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29 mars 2024

1000 attaques de drones recensées depuis 2019: Libye, le plus grand théâtre de guerre de drones au monde


Publié par Gilles Munier sur 7 Mars 2020,

Catégories : #Libye

Le président Erdogan apposant sa signature sur un drone turc (4/2/18)

Par Mohand Aziri (revue de presse : El Watan – 5/3/20)*

Drones, déni et désinformation : la guerre en Libye et le nouveau désordre international.» Dans sa tribune publiée ce lundi sur la plateforme américaine (d’études des guerres), War on the Rocks, le Pr allemand Wolfram Lacher décrypte le triptyque du modèle de guerre en Libye qui, «loin de refléter seulement l’érosion de l’ordre international dirigé par les Etats-Unis, (il) contribue directement à sa disparition» et à dessiner les contours du «nouveau désordre international». «Lorsqu’une bombe tombe du ciel de la Libye, le jeu de devinette de qui l’a larguée commence (…)», ironise ainsi le professeur en sciences politiques, chercheur à Humboldt University de Berlin. Car «au moins» cinq Etats étrangers peuvent être responsables des attaques, en plus de deux forces aériennes libyennes rivales associées à deux gouvernements et à des coalitions de milices en concurrence.

Des attaques, souvent couvertes avec des formes de «déni» savamment entretenu par les Etats intervenants. Une «petite guerre entre amis», en somme. Entre les Etats-Unis, la Turquie, la France, les Emirats arabes unis, l’Egypte… dont «la négation ne vise pas seulement à faciliter l’impunité au niveau international, mais aussi une façon d’éviter le contrôle national des aventures militaires à l’étranger». Les drones sont «bon marché», fait remarquer le spécialiste, tout comme le déploiement de mercenaires et ils sont la «marque» de cette intervention militaire étrangère en Libye. Ils reflètent en sus une tendance plus large à la «guerre de substitution. Avec un investissement minimal et une empreinte officielle faible ou nulle».

Les puissances étrangères réduisant ainsi les risques pour leurs forces régulières et évitent d’être «blâmées» pour leurs actions,   tout en exerçant une influence majeure sur le champ de bataille. En plus des escadrilles de drones meurtriers, des légions de mercenaires, Wolfram Larcher met en évidence le rôle dévastateur des «armées de bots et de trolls» déployées, entre autres, par les Etats du Golfe, en plus de la Russie et des pays occidentaux qui «inondent les médias sociaux de propagande», amplifiant les opinions des «influenceurs» tapis dans les capitales occidentales et moyen-orientales et instillant la haine confessionnelle et raciale, etc.

Aujourd’hui, souligne le spécialiste, ces Etats autoritaires mènent des campagnes de désinformation dans plusieurs pays en même temps et font des «incursions» dans les sphères publiques des démocraties avancées et des pays en développement. La Libye, pays «sans histoire de journalisme professionnel indépendant, mais avec un héritage d’endoctrinement (…) est un terreau fertile aux ‘‘guerriers’’ de l’information», estime-t-il. Dans les heures qui ont suivi l’annonce de l’offensive de Haftar, rappelle le chercheur, des influenceurs saoudiens, émiratis et égyptiens ont commencé à poster et à tweeter pour soutenir l’opération, soutenus par des légions de comptes automatisés.

*Source : El Watan

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