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18 novembre 2024

Un conflit militaire pourrait-il réellement éclater entre l’Algérie et le Maroc ?


Publié par Gilles Munier sur 5 Novembre 2021, 08:59am

Catégories : #Algérie, #Maroc, #Polisario

Revue de presse : Algeriepart Plus (4/11/21)*

Les vives tensions qui opposent l’Algérie au Maroc viennent de connaître une nouvelle escalade avec la mort de trois ressortissants algériens au Sahara Occidental. Pour les autorités algériennes, ces trois ressortissants, des camionneurs de profession, ont été tués à l’aide d’une frappe aux missiles dirigée par un drone marocain. 

La présidence algérienne a promis une riposte en affirmant que ce « crime lâche ne restera pas impuni ». Cette menace à peine voilée est-elle en soi une déclaration de guerre ? Les experts et les observateurs des affaires maghrébines divergent sur les perspectives d’un conflit militaire de grande envergure. Mais certains d’entre eux craignent le pire.

Ce jeudi 4 novembre, dans les colonnes du quotidien français Le Monde, Jalel Harchaoui, chercheur à l’Institut des relations internationales de Clingendael, aux Pays-Bas, a écarté l’éventualité d’une guerre conventionnelle menant vers l’embrasement.  « L’Algérie va chercher à répondre au Maroc de manière indirecte et réaliste plutôt que s’engager dans une guerre frontale », dit cet expert qui travaille pour un institut prestigieux qui se veut être un groupe de réflexion indépendant et une académie sur les affaires internationales qui vise à contribuer à un monde sûr, durable et juste. Il est régulièrement consulté par le gouvernement néerlandais sur les questions de politique étrangère.

D’après le même expert, l’une de ces formes « indirectes » pourrait être le renforcement de son aide militaire et logistique au Front Polisario afin d’« élever le coût » à subir pour le Maroc. Jalel Harchaoui a souligné également qu’il « faudra aussi s’attendre à une probable intensification de la rivalité diplomatique entre les deux pays sur des dossiers régionaux » comme au Sahel où l’Algérie s’affirme de plus en plus dans la perspective d’un désengagement des Français, et la Libye, où le Maroc a tenté ces dernières années de jouer un rôle de médiateur (avec les pourparlers de Skhirat en 2015, puis de Bouznika en 2020), pourraient être ces théâtres où la rivalité se délocalisera avec plus d’intensité que jamais.

De  son côté, Kader A. Abderrahim,  chercheur en France à L’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), spécialiste du Maghreb et de l’islamisme, et maître de conférences à SciencesPo (Paris), directeur de recherche à l’IPSE et Senior Advisor au Brussels International Center (BIC), est beaucoup moins rassurant et craint un conflit qui pourrait dégénérer en une confrontation armée majeure.

A la chaîne de télévision TV5 Monde, cet expert a fait savoir que « tous les indicateurs sont au rouge entre les deux pays. La frontière est fermée. Les relations diplomatiques sont rompues ». « Il n’y a plus de canaux d’échanges sauf peut-être sur les questions de sécurité et de terrorisme mais on n’en n’est pas certain. Il y a ce chantage au gaz. Il y a cette bavure des forces armées royales (troupes marocaines ) qui auraient tuées trois ressortissants algériens, des camionneurs. On est arrivé à un point critique », a-t-il ainsi expliqué.

Kader Abderrahim s’est montré davantage critique à l’égard du régime algérien qu’il accuse ouvertement de multiplier les provocations à l’encontre du voisin le Maroc. « Les incendies de forêts de cet été en Kabylie en sont une illustration caricaturale. On accuse le Maroc puis on accuse l’allié du Maroc, Israël. Les Algériens ne sont pas dupes. Ils comprennent parfaitement. Ce régime algérien est d’une grande fébrilité. Il sait qu’il est isolé en interne sur le plan politique. Il est contesté par une grande majorité des Algériens. Il n’a plus de légitimité. Il est dans une impasse sur le plan diplomatique par rapport à son voisin de l’ouest », souligne à ce propos l’auteur de l’ouvrage de « Géopolitique de l’Algérie ».

« J’ai toujours pensé qu’il n’y aurait pas de conflit ouvert entre le Maroc et l’Algérie. Je suis plus mesuré aujourd’hui. Tous les indicateurs sont au rouge. Nous ne sommes pas à l’abri d’un dérapage qui pourrait enflammer la région », avertit enfin ce professeur à Sciences-Po Paris.

Il est à souligner en dernier lieu que le Maroc n’a pas réagi officiellement aux graves accusations algériennes. Seule une source « officielle » et gouvernementale marocaine a déclaré à l’AFP que le Maroc « n’a jamais attaqué et n’attaquera jamais les citoyens algériens, quelles que soient les circonstances et les provocations ».

D’autres responsables marocains ont déclaré anonymement à l’AFP que « si l’Algérie veut la guerre, le Maroc ne la veut pas. Elle ne se laissera jamais entraîner dans une spirale de violence et de déstabilisation régionale » et souligne que ces accusations « sont gratuites ».

Ce jeudi 4 novembre, le porte-parole du gouvernement marocain, Mustapha Baitas, a déclaré aujourd’hui que le Maroc s’accroche au « respect des principes de bon voisinage » avec tous ses voisins, lorsqu’on l’interroge sur la tension actuelle avec l’Algérie qui accuse le Royaume de la mort de trois civils algériens dans une attaque au Sahara. « En ce qui concerne le voisinage, le Maroc a un respect des principes de bon voisinage avec tous », a déclaré Baitas lors de la conférence de presse suite à la semaine du Conseil des ministres après avoir été interrogé par la plupart des journalistes sur les tensions actuelles avec l’Algérie.

A Alger, plusieurs institutions officielles comme le Conseil de la Nation ou des formations politiques ont condamné une « agression » lâche du Maroc et appellent la Présidence et l’Etat-Major de l’ANP à initier des actions « pour défendre notre chère patrie et châtier l’Etat du terrorisme odieux qui n’a pas hésité à assassiner des innocents afin d’assouvir ses basses ambitions expansionnistes et dominatrices ».

*Source : Algeriepart Plus

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