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25 avril 2024

Accélérer vers la décolonisation complète


Actualité

Olivier Mukuna

Capture d’écran PalSol

Mercredi 1er juillet 2020

Il en aura fallu du temps, des morts, des coups, du mépris, des rivières de sueurs et de larmes pour en arriver à ce 30 juin 2020.

A cette parole royale totalement inattendue (*) ; à ces mots, contre-signés par le gouvernement, qui ont lié, majestueusement, passé colonial et racisme structurel belges ; à ces mots qui ont enfin admis la réalité de ce continuum colonial que Nous n’avons cessé d’expliquer, de déconstruire et de dénoncer (pour ma part, depuis plus de 15 ans) ; à ces mots frappés du sceau de la monarchie qui devrait enfin fermer la bouche fétide de tous ces commissaires-menteurs, ces réducteurs-priseurs et autres nostalgiques encenseurs du crime contre l’Humanité qu’a constitué la colonisation belge.

Lorsque j’écris « Nous », dans mon petit pays aux grands ego, c’est pour tenter de résumer la longue liste multicolore des femmes et des hommes que j’ai vu, toutes ces années, lutter, argumenter, travailler sans compter, en ignorant si, de leur vivant, ils verraient cette étape historico-symbolique du 30 juin 2020. Oui, je les ai vus – qu’elles et ils en soient à jamais Remerciés ! -, s’accrocher, résister, s’obstiner, chuter et se relever, quand le vent des pouvoirs blancs ne soufflait pas dans le bon sens ; quand il était plus rentable à tous niveaux de « fermer sa gueule » ; quand l’admirable peuple des USA n’avait pas donné le signal ; quand ce n’était pas à la mode de crier que la vie des noir-e-s compte…

Cette nuit, de mon bureau enfumé, enchaîné à mon clavier, je pense à vous, mes frères et soeurs de lutte. De Belgique, de France, du Luxembourg, de Suisse et d’ailleurs. A comment vous avez pu vivre cette étrange, sublime et folle journée ?

Durant des années, Nous n’étions qu’une minorité sociopolitique, raillée ou disqualifiée, stigmatisée « d’identitaires », de « communautaristes » « d’islamo-gauchistes » ou de « suprémacistes noir-e-s » ; aujourd’hui, notre discours fondamental est devenu royal, médiatiquement crédible, politiquement incontournable, quasi mainstream.

Et c’est, désormais, à l’instar de la fin de la merveilleuse journée du 30 juin 1960, dans ce scintillant moment de vertiges où la Victoire finale ne relève plus du mirage, qu’il Nous faudra, mes ami-e-s, redoubler de vigilance et d’unité. De stratégies offensives et indomptables. Car les forces conservatrices arabo-négrophobes n’ont pas dit leur dernier mot ; parce que leurs outils de diversion, de corruption et de récupération sont déjà en train de servir…

Il n’y aura pas de vivre-ensemble sans décolonisation complète.
Il n’y aura pas de citoyenneté commune tant que la Belgique continuera à honorer les criminels de la colonisation.

Olivier Mukuna
Bruxelles, le 30 juin 2020

(*)

« À l’époque de l’État Indépendant du Congo [sous le règne de Léopold II] des actes de violence et de cruauté ont été commis, qui pèsent encore sur notre mémoire collective. La période coloniale qui a suivi a également causé des souffrances et des humiliations.

Je tiens à exprimer mes plus profonds regrets pour ces blessures du passé dont la douleur est aujourd’hui ravivée par les discriminations encore trop présentes dans nos sociétés.

Je continuerai à combattre toutes les formes de racisme. »

(Philippe Ier, Roi de Belgique, 30 juin 2020).

 

 

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Source : La page FB de l’auteur
https://www.facebook.com/olivier.mukuna/…
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