Aller à…
RSS Feed

19 mars 2024

Après 5 ans de macronisme destructeur, comment couvrir les élections de 2022 ?


Après 5 ans de Macronisme destructeur, comment couvrir les élections de 2022 ?

par lecridespeuples

Par Ramin Mazaheri

Ramin Mazaheri est le principal correspondant de la chaîne iranienne anglophone Press TV à Paris. Ayant la double nationalité américaine et iranienne, il vit en France depuis 2009.

Source : Press TV

Traduction : lecridespeuples.fr

C’est une question qui apparaît comme un point de départ presque trop basique, mais pas quand on se rappelle dans quelle situation catastrophique s’est trouvé le cœur de l’Europe occidentale depuis 2017 : « Que faire de la France ? » Etat des « forces » en présence.

Emmanuel Macron : Commercialisé comme prince charmant mais qui est rapidement devenu le méchant roi Manu Ier de l’empire néolibéral de l’Union européenne.

Les Gilets Jaunes : C’est comme si la France s’était vu pousser de façon spectaculaire un cinquième membre, non ? Pourtant, ils sont là, musclés et saisissants. A présent, les partisans de la France devraient savoir ce qu’ils sont et ce qu’ils veulent, mais ce qu’on ne peut pas dire avec certitude est ce qu’ils peuvent faire dans une élection présidentielle car c’est leur toute première.

Voir La première victoire historique des Gilets Jaunes

Eric Zemmour : Et vous pensiez que Marine Le Pen était répugnante ? Si les 1% peuvent fabriquer un Macron à partir de rien et ce en quelques semaines, bien sûr, ils peuvent créer un Zemmour pour détourner l’attention/diviser le vote de droite/détourner à nouveau l’attention.

Marine Le Pen : elle se rêve Jeanne d’Arc mais n’est qu’une énième meneuse inefficace (une tare héréditaire, même) d’un système discrédité. Marine a été totalement démasquée par les Gilets Jaunes. Après toutes les raclées autoritaires, les fermetures de mosquées et les états d’urgence depuis 2017, pensez-vous toujours que Macron était le meilleur choix ?

Partis politiques traditionnels : en déroute. Ils ne tiennent plus que les derniers fiefs de leur machine électorale, comme la mairie de Paris.

La gauche française : en déroute. Toujours un tigre de papier, qui existe maintenant à peine sur le papier.

Syndicats : mis en déroute par les Gilets Jaunes. Seuls les médias se soucient encore de ce qu’ils ont à dire, et peut-être aussi le petit pourcentage de la France (8%) qui est toujours syndiqué.

Voir Réforme des retraites : La trahison des syndicats & L’Uberisation des retraites annonce celle des emplois et des services publics

Médias grand public : mis en déroute par les Gilets Jaunes. Si dans les démocraties libérales occidentales, les politiciens sont la nouvelle aristocratie, alors les médias sont la nouvelle classe cléricale. Le miracle de la transsubstantiation sur lequel ils insistent, et auquel peu de personnes en dehors de leur classe croient réellement, est que la valeur universelle du relativisme occidental signifie que l’impiété peut être la même chose que la piété.

Église catholique : la France, connue depuis longtemps comme la « fille aînée de l’Église catholique romaine », vient d’être impliquée (apparemment assez tardivement) dans un énorme scandale de dissimulation massive d’actes pédophiles.

Cathédrale Notre-Dame : le lieu de culte le plus célèbre d’Europe est toujours fermé et le sera jusqu’en 2024. Rappelons que l’incendie a commencé juste une heure avant que Macron ne prononce un discours exceptionnellement rare visant à  enfin discuter de la crise des Gilets Jaunes qui faisait rage depuis 5 mois.

Les agences de sondage françaises sont tellement discréditées que le journal populaire Ouest-France a déjà refusé d’organiser des sondages avant les élections. Ils sont perçus comme étant extrêmement biaisés, en grande partie parce que les figures qui en occupent le sommet appartiennent à la classe politique dominante qui a récemment perdu les élections.

https://twitter.com/FTarlet/status/1463508188427345924

Les Français étaient aussi consternés par le rôle de leur nation en Afghanistan que n’importe qui d’autre dans la coalition coloniale occidentale.

La guerre au Mali (déclenchée par François Hollande, et avant l’accord initial des Nations Unies) a été déclarée un échec cuisant et le retrait a commencé.

La France a été en état d’urgence pendant la majeure partie du mandat de Macron.

Le plus long mouvement ouvrier de l’histoire de France (la grève générale de fin 2019/début 2020) a échoué, pour des raisons trop nombreuses à énumérer ici.

Bref, c’est la catastrophe totale.

Je ne veux pas être négatif, nihiliste ou semer le désespoir, mais qui peut regarder la France depuis 2017 et penser le contraire ?

Avez-vous remarqué que je n’ai même pas mentionné le coronavirus ? Maintenant, voyez-vous à quel point c’est la catastrophe ?

Où est le renouveau politique promis par le macronisme ? Diriger une administration sans corruption (à la suite des administrations criarde de Sarkozy et traîtresse d’Hollande) était vraiment l’un des trois principaux piliers de Macron.

La personne moyenne ne saisit pas pleinement l’importance de la complexe affaire Benalla, consternante pour la nation, ou ne se souvient pas de l’affaire des homards, mais elle peut facilement imaginer l’effet de cela : Macron a établi le record du plus grand nombre de démissions forcées de ministres en disgrâce après seulement deux ans au pouvoir. Si le corona n’était pas venu perturber totalement le fonctionnement normal de la vie politique, et de son observation par les journalistes et les citoyens, à quel point ce record aurait-il été pire ?

« Les Gilets jaunes triompheront » a été tagué sur l’Arc de Triomphe, stupéfiant le monde entier. C’était sans aucun doute l’image déterminante de la France à l’époque de Macron : une victoire de communication massive qui a redéfini l’image de la France dans le monde, du néolibéralisme et de Macron. Peut-être que les Gilets Jaunes ont de nouveaux exploits devant eux ?

Les « gilets jaunes », des révolutionnaires sans révolution ? - Iziva.com

Le Covid a évidemment empêché les Gilets Jaunes de manifester, mais leur « Saison 2 » a été lancée le mois dernier. Nul ne peut prétendre que les Gilets Jaunes ne représentent pas un renouveau massif, en quelque sorte, de la politique française et restent encore crédibles. Le croire, c’est faire preuve soit d’une ignorance totale, soit d’une complicité volontaire.

Voir Gilets Jaunes, An I : la rédemption de l’esprit révolutionnaire français et le néo-bonapartisme

La France est à la fois synonyme de « liberté » et pourtant a le plus de restrictions Covid en Occident : sans pass sanitaire, vous ne pouvez rien faire à l’intérieur ici, sauf faire des courses (vous ne pouvez même pas prendre un café sur la terrasse extérieure d’un bistrot). Le Covid a préservé dans l’ambre tant (trop) d’aspects de la vie française, mais bientôt l’élection présidentielle fera fondre ces choses et révélera ce qui était enfermé à l’intérieur.

Alors que le pass sanitaire national a été prolongé jusqu’après les élections (sera-t-il utilisé pour empêcher les gens de voter ?), les élections présidentielles d’avril et législatives de juin seront essentiellement les premières élections post-Covid en Occident. Oui, certains porteront des masques pour le reste de leur vie, mais je pense que nous pouvons prédire que l’inévitable poussée de Covid cet hiver sera la dernière chance de l’Occident riche en vaccins d’agiter ardemment le drapeau sanglant du coronavirus.

Les Gilets jaunes ont raison : l’ennemi est le système libéral-démocrate occidental, abruti. C’est lui qui préserve et perpétue les inégalités et l’anti-démocratie. Et pourtant, comment devraient-ils voter ?

Le fait de rejeter les deux partis traditionnels et de donner au nouveau parti de Macron le contrôle des pouvoirs exécutif et législatif a sans aucun doute entraîné les conditions politiques civiles les plus brutales depuis 1968.

Est-ce une plate-forme digne d’être réélue ?

Est-il un crédible d’encourager un retour des partis dominants ?

Macron, Zemmour, Le Pen, ce sont tous des gens d’extrême droite. J’ai écrit ceci en 2017, mais j’ai été critiqué par des collègues journalistes qui ont insisté sur le fait que Macron était un « centriste ». Personne n’oserait prétendre cela maintenant, car cette certitude a été acquise au prix d’un œil ou d’une main à de nombreux Gilets jaunes, sans parler de leurs droits, de leur liberté, etc. Faut-il simplement admettre que le pouvoir politique de la France réside dans la droite capitaliste-impérialiste, et ce depuis 1794 environ ?

Gilets jaunes. Acte 12 samedi 2 février avec les victimes en tête de cortège - Le Salon Beige

Voir Gilets Jaunes : les violences policières, l’écologisme contre-révolutionnaire et le spectre du régicide

Lors des élections au Parlement européen de 2019, le Parti des droits des animaux a reçu (incroyablement) plus du double du score de toutes les listes combinées se réclamant des Gilets Jaunes. (Cependant, ils ont eu plus de temps pour s’organiser depuis lors.)

Je ne sais pas comment je vais couvrir les élections en France, mais il va falloir que je le découvre. Le calcul initial ne semble pas bon.

Voir les autres articles de Ramin Mazaheri

Pour soutenir ce travail censuré en permanence (y compris par Mediapart) et ne manquer aucune publication, faites un don, partagez cet article et abonnez-vous à la Newsletter. Vous pouvez aussi nous suivre sur TwitterFacebookYoutube et VKontakte.

lecridespeuples | 24 novembre 2021 à 19 h 54 min | Catégories : LE CRI DES PEUPLES | URL : https://wp.me/pb3JpA-3zd

 

Commentaire   Voir tous les commentaires
Partager

Plus d’histoires deDroit de l'Homme