Le 5 février 2021 à Genève, 74 délégués sélectionnés par l’ONU dans le cadre de son Forum de dialogue politique libyen (Libyan Political Dialogue Forum, LPDF), ont élu quatre personnalités chargées de diriger un nouveau gouvernement intérimaire. Le premier ministre désigné est Abdel Hamid Dbeibah, 62 ans, personnage polémique, mais dont la candidature ne paraissait pas suffisamment solide pour gagner. Le magnat de Misrata, ville portuaire de l’ouest, a maintenant jusqu’au 26 février pour former un cabinet qui, s’il est confirmé, devra prendre ses fonctions en mars et rester en place jusqu’aux élections générales qui se tiendront le 24 décembre ou, selon toute vraisemblance, à une date ultérieure.
Le mécanisme pour désigner le premier ministre ainsi qu’un triumvirat — le « conseil présidentiel » comprenant un représentant de chacune des trois provinces — avait été proposé par l’ONU comme moyen d’aider la Libye à sortir d’une guerre civile internationalisée. Il s’agit de démontrer qu’un gouvernement unifié pourrait tenir malgré la division qui persiste sur le terrain.
Durant des mois, jusqu’au printemps 2020, l’offensive militaire du maréchal Khalifa Haftar, âgé de 77 ans, basé à l’est, a fait rage contre les milices alignées sur le gouvernement tripolitain reconnu par l’ONU, avec l’aide active de mercenaires russes et autres ainsi que de frappes aériennes des Émirats arabes unis. En juin, Tripoli est parvenue à expulser du nord-ouest du pays les principales brigades de Haftar et leurs alliés avec l’assistance militaire de l’État turc et de ses mercenaires syriens.
Aujourd’hui, aussi bien la mission militaire turque dans le nord-ouest que le contingent russe au centre échappent au contrôle des Libyens, mais ces présences permettent un équilibre des forces. Le calme relatif en résultant a permis aux Nations unies d’encourager l’annonce de plusieurs cessez-le-feu et de lancer le LPDF à l’automne dernier.