Que faire ?
28 avril 2020
On peut constater que les gouvernements occidentaux n’ont pas su prévenir l’arrivée de la vague du virus covid 19 alors qu’ils avaient au moins six semaines d’avance sur les Chinois, ce qui aurait du leur permettre de se préparer non pas à affronter une situation de type province du Hubei mais une situation comparable aux provinces périphériques de Chine voire, mieux, une situation comparable à celle du Vietnam qui a su magistralement éviter la vague à ses habitants. Ou au moins de la Corée du Sud qui a su canaliser la vague de telle façon qu’elle s’éteigne avant d’avoir à imposer le confinement. Dans ce contexte là, de retard coupable, il n’était plus question, comme ce fut le cas en Asie, pour les gouvernements occidentaux de se limiter à généraliser le port du masque, de généraliser les tests, d’isoler les personnes contaminées et de tracer, en particulier grâce à leur téléphones portables, les personnes avec lesquelles les contaminés avaient été en contact. Ayant échoué à empêcher l’épidémie, les pouvoirs capitalistes occidentaux ont été réduits à devoir introduire l’isolement, la quarantaine. Mais même cela ils en ont été incapables alors qu’ils avaient devant les yeux l’exemple réussi du Hubei chinois car entre ordres et contrordres ils ont perdu la confiance des citoyens alors que si la méthode chinoise a réussi c’est parce que cette société a su faire preuve de cohésion, de collectivisme et d’esprit de sacrifice, justement parce que, globalement, les autorités, malgré quelques ratés au début, avaient su garder la confiance de leur peuple. Du coup, les gouvernements occidentaux ont essayé de maîtriser non plus la situation mais leur propre peuple en décrétant un isolement qui ne pouvait pleinement réussir puisqu’il n’existait plus de confiance envers des pouvoirs irresponsables et tenant des discours contradictoires et tardifs. Il ne leur restait plus qu’à répandre l’histérie et à gouverner l’histérie. Et on peut craindre que, menant depuis des années déjà, des politiques de plus en plus autoritaires, les autorités ne profitent de la situation pour créer les bases d’un régime policier qui ne dira pas son nom, mais n’en sera pas moins insupportable.
Il est clair que dans cette situation il faut maintenir le confinement aussi longtemps que la nécessité l’exige tout en préparant le déconfinement par la généralisation des masques, des tests et des soins des malades les plus efficaces possibles. Cela étant, l’immense crise économique qui commençait à poindre dans les pays capitalistes avant même le début de la pandémie, connait une croissance exponentielle à laquelle il sera impossible d’échapper et qui commence déjà à faire sentir ses effets. La masse des citoyens et des travailleurs, surtout des travailleurs précaires, n’est pas responsable de la situation dans laquelle ils ont été mis, ce sont les gouvernements et les élites possédantes qui sont responsables des politiques de destruction des services publics et des services de santé, et c’est donc à elles de financer non seulement le sauvetage des entreprises mais d’assurer directement aux intéressés de quoi vivre décemment en attendant de pouvoir reprendre un travail normal dans des conditions meilleures que celles qui ont prévalu avant la catastrophe.
Avant de quitter la scène de l’histoire et de rendre le pouvoir à ceux qui travaillent et qui ont occupé la ligne de front au cours de la pandémie, l’exigence du moment est que les actuels gouvernements rassemblent les moyens financiers auprès de ceux qui les possèdent pour assurer des revenus aux personnes précarisées par la crise actuelle, ce qui doit du coup amener à la suppression des barrières entre travail légal et travail informel, résidents légaux et clandestins, puisque tout le monde a vécu et a su affronter les mêmes drames, en particulier les plus démunis qui sont aussi le plus souvent ceux qui ont occupé les fonctions essentielles en période de crise. On pense bien sûr à tout le personnel hospitalier, des femmes de ménages aux médecins, mais on doit aussi penser aux migrants qui sont allés aider les agriculteurs en panne de main-d’oeuvre et tant d’autres « petites mains » qui ont fait vivre les circuits de solidarité en l’absence d’État qui s’est révélé quasiment absent sur le terrain.
Voilà les exigences légitimes que l’on doit formuler à l’heure actuelle et que l’on doit imposer aux pouvoirs, par des doléances, des exigences et aussi par des manifestations spectaculaires du genre grèves, dans le travail physique comme dans le télétravail, ou manifestations respectant les règles de distanciation et de précautions correspondant au moins à ce que les gouvernements commencent à accepter en prévision du confinement.
l’Heure est donc à la montée des exigences tout en respectant les règles d’hygiène imposées par la situation.