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19 avril 2024

Les derniers développements dans l’équation libyenne, vus par un think tank turc


Publié par Gilles Munier sur 12 Juillet 2020, 11:57am

Catégories : #Libye, #Turquie, #Poutine, #Macron, #Egypte

Etude de Can Acun (revue de presse : TRT en français – 11/7/20)*

Les développements militaires et politiques se poursuivent sur le terrain libyen où tous les équilibres ont changé avec l’intervention de la Turquie en faveur du Gouvernement d’entente nationale (GEN).  Les forces du GEN appuyées par les Forces armées turques se sont positionnées d’une part autour des villes Syrte et Djoufrah après une longue préparation pour en prendre le contrôle, et de l’autre, ont cherché à se renforcer avec un système de défense aérienne. Quant aux milices affiliées à Haftar, elles essaient de montrer une résistance militaire avec les avions de combats transférés par la Russie à Djoufrah via la Syrie et le déploiement des milices du régime Assad grâce au financement des Emirats arabes unis. Outres les développements militaires, le terrain libyen est notamment animé du point de vue diplomatique. La Turquie, la France et l’Italie sont présents (dans la région) tandis que le général putschiste Abdal Fattah al-Sisi, encouragé par les Emirats arabes unis, a annoncé qu’il pourrait intervenir dans les conflits en Libye.

Comme le cours des conflits qui perdurent depuis longtemps en Libye a changé avec l’intervention de la Turquie et le soutien qu’elle a apporté aux forces du GEN, les acteurs soutenant Haftar semblent se sentir obligés d’intervenir directement. Cette coalition formée des pays tels que la Russie, la France, les Emirats et l’Egypte qui ont des intérêts différents en Libye, a commencé à réaliser des démarches consécutives en vue d’assurer la défaite des forces du GEN face à Haftar et les empêcher de contrôler la totalité du pays. Leur priorité fondamentale est d’actionner la table diplomatique, assurer un cessez-le-feu au moins pour une certaine durée et sauver les forces d’Haftar d’une défaite certaine.  Entre-temps, avec le transfert par la Russie d’un grand nombre de chasseurs et l’arrivée sur les fronts en Libye des milices du régime Assad financés par les Emirats arabes unis, le recul (des milices d’Haftar) semble s’être arrêté pour le moment.

Le raid aérien des Emirats contre la base aérienne al-Watiya, à l’ouest du pays, montre combien cette coalition est déterminée. Ces pays cherchent à préserver la situation actuelle et à empêcher que les forces du GEN ne prennent le contrôle des villes comme Syrte et Djoufrah ainsi que des réserves pétrolières. Quant à la Turquie, elle continue de soutenir le gouvernement légitime. Les visites de haut niveau des responsables turcs à Tripoli et les accords effectués par la suite, ont renforcé cette situation.

Bien sûr, la Turquie veut donner une chance à la diplomatie en Libye, mais elle déploie des efforts pour que le processus pour une solution politique commence après un cessez-le-feu permanent. Pour cela, il faut que toutes les forces se retirent aux frontières déterminées par les Accords de Skhirat, signés au Maroc en  2015, ce qui signifie que la région comprenant deux villes d’une importance stratégique comme Syrte et Djoufrah, passe sous le contrôle du GEN. Cependant, un consensus entre les parties semble peu probable et nous pouvons d’ores-et-déjà prévoir le lancement d’une opération du GEN dans les prochains jours pour prendre le contrôle de Syrte.

Can Acun est écrivain-chercheur à la Fondation des études politiques, économiques et sociales (SETA), un think tank proche de l’AKP.

*Source : TRT en français

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