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28 mars 2024

Les Grosses Orchades les Amples Thalamanèges


ARMISTICE III/V
13 novembre 2020 0 Comments

 

 

 

 

 

 

 

Gustave Doré – La barque de Charon assaillie par des vagues de damnés

 

 

 

ARMISTICE

« 11 novembre 1918 »

La mère de tous les leurres

III/V.

 

 

« Le malheur en tout ceci, c’est qu’il n’y a pas de peuple, au sens touchant où vous l’entendez, il n’y a que des exploiteurs et des exploités, et chaque exploité ne demande qu’à devenir exploiteur. Le prolétariat héroïque, égalitaire, n’existe pas. C’est un songe creux, une faribole, d’où l’inutilité, la niaiserie écœurante de toutes ces imageries imbéciles, le prolétaire en cotte bleue, le héros de demain et le méchant capitaliste repu à chaîne d’or. Ils sont aussi fumiers l’un que l’autre. Le prolétaire est un bourgeois qui n’a pas réussi. Rien de plus, rien de moins. »

Céline, Lettre à Élie Faure de juillet 1935

 

 

 

 

 

La bataille du Styx

ou les guerres de Céline

 

Théroigne – 11.11.2020

 

 

L’actualité farceuse ou, si on veut, la sinistre répétition ad infinitum de l’histoire, a poussé M. Nicolas Bonnal à citer longuement, en octobre dernier (comme le temps passe !), Maurice Joly, auteur français du XIXe siècle, dont on sait quel rôle involontaire il a joué dans un pamphlet calomniateur des juifs mitonné dans un think tank d’époque./1

J’estime que ce n’est pas perdre mon temps que de le citer à mon tour, apparemment hors de propos :

 

 

« Voilà, c’est reparti comme en quatorze. On invoque Charlie, on coupe des têtes, on enferme tout le monde, et on ruine un pays comme à la parade. Le peuple bientôt vacciné et parqué se jette tout content dans les bras de la dictature pour la énième fois. Cela mérite une observation peu démocratique : certains voient dans le peuple une victime, alors que c’est toujours lui, nous explique Platon, qui réclame la tyrannie (République, livre VIII). C’est lui qui a peur du virus invisible, qui veut du test, du masque et de la police et du chômage et de la confiscation. Cinq ans après le Bataclan, on prend les mêmes et on recommence. »

Nicolas Bonnal – Maurice Joly et le gouvernement par le chaos 1864 à 2020

 

 

 

Cent-six ans après août 1914, Populo, n’a rien appris, en est resté au même point.

Et, oui, je le sais, que « la guerre 14 » en France, ce n’est pas seulement Céline, et que « Céline et les juifs », ce n’est pas la guerre 14, c’est la suivante. Mais n’oublions pas une fois pour toutes que la suivante n’en fut que la continuation, de même d’ailleurs que toutes celles qui leur ont succédé et leur succèdent sur la planète. C’est du ventre de la première qu’elles continuent de sortir.

Et si on peut dire que la France est sans doute le pays qui a eu le plus d’écrivains-soldats dans la Première Mondiale, il en est peu qui ont été aussi marqués par les deux conflits que celui qui les a, à son tour, marquées de son sceau unique. C’est pourquoi je me contente de rappeler, en annexe, seulement les plus célèbres d’entre ceux qui ont combattu et témoigné, dont j’imagine que l’enseignement new look fait peu de cas, et soyons même sûrs, qu’il les redoute. C’est la meilleure des raisons pour les lire.

Céline est ici arbitrairement choisi, de même que Malaparte l’a été pour évoquer la guerre des Italiens. Comme lui, quoique de deux ans plus âgé etd eux ans avant lui, Céline s’est engagé tête baissée dans l’empoignade, comme l’ont fait des multitudes de jeunes hommes du peuple ou petit-bourgeois de l’Europe entière, semblablement chauffés à blanc par l’arme de destruction massive plus efficace que n’importe quelle bombe A qu’est la propagande élevée au rang des beaux-arts, grosso modo depuis la défaite de 70. On n’a jamais vu, à aucune autre époque de l’histoire humaine, un engouffrement aussi enthousiaste de toute une génération dans la mort.

Et si Malaparte a eu le triste privilège d’assister à la sinistre farce du Traité de Versailles, Céline a, lui, vu de l’intérieur, les non moins sinistres pitreries de la Société des Nations, digne prélude à celles du Machin.

 

 

 

 

Céline à 20 ans. Il s’est engagé à 18, en 1912

 

 

 

Pour mémoire :

C’est en 1912, à 18 ans, que, devançant l’appel, il s’engage pour trois ans et entre au 12e régiment de cuirassiers, stationné à Rambouillet.

En août 1914, envoyé en Flandre orientale, ce régiment participe aux tout premiers engagements de la guerre. Le maréchal des logis Destouches, pas encore Céline, y est grièvement blessé au bras. Il sera opéré deux fois à trois mois d’intervalle et décoré de la médaille militaire, puis de la Croix de guerre avec étoile d’argent.

Déclaré inapte, il est affecté au service des visas du consulat français de Londres : c’est le début de son voyage au bout de la nuit. Il sera par la suite déclaré invalide à 70% et réformé.

Le reste est de l’histoire connue ou devrait l’être. MAIS…

 

 

 

 

 

Un des deux plus grands écrivains français de tous les temps sera tenu très soigneusement hors de portée de plusieurs générations de ses compatriotes, par la convergence de deux groupes d’intérêts fallacieusement confondus : d’une part : l’activisme sioniste qui se servira de lui pour promouvoir sa propre imposture : la transformation de l’extermination d’un très grand nombre de juifs par le nazisme en événement unique et insurpassable, absolument distinct de tous les autres massacres de l’Histoire ; d’autre part, les gens-z-au pouvoir dans tous les domaines (politique, économique, intellectuel, artistique et n’oublions pas les merdias encore peu reconnus comme tels) auxquels cette mise au pilori permettra d’occulter-bâillonner durablement et absolument le gêneur qui a osé appeler un chat un chat et qui l’a fait avec génie.

Toute généralisation étant idiote et Céline ayant été loin de l’être, il faut bien admettre que ses éructations anti-juives (puis anti-chinoises) dans la forme apparemment incontrôlable qu’elles ont prise, ont relevé de manière ou d’autre de la maladie. Psychique. La vertueuse indignation qu’elles continuent de susciter chez les plus ignares, pourries et corrompues tartuficques zélites hexagonales a fait en sorte que l’arbre de ses opinions cache depuis 70 ans la forêt de son dégoût, de sa rage, de son désespoir de Jérémie-Cassandre. Si ce désespoir est sans bornes, c’est que sa lucidité ne lui a rien épargné : ce ne sont pas seulement les fausses valeurs tyranniques au pouvoir qui sont à déplorer, ce sont aussi leurs victimes non moins abjectes, hélas, qu’à force de coups et d’imprécations, il a essayé de faire sursauter. En vain (avant lui, Baudelaire, déjà…).

Il faut dire, pour être juste, que le constat d’abjection générale ne concerne pas que le peuple français. À tel point que d’autres écrivains contemporains de Céline sont allés jusqu’à appeler de leurs vœux l’annihilation totale de l’espèce humaine, laquelle aurait selon eux le mérite de donner une chance à quelques autres, animales et végétales. N’en citons que deux : à l’époque de la trilogie allemande et de Féérie pour une autre fois, John Cowper Powys écrivait Spectres réels, et un peu plus tard, Kurt Vonnegut Jr – l’immortel auteur d’Abattoir 5, qui a préfacé l’édition américaine de la trilogie de l’exil – faisait de même dans Galapagos. Mais voilà, ils l’ont fait sous une forme plus facile à ignorer. Un autre vient de le faire aujourd’hui, à sa manière, pian-piano, dans la dernière page tragique d’un livre très drôle : Andrea Camilleri, dans Riccardino (encore inédit en français, on attend Quadruppani).

 

 

 

Cuirassier chargeant – Dessin de L.-F. Céline

 

_______________________

1/ On sait que ce pamphlet, écrit sous Badinguet contre les Bonaparte et publié d’abord – prudemment – sans nom d’auteur, à Bruxelles, a servi de patron à la police tsariste pour fabriquer un faux – le Protocole des Sages de Sion – qu’elle attribua « aux juifs », dont on peut supposer par là qu’ils étaient nombreux dans les rangs de l’opposition.

On sait moins que le pot aux roses fut découvert par un Anglais, tombé un jour, si ma mémoire ne me joue pas des tours, chez un bouquiniste en plein vent d’Istanboul, sur un exemplaire très abîmé du livre de Maurice Joly, dont certains passages le frappèrent aussitôt par leur ressemblance avec le fameux Protocole, qu’il venait justement de lire. Il lui fallut un certain temps pour arriver à identifier le modèle, car l’exemplaire qu’il s’était empressé d’acheter était en mauvais état, sans page de titre et – on l’a vu – sans nom d’auteur. Il finit par y arriver cependant.

Faut-il attribuer à l’humour noir des dieux ou aux sarcasmes de l’Histoire le fait que les sionistes d’aujourd’hui donnent a posteriori raison aux faussaires ? Ou bien faut-il plus simplement admettre que tous les tyrans usurpateurs reproduisent les méfaits de la famille Bonaparte, elle-même les ayant copiés de ses prédécesseurs ?

 

 

 

 

 

 

 

Les opinions émises et les livres écrits sur Céline sont innombrables, la plupart à charge. Nous ne retiendrons ici que quelques-uns de ceux qui ont essayé de comprendre sans juger.

Au premier rang desquels Henri Guillemin, dès 1966 :

 

 

Le Céline d’Henri Guillemin

 

 

 

 

 

 

 

 

Celui de Jean-Louis Bory

 

« Céline, notre Rabelais pour temps d’Apocalypse »

in Céline, Les Cahiers de l’Herne, 1968

 

 

 

 

 

Parmi ceux qui ont eu la chance de l’entendre, qui ne se souvient de Jean-Louis Bory, fougueux critique de cinéma, et de ses mémorables empoignades au Masque et la Plume avec Georges Charensol ? Mais Bory était encore quelque chose d’autre : un des rares à avoir compris tout jeune homme qui était exactement Céline, jusqu’à faire le pèlerinage de Copenhague pour l’aller voir dans sa prison danoise ; un des rares aussi, à savoir qui fut exactement Rabelais et de quelle nature est leur importance à tous deux, bien au-delà des seules lettres françaises.

Ce n’est pas par coïncidence que Rabelais et Céline furent médecins (comme le fut André Breton). Médecins des corps, certes, mais surtout des âmes. On pourrait les croire aux antipodes l’un de l’autre, l’un invinciblement optimiste (mais le fut-il vraiment ?) l’autre, au contraire, « triste, failli, plus noir que meure ». Qu’importe, puisqu’ils sont aussi incompris l’un que l’autre, le premier depuis pas loin de cinq siècles, le second depuis les trois-quarts d’un seul. Car, si la postérité n’a pas emboîté le pas à l’Inquisition et aux ennemis que Maître François eut de son vivant, bien peu d’hommes ont fait l’effort d’ouvrir la boîte à Silène dont l’apparence ne devait pas leur faire croire « de vessies que sont lanternes » mais leur révéler des choses d’extrême importance, pour peu qu’ils eussent la curiosité de l’ouvrir. En règle générale (quelques exceptions… pas beaucoup) ils ne l’ont pas eue. Même Victor Hugo n’a pas été, à son propos, le visionnaire qu’il fut ailleurs quelquefois : ce qu’il en dit dans son William Shakespeare prouve que, s’il l’a lu, il ne l’a pas compris.

François Rabelais et Louis-Ferdinand Céline, qui diagnostiquèrent pourtant les mêmes maux aux mêmes hordes de patients rétifs, se rencontreront-ils un jour ? Tout fait craindre que non, mais le premier n’a-t-il pas dit que les antipodes étaient faits pour se rencontrer et prophétisé que :

 

« Taprobana a veu Lappia, Java a veu les monts Riphées ; Phebol voyra Thélème ; les Islandoys et Engronelands boyroint Euphrate. […] Boréas a veu le manoir de Auster ; Eurus a visité Zéphire. Etc. etc. » ?

 

Touchons du bois.

 

 

 

 

 

 

Céline vu d’Italie

 

 

L’angoisse de Céline se fait style

 

Pierluigi Pellini – il manifesto – 26.4.2020

 

Traduction : Les Grosses Orchades

 

 

 

Gen Paul – Montmartre, Paris

 

 

Classiques du XXe siècle. Le réprouvé reparaît en librairie en 1952 avec Féerie pour une autre fois. C’est un fiasco. Et la raison pour laquelle Gallimard changera en Normance le titre du second volume. Aujourd’hui, voilà qu’en Italie aussi, les deux livres sont réunis. Par Einaudi.

 

S’il est vrai que l’objectif invoqué – et probablement, du moins en partie, sincèrement poursuivi – par les pamphlets racistes de Céline et par son militantisme collaborationniste fut celui, noblement pacifiste, d’éviter à tout prix un nouveau carnage (« je voulais empêcher le massacre ! ») des simples soldats, orchestré par les pouvoirs économiques et politiques, identifiés par les légendes noires du nationalisme le plus cru à la finance hébraïque, et s’il est vrai que 1915 avec ses massacres et 1917 avec ses fusillés pour l’exemple reviennent de façon obsessionnelle jusqu’à dans ses romans de la IIe Guerre mondiale, il est vrai aussi que l’abjection sans limites de l’homme Céline ne peut plus être mise en doute après le réquisitoire d’Annick Duraffour et Pierre-André Taguieff : Céline, la race, le Juif. Légende littéraire et vérité historique (Fayard, Paris 2017):, gros pavé assez déplaisant à lire pour son indifférence ostentatoire à la qualité esthétique et à la complexité du verbe littéraire, mais entreprise probatoire hyper-documentée et glaçante. Bref, il serait temps, en Italie aussi, de ne plus prendre pour argent comptant des biographies dépassées, vaguement apologétiques, telles que celle de François Gibault (1985)

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Mais j’avais dit « Bataille du Styx »…

 

 

Céline et Dante

 

Philippe Di Maria – Stalker – 2018

 

 

 

Gustave Doré – Illustration pour L’ENFER de Dante

 

 

Rappeler l’intérêt de Céline pour l’œuvre de Dante n’est certes pas une nouvelle sensationnelle tant les allusions faites à la Divine Comédie, et surtout celles que l’on peut relever dans D’un château l’autre, sont connues, mais il est intéressant de chercher ce que l’auteur de Voyage au bout de la nuit a extrait du célèbre poème dantesque pour l’insérer dans son œuvre. Du Divin Triptyque d’il sommo poeta, Céline n’a retenu que la première partie : l’Enfer ! L’enfer que Céline a traversé, et dont il a miraculeusement réchappé, avait pris la forme de déluges de fer et de feu, d’abord en automne 1914 et puis de 1944 à 1951. C’est cet enfer de la guerre, instillé dans ses derniers livres d’un « suc cohobé » de folie meurtrière, qu’on peut l’apercevoir parfois vêtu des habits de l’autre Enfer, celui du Dante. C’est pourquoi il est possible d’appréhender, à ces points précis d’éruption, les éléments qu’il a choisis dans l’Enfer dantesque pour les transposer dans ses ouvrages post-bellum, et surtout dans ce qu’on appelle communément la « Trilogie allemande » : D’un château l’autre, Nord et Rigodon.

 

 

On sait que Céline avait projeté de commencer Féerie par une adresse à Charon (voir « Romans », volume IV, Pléiade 1993, pages 594-595) :

 

– [Essais de titre] :

La Barque aux Maudits

Le premier titre envisagé fait évidemment référence à la barque de Charon.- [Essais d’ouverture] :

Godillez <là> un peu autour, Caron ce ne sera plus long.

Un peu plus loin :

Reste-là Caron ! Godille un peu autour <J’en ai pour une minute> — c’est une minute

Et encore :

Ô Caron, godille encore un petit moment et arrête, je suis à toi.

 

Dans ces courtes recherches de titre ou de rythme de phrase, Céline a bien à l’esprit le Chant III de l’Enfer qui débute par le célèbre avertissement gravé sur la porte : « Vous qui entrez, laissez toute espérance ». Dès l’automne 1945, il a décidé que son prochain livre racontera tout ce qu’il a vu de la guerre : les bombes qui tombent du ciel comme une pluie de mort et le désir de meurtre de la horde humaine.

Redoutant par ailleurs que l’Enfer littéraire (ou mystique) ne l’attende pas plus que le bourreau n’attendit la du Barry, malgré sa prière1, il demande à son tour d’avoir « encore une minute » pour chroniquer cette traversée polémologique. Il abandonne assez rapidement ce projet d’introduction dantesque prévu pour Féerie I et remet à plus tard la présence récurrente de Charon et du Styx dans son roman. Ce ne sera qu’à partir du premier volume de la Trilogie, c’est-à-dire, D’un château l’autre, que les références précises à l’Enfer de Dante apparaîtront de manière récurrente

 

La bataille du Styx/Achéron

Le fleuve Styx n’est cité que quatre fois dans les derniers romans : une fois dans Féerie I, deux fois dans D’un château l’autre, et une fois dans Nord. Le nom de Dante, lui, n’apparaît pas une seule fois dans les huit romans. La seule référence patronymique au poète florentin se trouve dans Féerie I où il est surnommé Dantus :

Pétrarque, Dantus ! Homère ! Prout Prout ! bout bout !2

Par ailleurs, le titre « La bataille du Styx » envisagé dès septembre 1945 par Céline pour sa chronique de la guerre3, ne correspond pas avec les références dantesques introduites dans l’ouverture de D’un château l’autre; et pour cause, Charon/Caron n’est pas le passeur du Styx !

Le Styx est le deuxième fleuve de l’Enfer, celui qui entoure Dité, la Cité de Pluton où « le feu éternel brûle à l’intérieur ». Dité, c’est la cité de douleur, la ville rouge aux murailles de fer, interdite à Dante par « plus de mille diables au-dessus des portes », mais dans laquelle pourront finalement pénétrer les deux poètes grâce à « quelqu’un par qui la ville sera ouverte »4. Dité, c’est la cité où brûlent les hérétiques pour l’éternité. Dité, c’est l’écriture, pour Céline.

Quant au Styx, Dante nous précise que c’est un marais, boueux, hideux et fuligineux dans lequel sont plongés les coléreux afin qu’ils y subissent leur damnation éternelle. Le Styx serpente autour de l’enclos qui, par-delà ses murailles et entrailles, mène au réel début du voyage du poète jusqu’au centre du monde. Ce voyage, du bout de la nuit de l’Enfer jusqu’au Paradis, est celui que ne fera jamais Céline, bloqué au fond du 9e cercle. L’arrivée au Styx racontée par Dante :

 

Nous recoupâmes le cercle vers l’autre rive

au-dessus d’une source qui bout et se reverse

par un canal qui dérive d’elle.

L’eau était noire plutôt que perse,

et nous, en compagnie de son flot trouble,

nous entrâmes plus bas par une voie étrange.

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Source : http://www.juanasensio.com/media/00/00/248636137.pdf

 

 

 

 

 

La bataille du Styx ou la fin du voyage célinien : notes sur les passages dans Rigodon

 

 

Roger Bastrios-Kuhlmann – Presses universitaires de Perpignan – 2002

 

 

 

 

 

« Lili ma petite fille il faut passer, n’importe comment !1 »

 

Toute l’œuvre de Céline est placée sous le signe du mouvement, du départ, du transit comme si les personnages, refusant une fixité qu’ils savent d’avance mortifère, s’étaient voués à une errance infinie. Et lorsque le héros croit entrevoir une lueur de tendresse et de bienveillance dans cet univers désespérément hostile, une irrépressible inquiétude le pousse à nouveau sur les routes. La belle et admirable Molly, prostituée au grand cœur, rare figure positive du Voyage, en fait la triste expérience : elle échoue à retenir Bardamu et celui-ci, la mort dans l’âme, cédera finalement à son « vice, cette envie de (s)’enfuir de partout, à la recherche de je ne sais quoi2 ». Cet appel de l’ailleurs interdit tout confort affectif, tout repos prolongé, il expose au contraire le héros à de nouveaux périls auxquels il lui faudra échapper, conférant par là-même à l’imagination célinienne un caractère cyclique qui constitue, comme nous le rappelle Henri Godard, tout à la fois son unité et son rythme :

.

Ferdinand n’est pas de ceux qui trouvent leur bonheur à seulement vivre (…) La vie ne peut le satisfaire aussi longtemps qu’elle reste, précisément « sans histoires ». Il ne la possède que lorsqu’elle est en danger et au besoin il la risque. Son histoire (…) trouve son unité dans cette menace de tous les instants et son rythme dans ce retour périodique de l’apocalypse3.

 

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Source : https://books.openedition.org/pupvd/157?lang=fr

 

 

 

 

 

La mort de « Lily »

 

 

 

 

 

On sait que Lucette Almansor, la ballerine épouse de Céline, avait 107 ans, quand elle s’est éteinte le 8 novembre 2019 à Meudon. Elle était née à Paris, le 20 juillet 2012, alors que son futur époux entrait sous les armes.

Lucette Destouches est inséparable de l’œuvre de son mari, où elle tient une place importante, tant dans la trilogie allemande que dans les deux Féeries.

Certains pensent, sans doute avec raison, que, sans elle, Céline ne se serait peut-être pas remis à écrire après la guerre.

Quoi qu’il en soit, elle repose aujourd’hui à ses côtés, sous la pierre tombale où elle avait fait graver, en 1961 :

 

 

« LUCIE DESTOUCHES
NÉE ALMANSOR
1912-19.. »

 

 

 

 

 

sans se douter qu’elle n’y descendrait qu’au bout de 58 ans.

 

 

Plusieurs livres lui ont été consacrés :

Pol Vandromme, Du côté de Céline, Lili, Bruxelles, La Revue célinienne, 1983, 152 p. (notice BnF no FRBNF34824928) (lire en ligne [archive])

Marc-Édouard Nabe, Lucette : roman, Paris, Gallimard, coll. « Blanche », 1995 (réimpr. 2012), 348 p

David Alliot (dir.), Madame Céline : route des Gardes, Paris, Pierre-Guillaume de Roux, 2012, 139 p. (rééd. 2018, Tallandier)

Véronique Robert-Chovin, Lucette Destouches, épouse Céline, Paris, Grasset, 2017.

David Alliot, Madame Céline, Paris, Tallandier, 2018, 429 p

 

 

 

 

 

 

 

Céline : Faut-il republier les pamphlets ?

 

Théroigne – 11.11.2020

 

 

 

 

 

Rien que poser la question est méprisable !

Qu’il s’agisse des écrits de Céline ou de n’importe qui. Qu’il s’agisse de politique, de religion ou de littérature. Vouloir contrôler/régenter les lectures de ses semblables est de la part de quiconque d’une insurpassable outrecuidance. À plus forte raison dans l’état actuel des pouvoirs qui sévissent en Europe (laissons les autres continents s’occuper de leurs affaires).

C’est une question de principe : le principe qui veut que chacun soit libre, maître et responsable de soi. Mais comme l’a dit George Bernard Shaw – et dieusait qu’il avait raison ! – la liberté implique des responsabilités, c’est pour ça que tout le monde la réclame et que personne n’en veut. Et comme personne n’en veut, il y a des présomptueux qui la raflent à leur profit, comme ils s’administrent de la chloroquine avant de l’interdire à tout le monde, et qui se permettent de vous dire ce que vous pouvez faire et pas faire.

Soyons sérieux.

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Pour le principe…

 

Un petit bout de pamphlet pour la route…

 

Céline chez les Soviets

 

 

Et puis voilà…

Nathalie, mon interprète, elle était tout à fait dévouée… parfaitement instruite, très régulière au boulot… Elle m’a montré tout ce qu’elle savait, tous les châteaux, tous les musées, les plus beaux sites… les plus renommés sanctuaires… les plus étonnantes perspectives… les anciens parcs… les Iles… Elle savait très bien toutes ses leçons… pour chaque circonstance… pour chaque moment… le petit laïus persuasif, la petite allusion politique… Elle était encore bien jeune, mais elle avait l’expérience des tourmentes révolutionnaires… des transbordements sociaux… des mondes en fusion… Elle avait appris toute petite…

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Les écrivains français de la Grande guerre

 

 

 

 

 

Comme je l’ai dit, ils sont nombreux, au premier rang desquels Cendrars, qui a laissé un bras dans la mêlée, le second, Apollinaire, qui n’en a réchappé – blessé – que pour mourir aussitôt.

Rappelons que Cendrars et son bras jouent un certain rôle dans le roman d’Aleksandar Gatalika, À la guerre comme à la guerre, évoqué dans notre Armistice I.

 

Liste des écrivains-soldats français de la Première Guerre mondiale

 

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Dont :

Apollinaire et Cendrars

Apollinaire et Léautaud

 

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ARMISTICE 11/11/1918
(la mère de tous les leurres)

Serbie : I/V – À la guerre comme à la guerre – Gatalika

Italie-France II/V – Viva Caporetto ! – Malaparte

France – III/V – La bataille du Styx – Céline

Angleterre – IV/V – Àdieu à tout ça ! – Graves, Sassoon, Thomas

D’ici et d’ailleurs – V/V – Quelques-uns des autres

 

 

 

 

 

 

9-11 novembre 2020

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