a fini par accepter lorsque les forces du maréchal Haftar se sont rapprochées encore plus de Tripoli. La Turquie n’a pour sa part envoyé pour l’heure que 35 soldats dans la capitale libyenne.
Face à eux, les forces du maréchal Haftar peuvent compter sur 3000 mercenaires soudanais ayant rallié leurs rangs à Benghazi, aux côtés de 600 mercenaires russes déjà présents aux côtés des forces de Haftar.
*Source : TSA (Tout Sur l’Algérie)