Le fils cadet de Mouammar Kadhafi est considéré par certains comme une « alternative » possible en Libye. Problème : son passé ne plaide pas pour lui. Qui est celui que l’on considère comme le dauphin de Kadhafi, et peut-il réellement sauver la Libye du chaos ?

Lors du soulèvement populaire de 2011, les Kadhafi, soit la famille la plus puissante de Libye aux ramifications complexes et nombreuses, tombent en disgrâce. Le guide Mouammar Kadhafi est mis à mort et son clan se disperse afin d’échapper à la justice du pays. Mais la plupart des membres de la famille finissent par trouver refuge dans les pays voisins (Egypte, Oman, Liban etc.).

Des « milliers de morts » et des « rivières de sang »???

( j’étais là-bas et je n’ai pas vu des rivières de sang avant que l’OTAN ne les provoque GHS)

La fin du règne Kadhafi est l’occasion pour le pays d’amorcer une transition démocratique par le biais d’une réconciliation nationale. Un défi immense pour la Libye dont l’ex-dictateur, au pouvoir depuis 1969, « a créé un grand vide (…) : il n’y a ni institution, ni armée, ni tradition électorale dans le pays » comme l’explique le politologue tunisien Riadh Sidaoui. Le terreau idéal pour une longue guerre civile qui jalonnera le pays de 2011 à 2020, instrumentalisée par les puissances régionales et les ambitions personnelles…

L’un des (nombreux) fils de Mouammar Kadhafi, Saïf al-Islam Kadhafi, déclare, depuis quelques années, vouloir s’inscrire dans un processus démocratique et se présente comme une alternative politique dans le pays. Mais son passé politique et universitaire ne plaide pas sa cause. En 2011, Saïf al-Islam obtient un doctorat à la London School of Economics, avec une thèse de philosophie, mais est accusé de plagiat. Lorsque le soulèvement populaire enflamme le pays, celui que l’on pensait être le visage intellectuel et réformateur d’un régime autoritaire prône au contraire la répression la plus ferme à l’égard des rebelles et met en œuvre un plan pour étouffer par tous les moyens les émeutes. « Nous combattrons jusqu’au dernier homme et jusqu’à la dernière femme ». En direct à la télévision, Saïf al-Islam  – prénom qui signifie « glaive de l’Islam » – prévoit des « milliers de morts » et des «rivières de sang».

Saïf al-Islam Kadhafi ou la réconciliation nationale avec les djihadistes

Capturé en 2011 par un groupe armé puis condamné à mort par contumace par un tribunal de Tripoli, Saïf al-Islam prend la fuite. Avant de faire son come-back en 2018 et de tenter de revenir sur la scène politique…par le biais de la Russie et d’une lettre à Vladimir Poutine. Et annonce officiellement sa candidature pour l’élection présidentielle. En début d’année 2021, la nouvelle administration américaine dirigée par Joe Biden décide de maintenir pendant un an les sanctions contre lui et les autres proches de Mouammar Kadhafi.

Pendant ce temps-là, Saïf al-Islam s’évertue à devenir respectable et à blanchir sa réputation, nécessaire pour devenir présidentiable. Mais n’oublie pas d’effectuer parallèlement d’incessantes tractations en sous-main avec les éléments les plus radicaux du pays, à l’inverse d’autres forces politiques libyennes, telles que celles du Maréchal Haftar qui lui cherche à endiguer la menace islamiste. « A supposer qu’il devienne visible et parvienne à se présenter (…), sa force potentielle consiste à (cultiver) une entente avec certains islamistes de Libye », explique Jalel Harchaoui, doctorant à l’Université Paris VIII. Une clémence manifeste dès 2009, lorsque Saïf al-Islam déclare vouloir faire la paix avec les Frères musulmans, et qu’il libère des milliers de djihadistes du Groupe islamique combattant en Libye (GICL), proche d’Al-Qaida.

A travers le fils, l’ombre du père planera-t-elle indéfiniment sur la Libye ?