Guerre sanitaire contre le coronavirus ou guerre de classe contre le prolétariat ?
27 avril 2020
Guerre sanitaire contre le coronavirus ou guerre de classe contre le Prolétariat ?par Robert Bibeau |
Par Khider Mesloub.
Depuis plus d’un mois, des centaines de millions de personnes sont toujours condamnées au confinement pénitentiaire, soumises au contrôle social et électronique, à la délation du voisinage, à la répression policière. Sous couvert de la protection de la population décrétée au nom de la santé, celle-là même qui a été massacrée par tous les États responsables du démantèlement des hôpitaux et de la réduction des effectifs soignants, des dizaines de pays, dans le sillage des mesures de quarantaine initiées par la dictature chinoise, se sont alignés sur la même politique de confinement. Comment expliquer cet alignement quasi pavlovien de la majorité des pays « démocratiques » sur la Chine ?
La réponse se niche dans le contexte économique de crise mondiale contemporain. Nul n’ignore la gravité de la dégradation de la situation économique enclenchée depuis 2008. L’année 2020 s’annonçait catastrophique. Tous les signaux économiques étaient au rouge. L’économie réelle était en proie à une surproduction inégalée, tandis que le commerce international s’était rétracté depuis 2018. Pour sa part, la sphère spéculative financière menaçait d’éclatement. Le front social était, quant à lui, en pleine agitation, marqué par des soulèvements populaires dans de nombreux pays, les Gilets jaunes en étant le modèle exemplaire https://les7duquebec.net/
C’est dans ce contexte de déstabilisation économique et de contestation politique et sociale généralisée qu’apparaît opportunément le coronavirus.
Paradoxalement, dès les premières alertes relatives au coronavirus, profitant de la psychose alimentée par les médias inféodés, parfois sans présence de cas avérés sur leur territoire, des pays ont promptement décidé d’imposer le confinement à leur population. Quitte à mettre en danger leur économie nationale, déjà malmenée par l’arrêt de la production, pénalisant ainsi les profits, précipitant des millions de travailleurs dans le chômage et la précarité. Or, devant de telles mesures irrationnelles préjudiciables à l’économie, nous avons assisté à aucune protestation de la part des milliardaires, des banquiers ou des hommes d’affaires. Tout se passe comme si ce coup d’État sanitaire, impulsée à la faveur de la pandémie du Covid-19, arrangeait les affaires du grand capital, impatient de procéder à une dévalorisation du capital, autrement dit à une destruction des infrastructures économiques les moins performantes, pour tenter une régénération salvatrice. En effet, les principaux bénéficiaires de la crise sanitaire et économique sont les grands patrons. Sans déclenchement de guerre armée généralisée, le grand capital tente de se refaire une cure de jouvence économique, de redessiner un nouvel ordre mondial, avec le soutien appuyé des États pourvoyeurs de subventions financières publiques.
Sous prétexte de la crise sanitaire du Covid-19, la majorité des pays du monde se sont empressés de mettre en quarantaine leur population. Sous couvert de lutte contre la propagation du coronavirus, ces États ont instauré le confinement. Or, le confinement, méthode moyenâgeuse, s’il garantit la possibilité de ralentir la propagation du virus et de la mortalité, en revanche il ne permet nullement de sauver la vie des malades fragiles et des personnes âgées, proies favorites du virus. Ainsi, la seule efficacité du confinement est de permettre de ralentir la propagation du virus, autrement dit d’étaler la mortalité par l’évitement de l’engorgement des hôpitaux insuffisamment préparés ou totalement défaillants. Quelle que soit la mesure sanitaire instituée, le virus poursuit toujours sa mission, à grande vitesse ou au ralenti. Mais ce n’est certainement pas le confinement qui stoppera sa dissémination, sa progression létale.
Aussi, pourquoi les gouvernements, qui d’ordinaire ne se soucient aucunement de la santé de leur population comme ils l’ont prouvé ces dernières décennies par leur politique de destruction du système de santé perpétrée au nom de la rigueur budgétaire, ont-ils décidé précipitamment de décréter le confinement, en dépit de ses retombées financières préjudiciables et des risques d’effondrement de l’économie ? Les gouvernants et les puissants sont-ils devenus inconscients et suicidaires au point de mettre en péril leur pouvoir ? Au point de provoquer des tensions sociales susceptibles de déboucher sur des insurrections ? Absolument pas. Le véritable enjeu de tous ces puissants à la domination vacillante, engagés dans une ultime guerre de classe menée contre leurs populations laborieuses menaçantes, est la pérennisation de la société capitaliste mondialisée, depuis plusieurs années contestée par les prolétaires en révolte. Et le confinement, ou plutôt le coronavirus (comme naguère le terrorisme) est l’arme opportune idéale pour impulser la militarisation de la société dans un contexte pourtant de « paix ». Comment ? Au moyen du bombardement médiatique anxiogène, autrement dit au nom de la création d’un climat d’insécurité apocalyptique digne d’une guerre nucléaire, plongeant les populations dans une peur-panique. Le contexte de sidération ainsi créé paralyse les populations, les acculant à réclamer la protection de leur gouvernement, la veille encore honni et contesté. C’est le début du processus de contrôle social, de l’instauration de mesures de restriction des libertés, de l’institution de lois répressives, d’assujettissement totalitaire de la population, dictées prétendument au nom de la crise sanitaire.
Nous sommes rentrés dans l’ère de la dictature light, de la tyrannie douce. Elle est exercée au nom de la santé de la population consentante.
Dans une tribune publiée récemment dans le Wall Street Journal, Henry a écrit: « La cohésion et la prospérité des nations reposent sur la conviction que leurs institutions peuvent prévoir les catastrophes, endiguer leurs effets et restaurer la stabilité. Lorsque la pandémie de Covid-19 sera passée, les institutions de nombreux pays donneront l’impression d’avoir échoué. (…) après le coronavirus, le monde ne sera jamais plus comme avant (autrement dit, il sera militarisé, sécuritaire, NDA). Le coronavirus a frappé dans des proportions et avec une brutalité inédite (l’emploi de la technique de la dramatisation anxiogène pour apprêter la population à approuver les mesures sécuritaires totalitaires en préparation par tous les États du monde capitaliste, NDA). Sa progression est exponentielle : aux États-Unis, le nombre de cas double tous les cinq jours. À l’heure où je rédige ces lignes, il n’existe pas de remède. Les équipements médicaux sont en quantité insuffisante pour faire face aux vagues de plus en plus importantes de malades (faux : la médecine américaine est digne des pays du Tiers-monde, elle est sous-équipée, NDA). (…) Les tests ne permettent pas d’identifier l’étendue de l’infection, et encore moins d’inverser sa diffusion. La mise au point d’un vaccin pourrait prendre douze à dix-huit mois. L’administration américaine a fait ce qu’il fallait pour éviter une catastrophe immédiate (imposture éhontée : l’administration américaine a fait preuve d’une incurie criminelle, NDA). Le test ultime sera de savoir si la propagation du virus peut être arrêtée, puis inversée d’une manière et dans des proportions qui préservent la confiance du public dans la capacité des Américains à se gouverner. L’effort déployé face à la crise, quelles que soient son ampleur et sa nécessité, ne doit pas empêcher le lancement urgent d’une initiative parallèle pour assurer la transition vers le nouvel ordre mondial de l’après-coronavirus » (toute la pensée de Kissinger est synthétisée dans cette dernière phrase. L’enjeu capital, sans jeu de mot, pour les classes dominantes, dans ce contexte de guerre de classe menée au nom de la sauvegarde de la santé, est de sauver en vrai l’ordre capitaliste mondialisé, par quelques mesures de rafistolage politique et d’opérations esthétiques économiques, pour faire accroire à l’avènement d’un ordre mondial refondé, mais toujours dirigé par les puissants, NDA).
Ainsi, sous couvert de la crise sanitaire jetée en pâture, comme un appât idéologique viral, aux populations apeurées et tétanisées par la médiatisation anxiogène de la propagation du coronavirus, l’enjeu capital pour les puissants est de raffermir le pouvoir des États fragilisé ces dernières années par les multiples contestations et soulèvements populaires. Comment ? Par le recours à la « théorie du chaos » (qui derrière un apparent désordre, en vrai maîtrisé, la théorie du chaos prépare un ordre totalitaire ordonné).
En effet, l’objectif principal, dans ce contexte d’effondrement économique délibérément provoqué, de chômage massif volontairement suscité, de chaos généralisé, marqué par la détresse et la misère inévitable imminentes, est double. D’une part, fragiliser, sur les plans social et psychologique, les populations afin de les acculer à accepter la main secourable de leurs « bienveillants et généreux » gouvernants, rétablissant ainsi leur confiance dans l’appareil bureaucratique d’État, ces dernières années rudement contesté par la rue. D’autre part, corrélativement, assurer par le haut la pérennité de l’ordre capitaliste dominant. Comme le confirme Henry Kissinger : « Il faudra aussi mettre en œuvre des programmes pour atténuer les effets du chaos imminent sur les populations les plus vulnérables de la planète » (autrement dit, il faut que le gouvernement des riches préserve l’ordre économique dominant par le rétablissement du rôle proéminent de l’État, avec la complicité de certaines couches enrôlées pour mater toute rébellion du prolétariat actuellement agité, NDA).
Henry Kissinger, l’ancien secrétaire d’État américain, poursuit ses conseils aux puissants : « Aujourd’hui, dans un pays divisé, un gouvernement efficace et clairvoyant est nécessaire pour surmonter les obstacles d’une ampleur et d’une portée mondiale sans précédent ». (…) « Enfin, les principes de l’ordre libéral international doivent être préservés. Le mythe fondateur de l’État moderne est une ville fortifiée protégée par des dirigeants puissants, parfois despotiques, parfois bienveillants, mais disposant toujours d’une force suffisante pour prémunir leur peuple contre un ennemi extérieur ou intérieur. », affirme le doyen de la diplomatie américaine.
Voilà, tout est résumé dans cette dernière phrase. L’ennemi n’est pas le coronavirus, mais le prolétariat, cet ennemi intérieur depuis quelques années très menaçant, tenté par l’insurrection sociale, ce virus social plus dangereux que le coronavirus. Cette force suffisante (L’État), comme dit Kissinger, est la seule arme de gouvernement des puissants afin de sauver leur ordre capitaliste mondialisé. « Le défi historique pour les dirigeants est de gérer la crise tout en construisant l’avenir. Un échec pourrait enflammer le monde », conclut Henry Kissinger, à destination de ses amis les puissants. Leur défi, leur rappelle-t-il, est de préparer l’avènement du nouvel ordre mondial militarisé ou de succomber sous l’assaut des peuples affectés par le virus de la rébellion.
Mesloub Khider