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20 avril 2024

Ginette Hess Skandrani, telle que je l’ai connue..


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Ginette Hess Skandrani, telle que je l’ai connue..par Ahmed Manai

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Ginette Hess Skandrani, telle que je l’ai connue

Par Ahmed Manai

Traduit de l arabe par Bruno DRWESKI jeu. 24 déc. à 12:04

Je sais que cette militante éveille des sentiments contradictoires et que ses opinions sont souvent contestées, y compris dans les milieux qui se veulent les plus anticonformistes, mais elle représente un exemple de courage et d’abnégation aujourd’hui rare, et à ce titre, il faut de toute façon connaître son parcours pour comprendre beaucoup de choses sur la vie et ses contradictions. BD

Ginette Hess Skandrani, telle que je l’ai connue….

Par Ahmad-Manai, 19 déc. 2020.

M’est parvenu le livre « Ginette la Rebelle » que m’a envoyé son auteure Ginette Hess Skandrani comme cadeau pour moi et mon épouse Malika, afin que  nous nous remémorassions des bons moments et nombreuses luttes que  nous menâmes ensemble depuis que je l’ai connue à la fin de 1992 à Paris.

Je la laisse tout d’abord décrire son enfance: « Je suis née en Alsace à  une époque mouvementée, d’un père communiste et résistant et d’une mère anarchiste et résistante également. J’ai vécu une enfance  extraordinaire, confinée pendant l’occupation allemande, dans un passage souterrain. Ma grand-mère était tzigane juive et les Allemands emmenèrent ses frères et sœurs qui n ‘avaient pu rejoindre les groupes (de résistance) dans les montagnes des Vosges. Ils revinrent dans un mauvais état, notamment ma tante Marie que j’aimais en particulier. »

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Toutes ces réalités amères, je les ai observées chez Ginette au cours des années, même si elle évitait d’en parler. Je l’ai connue à la fin 1992 avec Malika lors d’une réunion préparatoire aux élections où une de ses amies se présentait comme candidate députée pour le compte du Parti des Verts, dont elle était une des fondatrices avant d’en être exclue. J’ai alors découvert qu’elle était mariée à un homme tunisien. A l’époque, elle ne connaissait pas la Tunisie en profondeur, pays où elle séjourna plusieurs années et qu’elle quitta avec son fils et ses deux filles au début des années soixante-dix. Il fut sûrement dur pour une personne comme elle, porteuse du virus de la rébellion depuis toujours, de supporter la famille tunisienne classique et une société conservatrice, même si Ginette en reconnaissait les nombreux aspects positifs qu’elle avait pu analyser lors de sa vie en Tunisie.

De la lutte contre le nazisme désormais vaincu, Ginette passa à l’engagement au côté du FLN algérien dans le cadre du mouvement des « porteurs des valises« . Au début, elle transporta du courrier entre les combattants sur le terrain et les dirigeants en Allemagne et en Suisse, non loin de Colmar où elle habitait. Puis, avec le temps et l’expérience, les lettres devinrent des sommes d’argent.

Quelques mois après notre première rencontre, Ginette exprima sa disposition à nous aider d’autant plus que se joigna alors à nous son ami Fausto Giudicce, fondateur du Mouvement Zapatiste lequel ne reconnaissait aucune autorité si ce n’est celle de son Chef de la Révolution, Emilio Zapata, mort en 1919. Ginette se trouvait sur tous les fronts: de la lutte contre le tout nucléaire à celle contre les interventions françaises en Afrique et dans le monde arabe, et, de l’opposition à l’Extrême droite à la défense des droits des Palestiniens pour lesquels elle fonda l’association « La Pierre et l’Olivier ».

En 1994, eut lieu la radiation de Ginette du Parti des Verts dont elle fut pourtant l’une des fondatrice, au prétexte qu’elle défendait la cause palestinienne et qu’on l’accusa à l’occasion, elle !, « d’antisémitisme ». Une telle décision émanant d’un parti corrompu jusqu’à la moelle avec le sohyunisme, n’eut pour effet que de la conforter dans sa propre voie.

Après son engagement avec la Résistance au Liban et en Irak, elle devint l’un des plus grands soutiens à la cause libyenne et au chef de sa révolution, Mu’ammar Al-Qaddafi pour qui elle a fondé le Rassemblement International pour la vérité sur son assassinat.

Quant à la Tunisie, et ce, depuis 1993, Ginette a soutenu tous les mouvements pour la liberté, les prisonniers et réfugiés politiques. Ainsi, signa-t-elle toutes les pétitions des associations tunisiennes appelant à la libération des prisonniers comme Jebali, Laarid, ‘Abbou, Al-Makki, et autres. Tout cela provoqua des frictions au sein de son couple car son mari, sous la pression des autorités tunisiennes, rechignait à ce que son nom de famille, Skandrani, soit exploité à de telles fins. Ginette fit partie des militants qui, au nom de l’Institut tunisien des Relations internationales, se rendirent en délégation en Turquie pour soutenir le maire d’Istanbul, Rajab Tayyib Ardugan jugé alors pour des déclarations véhémentes en mai 1998.

Ginette fut l’objet de deux agressions physiques par le groupe sohyuniste Betar: la première au Palais de Justice de Paris, et cela sous les yeux de la police indifférence, lors du procès du philosophe Roger Garaudy. Des menaces de mort lui furent adressées dans une lettre contenant une balle accompagnée de l’avertissement suivant: « La prochaine n’arrivera pas par la Poste« . La seconde agression eut lieu dans son propre appartement le 26 octobre 2006, quand deux jeunes gens s’y précipitèrent pour la rouer de coups en présence de sa petite fille.

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Ginette tomba malade du cancer et sut le dompter grâce à une volonté d’acier. Elle a écrit un livre dans lequel elle raconte ce combat. Malgré la maladie et le temps qui passe, Ginette poursuit aujourd’hui son combat universel contre vents et marées, malgré les trahisons d’anciens amis et l’ingratitude de ceux à qui, jadis, elle apporta aide et soutien.

Gloire et reconnaissance à toi, la militante sincère et amicale, fidèle aux valeurs de tes engagements de jeunesse. Tu peux être rassurée que tu as en Tunisie, en Libye et en Palestine – ainsi que dans tous les pays où tu as soutenu la cause de leurs peuples et où tu te solidarisas avec leurs opprimés – des amis qui t’aiment et te restent reconnaissants pour tout ce que tu as fait pour eux.

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