Par René Naba

 

Normalisation An I : Deuxième volet

Israël – Abou Dhabi: Un Émirat en état de vassalité permanente

Par René Naba

Le pire, chez l’Homme, est que quand il pense qu’il est arrivé au fond, au plus bas et qu’il ne peut plus que remonter… La grosse erreur est dans la logique: il y a encore et toujours plus bas qu’il ne le pense.

  1. Le déclic de la normalisation: le sauvetage militaire d’un membre de la famille princière d’Abou Dhabi au Yémen.
  2. Bahreïn, l’hospitalisation en Israël de la Princesse Fatima Ben Salmane Al Khalifa, fille du prince héritier, a servi de déclencheur à la normalisation.
  3. L’assassinat de Mohamad Madbouh, dirigeant du Hamas, point d’envoi de la coopération sécuritaire Abou Dhabi Israël.

La normalisation des relations diplomatiques entre Abou Dhabi et Israël, – annoncée en Août 2020, à deux mois de l’échéance présidentielle américaine, capitale pour la réélection du très controversé président Donald Trump- n’a surpris que les niais, les benêts ou les ignares, de même que celle de Bahreïn, du Soudan et du Maroc.

La précipitation de Manama, de Khartoum et de Rabat a emboîté le pas à Abou Dhabi a offert au monde le pitoyable spectacle de «Bourgeois de Calais» d’ états s’adonnant, corps et âmes, poings et pieds liés à leur vainqueur, sans combat. Sans panache.

La cérémonie de signature du Traité de paix des deux pétromonarchies, le 15 septembre 2020 à Washington, a retenti dans la conscience populaire arabe comme une conjuration de cloportes d’autocrates arabes décriés engagés avec leur protecteur américain et son complice israélien dans une fuite en avant devant leurs turpitudes.

Toutefois, les accords signés par des dirigeants détachés de la réalité –et soucieux avant tout de protéger les intérêts d’une partie au détriment de l’autre– n’apporteront pas de solution équitable et durable à un combat vieux de plusieurs décennies, dont les enjeux dépassent d’ailleurs la survie de trône si décrié.

Pour aller plus loin sur la stratégie à double détente d’Abou Dhabi, -la diplomatie du Coronavirus et la promotion du soufisme- pour masquer sa normalisation avec Israël, cf ce lien : https://www.madaniya.info/2021/02/20/la-strategie-a-double-detente-dabou-dhabi-diplomatie-du-coronavirus-et-promotion-du-soufisme-pour-masquer-sa-normalisation-avec-israel/

Mais en se plaçant en pointe de la normalisation avec l’état hébreu, ces deux pétromonarchies du Golfe se placent, par contre coup, dans la ligne de mire croisée de l’Égypte, qui perd là son rôle pivot dans le dossier israélo-arabe, ainsi que de la Turquie et de l’Iran, les deux pays musulmans non arabes qui ont accédé au rang de puissances régionales et conteste à l’Arabie saoudite son rang de chef de file du Monde musulman.

Abou Dhabi, particulièrement, en guerre de substitution à l’Iran au Yémen et contre la Turquie en Libye. Et Bahreïn, face à l’Iran dont elle réprime depuis dix ans ses coreligionnaires chiites, majoritaire dans l’archipel.

Bahreïn, un archipel toxique s’il en est, abrite le QG de la V me flotte américaine dont la zone de compétence du Golfe à l’Océan Indien. Il constitue d’ailleurs un condensé de toutes les turpitudes du Monde arabe, se livrant en toute impunité à une collaboration avec les terroristes islamistes d’Al Qaida dans la traque de ses opposants.

Sur le plan arabe, le rôle pivot de l’Égypte sur le plan des relations israélo-arabes est, ipso facto, dévalorisé du fait de cette nouvelle alliance en ce que la coopération économique entre Abou Dhabi et Israël, notamment le partenariat entre Dubai Port Authority, propriété de l’État de Dubaï et la firme israélienne Dover Tower en vue de développer le port de Haifa et ouvrir une ligne de navigation directe entre le port israélien d’Eilat sur la mer Rouge et celui de Jabal Ali à Dubaï, va constituer une sérieuse concurrence au Canal de Suez, une des principales ressources de l’Égypte.

Toutefois, la dernière confontation israélo-palestinienne, en Mai 2021, a confirmé de manière indubitable la centralité de la question palestinienne dans la géopolitique du Moyen Orient, apportant au passage la démonstration que le ciel israélien est devenu une passoire devant des roquettes de fabrication artisanale, plaçant en porte à faux le leadership sunnite arabe à la suite de sa reptation collective devant l’État Hébreu et replacé l’Égypte au centre du jeu diplomatique, au détriment d’Abou Dhabi.

Quant à Abou Dhabi (le père de la gazelle), son histoire le révèle: Une des principautés majeures de l’ancienne Côte des Pirates, cet émirat est en état de vassalité permanente.

1- Le déclic de la normalisation: le sauvetage militaire d’un membre de la famille princière d’Abou Dhabi au Yémen.

Le sauvetage d’un membre de la famille princière d’Abou Dhabi blessé au Yémen servira de déclencheur à la normalisation entre les deux pays.

Le 11 Août 2017, un hélicoptère des Émirats Arabes Unis était abattu par les Houthistes au Yémen, faisant 3 tués parmi les membres de l’équipage et 7 militaires blessés, dont un membre de la famille princière.

Abou Dhabi a alors sollicité l’aide des États Unis pour récupérer le précieux rejeton. L’armée américaine a conçu une opération spéciale couronnée de succès. Le maître d’œuvre de cette opération, le général Miguel Currey (orthographe phonétique) est devenu alors l’idole de la famille princière, voire même un membre de la famille, selon le ministre des Affaires étrangères des Émirats, Cheikh Youssef Ben Zayed Al Nahyane, oncle du rescapé et signataire de l’accord de normalisation à Washington.

«Business As Usual». L’homme d’affaires Donald Trump, par ailleurs président des États Unis, a alors présenté la facture de sa prestation à Abou Dhabi, lui enjoignant de reconnaître Israël. L’état souverain et indépendant d’Abou Dhabi a obtempéré sur le champ, révélant son ADN De vassalité, incapable de récupérer un membre de la famille princière en difficulté au Yémen, incapable de décliner un ordre de son protecteur américain.

Pour le locuteur arabophone, cf ce lien.

2- Bahreïn: L’hospitalisation de la fille du prince héritier en Israël, déclencheur de la normalisation.

Quant au Bahreïn, l’hospitalisation en Israël de la Princesse Fatima Ben Salmane Al Khalifa, fille du prince héritier, a servi de déclencheur à la normalisation. La princesse Fatima a été hospitalisée en 2010 à l’hôpital Rambam (Haïfa) pour le traitement d’une pathologie à risque.

L’affaire a été menée dans le plus grand secret. Seul le premier ministre israélien Benyamin Netanyahu et le couple princier bahreïni étaient dans la confidence ainsi que M. Ayoub Kara, qui a révélé l’affaire.

Ayoub Kara est un homme politique druze israélien, membre du Likoud. Il a été ministre israélien des communications de Mai 2017 à Juin 2019.

Ayoub Kara a organisé le séjour post opératoire de la princesse en Israël, réservant à la patiente et à son époux un hôtel pour une convalescence d’un mois. A la fin de leur séjour, l’époux de la princesse a demandé à Ayoub Kara comment il pouvait témoigner de leur reconnaissance à Israël. Celui-ci leur répondit en «améliorant la situation des juifs au Bahreïn et en favorisant une normalisation des rapports entre les pétromonarchies et l’état hébreu».

A noter que l‘homme politique druze israélien a plaidé pour «l’amélioration de la situation des juifs à Bahreïn» et non pour celle des palestiniens dans les territoires occupés de Cisjordanie et de Gaza, lequel est soumis à un blocus depuis dix ans.

Pour le lectorat arabophone, pour aller plus loin sur cette affaire, cf ce lien.

Cette nouvelle alliance se situe en effet en droite ligne du tropisme des dynasties du Golfe passée sans coup férir du protectorat britannique à la tutelle américaine, enfin au parapluie israélien alors que Bahreïn fait face à une contestation populaire depuis dix ans et qu’ Abou Dhabi essuie revers sur revers sur le plan militaire tant en Libye qu’au Yémen, malgré l’important soutien logistique des pays occidentaux, alors que les États Unis se trouvent en phase de reflux au Moyen Orient.

Que l’arme du pétrole est désormais quasiment érodée tant du fait de la pandémie du Covid que de l’avènement d’énergies de substitution sous la pression d’impératifs écologiques, que de la décision de l’Union Européenne de généraliser l’usage de la voiture électrique dans son espace à l’horizon de l’an 2030, soit dans moins d’une décennie.

3 – Le Pacte d’Abraham: Non un traité de paix, mais un pacte militaire face à l’Iran.

Contrairement aux «pays du champ de bataille» (Égypte, Syrie, Liban, Jordanie) qui ont, eux, livré bataille à diverses reprises à Israël, Abou Dhabi n’a jamais témoigné la moindre belligérance à l’État Hébreu.

De surcroît, il n’existe aucun contentieux militaire entre ces deux nouveaux partenaires dont l’alliance a été scellée sous l’égide de leur patriarche commun, Abraham, comme pour signifier une proximité entre les deux religions, juive et musulmane.

Et si l’Égypte a signé un traité de paix avec Israël, elle n’a jamais admis la moindre coopération militaire avec son ancien ennemi.

Le blocus commun Israël Égypte contre Gaza relève d’une hostilité particulière du Caire à l’égard du Hamas, la branche palestinienne des Frères Musulmans, la bête noire du régime égyptien. Incapable de vaincre les Houthistes du Yémen, malgré l’important soutien militaire occidental, le considérable arsenal déployé par les riches pétromonarchies ainsi que le blocus maritime atlantiste du plus pauvre pays arabe, Abou Dhabi, suivant en cela sa pente naturelle, a conclu un pacte militaire avec Israël sous couvert de normalisation.

Et non un traité paix, dont le premier objectif est de transformer l’Île de Socotra en poste d’observation d’Israël au sein d’une triangulation couvrant le golfe d’Aden, le Golfe persique, l’Océan indien.

Élaboré par Jared Kushner, membre influent du lobby juif américain et gendre de Donald Trump, le plus pro israélien des présidents américains, le «Pacte d’Abraham, -présenté par Abou Dhabi comme la contrepartie d’une renonciation par Israël de l’annexion de la Cisjordanie -un prétexte fallacieux s’il en est,- viserait à offrir à l’État hébreu la possibilité de mener une guerre de substitution aux États Unis contre l’Iran.

De la même manière que l’invasion américaine de l’Irak, en 2003 -sous le prétexte tout aussi fallacieux là aussi d’une présence d’armes de destruction massive- s’est révélée être une guerre de substitution des États Unis à Israël, contre un pays considéré à l’époque comme le plus puissant militairement sur le front oriental arabe.

La première normalisation d’Israël avec une pétromonarchie, qui plus est d’un activisme exacerbé, va ainsi propulser l’État Hébreu au rang d’acteur de plein exercice sur le théâtre du Golfe. A découvert et non plus comme un joueur masqué.

Précurseur dans le domaine de la normalisation feutrée avec Israël, Abou Dhabi a ainsi confié la protection de ses champs pétrolifères à une firme israélienne dirigée par l’ancien député de gauche Yossi Sarid.

La firme israélienne AGT a édifié un barrage électronique dans la région frontalière entre les Émirats Arabes Unis et le Sultanat d’Oman afin de prévenir les infiltrations hostiles. Le barrage est en en fait un «mur intelligent» qui recèle des caméras pouvant enregistrer les traits de visage de ceux qui touchent le mur.

Des données immédiatement transférées dans les fichiers des services de renseignements et de la police capables de déclencher une intervention des forces de sécurité». «Le maître d’œuvre du projet est la firme AGT, dirigée par Mati Kochavi, un israélien installé aux États-Unis».

Avec la collaboration des Israéliens, Abou Dhabi a mis en place état policier super moderne, réprimant implacablement toute forme d’opposition.

Mieux, Abou Dhabi avait déjà participé à des exercices aériens avec l’armée de l’air israélienne, dans des manœuvres conjointes aux États Unis et en Grèce, ce que même l’Égypte, pourtant signataire d’un traité de paix avec Israël, s’est abstenu jusqu’à présent de faire faire

Mieux encore: Les Émirats Arabes Unis collaborent secrètement avec Israël à l’élaboration d’un possible plan d’élimination de l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) – une mesure qui pourrait empêcher ces derniers de retourner un jour chez eux et favoriser la propulsion de leur poulain, le factieux Mahmoud Dahlane à la tête de la centrale palestinienne.

Mais malgré son zèle pro-israélien, Mohamad Ben Zayed, (MBZ), l’allié privilégié des États Unis depuis la déconfiture de son alter ego saoudien Mohamad Ben Salmane, suscite des interrogations au point que le quotidien Haaretz s’est posé la question de savoir si MBZ est «Machiavel ou Mussolini ou les deux».

4- Le prétexte de l’Iran: un faux prétexte.

Le prétexte de l’Iran est un faux prétexte. C’est en effet l’Iran monarchique, du temps où le chah d’Iran Reza Pahlévi faisait office de gendarme du golfe pour le compte des États Unis, dans la décennie 1970, qui s’est emparé de trois ilots du golfe persique -l’Île d’Abou Moussa, la grande et la petite Tomb- appartenant à Abou Dhabi.

Sans la moindre résistance de l’émirat. La honte. Sans la moindre protestation des États Unis. L’Iran Impériale pro occidentale et non la République Islamique. Drôle de protection américaine. Drôle d’alliance des pétromonarchies avec la grande Amérique.

5 -Le contrôle de l’Île de Socotra: Faire pièce au projet sino pakistanais de la route de la soie.

L’entrée en scène d’Israël sur la scène du Golfe, avec son intégration au dispositif de défense régional américain du CENTCOM, va donner une dimension supplémentaire à une zone déjà engorgée militairement qui passe pour être la plus forte concentration militaire occidentale hors OTAN.

Face à l’Iran, les pétromonarchies arabes, un des principaux ravitailleurs du système énergétique mondial, font en effet office de gigantesque base militaire flottante de l’armée américaine, qui s’y ravitaille à profusion, à domicile, à des prix défiants toute concurrence.

Tous, à des degrés divers, y paient leur tribut, accordant sans états d’âme, des facilités à leur protecteur.

La zone est, en effet, couverte d’un réseau de bases aéronavales anglo-saxonnes et françaises, le plus dense du monde, dont le déploiement pourrait à lui seul dissuader tout éventuel assaillant éventuel, rendant superflu un tel contrat.

Elle abrite à Doha (Qatar), le poste de commandement opérationnel du Cent Com (le commandement central américain) dont la compétence s’étend sur l’axe de crise de l’Islam qui va de l’Afghanistan au Maroc; A Manama (Bahreïn), le quartier général d’ancrage de la V me flotte américaine dont la zone opérationnelle couvre le Golfe arabo-persique et l’Océan indien. S’y ajoutent, dernier et non le moindre des éléments du dispositif, Israël, le partenaire stratégique des États-Unis dans la zone, ainsi que la base relais de Diego Garcia (Océan indien), la base aérienne britannique de Massirah (Sultanat d’Oman) ainsi que depuis janvier 2008 la plate forme navale française à Abou Dhabi.

L’un des objectifs majeurs de cette nouvelle alliance sera le contrôle de l’Île stratégique de Socotra, appartenant au Yémen mais qu’ Abou Dhabi s’est acharné à prendre sous son contrôle depuis le déclenchement de la guerre de la coalition pétro monarchique contre le plus pauvre pays arabe.

«Couper la main de l’Iran au Yémen». Tel est le mot d’ordre d’Abou Dhabi destiné à excuser la déconfiture des dirigeants de la coalition pétro monarchique face aux gueux houthistes.

Avant l’annonce de la conclusion du pacte, une délégation conjointe d’officiers israéliens et émiratis a effectué une visite d’inspection et de prospection dans l’île de Socotra en vue d’étudier la possibilité d’y édifier des infrastructures militaires.

Les deux nouveaux alliés vont aménager un chapelet de station de repérage aux fins d’espionnage de l’ensemble des pays du Golfe de Bab El Mandeb (ouest) à Socotra et Perim (sud).

Dans une politique visant à gommer le caractère yéménite de Socotra, Abou Dhabi a proposé aux 22.500 habitants de l’île de leur offrir la nationalité émiratie.

Socotra, de l’avis des experts occidentaux, constitue «le positionnement géostratégique le plus important pour neutraliser l’axe Chine-Pakistan-Qatar matérialisé par le gigantesque terminal pétrolier de Gwadar en voie d’édification au Pakistan dans le cadre du projet OBOR (Route de la soie).

Socotra devrait être reliée au port d’Assab (Érythrée) dans le cadre de ce dispositif destiné à neutraliser le projet Obor.

Strafor, la firme de consultance stratégique américaine, a révélé une présence militaire navale israélienne en Érythrée dans l’archipel de Dahlak et à Massawa, et un poste d’écoute sur le Mont Amba Sawara. « La présence d’Israël en Érythrée est très centrée et précise, impliquant des rassemblements de renseignements en mer Rouge et surveillant les activités iraniennes », a indiqué Stratfor.

6 – Un Émirat sous protection des mercenaires occidentaux

A- Watchguard, Academia et Pegasus.

-Watchguard: Dès son accession à l’Indépendance la principauté s’est placée sous la protection de ses anciens colonisateurs. Ainsi Cheikh Zayed Ben Sultan Al-Nahyane, le père de l’actuel Émir d’Abou Dhabi et fondateur de la Fédération des Émirats du Golfe, a confié sa sécurité à «Watchguard», une des deux compagnies de mercenaires britanniques, dont le siège est à Guernesey. De même, le sultanat d’Oman, autre ancienne possession anglaise a confié l’encadrement des troupes omanaises dans la répression de la guérilla marxiste du Dhofar, dans les années 1965-1970, à «Watchguard».

Fondée en 1967 par David Sterling, un ancien des commandos de l’air britanniques (Special Air Services), elle passe pour être un instrument d’influence de la diplomatie britannique.

Mais ce micro état de 67.340 m2 pour 1,145 millions d’habitants, se classe parmi les plus importants clients de l‘armement. Hébergeur d’Eric Prince, le fondateur de la compagnie militaire privée Blackwater, l’émirat satisfait ses pulsions bellicistes par l’apport massif de mercenaires d’Afrique du Sud et d’Amérique latine et la formation sur place de cadres locaux

Abou Dhabi, qui a compté pendant six ans parmi les conseillers du prince, Richard Clarke, ancien responsable du contre-terrorisme à la Maison Blanche, a aménagé un important centre de formation des ressortissants du Golfe, désireux de s’entraîner aux opérations de para-commandos. Succursale locale d’ACADEMIA, le nouveau nom de Blackwater, ce centre situé à proximité du Port Zayed a été conçu sur le camp du Camp Peary de la CIA en Virginie.

Le projet «The Good Harbour Security Risk Management» a pour objectif de former un bataillon de commandos de haute qualification à la disposition du prince héritier d’Abou Dhabi.

Outre Blackwater, qui s’est fâcheusement illustrée en Irak, les États-Unis comptent, eux, deux grandes sociétés privées militaires: Vinnell Corp, dont le siège est à Fairfax, en Virginie, et BDM international. Toutes deux filiales de la multinationale Carlyle, elles apparaissent comme les bras armés privilégiés de la politique américaine en Arabie et dans le Golfe, alors que Vinnel est en charge de la protection gère la formation du personnel de l’armée de l’air, de la marine et des forces terrestres saoudiennes.

B- Le programme Pegasus

Israël et les pétromonarchies ont engagé une coopération souterraine dans le domaine de l’espionnage des opposants aux autocrates du Golfe, via le programme Pegasus.

Logiciel espion pour IOS ou Android, Pegasus a pour but de collecter des informations et de permettre un accès aux appareils touchés. Il permet de lire les messages, les photos et les mots de passe, ainsi que d’écouter les appels téléphoniques, de déclencher l’enregistrement audio et le suivi de la géolocalisation.

Le logiciel est fabriqué par la société israélienne NSO Group, sous contrôle majoritaire de la firme britannique Novalpina Capital. Sa vente est approuvée par le ministère israélien de la Défense.

Ce logiciel est controversé car si les contrats stipulent une utilisation strictement légale de cette technologie (enquêtes criminelles comme celle qui a mené à l’arrestation du baron de la drogue El Chapo), il est utilisé par des agences de renseignements de dictatures. Il infecte des téléphones dans 45 pays et est utilisé par une trentaine de gouvernements, notamment l’Arabie Saoudite, le Bahreïn, le Kazakhstan, le Maroc, les Émirats arabes unis et le sultanat d’Oman.

Des experts israéliens ont séjourné à Bahreïn pour former les membres de l’appareil sécuritaire à la guerre électronique dans le cadre du programme PEGASUS.

Le Qatar a été exclu de ces transactions en raison du fait que la principauté, parrain de la confrérie des Frères Musulmans, fait l’objet d’un boycott des autres monarchies du Golfe et qu’une éventuelle coopération dans ce domaine entre le Qatar et Israël pourrait faire perdre à l’État Hébreu ce juteux marché.

7 – L’assassinat de Mohamad Madbouh, dirigeant du Hamas, point d’envoi de la coopération sécuritaire Abou Dhabi Israël.

L’assassinat de Mahmoud Al-Mabhouh, dirigeant du Hamas, a servi de prétexte au développement de la coopération sécuritaire entre Abou Dhabi DoubaI et Israël.

Mahmoud al-Mabhouh, assassiné le 19 janvier 2010 à Doubaï, était l’un des fondateurs des brigades Ezzeddine Al Qassam, la branche militaire du Hamas. Son assassinat, qui impliquait le Mossad israélien, a eu des répercussions diplomatiques internationales, l’affaire étant appelée dans les médias le Dubaïgate.

Au lendemain de cet assassinat, téléguidé depuis la cellule du Mossad à Paris, le chef du service israélien de l’époque, Tamir Bardo, a effectué une visite secrète à Abou Dhabi pour calmer le jeu, proposant aux autocrates du Golfe le marché suivant:

Abou Dhabi et Doubaï mettent une sourdine à leur attaque contre Israël en échange de la fourniture d’armes sophistiquées israéliennes aux pétromonarchies.

A la suite de la conclusion du «Pacte d’Abraham», Israël, dans une démarche identique, a donné son feu vert aux États Unis pour la fourniture d’une technologie pointe aux pétromonarchies, notamment des drones.

Pour le lectorat arabophone, pour aller plus loin sur cette affaire.

Épilogue: Abou Dhabi un état souverain? Un oxymore

Plaque tournante de la contrebande de «l’or sale», protégé par des mercenaires occidentaux du groupe Academia, adossé depuis 2008 à la base navale à composante aérienne de la France, sous-traitante de la stratégie atlantiste dans la zone, dans un dispositif sous tutelle américaine, le président de la Fédération des Émirats Arabes Unis est communément désigné par les usages internationaux de….Souverain.

Drôle de souverain d’un pays sous la coupe de l’OTAN et des mercenaires occidentaux.

Comble de veulerie: Un prince de la famille princière s’est porté acquéreur du club de foot, le «Beitar Jerusalem Club» dont le slogan est «Mort à Mahomet» et Mort aux Arabes».

Le «club le plus raciste d’Israël» est désormais co-détenu par par un juif, le petit génie de la cryptomonnaie Moshe Hogeg, et un musulman, le cheikh Hamad ben Khalifa al-Nahyan, un «arabe casher», selon l’expression de son associé israélien.

Pour aller plus loin sur cette affaire, cf ce lien: https://www.liberation.fr/planete/2020/12/08/le-beitar-jerusalem-club-le-plus-raciste-d-israel-rachete-par-un-cheick_1808030

Mieux, comble de duplicité ou marque de schizophrénie, Abou Dhabi qui est protégé par une base navale terrestre française, et qui bénéficie à ce titre une image d’ouverture en France,n’en est pas moins l’allié des ennemis de la France aussi bien les Tchétchènes que les salafistes de Libye.

Abou Dhabi……. c’est plutôt un émirat en état de vassalité permanente sous protection de mercenaires occidentaux. Son souverain…un Oxymore. Il en va de même de Bahreïn.

Pour aller plus loin sur Abou Dhabi, cf les liens suivants :

Illustration

© Karim Sahib, AFP

Reçu de l’auteur pour publication
Source : Madaniya

https://www.madaniya.in