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13 décembre 2024

Dans l’Europe du virus arrivent les bombardiers USA d’attaque nucléaire


Publié par Gilles Munier sur 19 Mars 2020, 08:23am

Bombardier stratégique furtif B-2 Spirit

Par Manlio Dinucci (revue de presse : Il Manifesto –  17/3/20)*

À cause du Coronavirus les American Airlines et autres compagnies aériennes étasuniennes ont supprimé de nombreux vols pour l’Europe. Mais il y a une “compagnie” USA qui, au contraire, les a augmentés : l’US Air Force.

Ces jours-ci elle a “déployé en Europe une task force de bombardiers furtifs (stealth) B-2 Spirit”. L’annonce vient du US European Command de Stuttgart, le Commandement Européen des États-Unis. Il est sous les ordres d’un général, actuellement Tod D. Wolters de la US Air Force, qui est en même temps à la tête des forces OTAN en tant que Commandant Suprême Allié en Europe. L’US European Command précise que la task force, composée d’un nombre non précisé de bombardiers provenant de la base Whiteman au Missouri, “est arrivée le 9 mars à Lajes Field dans les Açorres, au Portugal”.

Le bombardier stratégique B-2 Spirit, l’avion le plus cher du monde dont le coût dépasse les 2 milliards de dollars, est l’avion USA le plus avancé d’attaque nucléaire. Chaque engin peut transporter 16 bombes thermonucléaires B-61 ou B-83, avec une puissance maximale totale équivalente à plus de 1.200 bombes d’Hiroshima. Du fait de sa conformation, de son revêtement et de ses contremesures électroniques, le B-2 Spirit est difficilement repérable par les radars (et de ce fait dit “avion invisible”).

Même s’il a déjà été utilisé en guerre, par exemple contre la Libye en 2011, avec des bombes non-nucléaires de grande puissance à guidage satellite (il peut en transporter 80), il est projeté pour pénétrer à travers les défenses ennemies  et effectuer une attaque nucléaire de surprise. Ces bombardiers, précise l’US European Command, “opèreront depuis diverses installations militaires dans l’aire de responsabilité du Commandement Européen des États-Unis”. Cette aire comprend toute la région européenne et toute la Russie (partie asiatique incluse). Ceci signifie que les plus avancés bombardiers USA d’attaque nucléaire opèreront, depuis des bases en Europe, aux abord de la Russie. Si l’on inverse le scénario, c’est comme si les plus avancés bombardiers russes d’attaque nucléaire opéraient depuis des bases à Cuba aux abords des États-Unis.

L’objectif poursuivi par Washington est évident : accroître la tension avec la Russie en utilisant l’Europe comme première ligne de la confrontation. Cela permet à Washington de renforcer son leadership sur les alliés européens et d’orienter la politique étrangère et militaire de l’Union Européenne, dans laquelle 22 des 27 membres appartiennent à l’OTAN sous commandement USA.

Cette stratégie est facilitée par la crise provoquée par le Coronavirus. Aujourd’hui plus que jamais, dans une Europe en grande partie paralysée par le virus, les USA peuvent faire ce qu’ils veulent. Comme le confirme le fait qu’ils y transfèrent leurs bombardiers les plus avancés pour l’attaque nucléaire avec le consensus de tous les gouvernements et parlements européens et de l’Union européenne même, dans le silence complice de tous les grands médias européens. Même silence tombé sur le Defender Europe 20, le plus grand déploiement de forces USA en Europe depuis la fin de la Guerre Froide, dont les médias ont parlé seulement quand l’US European Command a communiqué que, à cause du Coronavirus, il réduira les soldats USA participants à l’exercice de 30.000 à un nombre non précisé, conservant en tous cas “nos objectifs de plus haute priorité”.

Dans le cadre d’un véritable psy-op (opération psychologique militaire) divers organes d’”information”, y compris en Italie, ont attaqué “les canulars sur l’exercice Defender Europe” (La Repubblica, 13 mars), et, à travers les réseaux sociaux, s’est répandu le bruit que l’exercice a pratiquement été supprimé. Nouvelle tranquillisante, renforcée par l’assurance, donnée par l’US European Command, que, “notre principale préoccupation est de protéger la santé de nos forces et celle de nos alliés”. Justement en remplaçant en Europe un nombre non précisé de soldats USA par un nombre non précisé de bombardiers USA d’attaque nucléaire, chacun d’une puissance destructrice équivalente à plus de 1.200 bombes d’Hiroshima.

*Source: il manifesto

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